27 décembre 2006

Chronique du givre et des villes qui disparaissent

Le plus difficile dans un texte, c'est le début et la fin. Je bloque souvent sur la première phrase, celle qui entrainera toutes les autres à sa suite et incitera à continuer la lecture (souvenez-vous du bout de la pelote de laine), et j'ai longtemps cherché une phrase finale équivalente au "Et c'est ainsi qu'Allah est grand" de l'indispensable Vialatte, mais je désespère de trouver un jour quelque chose d'aussi bien. Les plus attentifs d'entre vous auront sans doute remarqué la tentative de mot de la fin récurrent des chroniques d'août et septembre...

L'important dans un texte, c'est le début et la fin. Parce que finalement, vous pouvez mettre à peu près ce que vous voulez entre les deux. Ainsi, qu'est ce qui m'empêcherait de parler du givre, de Maupassant et des vieilles gloire du thermalisme mourant à petit feu ?


A l'heure où j'écris ces lignes, le givre recouvre une bonne moitié de la France. L'autre moitié gèle sans fioritures, et c'est bien dommage. Car il n'est rien de plus beau que les délicates et éphémères sculptures que le froid cisèle pour quelques heures autour des objets soumis à son empire. Les arbres, les fils électriques, les antennes et les grillages se parent alors d'un habillage de cristaux hérissés qu'un souffle fait disparaître. Il n'est jusqu'au moindre brin d'herbe qui ne se pare de ces épines gelées. Le givre est le luxe de l'hiver.

L'air est silencieux et piquant, le temps semble figé autour d'un décor immuable. Mais bientôt un oiseau s'envole, une voiture démarre, un passant éternue ; la vie ne s'est pas arrêtée. Sauf à Châtel-Guyon, grande petite ville posée dans le Puy-de-Dôme comme la tasse à café sur la table, où l'hiver, les journées sont longues et les nuits glaciales. Cette ville de mon enfance m'a fait l'effet d'un décor à l'abandon. Il y aurait plus de 6000 habitants, c'est à se demander où ils se cachent.


On est bien loin de l'époque glorieuse du thermalisme, où l'on venait de loin profiter de ses eaux fumantes et ferrugineuses, à qui l'on prêtait milles vertus - Maupassant lui-même espérait soigner sa syphilis de cette façon. Pauvre garçon. Ses séjours lui auront au moins donné l'occasion de produire quelques contes sombres et grinçants, et une poignée d'enfants illégitimes.
Après dîner, j'allai faire un tour dans le parc de l'établissement thermal. Cela se passait dans une petite station d'Auvergne, Châtel­Guyon, cachée dans une gorge, au pied de la haute montagne, de cette montagne d'où s'écoulent tant de sources bouillantes, venues du foyer profond des anciens volcans. Là-bas, au-dessus de nous, les dômes, cratères éteints, levaient leurs têtes tronquées au-dessus de la longue chaîne. Car Châtel-Guyon est au commencement du pays des dômes.
Au moins Châtel survivra t-il quelques temps encore dans les livres du conteur normand, un peu à la manière d'un rêve incertain au petit matin ; pour l'heure, le pays est appelé au même destin que le givre qui le recouvre : l'un comme l'autre disparaissent dans la pâleur des froides journées d'hiver.


***

La petite rubrique littéraire finale ! Deux contes de Maupassant dans le Châtel du XIXème :

Mais il faudrait aussi parler de Mont-Oriol et de quelques autres... Lisez donc Maupassant, c'est un de mes auteurs préférés.

18 décembre 2006

Vacances !

A partir de demain, je serai là :


Ce n'est pas très difficile, mais je vous donne quand même un indice supplémentaire :


Bon, maintenant, c'est vraiment facile !

Bonne fin d'année à tous, joyeux noël, et à l'année prochaine (pour de nouvelles aventures) !

15 décembre 2006

Des chiffres, quelques vers, et une énigme facile

Orion vient de me remémorer mes débuts laborieux... l'époque où j'étais content d'avoir 10 visites par jour... Maintenant, j'en ai entre 40 et 70, et je ne suis PAS content ! J'en veux toujours plus ! Je crois que j'ai choppé le virus !

