27 décembre 2006

Chronique du givre et des villes qui disparaissent

Le plus difficile dans un texte, c'est le début et la fin. Je bloque souvent sur la première phrase, celle qui entrainera toutes les autres à sa suite et incitera à continuer la lecture (souvenez-vous du bout de la pelote de laine), et j'ai longtemps cherché une phrase finale équivalente au "Et c'est ainsi qu'Allah est grand" de l'indispensable Vialatte, mais je désespère de trouver un jour quelque chose d'aussi bien. Les plus attentifs d'entre vous auront sans doute remarqué la tentative de mot de la fin récurrent des chroniques d'août et septembre...

L'important dans un texte, c'est le début et la fin. Parce que finalement, vous pouvez mettre à peu près ce que vous voulez entre les deux. Ainsi, qu'est ce qui m'empêcherait de parler du givre, de Maupassant et des vieilles gloire du thermalisme mourant à petit feu ?


A l'heure où j'écris ces lignes, le givre recouvre une bonne moitié de la France. L'autre moitié gèle sans fioritures, et c'est bien dommage. Car il n'est rien de plus beau que les délicates et éphémères sculptures que le froid cisèle pour quelques heures autour des objets soumis à son empire. Les arbres, les fils électriques, les antennes et les grillages se parent alors d'un habillage de cristaux hérissés qu'un souffle fait disparaître. Il n'est jusqu'au moindre brin d'herbe qui ne se pare de ces épines gelées. Le givre est le luxe de l'hiver.

L'air est silencieux et piquant, le temps semble figé autour d'un décor immuable. Mais bientôt un oiseau s'envole, une voiture démarre, un passant éternue ; la vie ne s'est pas arrêtée. Sauf à Châtel-Guyon, grande petite ville posée dans le Puy-de-Dôme comme la tasse à café sur la table, où l'hiver, les journées sont longues et les nuits glaciales. Cette ville de mon enfance m'a fait l'effet d'un décor à l'abandon. Il y aurait plus de 6000 habitants, c'est à se demander où ils se cachent.


On est bien loin de l'époque glorieuse du thermalisme, où l'on venait de loin profiter de ses eaux fumantes et ferrugineuses, à qui l'on prêtait milles vertus - Maupassant lui-même espérait soigner sa syphilis de cette façon. Pauvre garçon. Ses séjours lui auront au moins donné l'occasion de produire quelques contes sombres et grinçants, et une poignée d'enfants illégitimes.
Après dîner, j'allai faire un tour dans le parc de l'établissement thermal. Cela se passait dans une petite station d'Auvergne, Châtel­Guyon, cachée dans une gorge, au pied de la haute montagne, de cette montagne d'où s'écoulent tant de sources bouillantes, venues du foyer profond des anciens volcans. Là-bas, au-dessus de nous, les dômes, cratères éteints, levaient leurs têtes tronquées au-dessus de la longue chaîne. Car Châtel-Guyon est au commencement du pays des dômes.
Au moins Châtel survivra t-il quelques temps encore dans les livres du conteur normand, un peu à la manière d'un rêve incertain au petit matin ; pour l'heure, le pays est appelé au même destin que le givre qui le recouvre : l'un comme l'autre disparaissent dans la pâleur des froides journées d'hiver.


***

La petite rubrique littéraire finale ! Deux contes de Maupassant dans le Châtel du XIXème :

Mais il faudrait aussi parler de Mont-Oriol et de quelques autres... Lisez donc Maupassant, c'est un de mes auteurs préférés.

18 décembre 2006

Vacances !

A partir de demain, je serai là :


Ce n'est pas très difficile, mais je vous donne quand même un indice supplémentaire :


Bon, maintenant, c'est vraiment facile !

Bonne fin d'année à tous, joyeux noël, et à l'année prochaine (pour de nouvelles aventures) !

15 décembre 2006

Des chiffres, quelques vers, et une énigme facile

Orion vient de me remémorer mes débuts laborieux... l'époque où j'étais content d'avoir 10 visites par jour... Maintenant, j'en ai entre 40 et 70, et je ne suis PAS content ! J'en veux toujours plus ! Je crois que j'ai choppé le virus !

Sans rire, la fin de l'année étant l'époque des bilans, ce n'est pas sans fierté que je vous présente ma progression du rien du tout vers le pas grand chose - Céline, ne te moque pas, merci !

Le principal c'est que ça augmente hein... En persévérant encore un peu, je vais bientôt atteindre le cap éminemment symbolique des 100 visites par jours. Allez, on y croit, on y croit... Voici le mois de novembre :

Mais pour décembre ça s'annonce mal... je ne savais pas que de si importantes forces s'intéressaient à mon blog...


Rendons donc à ce grand seigneur l'hommage qu'il mérite :
Hier, à travers la foule du boulevard, je me sentis frôlé par un Etre mystérieux que j'avais toujours désiré connaître, et que je reconnus tout de suite, quoique je ne l'eusse jamais vu...


J'eusse pu choisir cet extrait ci : O toi le plus savant et le plus beau des anges...

Vous aurez bien entendu reconnu ce vieux farceur de Baudelaire. C'est marrant, ça me fait aussitôt penser à ça :


Saurez-vous dire pourquoi ? Et trouver d'où ça sort ?
Bah... c'est facile ! Plus facile que le machin-chose de la photocopieuse ! (qui n'est toujours pas réparée d'ailleurs... mais ceci est une autre histoire)

12 décembre 2006

Qu'est ce qu'un écrivain ? Qu'est ce que la littérature ?

Le décidemment indispensable Pierre Assouline m'a fait découvrir le discours de réception du prix Nobel d'Orhan Pamuk.
Je vais parler maintenant du sens de ce poids : c'est le sens du travail de l'homme qui s'enferme dans une chambre, qui, assis à une table ou dans un coin, s'exprime par le moyen du papier et d'un stylo, c'est-à-dire le sens de la littérature.
Orhan Pamuk, c'est cet écrivain turc qui avait eu "quelques" ennuis avec la justice -et aussi quelques illuminés- de son pays pour avoir osé rappeller qu'entre 1915 et 1917, «un million d'Arméniens et 30 000 Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d'autre que moi n'ose le dire»


Orhan Pamuk a reçu le prix Nobel de littérature le 12 octobre 2006. Ce discours donne sa vision du métier d'écrivain, du sens de la littérature, de la nécessité de celle-ci, encore et toujours.
Les sociétés humaines, les tribus et les nations deviennent intelligentes, s'enrichissent et s'élèvent dans la mesure où ils prennent au sérieux leur littérature
Pourquoi écrit-on finalement ? J'écris parce que je ne peux supporter la réalité qu'en la modifiant.

Prenez votre temps, lisez ce (long) discours. C'est à mi-chemin de l'autobiographie et de l'essai. Parce que le thème est le même au fond, c'est encore et toujours la même chose : Toute la littérature véritable repose sur une confiance – d'un optimisme enfantin – selon laquelle les hommes se ressemblent.

11 décembre 2006

Chronique du double effet James Bond

Dans les films de James Bond, les méchants sont toujours très laids. Je dois dire que le dernier en date ne m'a pas déçu. Moue dédaigneuse incurvée vers le bas, traits anguleux et oeil vitreux barrée d'une petite cicatrice que même Harry Potter il en a pas une comme ça, il a tout pour plaire. Et il est mal rasé. Je suis sûr qu'il a mauvaise haleine en plus. Et les cheveux gras. Voire les chaussettes trouées. Disons le tout net : il a une tête à inciter au délit de sale gueule.


Ses faits et gestes au cours du film incitent à penser qu'il n'est pas très gentil. Je pourrais même m'avancer jusqu'à le supposer mesquin. Si j'étais médisant, je l'imaginerais volontiers cruel et manipulateur, mais ce serait vraiment juger quelqu'un sur son apparence. Gageons qu'il a eu une enfance difficile, des camarades de classe taquins et qu'il a perdu son octodon dans des circonstances dramatiques. Depuis il cherche à se rattraper en ambitionnant de dominer le monde, ce qui est finalement assez compréhensible. Mais de là à ne pas tenir la porte aux dames, il y a un pas que ce sacripant franchit sans état d'âme.

On comprend mieux dès lors pourquoi le petit homme frustré évoqué par Bénabar dans une de ses chansons rêve d'être un méchant de James Bond. C'est une situation certes périlleuse, et qui finit la plupart du temps par une série d'explosions dévastatrices, mais qui impose le respect à ses collègues, l'admiration à sa concierge, le silence dans les rangs. C'est le premier effet James Bond.
Il voudrait être un méchant de James Bond pour menacer la planète et soumettre le monde, armé jusqu'aux dents dans un repère qu'il imagine à l'intérieur d'un volcan ou dans une base sous-marine.


