25 octobre 2007

Quand Harry rencontre Francky

Lettre ouverte à Franck Mauerhan, journaliste au Bien Public.

Mon cher Franck -tu permets que je t'appelle Franck ? Je tutoie facilement les gens qui me font rire, et ton article de ce matin m'a bien fait rigoler. Et comme je reconnais en toi un fan inconditionnel des aventures d'Harry Potter, n'hésitant pas à pourfendre de ta plume vengeresse ceux qui se mettent en travers de la route glorieuse de notre sorcier préféré, je ne peux que t'aimer.

Tu tentes de feindre l'indifférence, mais tu le reconnais bien vite : "les ouvrages qui relatent ses exploits ont créé un véritable phénomène de société" ; on sent bien la fébrilité derrière cette phrase. Tu n'es pas un "fan de base", tu es de ces inconditionnels prêts à acheter "le précieux pavé" dès "0 heure le jour J". Je te comprends tu sais. Moi-même, je me sens tenté par cette ardeur juvénile, et ne suis retenu que par une triviale nécessité m'imposant un certain nombre d'heures de sommeil, nécessité toute physiologique à laquelle tu n'es sans doute pas soumis.

C'est sans doute pour cette raison que tu fustiges "l'obstacle réglementaire" opposé par l'inspection du travail de Côte d'Or qui coupe l'herbe sous le pied des "audacieux commerçants" qui avaient pris l'habitude d'ouvrir "deux heures à minuit pour fêter Harry Potter", pour reprendre ta si jolie formule. Ce sont des empêcheurs d'enfourcher son éclair de feu en rond, et la règlementation du travail est décidément une bien mauvaise chose.
"L'avantage, avec une législation dont les textes s'empilent depuis des décennies, voire des siècles, c'est que la réglementation devient si complexe, si tâtillonne, qu'elle finit par entraver toute initiative. On appelle ça le progrès. Et tant pis si on frise le ridicule !"
Je suis bien d'accord avec toi mon Franck. Que l'on ne vienne pas nous faire croire que le fait d'ouvrir un magasin au milieu de la nuit va mettre en péril la santé, la sécurité, ou l'équilibre psychologique des employés des librairies. Tout comme toi, ces gens là n'ont besoin ni de repos ni de sommeil, et n'ont évidemment pas de vie de famille. Gageons d'ailleurs qu'ils pleurent des larmes de rage et d'impuissance devant la "perfidie du réglement". On te sent presque prêt à le faire à leur place, tant est grand ton dévouement aux jeunes fans du "sorcier binoclard".

Mais... sais-tu que c'est une bonne idée ça ? Que dirais-tu de venir ce soir, vers 23h30, dans la grande librairie de Dijon que tu cites dans ton article ? Tu déballerais les cartons, tu ferais de belles piles de livres de part et d'autre de la caisse, tu installerais avec amour les PLV que Gallimard n'aura pas manqué d'envoyer, tu pendrais quelques guirlandes oranges et noires en papier, des chapeaux de sorciers, et un ou deux balais. Tu pourrais même te déguiser en mage noir, avec la robe sombre, la baguette magique et le regard hautain qui sied à ce type de personnage. Ce serait super non ? Bien sûr, tu serais payé au tarif habituel, et tu en serais déjà presque gêné. Parce que tu ferais ça par plaisir.

Plus tard, vers une ou deux heures du matin -mais qu'importe ?- tu partagerais un dernier café avec tes collègues fourbus, tu remonterais dans ta voiture glaciale et, héroïque chevalier que la nuit environne, tu rentrerais dans ta maison, pour quelques heures d'un sommeil superfétatoire, c'est juste une sale manie.

Je sens que tu regrettes déjà de n'être point employé de librairie et de n'être que journaliste au Bien Public. Que veux-tu, de telles joies ne sont pas données à tout le monde. Tu peux toujours te consoler en te disant que tu n'as pas à affronter "la loi [...] qui s'applique de manière indistincte" et empêche de braves commerçants de faire plaisir à de pauvres enfants, qui devront "bêtement attendre le week-end" pour profiter de cet évènement "suffisamment rare pour justifier du caractère exceptionnel d'une ouverture de nuit" : la sortie d'un livre à (seulement) 2,3 millions d'exemplaires...

Bonne nuit mon Franck.