Sans rire, la fin de l'année étant l'époque des bilans, ce n'est pas sans fierté que je vous présente ma progression du rien du tout vers le pas grand chose - Céline, ne te moque pas, merci !

Le principal c'est que ça augmente hein... En persévérant encore un peu, je vais bientôt atteindre le cap éminemment symbolique des 100 visites par jours. Allez, on y croit, on y croit... Voici le mois de novembre :

Mais pour décembre ça s'annonce mal... je ne savais pas que de si importantes forces s'intéressaient à mon blog...


Rendons donc à ce grand seigneur l'hommage qu'il mérite :
Hier, à travers la foule du boulevard, je me sentis frôlé par un Etre mystérieux que j'avais toujours désiré connaître, et que je reconnus tout de suite, quoique je ne l'eusse jamais vu...


J'eusse pu choisir cet extrait ci : O toi le plus savant et le plus beau des anges...

Vous aurez bien entendu reconnu ce vieux farceur de Baudelaire. C'est marrant, ça me fait aussitôt penser à ça :


Saurez-vous dire pourquoi ? Et trouver d'où ça sort ?
Bah... c'est facile ! Plus facile que le machin-chose de la photocopieuse ! (qui n'est toujours pas réparée d'ailleurs... mais ceci est une autre histoire)

12 décembre 2006

Qu'est ce qu'un écrivain ? Qu'est ce que la littérature ?

Le décidemment indispensable Pierre Assouline m'a fait découvrir le discours de réception du prix Nobel d'Orhan Pamuk.
Je vais parler maintenant du sens de ce poids : c'est le sens du travail de l'homme qui s'enferme dans une chambre, qui, assis à une table ou dans un coin, s'exprime par le moyen du papier et d'un stylo, c'est-à-dire le sens de la littérature.
Orhan Pamuk, c'est cet écrivain turc qui avait eu "quelques" ennuis avec la justice -et aussi quelques illuminés- de son pays pour avoir osé rappeller qu'entre 1915 et 1917, «un million d'Arméniens et 30 000 Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d'autre que moi n'ose le dire»


Orhan Pamuk a reçu le prix Nobel de littérature le 12 octobre 2006. Ce discours donne sa vision du métier d'écrivain, du sens de la littérature, de la nécessité de celle-ci, encore et toujours.
Les sociétés humaines, les tribus et les nations deviennent intelligentes, s'enrichissent et s'élèvent dans la mesure où ils prennent au sérieux leur littérature
Pourquoi écrit-on finalement ? J'écris parce que je ne peux supporter la réalité qu'en la modifiant.

Prenez votre temps, lisez ce (long) discours. C'est à mi-chemin de l'autobiographie et de l'essai. Parce que le thème est le même au fond, c'est encore et toujours la même chose : Toute la littérature véritable repose sur une confiance – d'un optimisme enfantin – selon laquelle les hommes se ressemblent.

11 décembre 2006

Chronique du double effet James Bond

Dans les films de James Bond, les méchants sont toujours très laids. Je dois dire que le dernier en date ne m'a pas déçu. Moue dédaigneuse incurvée vers le bas, traits anguleux et oeil vitreux barrée d'une petite cicatrice que même Harry Potter il en a pas une comme ça, il a tout pour plaire. Et il est mal rasé. Je suis sûr qu'il a mauvaise haleine en plus. Et les cheveux gras. Voire les chaussettes trouées. Disons le tout net : il a une tête à inciter au délit de sale gueule.


Ses faits et gestes au cours du film incitent à penser qu'il n'est pas très gentil. Je pourrais même m'avancer jusqu'à le supposer mesquin. Si j'étais médisant, je l'imaginerais volontiers cruel et manipulateur, mais ce serait vraiment juger quelqu'un sur son apparence. Gageons qu'il a eu une enfance difficile, des camarades de classe taquins et qu'il a perdu son octodon dans des circonstances dramatiques. Depuis il cherche à se rattraper en ambitionnant de dominer le monde, ce qui est finalement assez compréhensible. Mais de là à ne pas tenir la porte aux dames, il y a un pas que ce sacripant franchit sans état d'âme.