Seulement, maître du monde ce n'est pas une situation très stable. Comme je viens de l'évoquer, ça finit souvent de manière tragique. Il faut dire qu'il y a beaucoup de postulants et une seule place. C'est un domaine où la concurrence est rude. Le petit cercle des maîtres du monde accepte difficilement de nouveaux membres, et les places sont chères. C'est sans doute pour cette raison que le nouveau méchant s'est choisi le rôle de banquier des autres méchants. Ils commettent leurs forfaits, il s'occupe de gérer leur petit capital, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes de terreur possible.

En général, c'est à ce moment là que James Bond arrive. Ils sont bêtes les maîtres du monde. Cela fait maintenant 21 épisodes qu'il vient sans cesse contrecarrer leurs projets, et ils s'obstinent malgré tout à élaborer des plans diaboliques, des machinations compliquées, des complots ingénieux. La plupart du temps je ne comprend pas grand chose à toutes ces subtilités, et je regarde avec ravissement l'agent 007 tout ravager sur son passage. Les bases secrètes explosent, les ennemis tombent comme des mouches, le monde est sauvé. A la fin, le méchant qui voulait être maître du monde est châtié, et l'héroïne s'enfuit avec son sauveur. Tout cela est grand et magnifique.


Parce que lui non plus, il ne s'embarrasse pas de subtilités. A l'écouter, il ne demande que ça d'ailleurs : du sexe et de la violence gratuite, (dialogue entre Q et 007 dans Jamais plus jamais, ça aussi c'est de la culture) façon de procéder plutôt bien résumée par le tendre et délicat Alain Souchon.
Au cinéma y a James Bond
Il est vraiment pas comme tout le monde
Il n'a peur ni des brunes ni des blondes
Il pète la gueule à tout le monde
On croit qu'on est lui ça monte
On tue les reptiles immondes
On tue tout le monde
Et puis on rallume la salle
Et c'est l'horrible bye bye...
Dans Casino Royale, il y a malgré tout quelque chose d'un peu différent. Ce Bond là est un peu plus humain. C'est sa première mission en tant qu'agent "double zéro", et il a encore quelques failles. Il a déjà les défauts du "vrai" James Bond -arrogance et goût du risque- mais encore des points faibles, et il fait des erreurs qu'il ne commettra plus par la suite, comme boire un verre sans savoir d'où il vient, se vautrer bêtement en bagnole, ou faire confiance aux gens qui sont dans le même camp que lui...


Daniel Craig, malgré les préventions que je pouvais avoir à son égard (c'est vrai quoi, blond aux yeux bleus, le mythe du brun ténébreux en prend un coup dans l'aile) est un excellent James Bond. Regard fixe qui ne cille jamais, tête de tueur, petite touche d'ironie. Un petit trop baraqué par contre. Non, non, ce n'est pas de la jalousie. Regardez donc Sean Connery : pas besoin d'être body-buildé pour être crédible.


Mais tout ça n'est pas très important. C'est juste deux heures de divertissement entrecoupées de séquences publicitaires à la gloire des montres Omega et des portables Sony. Depuis deux jours, je sens bien que le PDA d'Eva Green est l'accessoire qui manque le plus à mon confort.
Et ça, c'est le deuxième effet James Bond.

***

A lire et à écouter :
Alain Souchon : C'est déjà ça
Bénabar : Les risques du métiers
Ian Fleming : Casino Royale

A voir sur internet pour en savoir plus :
Remerciements :
Orion, Céline et paysan heureux, qui reconnaîtront, chacun en ce qui le concerne, la façon dont ils ont pu contribuer à cette chronique !

10 décembre 2006

Libérez les caddies !

Vu en rentrant du cinéma...

09 décembre 2006

Chronique des lumières de la ville et des fantômes du chapeauté

Dans Les fantômes du chapelier, on voit Michel Serrault, marchant sous une pluie battante, déverser l'eau accumulée sur son chapeau avant de rentrer dans sa boutique. Ce qui prouve bien que le feutre a une capacité de résistance à l'eau que je ne soupçonnais pas. Pour ma part, j'ai encore un peu peur de l'abimer lorsqu'il pleut. Oui, je sais, c'est bête. Surtout qu'il pleut quand même assez régulièrement à Dijon. Les mauvaises langues diront même qu'il pleut tous les jours. Ce n'est pas vrai. Il arrive que la première quinzaine d'août soit ensoleillée.


C'est que pour faire sécher un chapeau, il faut de la place, du temps, un lieu adapté. Pas trop chauffé, pas trop froid, et à l'abri des manipulations intempestives. Sinon, on part le matin avec le chapeau d'Alain Delon dans Le Samouraï, et on revient mine de rien à la nuit tombée avec un béret. Tout plat, sans allure et tout juste retenu par l'écartement providentiel des oreilles. C'est regrettable.

Alors que faire ? Les plus impulsifs de mes lecteurs s'écrieront sans retard que je n'ai qu'à prendre un parapluie. Oui mais je n'aime pas les parapluies. J'ai suffisamment critiqué cet ustensile pour pouvoir me permettre de m'en affubler à mon tour. Et de toute façon, le parapluie est par définition inutile. Quand vous n'en avez pas, il pleut, et quand vous en prenez un, les nuages se dispersent, le soleil revient, et qui c'est qui a l'air malin avec son pépin ? Voilà pourquoi je me suis rendu dimanche dernier au Salon du livre de Dijon, sous la pluie, donc sans chapeau, mais aussi sans parapluie, non pas que le besoin ne s'en fasse pas sentir, mais parce que je n'aime pas ça ! Dites donc, il va falloir que je vous le répète combien de fois ?


Parce qu'il y a un Salon du livre à Dijon. Il parait que ce n'est pas la première édition en plus, mais du temps où je n'avais pas de blog je ne faisais attention à rien. Le Palais à tout faire des ducs de Bourgogne, après avoir abrité L'art de la farniente et quelques autres manifestations grandes et magnifiques, servait de cadre à cet évènement plus ou moins littéraire accueillant d'éminentes personnalités. Jean-Pierre Chevénement, le rescapé du curare, assailli de deux supportrices du quatrième âge ; Edith Cresson qui était à peine mieux lottie ; Jean-François Kahn qui s'en tirait un peu mieux question affluence, mais qui était tout juste reconnaissable. J'ai du vérifier le nom sur le petit carton pour être bien sûr que c'était lui. Ils doivent vraiment les maquiller à mort à la télé. Richard Bohringer avait droit pour sa part à un chapiteau entier, et il lisait un livre que je supposais être de lui, devant une foule en partie assise, en partie debout, mais tout entière attentive.


Est-ce la pluie fine, la perspective des fêtes de fin d'année ou bien me étais-je désemparé d'avoir délaissé mon chapeau ? Toujours est-il que je me suis senti soudainement d'humeur maussade, voire cafardeuse, et le marché de Noël, qui se tient sur la Place de la Libération, en face du Palais, a fini de me déprimer. Les mêmes babioles hors de prix que les années précédentes, dans les mêmes cabanes, dont l'ordonnacement était tout de même légèrement différent, afin sans doute d'apporter un soupçon de variété. Les badauds vont d'une cabane à l'autre, en trainant leur femme d'une main et la progéniture de l'autre, tout en tenant un parapluie -tiens, tiens, comme on se retrouve- qui m'oblige à de fréquentes contorsions pour éviter l'énucléation. Encore les lunettes protègent-elles un peu. Mais ça m'ennuierait de les casser.

J'ai pris quelques photos des illuminations pour m'occuper l'esprit et oublier un moment la foule béatement satisfaite de payer ses marrons 2,50€ le petit sachet, 5€ le grand, de même pour la gauffre au nutella. Quand à la photo du mioche hurlant sur les genoux du Père Noël, ça n'a pas de prix, évidemment...


***

Vous avez vu ? J'ai réussi à caser ces marrons en souffrance depuis trois semaines. Il fallait juste que je leur trouve une place.

Chat alors !

Je suis sorti sans mon chapeau.
C'est affreux.
J'ai eu l'impression de me promener tout nu.

05 décembre 2006

Tout sur Octave

Les octodons doivent-ils absolument s'appeler Octave ? C'est du moins ce que ce site indispensable laisse imaginer. Mais il ne dit comment se nomme la marmotte qui met le chocolat dans le papier d'alu, et ça, c'est vraiment dommage.

En tout cas, force est de reconnaître que Céline avait raison. Les octodons, c'est un bon créneau. Référencement assuré. Vous ignorez peut-être à quel point ceux qui font des recherches sur Google sont imaginatifs... J'ai essayé de me mettre à la place du tordu de base, et j'ai tapé... mais je vous laisse découvrir :


Je commence à les aimer ces petites bêtes...

01 décembre 2006

La ballade des octodons

Un rien nous occupe, d'un octodon occis nous faisons tout un roman. De quoi je dégagerais la moralité suivante : l'octodon, c'est comme la pâte à tarte, faut bien l'étaler !
Merci à Delphine, Orion, Christelle... et Octave !

En mémoire du pôv'Octodon,
Octave qu'il s'appelait
quel drôle de nom !
Qui un jour s'est échappé
ce petit con
Entre deux tasses à café
Pour faire ronron
Pour s'en aller visiter
de Céline le giron
pôv' octodon...