24 octobre 2007

La stratégie du contre-feu

Un contre-feu c'est, au sens propre, un feu allumé en avant d'un incendie pour en empêcher la propagation. Au sens figuré cela désigne une action médiatique, politique, voire financière destinée à détourner l'attention d'un public particulier pour, selon les cas, valoriser un aspect au détriment d'autres moins glorieux, attirer l'attention sur un fait plutôt que sur un autre, déclencher une polémique pour ne pas parler de problèmes plus graves.

Nous vivons à l'époque du contre-feu permanent.

Les tests ADN, vous êtes plutôt pour ou plutôt contre ? Réfléchissez bien, mais pendant que vous vous crêperez le chignon, vous ne parlerez pas d'autre chose.

Que s'est-il passé le jeudi 18 octobre ? Une grève ? Que nenni. Notre président a divorcé.

Lire la lettre de Guy Môquet aux élèves des écoles, c'est bien, c'est mal ? Vous feriez mieux de regarder ailleurs.

Eteindre votre lumière 5 minutes, vous pensez vraiment que ça va sauver la planète ? Faites donc... on s'occupe du reste.

Je continue ou pas ?

Non, je ne continue pas.

Les Chroniques de Sammy ne se veulent pas (trop) politiques, d'autant qu'il se trouverait des lecteurs pour penser que j'exagère, que tout ne va pas si mal, de mon côté je ne changerais pas d'avis, on se fâcherait, bref tout ceci serait fort triste. Mais de temps en temps, que voulez-vous, trop c'est trop. Il faut que ça sorte. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas trop rigueur...

Tenez, pour me faire pardonner, je parlerai dans les billets à venir, en vrac et sans arrières pensées, d'incivilités, de théâtre, et de la meilleure méthode pour se tenir informé sur le net ; je ferai un petit retour sur les 5 minutes pour la planète également. Puis je vous parlerai de seins, de danse, et de biens d'autres sujets tous grands et magnifiques !

En attendant, voici une petite galerie de portraits :

22 octobre 2007

Une journée de lectures

On va beaucoup lire aujourd'hui. Du moins c'est ce qui est au programme. Mais rien ne se passe jamais comme prévu, c'est bien connu.

On va commencer par lire la presse, vous voulez bien ? Aujourd'hui, la presse quotidienne régionale se mobilise en-effet pour la lecture. Au moins le Bien Public qui l'annonce ce matin et publie une édition illustrée de vignettes tirées de différents albums d'Astérix, ainsi que ce petit texte d'Alexandre Jardin, auteur engagé dans la lutte contre l'illettrisme au travers de son association Lire et faire lire dont le but est, si j'ai bien compris, de "transmettre le virus de la lecture" par l'entremise de retraités bénévoles.

"La lecture ? C'est la potion magique ! Par Toutatis, nous avons un problème ! 15 % des enfants qui entrent au collège ne maîtrisent pas l'écrit. Ceux-là, Arvernes, Numides, grands Bretons ou Romains d'origine sont bien promis à l'exclusion. Allez donc chercher du boulot sans savoir lire ! Même les conducteurs de chars aujourd'hui ont besoin de savoir graver des mots dans le marbre. Sinon, point de sesterces ; et le recours aux baffes comme seul moyen d'expression. Et puis marre des batailles de poissons stériles pour savoir « à qui c'est la faute ». Alors que faire ? Accepterons-nous que toute la Gaule soit occupée par l'ignorance ? Le peuple de ce foutu pays doit aider nos derniers irréductibles : nos instituteurs, nos profs, nos maîtresses d'école. C'est pour cela que votre journal - et toute la presse régionale !- se mobilise aujourd'hui ; en fonçant derrière Astérix et son papa, Albert Uderzo. Pour dire quoi ? Que la lecture, c'est la potion magique. Si nous voulons aider l'école de nos villages gaulois et vacciner nos gamins contre l'exclusion, agissons pour en faire des lecteurs, des goinfres de bouquins.
Comment ? En invitant tous les retraités poilants, rigolards, irréductiblement optimistes et mangeurs de sangliers à rejoindre l'action Lire et Faire Lire de votre département. Pour faire quoi ? Pour lire des histoires à de tout petits groupes d'enfants, trois ou quatre, tout au long de l'année. Où ? Dans les écoles maternelles et primaires qui le souhaiteront. Déjà 11 000 retraités bénévoles sont à l'œuvre dans toute la Gaule. Chaque semaine, ils démontrent que le lien intergénérationnel peut faire des miracles pour transmettre le virus de la lecture. Si vous êtes plus nombreux à vous engager en téléphonant au 0.825.832.833, il y aura moins de gamins mal barrés, un peu moins de pirates aux alentours, plus de joie à vivre ensemble et plus de sesterces dans la poche des futurs adultes. Parce que la lecture, c'est la potion magique !"
Alexandre JARDIN

Notez le ton très gaulois de la chose. Petite déception malgré tout : le site internet de l'association ne semble pas ouvert au grand public. C'est balot.