On comprend mieux dès lors pourquoi le petit homme frustré évoqué par Bénabar dans une de ses chansons rêve d'être un méchant de James Bond. C'est une situation certes périlleuse, et qui finit la plupart du temps par une série d'explosions dévastatrices, mais qui impose le respect à ses collègues, l'admiration à sa concierge, le silence dans les rangs. C'est le premier effet James Bond.
Il voudrait être un méchant de James Bond pour menacer la planète et soumettre le monde, armé jusqu'aux dents dans un repère qu'il imagine à l'intérieur d'un volcan ou dans une base sous-marine.


Seulement, maître du monde ce n'est pas une situation très stable. Comme je viens de l'évoquer, ça finit souvent de manière tragique. Il faut dire qu'il y a beaucoup de postulants et une seule place. C'est un domaine où la concurrence est rude. Le petit cercle des maîtres du monde accepte difficilement de nouveaux membres, et les places sont chères. C'est sans doute pour cette raison que le nouveau méchant s'est choisi le rôle de banquier des autres méchants. Ils commettent leurs forfaits, il s'occupe de gérer leur petit capital, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes de terreur possible.

En général, c'est à ce moment là que James Bond arrive. Ils sont bêtes les maîtres du monde. Cela fait maintenant 21 épisodes qu'il vient sans cesse contrecarrer leurs projets, et ils s'obstinent malgré tout à élaborer des plans diaboliques, des machinations compliquées, des complots ingénieux. La plupart du temps je ne comprend pas grand chose à toutes ces subtilités, et je regarde avec ravissement l'agent 007 tout ravager sur son passage. Les bases secrètes explosent, les ennemis tombent comme des mouches, le monde est sauvé. A la fin, le méchant qui voulait être maître du monde est châtié, et l'héroïne s'enfuit avec son sauveur. Tout cela est grand et magnifique.


Parce que lui non plus, il ne s'embarrasse pas de subtilités. A l'écouter, il ne demande que ça d'ailleurs : du sexe et de la violence gratuite, (dialogue entre Q et 007 dans Jamais plus jamais, ça aussi c'est de la culture) façon de procéder plutôt bien résumée par le tendre et délicat Alain Souchon.
Au cinéma y a James Bond
Il est vraiment pas comme tout le monde
Il n'a peur ni des brunes ni des blondes
Il pète la gueule à tout le monde
On croit qu'on est lui ça monte
On tue les reptiles immondes
On tue tout le monde
Et puis on rallume la salle
Et c'est l'horrible bye bye...
Dans Casino Royale, il y a malgré tout quelque chose d'un peu différent. Ce Bond là est un peu plus humain. C'est sa première mission en tant qu'agent "double zéro", et il a encore quelques failles. Il a déjà les défauts du "vrai" James Bond -arrogance et goût du risque- mais encore des points faibles, et il fait des erreurs qu'il ne commettra plus par la suite, comme boire un verre sans savoir d'où il vient, se vautrer bêtement en bagnole, ou faire confiance aux gens qui sont dans le même camp que lui...


Daniel Craig, malgré les préventions que je pouvais avoir à son égard (c'est vrai quoi, blond aux yeux bleus, le mythe du brun ténébreux en prend un coup dans l'aile) est un excellent James Bond. Regard fixe qui ne cille jamais, tête de tueur, petite touche d'ironie. Un petit trop baraqué par contre. Non, non, ce n'est pas de la jalousie. Regardez donc Sean Connery : pas besoin d'être body-buildé pour être crédible.


Mais tout ça n'est pas très important. C'est juste deux heures de divertissement entrecoupées de séquences publicitaires à la gloire des montres Omega et des portables Sony. Depuis deux jours, je sens bien que le PDA d'Eva Green est l'accessoire qui manque le plus à mon confort.
Et ça, c'est le deuxième effet James Bond.

***

A lire et à écouter :
Alain Souchon : C'est déjà ça
Bénabar : Les risques du métiers
Ian Fleming : Casino Royale

A voir sur internet pour en savoir plus :
Remerciements :
Orion, Céline et paysan heureux, qui reconnaîtront, chacun en ce qui le concerne, la façon dont ils ont pu contribuer à cette chronique !

10 décembre 2006

Libérez les caddies !