Mais il vit un thon,
Qui s'appelait Riton,
Et qui aimait les fritons.
Pauvre Octave l'octodon,
Lui qui n'aimait pas le poisson,
Il fuit de Céline le giron!
Pôv' octodon !

Qui s'est cru à tout jamais caché
Par l'odeur alléché
Chez Céline pas loin des pieds
Et qu'on voulu déloger
Pôv' octodon !
Et qu'on voulu déloger
Mais qui périt écrasé !
La petite dépouille
De la chère fripouille
Finit dans un billet
Par Céline dédié.
Nombre de commentaires
Ont rendu un hommage sincère
A Octave l'octodon
Ce petit con!

Alors qu'il gît sur le goudron,
chopé par un automédon,
il est tout plat mon octodon
plus plat encore qu'un édredon
mais avec de la balle de son
je vais lui r'gonfler les poumons
Et j'le poserai sur un napperon
il décorera bien mon salon...

Et le chat-botté
Du voisin sabotier
En voyant l'empaillé
A complètement craqué.
Il en a boulotté
Tout un grand côté
Et Christelle a hurlé:
"Dehors le minet!!!"

Vous avez lu, et ron et ron
la tragique aventure
d'un petit octodon
curieux de la nature
Aplati, empaillé,
Quel triste destin
Pôv' décor boulotté
-c'est pas très sain-
par le chat du quartier
par le chat chapeauté qu'un tel festin bottait !

Le poids des mots, le choc de la littérature

Il est des fois où je regretterais presque de ne pas habiter Paris... dans sa leçon inaugurale au Collège de France, que nous présente Pierre Assouline, Antoine Compagnon fait passer une telle passion que l'on a envie d'écouter tout le reste. Cette phrase est particulièrement splendide :
La littérature est un exercice de pensée ; la lecture, une expérimentation des possibles
Mais lisez donc l'extrait que propose Assouline. C'est du lourd, mais ce n'est pas indigeste. Prenez votre temps, et sucez-en la substantifique moelle. Stendhal, Nietzche, Dostoïevski, Perec, Montaigne et Proust se bousculent alors que ce n'est qu'une introduction. Il est de ces personnes extraordinaires, capables de communiquer l'envie de lire. Puisse t-il contaminer le plus grand nombre...
Est-il exact que la fiction soit le seul genre qui me parle pleinement de certains aspects de la vie ?
Si vous avez l'occasion... le programme complet est sur cette page.

Livre à lire ?

Quand un auteur de polars se penche sur la banlieue, ça donne ça :




















Rien que le titre donne envie de le lire ; forcément, c'est du Hugo :

"Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte;
C'est qu'ils n'ont pas senti votre fraternité.
Ils errent; l'instinct bon se nourrit de clarté."

Merci au polar blog pour cette info.
Lisez donc l'article en entier sur cet excellent blog consacré tout entier aux polars.

TOC TOC TOC, qui est là ?

Vous reprendrez bien une tranche de Paroles Plurielles ? Pour ma part, je n'en loupe pas une miette. Le texte qui suit a été écrit rapidement, presque en retard, mais que voulez-vous, on ne fait pas toujours ce qu'on veut. Trop occuppé à travailler du chapeau (ah, elle est bonne) je n'ai pas eu le temps de commenter les productions de mes petits camarades. Puissent-ils m'en excuser.

Consigne :
Ecrire un texte court dont la dernière phrase sera : "Désormais c'est son problème, plus le mien"

Et photo :

***

Surtout, bien rester sur les pavés. Ne pas marcher sur le sable. Non mais... je rêve ! Il était vraiment temps que ça s'arrête ! Un peu plus et je devenais comme lui Lui et ses problèmes, ses névroses, ses manies. Ses TOC ! Allumer la lumière pour vérifier qu'elle est bien éteinte. Revenir sur ses pas quatre fois, cinq fois, dix fois, juste pour s'assurer encore et encore que la porte est bien fermée. Faire une crise quand je ne egarde pas si le congélateur ne s'est pas rouvert tout seul. Et si ce n'était que ça. Ca resterait supportable. Mais non, monsieur cumule ! Il collectionne, il compile, il innove ! Il invente des tares auxquelles les psychiatres les plus doués n'avaient pas pensés. Marcher sur les bandes blanches, contourner les obstacles par la droite, faire le ménage toute la journée, prendre une douche toutes les heures ! Ne pas toucher un objet que quelqu'un a déjà touché, exiger que l'on prépare sa nourriture devant lui, se laver les mains cinquante fois par jour, porter un masque dans la rue ! Ouais, un masque, parfaitement. Pour éviter la contamination. Pendant cette histoire de grippe aviaire, j'ai cru qu'il allait me rendre folle. Je crois que c'est là que j'ai compris que je ne pouvais plus le supporter.

J'ai pourtant tout essayé. Tout. La thérapie comportementale, la psychologie cognitive, la psychanalyse, les cures de sommeil et même l'hypnose. Rien à faire. A croire qu'il se complait dans ses obsessions. Qu'il se pourrisse la vie si il veut, moi j'en ai ma claque. Qu'il en trouve une autre pour supporter ses délires. Moi c'est fini. Je veux fumer une clope quand j'en ai envie, pas en cachette. Je veux boire si je veux. Je veux inviter des amies sans être obligée de supporter son cirque. Non, parce qu'il fallait le voir, avec sa lingette désinfectante, en train d'essuyer tout ce qu'elles touchaient. A cause de lui, Véronique et Dorothée ne me parlent plus. Et ce repas chez mes parents ! J'ai cru qu'il allait faire une syncope. Ils habitent dans le Loir-et-Cher, mais quand même... Et ça c'est rien à côté du sermon de ma mère... la pauvre femme s'est fait des cheveux blancs à cause de moi. Maintenant que je l'ai plaqué, elle pourra vivre centenaire, c'est décidé...

Non mais quand j'y pense. Ce type est complètement malade. Son dernier truc, c'était les ondes nocives, il en voyait partout. Du coup, plus de micro-ondes, plus de portable, plus d'ordinateur. Si je l'avais laissé faire, on s'éclairait à la bougie. Mais sur la fin, il allait vraiment trop loin. Exterminer tous les insectes de la création passe encore, mais tuer les chiens blancs et les chats noirs, c'est trop pour moi. Surtout que les voisins commencaient à se douter de quelque chose. Les vieilles surtout. Je crois même que certaines ont prévenu les flics. Mais je m'en fous. Désormais c'est son problème, plus le mien.

***

En réponse aux futurs commentaires :
  • mon frigo va très bien - seule la D de Sami peut comprendre ;-)
  • non, je ne regarde pas Ca se discute ^^

29 novembre 2006

Comptine à suivre...

Delphine la commença dans un commentaire d'une pensée précédente, Sammy la continua, et tout ça c'est quand même la faute à Céline, la tueuse d'octodon. (c'est marrant, quand on sait pas ce que c'est, ça sonne un peu comme "tueuse de dragons")

Le tout est une comptine totalement improvisée, qui ne demande qu'à être reprise, prolongée ou modifiée...

En mémoire du pôv'Octodon,
Octave qu'il s'appelait
quel drôle de nom !
Qui un jour s'est échappé
ce petit con
Entre deux tasses à café
Pour faire ronron
Pour s'en aller visiter
de Céline le giron
pôv' octodon...

[à suivre]

Loués soient les octodons !

27 novembre 2006

Pensée instantanée

Blog : jardin public secret

26 novembre 2006

Chronique du chapeau du chat botté

Avez-vous déjà remarqué que la chat botté, comme son nom ne l'indique pas, est toujours représenté coiffé d'un grand chapeau ? Avec une plume, pour la beauté de la chose. C'est un détail qui m'a toujours frappé. Sans parler de l'impossibilité théorique flagrante de l'expérience -si vous n'êtes pas convaincus, enfilez donc des bottes à votre chat maintenant qu'il s'est lassé de la pelote de laine, et essayez donc de lui poser un bob Ricard sur le crâne- il faut bien avouer qu'il n'en est point question dans le texte de Perrault.

Ne vous affligez point, mon maître, vous n'avez qu'à me donner un sac, et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles, et vous verrez que vous n'êtes pas si mal partagé que vous croyez.
Avez-vous déjà prêté attention à la foule disparate et anonyme qui nous environne dans le flot continu des artères commerçantes ? Tout le monde se ressemble et personne n'est semblable. Il arrive pourtant que des silhouettes se démarquent avec une netteté flagrante, par une attitude particulière ou une apparence plus travaillée. Certains ont des tatouages, des piercing ou les cheveux gras. D'autres encore attachent le bouton du haut de leur polo. J'en connais même qui mettent des cravates. Toutes ces choses demandent du travail, voire de la réflexion avant de trouver sa propre petite touche personnelle. A l'exception peut-être des cheveux gras, qui sont la moins coûteuse des fantaisies.

