03 novembre 2008

Début d'automne

J'aime des matins d'automne l'impalpable brouillard, quand il est encore tôt et que ses volutes cotonneuses diluent la perspective du bout de la rue. Bas sur l'horizon, un soleil lointain infuse à travers la vapeur glacée, tel un sachet de thé plongé dans de l'eau chaude.

Le froid est désormais bien plus mordant qu'aux premiers jours de septembre, et au charme de la marche dans ce paysage qui se dévoile s'ajoute une dose de pragmatisme : le dégivrage d'un pare-brise aurait pris le même temps que celui occupé par cette ballade matinale.

Au fil des pas, les silhouettes des bâtiments familiers se dessinent peu à peu ; avancer dans le brouillard c'est jouer avec une ardoise magique qui fonctionnerait à l'envers : l'image est de plus en plus nette à chaque enjambée.

Au fil des pas on s'interroge, la marche favorise la réflexion parait-il, et il n'est pas prouvé que le froid endorme toute pensée. L'haleine que l'on exhale participe t-elle à la brume ambiante ? Se lèvera t-elle avant la fin de la matinée ? Ce serait dommage, tant il est vrai que l'on n'apprécie jamais autant la quiétude studieuse quand le monde extérieur s'abolit dans le blanc et le gris.

Au fil des pas on observe la nature domestiquée qui s'étale à côté du trottoir ; il n'y a pas encore de givre sur les arbres et les feuilles retombantes des plus grandes plantes, mais les premiers prémices en sont visibles à l'envers des brins d'herbe, un reflet tout juste blanc, brillant sous la croissante lumière oblique qui le révèle, et disparaissant à mesure de la progression de celle-ci.

Tout de noir et blanc couvertes et jaillissant d'un buisson proche, deux pies s'envolent effrayées par le bruit des feuilles entassées, craquelées et piétinées. Elles sont jaunes ou bien rouges, luisantes de la rosée du matin et forment sur le sol une couverture bariolée condamnée à disparaître dans un délai de quelques semaines.

Cette fois ci, c'est vraiment l'automne.

3 commentaires:

  1. J'aime aussi marcher dans le brouillard ,tu décris ça divinement bien.... je n'en ai guère dans ma Provence, mais j'aime à m'imaginer grace à tes mots dans les rues de Dijon (que je ne connais qu'au mois de juillet)dans un brouillard automnal... y'aurait de belles photos à faire je suis sure... mes copains du club doivent savoir ça...

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  2. Poétique aujourd'hui Sammy ! Beau texte, qui me rappelle mon enfance, quand je partais à l'école dans le brouillard.Finalement, le travail, c'est l'école des grands.

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  3. Oh, tu sais Tilu, ce n'est pas toujours très drôle le brouillard... il faut être un rêveur comme moi pour trouver ça beau :-)

    C'est très joliment dit Orion, et c'est un peu mon état d'esprit dans ces moments là, surtout lorsque je croise de vrais écoliers...

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