Vu en rentrant du cinéma...

09 décembre 2006

Chronique des lumières de la ville et des fantômes du chapeauté

Dans Les fantômes du chapelier, on voit Michel Serrault, marchant sous une pluie battante, déverser l'eau accumulée sur son chapeau avant de rentrer dans sa boutique. Ce qui prouve bien que le feutre a une capacité de résistance à l'eau que je ne soupçonnais pas. Pour ma part, j'ai encore un peu peur de l'abimer lorsqu'il pleut. Oui, je sais, c'est bête. Surtout qu'il pleut quand même assez régulièrement à Dijon. Les mauvaises langues diront même qu'il pleut tous les jours. Ce n'est pas vrai. Il arrive que la première quinzaine d'août soit ensoleillée.


C'est que pour faire sécher un chapeau, il faut de la place, du temps, un lieu adapté. Pas trop chauffé, pas trop froid, et à l'abri des manipulations intempestives. Sinon, on part le matin avec le chapeau d'Alain Delon dans Le Samouraï, et on revient mine de rien à la nuit tombée avec un béret. Tout plat, sans allure et tout juste retenu par l'écartement providentiel des oreilles. C'est regrettable.

Alors que faire ? Les plus impulsifs de mes lecteurs s'écrieront sans retard que je n'ai qu'à prendre un parapluie. Oui mais je n'aime pas les parapluies. J'ai suffisamment critiqué cet ustensile pour pouvoir me permettre de m'en affubler à mon tour. Et de toute façon, le parapluie est par définition inutile. Quand vous n'en avez pas, il pleut, et quand vous en prenez un, les nuages se dispersent, le soleil revient, et qui c'est qui a l'air malin avec son pépin ? Voilà pourquoi je me suis rendu dimanche dernier au Salon du livre de Dijon, sous la pluie, donc sans chapeau, mais aussi sans parapluie, non pas que le besoin ne s'en fasse pas sentir, mais parce que je n'aime pas ça ! Dites donc, il va falloir que je vous le répète combien de fois ?


Parce qu'il y a un Salon du livre à Dijon. Il parait que ce n'est pas la première édition en plus, mais du temps où je n'avais pas de blog je ne faisais attention à rien. Le Palais à tout faire des ducs de Bourgogne, après avoir abrité L'art de la farniente et quelques autres manifestations grandes et magnifiques, servait de cadre à cet évènement plus ou moins littéraire accueillant d'éminentes personnalités. Jean-Pierre Chevénement, le rescapé du curare, assailli de deux supportrices du quatrième âge ; Edith Cresson qui était à peine mieux lottie ; Jean-François Kahn qui s'en tirait un peu mieux question affluence, mais qui était tout juste reconnaissable. J'ai du vérifier le nom sur le petit carton pour être bien sûr que c'était lui. Ils doivent vraiment les maquiller à mort à la télé. Richard Bohringer avait droit pour sa part à un chapiteau entier, et il lisait un livre que je supposais être de lui, devant une foule en partie assise, en partie debout, mais tout entière attentive.


Est-ce la pluie fine, la perspective des fêtes de fin d'année ou bien me étais-je désemparé d'avoir délaissé mon chapeau ? Toujours est-il que je me suis senti soudainement d'humeur maussade, voire cafardeuse, et le marché de Noël, qui se tient sur la Place de la Libération, en face du Palais, a fini de me déprimer. Les mêmes babioles hors de prix que les années précédentes, dans les mêmes cabanes, dont l'ordonnacement était tout de même légèrement différent, afin sans doute d'apporter un soupçon de variété. Les badauds vont d'une cabane à l'autre, en trainant leur femme d'une main et la progéniture de l'autre, tout en tenant un parapluie -tiens, tiens, comme on se retrouve- qui m'oblige à de fréquentes contorsions pour éviter l'énucléation. Encore les lunettes protègent-elles un peu. Mais ça m'ennuierait de les casser.

J'ai pris quelques photos des illuminations pour m'occuper l'esprit et oublier un moment la foule béatement satisfaite de payer ses marrons 2,50€ le petit sachet, 5€ le grand, de même pour la gauffre au nutella. Quand à la photo du mioche hurlant sur les genoux du Père Noël, ça n'a pas de prix, évidemment...