Il en est ainsi du chat botté. Eût-il possédé ses seules bottes qu'il aurait été moins beau. Il n'aurait pas pu accomplir les prouesses qui l'ont rendues célèbre. Probablement Charles Perrault ne l'aurait-il même pas retenu pour le casting final de Mère l'Oye Academy. Il aurait tristement fini, les bottes trouées et la tête nue, mendiant dans le ruisseau son ronron quotidien. Alors que le chapeau attire le regard, marque la prestance, pose le personnage. Si celui-ci n'est pas mentionné dans le conte, c'est à l'évidence parce que la question ne se pose même pas : un chat botté sans chapeau, c'est tout bonnement impossible.

Parcourant samedi soir l'obscurité des rues, espérant sans trop y croire retrouver la trace de Titi et Jump, héroïques félidés morts pour l'asphalte, j'étais bien loin d'avoir en tête des réflexions aussi grandioses. Je marchais sans but, si ce n'est celui d'assister à quelque évènement intrigant que je pourrais raconter en rentrant. Mais sans m'en rendre compte, je me dirigeais vers le quartier des chapeliers fous. Après avoir tourné, lorgné, louché, pris le large et pesé le pour et le contre, j'ai finalement posé l'oeil sur la vitrine, la main sur la poignée et le pied dans la boutique. Juste pour voir. Mais je savais que je ne pourrais plus reculer.

Le fait d'apercevoir une jeune et jolie vendeuse dans la boutique m'aurait-il décidé ? Allez savoir. Toujours est-il que je n'aurais pas besoin, pour me singulariser, de me faire greffer une quincaillerie dans les narines ou me promener avec un octodon sur l'épaule, ni de pousser la provocation jusqu'à porter une cravate. Et mes cheveux resteront propres, merci pour eux. Et voilà pourquoi, samedi soir, à l'heure où les mères lisent à leurs enfants les plus célèbres contes de Perrault, encore qu'ils ne valent pas ceux de la rue Broca, j'ai marché une heure de plus dans la rue anonyme, fier comme le marquis de Carabas, moi, Sammy, le chapeauté...

Pensées joyeuses

"Si le chien est le plus méprisé des animaux, c'est que l'homme se connaît trop bien pour pouvoir apprécier un compagnon qui lui est si fidèle."

Emil Cioran, philosophe cynique

Source : cette page

Vous pouvez aussi lire De l'inconvénient d'être né, mais faut avoir le moral quand même... ou une longue pratique de l'humour noir, ça peut aider.

Il a aussi dit ça : "Le rire est un acte de supériorité, un triomphe de l'homme sur l'univers, une merveilleuse trouvaille qui réduit les choses à leurs justes proportions."

25 novembre 2006

Comment agrandir sa terrasse

Il y a eu un peu de vent cette nuit...

22 novembre 2006

Le pourquoi du comment...

A la demande générale d'Orion ! Et parce que la curiosité féminine doit toujours être satisfaite sous peine de graves conséquences...
Alors je me pose la question : pourquoi Sammy alors????
Vous allez voir, ça va vous passionner. Si vous avez du sommeil à rattraper, c'est le moment. C'est une histoire en deux temps, parce que je n'aime pas faire simple. Je n'ai jamais eu aucun talent pour les pseudos. C'est pourquoi je mets désormais Sammy partout. Ce n'est pas que celui-ci soit plus original qu'un autre, ni qu'il évoque un prénom ou une personne par moi connue. Non. Vous allez voir, c'est bien plus trivial que ça.

Il y a longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...

**musique**

...je me suis inscrit sur un forum consacré à un jeu vidéo. Oui bon, commencez pas, c'est un loisir comme un autre, et ceux qui me connaissent un tant soit peu savent que ce n'est qu'une toute petite partie de moi-même. Toujours est-il que ce jour là, je me suis retrouvé confronté à l'éternel problème du pseudo. Répugnant quelque peu à utiliser mon prénom -désormais notoirement connu de vous, chers lecteurs- je cherche désespérément une idée. Comment s'appelle le personnage principal du jeu ? Sam Fisher. Bon. Que peut-on faire avec ça ? Restons humble, collons lui quelques diminutifs. Sammy Fisher. Huuum, c'est pas mal. Junior. Voilà : SammyFisherJr c'est parfait.


Avec le temps, l'usage du "Sammy" s'est imposé, et il faut bien reconnaître que c'est plus court. Du coup, c'est le pseudo que j'utilise à chaque fois que je dois m'inscrire quelque part sur internet. Ca soulage grandement la charge de travail de mon neurone dual-core cadencé à 1 GigaIdée par minute.

Mais ce n'est pas tout !

J'ai depuis découvert, dans les commentaires de ce billet de Céline, que Sammy, ça devrait s'écrire Sami, et que en arabe, cela signifie plus ou moins "bien, haut, respectueux", voire "noble" ou "sublime" !

Et ça, je trouve que c'est plutôt pas mal...

20 novembre 2006

Le jeu des 12 000 erreurs

Un certain nombre de différences sont décelables entre ces deux images. Saurez-vous les retrouver ?


Pfff... c'est trop dur les week-end...

L'objet mystère de la semaine !



Parce que moi aussi je peux poser des questions !

19 novembre 2006

Chronique des chats, des chapeaux et des marrons oubliés

Comment naît une chronique ? Je suis sûr que vous vous posez la question, depuis le temps. Le plus dur est de commencer, trouver non pas l'idée, mais la phrase à partir de laquelle on va ensuite dérouler toutes les autres. C'est simple, c'est comme une pelote de laine. Quand vous avez trouvé le bout, il ne vous reste qu'à tirer dessus. En évitant de faire des noeuds. Si vous ne comprenez pas bien le principe, donnez-en une à votre chat, il vous montrera. A ce propos, je signale que Titi (5 mois) et Jump (10 mois) ont disparu. C'est du moins ce que clament rue Claude Hoin deux affichettes distinctes, disposées à quelque dizaines de mètres l'une de l'autre. A même le grillage pour l'une et sur une cabine téléphonique pour l'autre. A croire qu'il ne fait pas bon être un chat dans ce quartier. Toujours est-il que les personnes qui les ont vraisemblablement transformés en carpettes sont priés de les ramener à leurs propriétaires respectifs.

Ce n'est donc pas si difficile que ça. Car on peut commencer en parlant de n'importe quoi, le principal étant bien sûr de savoir retomber sur ses pattes. Vous pouvez, par exemple, prendre un chat (c'est une image, reposez immédiatement cette pauvre bête) et dire à son propos tout ce qui vous passe par la tête. Vous en ferez facilement dix lignes, vingt si vous avez l'habitude. Peut-être même une page si on vous paye pour ça. Evidemment, l'idéal est d'avoir quelque chose à raconter. Un livre, un film, une pièce de théâtre ou un concert, la chronique culturelle marche toujours assez bien, merci pour elle. Encore faut-il avoir l'inspiration, cette petite touche personnelle qui fera que votre compte-rendu ne donnera pas l'impression d'avoir été recopié sur Teleramsès, le magazine de la culture momifiée. Et ce n'est pas toujours évident. Parfois on ne trouve pas la phrase qui permet de commencer et de dérouler toutes les autres à sa suite. Alors on passe le livre, le film, la pièce de théâtre ou le concert sous silence, n'en pensant pas moins, mais préférant se taire plutôt que de ne pas faire justice à une oeuvre qui n'est pour rien dans nos problèmes de pelotes de laine.

D'autres fois, mais cela est plus rare, d'un rien vous ferez un récit qui aura l'heur de plaire. Une machine colérique, un enfant sous tension, un chat en ruines et un bâtiment écrasé, vous donneront en un clin d'oeil la matière à un texte. Mais de telles occasions ne se produisent pas tous les jours. J'ai ainsi marché plus de deux heures dans les rues de Dijon hier soir et, aussi surprenant que cela paraisse, il ne m'est rien arrivé de particulier. Pas la moindre agression. Aucun accident spectaculaire. Juste l'odeur mouillée des feuilles mortes tapissant les trottoirs que la nuit obscurcit.

Je pourrais pourtant vous faire un texte sur les plaisirs de la marche, la nécessité de prendre l'air et les dangers des trottoirs mal éclairés ; seulement voilà, je n'en ai pas envie. Je pourrais vous reconstituer mon parcours, du quartier Montchapet à la place de la Libération, en passant par trois librairies différentes. Seulement voilà, je n'ai rien acheté. Je pourrais vous décrire, à vous en faire baver, les odeurs et les rêves devant la vitrine d'un chocolatier déjà cité dans ces pages, seulement voilà, je ne suis pas à ce point sadique. Mais je ne vous dirai pas quelle tête me fait un chapeau, car je n'en ai pas essayé. Il existe à Dijon deux chapeliers probablement fous, deux vieilles boutiques où s'entassent les couvres-chef de toute espèce. On en trouve de toutes les formes, toutes les tailles (tant mieux, j'ai une grosse tête) et tous les prix. Peut-être un jour vous raconterai-je comment j'ai enfin franchi le Rubicon et le seuil de l'une d'entre elles dans le but de m'offrir un vrai signe distinctif...