***

On va lire la presse magazine également. On y apprendra des nouvelles surprenantes. Comme savoir que Albus Dumbledore est homosexuel. Vous pourrez en savoir plus en lisant la dernière livraison de La gazette du sorcier. Attention malheureux moldus ! Ne cliquez pas sur ce lien si vous n'avez pas lu le tome 7 de vous-savez-quoi ! Mais voici néanmoins l'extrait de l'intervention de l'auteur au Carnegie Hall (rien que ça). Parce que je sais que vous ne pourrez pas tenir.
Question : Est-ce que Dumbledore, qui croyait en le pouvoir de l’amour, est jamais tombé amoureux ?
J K Rowling
: Pour être franche… J’ai toujours pensé que Dumbledore était gay. [silence dans la salle, puis beaucoup d’applaudissements]. Dumbledore est tombé amoureux de Grindelwald, et il a été d’autant plus horrifié quand il a découvert qui Grindelwald était vraiment. D’une certaine façon, on peut dire que cela excuse un peu le comportement de Dumbledore, parce que l’amour peut rendre aveugle, mais il a rencontré quelqu’un d’aussi intelligent que lui, et comme Bellatrix, il a été très attiré par cette personne si intelligente, et ensuite il a été horriblement, terriblement déçu par lui. C’est comme ça que j’ai toujours vu Dumbledore. En fait, j’ai récemment participé à une lecture du script du sixième film, et je savais que Dumbledore y disait à Harry “je connaissais une fille, dont les cheveux…” [rires] J’ai dû écrire une petite note dans la marge et passer mon script au scénariste : j’ai écrit “Dumbledore est gay !” [rires] [Voyant que le public est content.] Si j’avais su que votre réaction serait aussi positive, je vous en aurais parlé il y a des années !

Petite déception malgré tout : il n'y aura pas de char Dumbledore à la Gay Pride. C'est fort dommage. La barbe et la baguette magique, ça changeait un peu du style "Village people"

***

On va lire dans les écoles aussi. C'est ce qui est prévu. Officiellement. Par la note de service n° 2007-138 du 2-8-2007 du ministre de l'Education nationale. Notez le ton très poétique de la chose. C'est de la poésie bureaucratique, style très décrié mais qui a néanmoins ses adeptes.
"La commémoration de la mort de Guy Môquet, de ses 26 compagnons d’infortune et de tous les autres fusillés est en effet l’occasion de rappeler aux élèves des lycées l’engagement des jeunes gens et jeunes filles de toutes régions et de tous milieux qui firent le choix de la résistance, souvent au prix de leur vie.
[...]
Tous ces jeunes Français d’alors, passionnément attachés à la liberté au point de sacrifier leur propre vie pour défendre celle des autres, constituent un formidable exemple pour les jeunes d’aujourd’hui. Leur mémoire évoque les valeurs de liberté d’égalité et de fraternité qui font la force et la grandeur de notre pays et qui appellent le sens du devoir, le dévouement et le don de soi."

Notez que les jeunes français d'aujourd'hui ne sont pas passionnément attachés à la liberté. C'est le ministre qui le dit hein. Je ne permettrais pas de mettre en doute la parole d'un monsieur aussi important. Notez aussi que Guy Môquet a été fusillé avec ses compagnons. Non, non, il n'était pas gay. Il était juste communiste. Une tare qui oblige, soixante-six après sa mort, à remplacer camarades par compagnons.
"Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, Je vais mourir ! [...]

voir la lettre dans son intégralité
Notez que les communistes, même si ça mange les petits enfants (tout en gardant son couteau entre les dents), ça a une maman et un papa, comme vous et moi. Notez que les communistes ça écrit des poèmes souhaitant la victoire du socialisme. Vous notez toujours ? Alors notez aussi que l'Union soviétique n'était pas en guerre contre l'Allemagne nazie en 1941. Notez, je vous prie, que c'est la police française qui a arrêté Guy Môquet. Notez que c'est le ministère de l'intérieur français qui a livré des communistes plutôt que "50 bons français"

On doit beaucoup lire aujourd'hui. Mais je me demande si les choses vont se passer comme prévu. C'est une petite consolation, malgré tout.