***

Vous avez vu ? J'ai réussi à caser ces marrons en souffrance depuis trois semaines. Il fallait juste que je leur trouve une place.

Chat alors !

Je suis sorti sans mon chapeau.
C'est affreux.
J'ai eu l'impression de me promener tout nu.

05 décembre 2006

Tout sur Octave

Les octodons doivent-ils absolument s'appeler Octave ? C'est du moins ce que ce site indispensable laisse imaginer. Mais il ne dit comment se nomme la marmotte qui met le chocolat dans le papier d'alu, et ça, c'est vraiment dommage.

En tout cas, force est de reconnaître que Céline avait raison. Les octodons, c'est un bon créneau. Référencement assuré. Vous ignorez peut-être à quel point ceux qui font des recherches sur Google sont imaginatifs... J'ai essayé de me mettre à la place du tordu de base, et j'ai tapé... mais je vous laisse découvrir :


Je commence à les aimer ces petites bêtes...

01 décembre 2006

La ballade des octodons

Un rien nous occupe, d'un octodon occis nous faisons tout un roman. De quoi je dégagerais la moralité suivante : l'octodon, c'est comme la pâte à tarte, faut bien l'étaler !
Merci à Delphine, Orion, Christelle... et Octave !

En mémoire du pôv'Octodon,
Octave qu'il s'appelait
quel drôle de nom !
Qui un jour s'est échappé
ce petit con
Entre deux tasses à café
Pour faire ronron
Pour s'en aller visiter
de Céline le giron
pôv' octodon...

Mais il vit un thon,
Qui s'appelait Riton,
Et qui aimait les fritons.
Pauvre Octave l'octodon,
Lui qui n'aimait pas le poisson,
Il fuit de Céline le giron!
Pôv' octodon !

Qui s'est cru à tout jamais caché
Par l'odeur alléché
Chez Céline pas loin des pieds
Et qu'on voulu déloger
Pôv' octodon !
Et qu'on voulu déloger
Mais qui périt écrasé !
La petite dépouille
De la chère fripouille
Finit dans un billet
Par Céline dédié.
Nombre de commentaires
Ont rendu un hommage sincère
A Octave l'octodon
Ce petit con!

Alors qu'il gît sur le goudron,
chopé par un automédon,
il est tout plat mon octodon
plus plat encore qu'un édredon
mais avec de la balle de son
je vais lui r'gonfler les poumons
Et j'le poserai sur un napperon
il décorera bien mon salon...

Et le chat-botté
Du voisin sabotier
En voyant l'empaillé
A complètement craqué.
Il en a boulotté
Tout un grand côté
Et Christelle a hurlé:
"Dehors le minet!!!"

Vous avez lu, et ron et ron
la tragique aventure
d'un petit octodon
curieux de la nature
Aplati, empaillé,
Quel triste destin
Pôv' décor boulotté
-c'est pas très sain-
par le chat du quartier
par le chat chapeauté qu'un tel festin bottait !

Le poids des mots, le choc de la littérature

Il est des fois où je regretterais presque de ne pas habiter Paris... dans sa leçon inaugurale au Collège de France, que nous présente Pierre Assouline, Antoine Compagnon fait passer une telle passion que l'on a envie d'écouter tout le reste. Cette phrase est particulièrement splendide :
La littérature est un exercice de pensée ; la lecture, une expérimentation des possibles
Mais lisez donc l'extrait que propose Assouline. C'est du lourd, mais ce n'est pas indigeste. Prenez votre temps, et sucez-en la substantifique moelle. Stendhal, Nietzche, Dostoïevski, Perec, Montaigne et Proust se bousculent alors que ce n'est qu'une introduction. Il est de ces personnes extraordinaires, capables de communiquer l'envie de lire. Puisse t-il contaminer le plus grand nombre...
Est-il exact que la fiction soit le seul genre qui me parle pleinement de certains aspects de la vie ?
Si vous avez l'occasion... le programme complet est sur cette page.

Livre à lire ?