Cela fera un beau sujet de chronique.

***
  • Merci à Céline qui m'a poussé à dire ce qui me passait par la tête (voir commentaires de la chronique précédente)
  • Merci à Delphine à qui j'ai (encore) piqué une expression
  • Merci à Titi et Jump, bout de la pelote de laine de ce texte
Et les marrons ? Ben j'ai oublié...

Polyvalence

Journée ménage : je suis tellement fort que je suis capable de ne pas faire 10 choses en même temps !

18 novembre 2006

La phrase qui va bien

...et celle-ci est de moi !

J'ai sorti ça l'autre jour à ma comptable préférée :

"Le stress, c'est juste un problème supplémentaire que l'on rajoute à d'autres problèmes que l'on a déjà"

Non mais quelle suffisance quand même !

16 novembre 2006

Completement brelot...

Hier, 19h45, sortie du centre commercial.
Deux "jeunes" (tant il est vrai que ce terme désigne plus un look particulier qu'une véritable tranche d'âge) pénètrent dans la galerie comme j'en sors. L'un des deux semble mal en point. Tête baissée, regard dans le vague, à vrai dire il semble fixer le sol avec attention, il traîne les pieds et donne le bras à son ami pour ne pas trébucher.
Honnêtement, il a tout à fait l'apparence de ce qu'on appelle par chez moi un demeuré, un brelot, un idiot de village.

En fait non, il était juste en train de pianoter sur son portable.


Et vous voulez vraiment que j'achète un portable ?

14 novembre 2006

De loin, voire de très loin...

Effectivement, je ressemble à Alain De loin...
...mais vraiment de loin alors !


Sammy raille

13 novembre 2006

Travelling vers une boulangerie fantôme

Pour Christelle ;-)



Je ne sais pas ce que tu peux en tirer, mais je sens que ça va être grand et magnifique :-p

Banzaï !

Ca s'est passé tout à l'heure. J'arrive presque en retard juste à l'heure devant mon administration préférée ; deux femmes m'abordent, visiblement décidées à me demander quelque chose. L'heure ? Il doit être 9h30, je suis bien placé pour le savoir. Pour plus de précision, reportez-vous à un quidam muni d'une montre. Du feu ? Je ne fume pas. De la monnaie ? Je n'ai jamais un centime sur moi.

Non. La plus petite des deux, la tête orné d'un simili foulard imitant un chapeau (à moins que ce ne soit l'inverse) me demande, avec un accent terrible (Saône-et-Loire ?) : "On cherche le samouraï center" J'ai rien compris. Samouraï ? Moi ? Je sais bien qu'avec mon duffle-coat noir et mes chaussures cirées, j'en impose, mais de là à me qualifier de samouraï, faut pas déconner. Je la fixe d'un air ahuri ; en fait, je recompose mentalement sa phrase pour tenter d'en saisir le sens (25 ans d'expérience quand même)

Je finirai tout de même par apprendre que c'est un centre de visite médicale. C'est la cinquantième fois en trois ans que l'on me demande ça. Il faudra quand même que je me renseigne un jour...

11 novembre 2006

Monsieur Hulot au supermarché, chronique à épisodes

Un jour sans pain, c'est dur. C'est long surtout. D'où le célèbre proverbe. Voilà pourquoi j'achète toujours du pain que je mets à congeler, afin de pouvoir compter sur quelques tranches en cas de paresse pénurie. Ce pain là, je l'achète souvent au Carrefour le plus proche, d'abord parce qu'il est bien gros, ensuite parce qu'il est bien bon. Et aussi parce que c'est à côté du boulot. Il y avait à deux pas de chez moi une petite boulangerie qui vendait des baguettes qui se desséchaient sitôt le seuil franchi. On vient de raser l'immeuble. C'est bien fait.


J'étais hier dans cette grande surface, où je n'avais pas vraiment prévu d'acheter ce fameux pain, il m'en reste suffisamment ; l'idée me vint cependant en passant devant. Pas de chance, aucune des boules n'est prédécoupée, alors que habituellement, quand j'en veux une entière, elles le sont quasiment toutes... Je choisis donc une boule d'une forme à ma convenance, et j'attends mon tour devant la machine à trancher. Qui est, aussi étonnant que cela puisse paraître, en libre service. Je précise à l'intention de ceux qui se poseraient la question que le pain congelé c'est très dur, voilà pourquoi il vaut mieux avoir pensé à le découper avant !

Mais je n'imaginais pas que cette machine allait me poser quelques problèmes.

Je pose le pain du côté approprié, je referme le capot, les scies se mettent en marchent. Tout se passe bien, la boule de pain ovoïde passe pile dans le sens que je veux, se découpe correctement et choît juste devant moi, derrière la protection de plexiglas encore abaissée. Je lève cette barrière me séparant de ce pain que je considère comme déjà mien, tend une main avide vers la nourriture -l'autre continuant à tenir le fameux sac carrefour- mais c'est ce moment là que les tranches décident toutes ensemble et unilatéralement de prendre leur autonomie et de partir dans des directions opposées, le sol semblant malgré tout être leur destination principale. Du pain kamikaze, on aura tout vu. Je referme prestement le couvercle de la machine qui me paraît déjà odieuse ; aucune tranche n'est tombée. Quels réflexes.

Seulement, refermer le capot a déclenché un nouveau cycle de découpage. Les lames, ne coupant que du vide, ne semblent dès lors pas prêtes de s'arrêter, et je n'ai aucune raison particulière de me séparer de quelques phalanges aujourd'hui. Que faire ? Gros et rouge devant mes yeux angoissés, un bouton "arrêt d'urgence" s'offre à la portée de mes petits doigts tentés. J'appuie dessus, le ronronnement cesse aussitôt. Je redresse la tête pour un bref triomphe, j'ai vaincu la machine.

Je me sers cette fois de mes deux mains pour ouvrir le capot, m'apprêtant à rattraper au vol avec cette vivacité évoquée plus haut la moindre tranchounette qui se lancerait dans une cavale de la dernière chance. Enfin... pour tenter d'ouvrir le capot. Tiens, il n'était pas si lourd tout à l'heure. Mais tire bon sang. Il y a un bouton pour ouvrir ? Un bouton... ah, ça y est, j'ai compris. Arrêt d'urgence, sécurité, blocage. La porte de plexiglas ne s'ouvrira plus. En tout cas pas ce soir.

Je fais une boule rageuse de l'inutile sac en papier qui pend de ma main, le jette dans la panière et m'éloigne à pas feutrés... Parfois j'ai l'impression d'être le personnage principal d'un film comique...

***

Cette quatrième chronique des supermarchés aurait pû s'arrêter là, mais c'était sans compter sur les inévitables rencontres loufoques de la caisse. Cette fois, une mamie complètement débordée et son petit fils vont m'occuper de longues minutes.

C'est justement parce qu'il ne restait qu'eux que j'ai choisi cette caisse. J'arrive alors que le drame atteint son paroxysme. Le petit veut sa bouteile de Fanta. Mamie ne veut pas. Il hurle et trépigne, elle ne cède pas, tend le bras, et pose la bouteille de la discorde aussi loin qu'elle le peut, c'est à dire à côté de mon jus d'orange. Se ravisant, elle demande un effort supplémentaire à son vieux squelette, et pose l'ignoble boisson gazéifiée sur le petit rebord métallique précédant le tapis roulant.

Le blondinet aux yeux bleus, petit tyran de quatre ans, ne décolère pas. Pendant que mamie extrait ses quelques achats de son sac (petits suisses, petites voitures, album à colorier, devinez qui est le bénéficiaire), il se faufile entre moi et la caisse, montant allégrement au passage sur mes chaussures neuves, nullement effrayé par l'oeil torve que je lui tourne. J'ai toujours eu beaucoup de mal à faire croire que j'étais méchant, ce n'est pas aujourd'hui que je vais y arriver.

Son trophée en main, il retourne vers mamie. Habillée de vêtement déjà hors d'âge lorsque elle les acheta, tâchant de garder le contrôle de la situation, elle s'efforce, chignon et cheveux blancs, de s'activer avec lenteur. Avisant le monstre radieux avec sa bouteille, elle reprend l'objet du délit et le pose de nouveau, je ne sais plus trop où, encore plus loin, et continue la corvée ménagère et poussive qui l'a amenée dans ce grand centre commercial. Une vague tendresse m'envahit pour cette très vieille femme pétrie d'amour pour son petit-fils, échouée dans une époque trop rapide pour elle. Accoudé à la barrière qui nous sépare de l'issue de secours, j'attends en souriant. L'affreux, lui, n'en a cure. Tout ce qu'il veut c'est sa bouteille.