Notez donc quelques pistes pour lire encore un peu plus aujourd'hui :








et aussi :

18 octobre 2007

Point de Vues, images du monde (des blogs)

Il y a longtemps, tellement longtemps que j'avais fini par croire le projet abandonné (en fait c'était au mois de juin), j'avais été contacté par la "Directrice du développement et des partenariats" du site Vues.fr, qui me proposait de contribuer à cette revue en ligne, compte tenu de l’originalité [mon] style ainsi que le ton utilisé dans [mes] articles. Puisque je vous le dit ! Ne tenant plus de joie, j'ouvris un large bec et envoyai séance tenante le texte que je jugeais le plus digne d'être publié, m'attendant à une parution immédiate et conséquemment, des hordes de visiteurs enthousiastes.

Il faut croire que les textes envoyés sont lus minutieusement, car je ne parait en ligne que ce jour, et seulement deux textes me précèdent !


Je vous ai déjà parlé de La Demeure du Chaos il me semble ? Une petite allusion par ci, un long article par là, puis une touche d'auto-satisfaction par-dessus. Oui, il me semble que j'en ai parlé... C'est ce long article du 12 janvier que je choisis d'envoyer, avec quelques petites retouches. Il est publié aujourd'hui, et je dois dire que j'en tire de la satisfaction. Il faut reconnaître que ça en jette, surtout avec la biographie de l'auteur en préambule... Cliquez sur l'image pour accéder au site.

15 octobre 2007

Un prix Nobel qui dérange ? Chronique des interjections déplacées

Je n'ai jamais prétendu à l'objectivité. Pire que ça, je revendique ma subjectivité. Subjectivité qui ne rime pas avec mauvaise foi ; c'est autant une façon de voir qu'un parti pris contre l'uniformisation - et parfois aussi pour le plaisir de la mauvaise foi. Alors autant le dire franchement : j'ai toujours trouvé Al Gore sympathique. Je ne sais pourtant pas grand chose de lui. Juste qu'il a été vice-président du très populaire Bill Clinton, qu'il semblait promis à une brillante succession, la victoire facile, l'Amérique dans un fauteuil. On connait la suite. Depuis quelques années, il a réussi à rester sur le devant de la scène médiatique grâce à son activisme écologique, notamment autour du film Une vérité qui dérange.

Un militantisme qui vient de lui valoir le prix Nobel. Il semble que cela ne soit pas du goût de tout le monde. Du président américain en exercice tout d'abord, qui ne changera rien à sa politique. Quelques politiciens grincheux ensuite, qui pronostiquent les ambitions présidentielles du nobelisé et, partant, la mauvaise foi supposée du même. Pour eux, on ne peut pas être président des Etats-Unis (d'Amérique) et s'intéresser à la sauvegarde de la planète. Il faut dire qu'ils ont été élevés à la bonne école.

Pour la plus grande joie des aigris, des jaloux et des tenants du profit à court terme, il se trouve qu'un juge a trouvé 9 erreurs dans le film cité plus haut. En conséquence, le documentaire ne pourra être diffusé dans les écoles britanniques qu'à condition d'être accompagné de la lecture d'une brochure "destinée à éviter l'endoctrinement des élèves". Quand je lis ça, je ne peux m'empêcher de penser aux tenants du dessein intelligent, qui veulent -et obtiennent de plus en plus fréquemment- que leur croyance obscurantiste soit enseignée aux enfants des écoles américaines, et présentée sur le même plan que la théorie darwinienne de l'évolution. Comme deux théories qu'il faudrait l'une et l'autre prendre en compte. Là encore, pour ne pas endoctriner les jeunes cerveaux.

Bien que fervent partisan de la subjectivité et ne reculant pas à l'occasion devant les charmes de la mauvaise foi, je reste pantois devant ce procédé consistant à taxer les propos scientifiques d'endoctrinement, au seul but de les mettre sur le même plan que des conviction religieuses plus ou moins fumeuses. A ce compte là, je demande que le pastafarisme soit enseigné dès la maternelle, pour contrer l'influence nocive des monothéismes dominant. Je trouve la théorie pastafariste de la création du monde tout à fait pertinente et séduisante, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l'enseigner.