Quand un auteur de polars se penche sur la banlieue, ça donne ça :




















Rien que le titre donne envie de le lire ; forcément, c'est du Hugo :

"Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte;
C'est qu'ils n'ont pas senti votre fraternité.
Ils errent; l'instinct bon se nourrit de clarté."

Merci au polar blog pour cette info.
Lisez donc l'article en entier sur cet excellent blog consacré tout entier aux polars.

TOC TOC TOC, qui est là ?

Vous reprendrez bien une tranche de Paroles Plurielles ? Pour ma part, je n'en loupe pas une miette. Le texte qui suit a été écrit rapidement, presque en retard, mais que voulez-vous, on ne fait pas toujours ce qu'on veut. Trop occuppé à travailler du chapeau (ah, elle est bonne) je n'ai pas eu le temps de commenter les productions de mes petits camarades. Puissent-ils m'en excuser.

Consigne :
Ecrire un texte court dont la dernière phrase sera : "Désormais c'est son problème, plus le mien"

Et photo :

***

Surtout, bien rester sur les pavés. Ne pas marcher sur le sable. Non mais... je rêve ! Il était vraiment temps que ça s'arrête ! Un peu plus et je devenais comme lui Lui et ses problèmes, ses névroses, ses manies. Ses TOC ! Allumer la lumière pour vérifier qu'elle est bien éteinte. Revenir sur ses pas quatre fois, cinq fois, dix fois, juste pour s'assurer encore et encore que la porte est bien fermée. Faire une crise quand je ne egarde pas si le congélateur ne s'est pas rouvert tout seul. Et si ce n'était que ça. Ca resterait supportable. Mais non, monsieur cumule ! Il collectionne, il compile, il innove ! Il invente des tares auxquelles les psychiatres les plus doués n'avaient pas pensés. Marcher sur les bandes blanches, contourner les obstacles par la droite, faire le ménage toute la journée, prendre une douche toutes les heures ! Ne pas toucher un objet que quelqu'un a déjà touché, exiger que l'on prépare sa nourriture devant lui, se laver les mains cinquante fois par jour, porter un masque dans la rue ! Ouais, un masque, parfaitement. Pour éviter la contamination. Pendant cette histoire de grippe aviaire, j'ai cru qu'il allait me rendre folle. Je crois que c'est là que j'ai compris que je ne pouvais plus le supporter.

J'ai pourtant tout essayé. Tout. La thérapie comportementale, la psychologie cognitive, la psychanalyse, les cures de sommeil et même l'hypnose. Rien à faire. A croire qu'il se complait dans ses obsessions. Qu'il se pourrisse la vie si il veut, moi j'en ai ma claque. Qu'il en trouve une autre pour supporter ses délires. Moi c'est fini. Je veux fumer une clope quand j'en ai envie, pas en cachette. Je veux boire si je veux. Je veux inviter des amies sans être obligée de supporter son cirque. Non, parce qu'il fallait le voir, avec sa lingette désinfectante, en train d'essuyer tout ce qu'elles touchaient. A cause de lui, Véronique et Dorothée ne me parlent plus. Et ce repas chez mes parents ! J'ai cru qu'il allait faire une syncope. Ils habitent dans le Loir-et-Cher, mais quand même... Et ça c'est rien à côté du sermon de ma mère... la pauvre femme s'est fait des cheveux blancs à cause de moi. Maintenant que je l'ai plaqué, elle pourra vivre centenaire, c'est décidé...

Non mais quand j'y pense. Ce type est complètement malade. Son dernier truc, c'était les ondes nocives, il en voyait partout. Du coup, plus de micro-ondes, plus de portable, plus d'ordinateur. Si je l'avais laissé faire, on s'éclairait à la bougie. Mais sur la fin, il allait vraiment trop loin. Exterminer tous les insectes de la création passe encore, mais tuer les chiens blancs et les chats noirs, c'est trop pour moi. Surtout que les voisins commencaient à se douter de quelque chose. Les vieilles surtout. Je crois même que certaines ont prévenu les flics. Mais je m'en fous. Désormais c'est son problème, plus le mien.

***

En réponse aux futurs commentaires :
  • mon frigo va très bien - seule la D de Sami peut comprendre ;-)
  • non, je ne regarde pas Ca se discute ^^