Montrant des dons précoces pour l'infiltration en territoire ennemi, il choisit cette fois de passer derrière moi, silencieux et obstiné, pour s'en aller quérir l'objet de son désir. Une fois de plus, il revient tout sourire. Malin, il part en direction de la large allée du centre commercial, sous l'oeil bovin de la caissière qui n'est pas à une bouteille près. Mamie finira par poser la bouteille sur le tapis roulant, visiblement catastrophée à l'idée que l'on puisse lui imputer ce vol...

...l'affaire est dans le sac ! (ça, c'est pour ceux qui suivent !)

Elle vivra centenaire...


Note postérieure : cette photo, prise le 11 novembre, se veut un écho à ce texte...

09 novembre 2006

Les sentiers de la mémoire, intermède providentiel

Mais où sont les vitraux, les dessins, et les photos ? Les commentaires littéraires et les critiques de films ? Qu'attend donc Sammy pour nous apprendre des choses grandes et magnifiques ? Que ne nous fait-il visiter Dijon comme il le fait si bien, plutôt que de nous agacer les synapses neuronales à coup de questionnaire ?

Eh ben... il patauge un peu. Il ne faudrait jamais prendre de vacances. Ne prenez jamais de vacances ! C'est bien trop dur de revenir. Reconnecter les neurones et l'ordinateur, remplir le frigo, vider sa valise. Mettre le réveil en batterie et la chemise sur le cintre. Se raser. Réviser les leçons et dire bonjour à la maîtresse. Rien ne change vraiment depuis la toute première rentrée des classes.

***

Heureusement, il y a Paroles plurielles. Sammy a quand même pris le temps nécessaire de s'affronter à la consigne 33, et la publication de sa quatrième participation tombe à point nommé pour vous donner à lire. Et là, attention, ce n'est plus du remplissage... puissiez-vous prendre autant de plaisir à lire ces phrases que j'en ai eu à les écrire.

Mais, avant toutes choses, la consigne : sur cette peinture de Léon Spilliaert, et avec comme phrase finale C'est décidé, elle vivra centenaire, il fallait à nouveau inventer une histoire...


Adieu l'amour, adieu les fleurs, adieu parfum et doux satin ; son voile s'envole au vent du large, à quoi bon le retenir ? Son bel amour est mort, pourquoi devrait-elle vivre ? A quoi bon cette vie, désormais inutile, à quoi bon demeurer dans ce monde déserté ? Pourquoi ne pas partir, fuir l'écume du chagrin ? Assise au bord du vide, elle entrevoit l'amer. Assise au bout du monde, elle écoute les vagues. Un vague sourire l'effleure, elle aime ce paysage. Lancinante litanie, répétition du rien, image de son coeur qui ne bat pour personne.

Dans la boue et le sang, dans le froid de Craonne, son bel amour est mort, emporté par la nuit. Fusillé face au mur, tombé au champ d'horreur, il est mort dans le froid, le sang et la boue noire. Abattu comme un chien qu'on jette dans un trou, il est mort pour l'acier et pour le prix du blé, il est mort pour la gloire et pour l'honneur infâme. Elle hait l'humanité comme elle hait de survivre, alors c'est décidé, elle vivra solitaire.

Voici la mort, voici les pleurs, voici le crêpe et le linceul. Le vent d'ignominie souffle sur sa douleur, son bel amour est mort, sa mémoire est souillée. Elle a reçu hier le courrier officiel. Condamné pour l'exemple et traître à la patrie. Femme de déserteur et non veuve de héros, elle doit subir l'opprobre et le dédain muet. Qui entendra sa voix au milieu des fanfares ? Mais elle criera justice, et elle restera fière. Jusqu'à la der des der, jusqu'à la fin du siècle. Alors c'est décidé, elle vivra centenaire.

***

Encore quelques mots pour finir...

Souvenez-vous des mutins de 17, fusillés pour l'exemple. Souvenez-vous des bouchers galonnés. Souvenez-vous de la chanson de Craonne.

08 novembre 2006

Livre d'images...

Il est tout beau, tout neuf et plein de photos :-)

La phrase de la semaine

Encore une sentence à méditer... un peu surréaliste celle-ci ! Hum... non. Shadokienne je dirais !

Si il n'y a pas de début, il n'y aura jamais de fin

Et réciproquement : si il n'y a pas de fin, il est probable que ça n'a jamais commencé. Quoique... c'est moins sûr.


Et les fonctionnaires pompaient, pompaient... Je peaufine ma culture avec les devises Shadok...

07 novembre 2006

Questionnaire à la con (copyright Céline)

Quand Céline demande quelque chose, on s'exécute. Mais c'est bien parce que c'est Céline, et qu'elle sourit tout le temps. Comme l'exercice ne correspond pas à "ligne éditoriale" des Chroniques de Sammy, j'avais commencé par le publier dans les Brèves de Sammy. Mais la nuit porte conseil parait-il, et ce matin dès l'aube, à l'heure où blanchit le fonctionnaire qui a oublié ses clefs, j'ai déplacé ce questionnaire ici. Ce n'est pas une chronique, ce n'est pas un intermède, c'est tout au plus du remplissage (clin d'oeil pour Delph), mais ça vous aidera à patienter en attendant une approximative Chronique de verre et de plomb, où il sera bien sûr question des fameux vitraux déjà évoqué la semaine dernière.
Il ne faut pas grand chose pour occuper Sammy...

1) Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne :


"...du chasseur cueilleur qui poursuit son aurochs jusqu'à..."
Debout les morts / Fred Vargas, lu en deux jours (et quelques morceaux de nuits) la semaine dernière. Il faudra que j'écrive un truc pour dire tout le bien que je pense de ses "rompols" un de ces jours.

2) Sans vérifier, quelle heure est-il ?

22h20

3) Vérifiez :

22h24

4) Que portez-vous ?

Mon pyjama et un peignoir. J'suis chez moi, j'fais c'que veux. J'ai remonté les manches, d'abord pour faire la vaisselle, et maintenant pour taper, parce que ça balaie le clavier.

5) Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ?

Si vous attendiez "la télé", vous avez tout faux. Je parlais avec Lilou sur msn.

6) Quel bruit entendez-vous à part celui de l'ordinateur ?

Aucun, c'est grave docteur ?

7) Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu'avez-vous fait ?

J'ai été dans une librairie tout à l'heure, je cherchais un bouquin dont je parle dans ma dernière chronique. "Garouste à Talant" ; si vous voulez me l'offrir, dépêchez-vous.

8) Avez-vous rêvé cette nuit ?

Oui, bien sûr. On rêve toutes les nuits, vous ne le saviez pas ? Les différentes phases du sommeil, tout ça ? J'ai écrit un commentaire sur un livre qui en parle (entre autre, parce qu'il y a aussi des meurtres bien saignant dedans) ; voilà ce que c'est que de ne pas lire les Chroniques de Sammy !

9) Quand avez-vous ri la dernière fois ?

Tout à l'heure, sur msn avec Lilou.

10) Qu'y a t il sur les murs de la pièce où vous êtes ?

Du papier peint. Sur celui juste devant moi, j'ai accroché des cartes postales publicitaires pour dissimuler le papier peint faire joli.



11) Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?

J'achèterais une bouteille de champagne pardi !

12) Quel est le dernier film que vous ayez vu ?

Indigènes, ça aussi il faut que j'en parle.

13) Avez-vous vu quelque chose d'étrange aujourd'hui ?

Ma tête dans un miroir ce matin en me levant.

14) Que pensez-vous de ce questionnaire ?

Qu'il est bête, c'est bien pour faire plaisir à Céline que je le remplis.

15) Dites-nous quelque chose de vous que nous ne savons pas encore :

Je n'aime pas les questionnaires.

16) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était une fille ?

Je pense que la maman aurait son mot à dire non ?

17) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était un garçon ?

Même réponse que précédemment.

8) Avez-vous déjà pensé à vivre à l'étranger ?

Si ça continue comme ça, il va falloir l'envisager de plus en plus sérieusement...

19) Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?

J'espère que tu as bien profité de ton sursis.

20) Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?

L'accord du participe passé. C'est bien trop compliqué.

21) Aimez-vous danser ?

Non, j'ai horreur de ça. Ou alors, il faut beaucoup me faire boire avant.

22) Georges Bush ?

Est-ce que je vous insulte moi ?

23) Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ?

Je ne me souviens pas, c'est dire l'intérêt que j'accorde à la chose.

24) Quelles sont les 4 personnes qui doivent prendre le relais sur leur blog ?
  • paysanheureux, parce qu'il est en grande forme ces temps ci
  • Christelle, parce qu'elle n'a pas mis de nouvelle énigme depuis presque un mois
  • socioblogie, parce qu'il aime bien les questionnaires, et que ce genre de bêtise devrait l'intéresser
  • si Orion avait un blog, je l'aurais mise en quatrième choix ;-)
Mais tous autant que vous êtes, vous pouvez vous amusez à répondre dans les commentaires...