Mais je m'éloigne de mon sujet. Car non content d'être de mauvaise foi, je suis également désordonné et prompt à la digression. Carole Chatelain, rédactrice en chef à 20 minutes, et dont je découvre le blog à l'occasion des recherches entreprises pour rédiger cet article (je ne recule devant rien, j'ai remué ciel et net pendant au moins 6 minutes), ne perd pas son temps en propos oisifs (elle) et répond avec pertinence et ironie aux 9 points soulevés par la Haute Cour anglaise.

Mais continuons notre petite promenade de santé au milieu des propos délétères de ceux qui donnent leur avis honnêtement et sans arrières-pensées. Le très concerné et inénarrable Claude Allègre, donne son avis gratuitement (puisque personne ne le lui a demandé, c'est très généreux de sa part), et ajoute deux arguments décisifs à la cause des anti-Al Gore : "Al Gore se fout de la gueule du monde" et "Le nombre de conneries qui sont racontées dans le film d'Al Gore !" Je doute que celui-ci puisse se relever après une telle attaque. Ca fait mal un mammouth.

Remarquons au passage que les gros mots, non pardon, les interjections déplacées, sont à la mode ces temps-ci. Ce doit être une compétition, ou un pari entre gens de pouvoir, allez savoir. C'est à celui (ou celle, parité oblige) qui parlera le plus mal.


Je ne vais pas être plus saignant que gore (je m'excuse pour ce jeu de mot pourri), le film comporte sans doute des approximations et des extrapolations, mais je suis convaincu que son propos est sinon juste, du moins de bonne foi. Il faut vraiment être totalement idiot ou président des Etats-Unis d'Amérique pour nier l'influence des activités humaines si ce n'est sur le climat, du moins sur l'environnement.

Et puisque c'est aujourd'hui le "blog action day" (encore un machin en anglais pour nous faire croire que la mobilisation des blogs va changer le monde), et que le thème de cette année est l'environnement, j'ai rédigé spécialement cet article pour l'occasion. Mais comme j'ai à coeur de faire quelque chose d'un peu plus concret, j'aimerais attirer votre attention sur l'initiative "Green", qui consiste à placer un petit bandeau vert sur son blog, avec une information pratique pour faire quelque chose pour l'environnement, à notre échelle, dans la vie de tous les jours. Carole Chatelain fait à peu près la même chose sur son blog. Maintenant que vous avez lu cet article, laissez un commentaire et éteignez donc cet ordinateur, vous êtes en train de détruire la planète...


11 octobre 2007

Prix Bayeux des correspondants de guerre

Connaissez-vous le prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre ? Je viens de le découvrir en même temps que cette photographie, qui a valu le prix à Mahmud Hams, de l'AFP.

Source : prixbayeux.org
(image cliquable)


Je crois que ça se passe de commentaires. C'est juste ça, la guerre. Du métal froid qui tombe sur de la viande humaine, qui tente de survivre en courant le plus vite possible...

Je vous rappelle au passage que journaliste aussi, c'est un métier à risque. Tenez, je vais même en rajouter une couche : cliquez sur cette carte. C'est amusant, certains pays ne sont pas de la couleur que j'espérais...

Carte de la liberté de la presse dans le monde

J'ai découvert cette image découverte via Rue89, un excellent site d'information. Je reviendrai sur ce sujet de l'information sur internet dans un moment.





10 octobre 2007

Fred Vargas - classement subjectif

Par ordre croissant de préférence :
  • Petit traité de toutes vérités sur l'existence
  • Les jeux de l'amour et de la mort
  • Ceux qui vont mourir te saluent
  • L'homme aux cercles bleus
  • Coule la Seine
  • L'homme à l'envers
  • Sans feu ni lieu
  • Un peu plus loin sur la droite
  • Debout les morts
  • Les quatre fleuves
  • Pars vite et reviens tard
  • Sous les vents de Neptune
  • Dans les bois éternels





07 octobre 2007

Proverbe du jour

Quand il pleut à Magny-Saint-Medard, il pleut sur 40 hectares !

04 octobre 2007

Chronique des illusions assassinées


Les internautes sont de grands enfants naïfs et généreux. Ils croient qu'ils peuvent faire bouger les lignes fixes qui délimitent le monde, ils croient que ce qu'ils écrivent sur leurs écrans peut avoir une influence, aussi minime soit-elle sur le chaos généralisé de cette petite planète. Ils croient qu'ils peuvent faire changer les choses.

Les blogueurs se font des illusions. Ils s'imaginent que la générosité n'est pas vaine. Ils s'imaginent que la mobilisation conduit toujours à quelque chose. Ils s'imaginent qu'ils peuvent se mêler de politique, donner leur avis sur tout et n'importe quoi.

