En fait de surprise, c'est la cerise sur le gâteau, non, la bombe sur le bunker : je suis référencé par le site officiel de la Demeure du Chaos.
C'est le début de la gloire.
Dans une terre grasse et pleine d'escargotsIl a même pensé aux requins. C'est ce qui fait la marque du génie.
Je veux creuser moi-même une fosse profonde
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde
Ca devait arriver. A trop différer la rédaction de ma nouvelle chronique, ma dernière participation à Paroles plurielles parait avant que je n'aie pu vous faire partager ma visite d'un grand musée tout entier rempli de petites choses... Tant pis, ça vous fera toujours de la lecture, et vous donnera matière à réflexion. Parce que cette consigne 38 ne manque pas d'originalité, jugez donc un peu : après avoir écouté autant de fois que nécessaire la chanson d'Hubert-Félix Théfaine "Confessions d'un never been", il s'agissait de s'en inspirer pour écrire un texte dont la première phrase serait les mots phares de la chanson : « J’ai volé mon âme à un clown… » avec pour consigne d’aller dans le décalé, le déjanté, le farfelu, l’hermétique… à l'instar d'un HFT présenté ainsi par Coumarine :
Les mots de Thiéfaine dans ses chansons sont de l’ordre 50/50
50% de mots qui veulent dire quelque chose, qui frappent, qui touchent, qui percutent
50% de mots en écriture volontairement hermétique, qui sont là pour la sonorité ou pour le fun
On ne saurait mieux dire. J'ai donc fait dans le décalé, l'hermétique, le presque poétique. J'ai eu beaucoup de mal à faire dans le déjanté. Comme dirait quelqu'un qui se reconnaîtra, il est difficile d'arriver à maintenir le même rythme endiablé de vocabulaire déjanté sur la totalité du texte, nous faut qu'on fasse des pauses à dire les choses bêtement morales ou logiques. C'est exactement ça. Mais il est temps que je vous laisse découvrir par vous même. La vidéo, c'est du bonus.
Un espace à part, pris d’irréalité et en même temps submergé par le réalisme du chaos du monde.C'est une véritable scène de guerre, un décor de catastrophe naturelle ou technologique, ou peut-être les deux à la fois. Le feu, qui ne peut détruire la salamandre, a laissé ses traces partout ; les pierres sont noircies et les décombres s'entassent. Des météorites ont enfoncé une partie du toit et du parking, du matériel de guerre tordu et calciné semble immobilisé à l'endroit où la destruction l'a saisi. Un peu partout, différentes installations sont venues agrémenter l'ensemble. Réplique de Ground Zero, bunker, inscriptions de Ben, piscine de sang... Tout cela est lugubre, sinistre, grinçant, morbide. Choquant surtout. D'autant plus que le cadre est celui d'une bourgade cossue et résidentielle proche de Lyon, d'à peine un millier d'habitants, posée en bord de Saône, dont ni vous ni moi n'aurions jamais entendu parler sans cette histoire.
Une oeuvre d'art qui ne dérange pas n'en est pas une.Car l'art peut choquer, et parfois l'art doit choquer. Olympia, Le déjeuner sur l'herbe, la maja desnuda, Madame Bovary, L'origine du monde, L'enterrement à Ornans ; les débuts du cubisme, Les fleurs du mal... rien de commun avec cette entreprise de déconstruction, mais nous n'avons aujourd'hui plus idée des scandales que provoquèrent ces oeuvres en leur temps. Aujourd'hui, le scandale est tout autre, et dépasse le champ de l'esthétique pour entrer dans celui du juridique. De procédure en procès, la Demeure du Chaos se trouve aujourd'hui menacée au mieux de mutilation, au pire de destruction (ce serait un comble) ; je ne vais pas m'attarder ici sur des questions juridiques (opposition entre respect du Code de l'urbanisme et statut de l'oeuvre d'art) par ailleurs totalement légitimes, je ne veux m'intéresser qu'à ce qu'elles ont de révélateur. Question d'époque ? Je ne pense pas. Le cas d'espèce est intéressant, et amène à se poser la question de la définition de l'oeuvre d'art, et par là même, celle de la place de l'Art dans la société, bien que je pense qu'un juge doit se trouver bien en peine d'apporter une réponse à cette problématique.
Thierry Ehrmann