04 novembre 2006

Chronique des orgues et des vitraux

Cette semaine de vacances touche à sa fin, on change d'heure et de température, les fonctionnaires les plus frileux allument le chauffage de leur bureau ; l'hiver approche. Il est temps pour Sammy de retourner au boulot, sortir ses pulls du placard et faire part à ses attentifs lecteurs de ses dernières facéties dijonnaises. En l'occurrence, celle-ci se passe à Talant, petite ville tranquille posée dans les hauteurs de l'agglomération. Juste au-dessus de lac Kir, du moins pour ceux de ses habitants qui ont la chance d'avoir les fenêtres orientées du bon côté...

Talant est une grande petite ville dont la partie la plus ancienne est constituée d'un bourg médiéval tout entier ramassé autour de son église. Gothique et ancestrale, elle fête cette année le dixième anniversaire de son orgue et de ses vitraux.

Source : Wikipedia

Ce n'est pas vraiment l'orgue qui m'intéresse dans l'histoire, qui n'est après tout qu'une boîte à musique de très grande taille, catégorie que j'avais distraitement négligé lors de ma précédente étude sur le sujet. Ce qui m'a ainsi poussé, mécréant que je suis, à investir ce lieu de foi (que j'ai en crise), ce sont plutôt les vitraux, réalisés par Gérard Garouste, en collaboration avec un maître verrier.

Gérard Garouste est un artiste contemporain né en 1946, et que je connais depuis qu'il s'est livré à un magistral travail d'illustration sur Don Quichotte, édité par une petite maison qui est à l'édition d'art ce que Cartier est à la haute couture : Diane de Selliers ; j'en ai déjà parlé lors de ma chronique des marchés, j'espère que vous suivez, sinon je vais regretter de vous avoir accordé le qualificatif d'attentifs, chers lecteurs.


J'arrive comme l'assistance finit de s'installer. Un écran pliant est posé dans le choeur, et un vidéoprojecteur sur un tabouret, à la hauteur de la première rangée de bancs. Une image du diaporama est déjà à l'écran, et le manipulateur du portable semble hésiter sur la conduite à tenir. Montrer ainsi cette image avant le début officiel du spectacle semble le contrarier. Il pose une antique lampe de poche rectangulaire devant le faisceau, elle ne tient pas, il tente de la maintenir, se brûle les doigts, renonce finalement. Sa collègue s'essaye avec davantage de succès à l'expérience. Je fixe un temps le dispositif, espérant vainement la chute de la torche à pile.

La dame patronnesse experte en lampes de poche ouvre enfin la cérémonie, parlant dans un micro devant cette foule d'une quarantaine de personnes tout au plus. Sa voix résonne dans l'église vide, je ne comprend rien. Je pousse un profond soupir, motivé tant par ce comportement irréfléchi que par les bribes de propos convenus, creux et superfétatoires que j'attrape au passage : « La paroisse vous convie... une histoire de Dieu et des hommes et des hommes avec Dieu... » La chose que je prévoyais festive et culturelle s'annonce d'emblée morne et triste comme un enterrement catholique apostolique et romain. D'ailleurs je m'ennuie déjà. C'est formidable.

Mes craintes se confirment, ce qui était présenté comme une "animation" intitulée Des orgues et des vitraux qui nous parlent s'avère être la moins intéressante des soirées diapos auxquelles j'ai pu assister, les quidams bronzés en moins. L'ensemble n'est qu'une succession de photos sans la moindre explication, si ce n'est une bribe de phrase même pas descriptive, mais redondante, entre deux images des cartons de l'artiste et quelques poncifs d'une phraséologie éculée, dans le style "Le silence et la lumière", "Eau jaillissante de la fontaine de vie" ou bien encore "Dieu les a créés partenaires libres de choisir" ; je me demande si l'honorable vieux homme qui fait défiler le diaporama a conscience de la redoutable ambiguïté de cette phrase qui sied si peu aux préceptes papaux...

Vivement que ça se termine. C'est vide, c'est long, et il n'y a pas un mot sur le travail de l'artiste alors que je suis venu pour ça. La plupart des gens fixent bêtement l'écran inamé, certains ferment les yeux, Sammy prend des notes sur son petit carnet dans la semi-obscurité. Un silence religieux (c'est le cas de le dire) règne dans l'édifice, cette présentation grisonnante ne rend pas justice au travail réalisé par les deux artistes, le verrier et le peintre, dont je reconnais quand même le style, tout en trépignant sur mon banc, voulant aller voir par moi-même, plutôt que d'égrener ainsi les minutes au chapelet de mon impatience.

Heureusement, l'ensemble est entrecoupé de phases musicales. Le son profond de l'orgue donne alors à mon ennui quelques minutes de répit, la superbe musique du fer aux sonorités profondes emplit tout l'espace, pendant que l'écran n'affiche plus qu'une photo de l'instrument -Metzler parait-il, sans plus de précisions sur la signification du terme. Est-ce un gage de qualité particulière ? Je manque de vocabulaire musical pour décrire cette vibration spécifique ; c'est comme si il y avait une musique de fond avec une autre par-dessus, jouée sur un ton différent.


Sans doute les organisateurs ont-ils eu peur que nous ne puissions pas assimiler deux beautés en même temps ? Nous n'eûmes jamais de concert une image de vitrail et le son de l'orgue, le préposé au portable prenant bien soin de revenir sur cette sempiternelle photo des tuyaux si son empressement lui faisait prendre une diapositive d'avance. Quelques vitraux, une photo de l'orgue. C'est l'un ou l'autre. Dix minutes de silence, dix minutes de musique. Vitrail ou orgue. Lumière ou son. Fromage ou dessert.

Nous aurons ainsi droit à du Salve Reginat, du Magnificat (sauvez Régine en mangeant des bonbons Magnificat ?), à du Bach. C'est superbe Bach joué à l'orgue. Je n'aurais peut-être pas complètement perdu mon temps finalement. Mais quand l'orgue s'arrêta pour faire place à un antique et horrible enregistrement catho-guimauve à côté duquel "Jésus reviens" ferait figure de poésie lyrique, j'ai été pris d'une brusque envie de partir...

C'est enfin fini, la cassette indigente se voulait sans doute le clou du spectacle. Je m'éclipse alors que l'assistance se commet en applaudissements exagérés. Je souhaite qu'ils ne soient adressés qu'à l'organiste. Je veux enfin voir ces fameux vitraux et visiter un peu l'église, que je date approximativement du XIIIème siècle, ce que me confirmera le prospectus que j'emporte en partant. J'ai été frappé par cette superbe mise au tombeau du XVIème siècle.

Je scannerai en rentrant le dépliant reproduisant les vitraux, et peut-être achèterai-je le livre édité à cette occasion, et sobrement intitulé "Garouste à Talant". Restez donc attentifs, chers lecteurs, car ces fameux vitraux, vous ne les avez toujours pas vus...

03 novembre 2006

Phrase à méditer...

"Il vaut mieux être grand chez les petits que petit chez les grands"

Merci Edith ;-)

26 octobre 2006

Comment faire d'une pierre deux coups

Vous allez voir, c'est très simple.

Prenez une assiette propre. Versez -y des légumes congelés que vous enfournez ensuite au micro-onde.
Allumez la plaque électrique, faites cuire la viande.
A mi-cuisson, sortez les légumes du micro-onde, remuez-les un peu avant de les remettre deux minutes supplémentaires.
Sortez une nouvelle assiette propre, mettez la viande cuite dedans.
Lavez la poêle.
Sortez les légumes du micro-onde, contemplez successivement l'assiette à moitié remplie de viande, et l'assiette à moitié pleine de légumes.
Jurez, mais un peu tard, qu'on ne vous y prendra plus...

Paraskevidékatriaphobie et autres histoires

Voici déjà la troisième participation de Sammy à Paroles Plurielles, pour une consigne assez originale, mais qui, vous allez le voir, n'a pas donné lieu à un texte beaucoup plus gai. Sammy ou l'art des mots qui pleurent ? Mais non voyons. Il ne me semble pas que ces chroniques engendrent la mélancolie... Cela dit je ne m'explique pas cette propension à partir sur quelque chose de sombre ou de triste dès que je vais être un peu plus "littéraire". Il faudra que j'y réfléchisse...
Vous allez vous mettre dans la peau du sexe opposé et raconter quelque chose, de drôle ou de tragique, peu importe. Si vous êtes UN participant, votre texte se placera du point de vue de la femme ou de la fillette. Si vous êtes UNE participante, votre texte se placera du point de vue de l'homme ou du garçon.

De plus, il y a des mots absolument interdit : valise, départ, vacances, femme, mari, fils, fille, attente, retard, et lunettes...

Pas d'incipit cette fois, pas de phrase finale imposée non plus...ouf!