Ils s'imaginent que nos mots, les miens, les vôtres, ceux d'ici et ceux d'ailleurs pourront émouvoir un pouvoir qui bastonne des moines, fait tirer sur des manifestants pacifiques, espionne, emprisonne et torture à tour de bras depuis 40 ans. Ils s'imaginent que décréter une journée de mobilisation pour la Birmanie changera quelque chose pour la malheureuse population de ce pays.

Internet a t-il déjà infléchi quelque décision politique que ce soit ? Les grandes marches de protestations contre la guerre en Irak ont-elles été utiles ? A t-on jamais vu une dictature s'émouvoir de l'agitation de quelques occidentaux nantis ? Bien sûr que non. Alors penser que cette initiative sera d'une quelconque utilité relève pour le moins d'une certaine forme de naïveté.

Photo Reuters

Mais aujourd'hui, c'est aussi le jour ou jamais pour ne pas oublier Kenji Nagai, journaliste japonais abattu d'une balle dans le coeur le 27 septembre dernier, en pleine rue, après avoir été jeté à terre par un soldat. Il est bien des régimes pour lesquels une caméra est la pire des armes, son appareil photo a fait de lui une cible prioritaire : il faut faire régner le silence, rien ne doit sortir du pays, défense d'informer.

Seulement voilà, les journalistes, on ne peut pas les tuer tous d'un coup. Déjà qu'il n'est plus possible de trucider sa population en paix, on n'est même plus libre d'assassiner les voyeurs dans la discrétion : les photos et la vidéo de sa mort sont un peu partout sur le net, vous les trouverez en quelques secondes grâce à votre moteur de recherche favori.

C'est pour cela que j'ai choisi d'afficher son portrait, le portrait d'un homme vivant, plutôt que les photos d'un homme mourant sur le pavé ; mais c'est aussi pour une raison de dignité. Un journaliste que l'on tue, c'est avant tout un homme. Un homme qui fait un travail dangereux, pour que les blogueurs naïfs et généreux trouvent de quoi alimenter leur prose hasardeuse sans avoir à tâter du terrain.


N’attendez pas qu’on vous prive de l’information pour la défendre.


Voilà pourquoi la liberté de la presse, ce n'est pas que l'affaire des journalistes. C'est pour que nos mots, les miens, les vôtres, ceux d'ici et ceux d'ailleurs puissent continuer à s'afficher sur nos écrans, c'est pour que nous puissions continuer à nous mêler de politique, donner notre avis sur tout et n'importe quoi, et de préférence sur les choses qui ne nous regardent pas. Parce que si eux sont bâillonnés, c'est nous qui devenons muets.

Les blogueurs sont généreux, et pas si naïfs que ça. Ils savent que la seule façon d'user le droit à la parole, c'est de ne pas s'en servir. Ils savent qu'il vaut mieux parler en vain de quelque chose, que de perdre ce droit à la parole. Ils savent trop bien quel est le prix payé par d'autres.

  • Kenji Nagai est le 75ème journaliste tué dans l'exercice de sa profession en 2007.
  • Reporters sans frontières : enquêter, dénoncer, soutenir
  • Le blog de Manon Ott, photographe et cinéaste documentariste ; reportage sur la vie en Birmanie





03 octobre 2007

49 livres pour commencer...

Le gouvernement a décidé d'octroyer en 2008 une "malette littéraire" contenant 49 livres à 133 000 familles dans le besoin. La sélection comporte quelques grands titres de la littérature mondiale, tels que Le petit prince de Saint-Exupéry, La métamorphose de Kafka, L'île au trésor de Stevenson et L'appel de la forêt de London. Et le Robinson Crusoé de Defoe. Et aussi les contes de Grimm et de Perrault.

Astérix et Tintin étant également de la partie, on peut supposer que cette malette, à vocation familliale, s'adresse essentiellement aux enfants, tant il est vrai qu'il est sage de se soucier des inégalités d'accès à la culture dès le plus jeune âge. Leurs parents pourront malgré tout trouver leur compte avec Pablo Neruda, Gabriel Garcia Marquez ou Isabel Allende, auteurs incontournables si il en est, surtout au Chili. Ah oui, j'ai oublié de le préciser : il s'agit du gouvernement chilien. Vous aviez imaginé autre chose peut-être ?

Est-ce parce que le gouvernement français n'attache pas le même intérêt à la littérature que celui du Chili ? A moins qu'il n'y ait a pas de familles nécessiteuses en France...