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Paraskevidékatriaphobie

Ca fait combien d'heures qu'on est là ? J'ai froid, je n'ai pas eu le temps de m'habiller quand ils sont venus nous chercher. Prenez le strict nécessaire qu'ils nous ont dit. Juste un bagage par personne. Mais on a pas eu le temps de réfléchir. Et maintenant on est là. Et j'ai froid. Au moins, le petit a son écharpe. Mais pourquoi on est là ? Maintenant que j'y repense, ça fait un an que ça va mal. Je me souviens. C'était un vendredi 13. C'est étrange comme on peut retenir ce genre de détails. C'est ce jour là que tout a commencé, juste après cette loi. D'abord il a perdu son poste, ensuite on nous a pris la maison.

Il a sa gabardine, c'est bien. Il rentrait du travail quand ils sont arrivés. Si on peut appeller ça un travail. On a pas eu le temps de réfléchir. Pas eu le temps de trier le peu qu'il nous restait. A coup de crosse qu'ils nous ont fait sortir du hangar. A coup de crosse ! Jamais je n'ai eu aussi peur. Heureusement on est tous ensemble. Cette femme, là bas, n'a pas cette chance. Il me semble que je l'ai déjà vue. A force de vivre entassés, c'est normal.

Qu'est ce qu'il m'a dit tout à l'heure ? Quand je lui ai parlé du vendredi 13 ? Il a rigolé. Je suis... quoi déjà ? Parakevitriaphobe. Non, c'est pas ça. Mais c'est un mot comme ça. Je ne sais pas comment il fait pour me faire rire dans une situation pareille. Mais je vois bien qu'il a peur lui aussi. Il a peur de cette attente, de cette gare. Et ce froid ! Je dois avoir l'air ridicule habillée comme ça, et à moitié démaquillée. Tout le monde me regarde. Non. Tout le monde regarde par terre en fait. Bien des hommes ça. Hier ça gueulait. Et on va se révolter. Et on va pas se laisser faire. Et ils n'ont pas le droit de faire ça. Et là ils regardent leurs chaussures. Ils font ça depuis qu'ils ont tué le vieux tout à l'heure.

Et la gamine se cache derrière son père. Comme ma soeur quand on était gosses. C'est comme si tout recommençait. J'espère qu'elle a pu partir. Même avec son musicien, l'autre crétin avec son violoncelle. Je ne l'aime pas ce type. Mais tant pis, le principal est qu'elle soit loin. Ce que j'ai froid. Je tremble... Ou alors j'ai peur. Je ne sais pas. Il faut que je me calme. Pour les enfants. Ca va s'arranger. Oui, je suis sûr que ça va s'arranger. De toute façon, ça ne peut pas être pire...

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C'est sur ces quelques phrases que votre bloggueur préféré vous abandonne pour une petite dizaine de jours, s'octroyant de biens méritées vacances. Si, si, contrairement à une idée largement répandue, les fonctionnaires ça bosse.

Rassurez-vous, j'ai quelques chroniques sur le feu, qui n'attendent qu'une crise de courage pour sortir de l'état brouillonnesque :
  • Une visite de l'église de Talant, au son des grandes orgues et en compagnie de Sammy
  • Un commentaire du film Indigènes
  • Les graffitis à messages des murs de mon quartier (chose promise...)
  • et tout ce qui me passera par la tête d'ici là !
Bref, encore des choses grandes et magnifiques !

Eloge du fonctionnaire

Le fonctionnaire remonte à la plus haute Antiquité. On en trouvait déjà du temps de Pline l'Ancien, du moins c'est ce qu'affirme Pline le jeune, qui n'était pas le fils, mais le neveu du précédent. A l'instar des glaciers, des nuages et des clés de 12, les fonctionnaires ont la beauté et le caractère sacré des choses immuables. Encore peut-on trouver quelque utilité à une clé de 12, j'ai vu certains scribouillards particulièrement ingénieux s'en servir comme presse-papier. Mais de telles choses sont rares.

La véritable raison de l'existence du fonctionnaire, son essence même, c'est de justifier celle de l'usager. Lequel n'est là que pour nourrir, chauffer, loger et engraisser le fonctionnaire. On voit par là que la nature est bien faite ; peut-être pourrait-on déceler l'oeuvre d'un dessein intelligent derrière une telle perfection, car ceci est trop beau pour être le seul fruit du hasard.

En tant que fonctionnaire distingué, je me targue de faire montre d'une grande connaissance de ce milieu pas si différent que ça de la vie normale après tout. Ne sommes nous pas aussi des humains ? Nous dormons aussi bien que vous, nous buvons et nous mangeons, nous rions et nous passons des heures à discuter avec nos amis ! Sommes nous si différent que ça du reste des travailleurs parce que nous ne faisons pas toutes ces choses aux mêmes heures qu'eux ? Un peu de tolérance que diable !

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Petit texte écrit en 5 minutes ; c'est pas ma faute, c'est Oncle Dan qui m'a donné l'idée !

25 octobre 2006

Activité écologique

Reçu ce matin le rapport d'activité du Ministère de l'écologie et du développement durable.
50 pages en couleurs
6 exemplaires
Imprimé sur une cochonnerie de papier recyclé (j'y reviendrai si vous avez des questions)

Pas très écocitoyen/écoresponsable/développement durable tout ça...

22 octobre 2006

La pensée du chef...

...qui m'a affirmé il y a quelques semaines : "Un comptable, c'est quelqu'un qui fait des calculs faux, mais à la virgule près."

J'ai du pot (à crayons)

Une petite photo pour Orion, juste pour lui confirmer que je partage totalement son analyse sur la classification du matériel de bureau en fonction du contenant post-alimentaire !


Par contre, les barquettes plastiques de surimi, ah non ! En plus, je n'aime pas les surimis !

21 octobre 2006

Chronique des marchés en automne

Le samedi à Dijon, c'est le jour du marché. Sammy aime beaucoup y aller, mais Sammy n'aime pas se lever. Vaste problème, cruel dilemme. Le vide béant de mon frigo m'a pourtant contraint cette semaine à faire un petit effort. Ceux qui lisent ces chroniques avec attention savent désormais dans quel quartier j'habite, et les plus avisés n'auront pas manqué de remarquer que je ne suis pas très loin du centre-ville.

Le plaisir d'aller à pied jusqu'aux halles fait donc partie du rituel du marché, et donne souvent l'occasion d'observer les petits changements qui, d'une fois sur l'autre, modifient les éléments d'un décor routinier. Peut-être écrirai-je quelque chose sur cette pensée profonde un de ces jours. Juste une photo pour vous donner un avant-goût de ce qui sera, n'en doutons pas, un récit grand et magnifique :

Et des commes ça, j'en ai quelques unes... La poésie urbaine est sans limites. C'est un matériau de choix pour les bloggueurs rêveurs en manque d'inspiration...

Mais il faut bien que paresse se passe, et me voilà bientôt en vue du marché. Ce sont de vrais halles dans le style fin XIXème siècle, et la rédaction de cette chronique maraîchère m'a permis d'apprendre qu'elles ont été construites par l'entreprise Eiffel en 1868, et sont inscrites à l'Inventaire des Monuments Historiques. Je m'en doutais un peu, mais me voilà satisfait d'avoir pu le vérifier. Cela n'a rien d'étonnant, car Gustave Eiffel est né à Dijon. Ce que l'on sait trop peu. Voilà encore une bonne chose que vous aurez apprise grâce à ce blog.
Les halles de Dijon - photo prise en mai 2005

Et se lever aux aurores un samedi (9h30) ça en vaut la peine. D'abord pour les milles trésors que l'on ramène du ventre de Dijon : chasselas en grappes jaunes et sucrées, grenadin moelleux et pommes brillantes ; pain croustillant d'une toute nouvelle boulangerie, carottes, navets. Qu'en Auvergne on appelle des raves. Juste pour pas faire comme tout le monde.

Il y a aussi le spectacle de la foule anonyme, bigarrée et bruissante, qui mêle son écho aux saveurs des étals. Je note au passage qu'octobre, saison traîtresse hésitant entre douceur et frimas, laisse mes congénères dans l'incertitude quant à la façon de se vêtir. C'est bien simple, l'habillement automnal ne comporte que deux grandes tendances : il y a ceux qui, T-shirt avachi et jogging défraichi, rêvent encore aux jours tièdes, et les autres, qui ne jurent déjà plus que par pull et écharpe.

Sur le chemin du retour, je croise cette affiche pour une pièce de théatre :


Je ne sais pas si vous pensez à la même chose que moi en lisant le titre ? Parce que "Comment le savoir vient aux jeunes filles", ça me fait immédiatement penser à La Fontaine et à Comment l'esprit vient aux filles. Sans doute est-ce fait exprès. Si vous ne le connaissez pas, prenez donc le temps d'aller lire ce conte... Ceux qui en sont resté à La cigale et la fourmi vont être surpris. C'est le genre de fables que l'on ne fait pas apprendre aux gosses ça...

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Bibli-ogre :
  • Contes et nouvelles en vers / Jean de La Fontaine ; disponible en Folio (pas cher), dans la Pléiade (cher) et chez Diane de Selliers (hors de prix) Si le coeur vous en dit, vous pouvez même acheter une édition d'époque (emprunt sur 15 ans)