27 février 2007

L'espadrille vole à 12 000 pieds

Céline et Delphine furent bouleversifiées devant une telle audace vestimentaire, Christine l'évoque dans un autre commentaire, et je ne doute pas que nombreuses sont celles qui voulaient les voir. Les voici donc, ces espadrilles qui font tant rêver mon lectorat féminin...


Pardon pour le titre, j'ai honte parfois.

24 février 2007

Beaucoup de vent pour rien

Paroles plurielles, consigne 40. Comment ça, on passe de la consigne 38 à la consigne 40 ? Ben... je n'ai pas eu le temps de faire la 39. C'est balot. Mais je vois avec plaisir que vous suivez et qu'on ne vous égare pas aussi facilement !

En s'appuyant sur cette photo, il fallait écrire un texte dont l'incipit serait : "Il choisit toujours la solution la plus compliquée" (c'est pour moi que vous dites ça ? Ah bon. Parce que ça aurait pû...)

Ainsi que je l'ai expliqué à Coumarine, l'idée de ce texte m'est venue hier lors d'une réunion interminablement inutile ; j'en ai jeté les principales idées à la hâte sur mon cahier (j'ai renoncé à arracher les pages, les brouillons de textes se mêlent désormais aux notes de réunions, c'est un mélange assez sympathique) Cela dit, évitez d'en tirer des conclusions définitives ! Il m'est arrivé de participer à des réunions courtes et productives !


Il choisit toujours la solution la plus compliquée. Au début le problème était relativement simple, du moins ses manifestations n'étaient-elles pas trop dramatiques. Quelques infiltrations d'eau au sous-sol, rien d'insurmontable. Il suffisait de passer un marché avec une entreprise, engager des travaux d'étanchéité, peut-être installer un drain autour du bâtiment, et l'incident aurait vite rejoint la longue liste des mésaventures de cette vieille maison, bien insignifiant derrière le grand incendie de 1757, ou les soulèvements populaires de 1863, encore présents dans toutes les mémoires.

En quelques mois, tout aurait été réglé. Mais il a préféré sortir le grand jeu. Brainstorming, séances de réflexion, groupes de travail et réunions interminables dans les grandes salles au plafond trop haut où les voix des uns et des autres se perdent en d'infinis échos. Chacun n'écoute que soi-même et personne n'entend les autres. D'une fois sur l'autre seul changeait le nombre de participants, toujours plus nombreux, toujours plus qualifiés, toujours plus brillants, mais incapables de se mettre d'accord sur quoi que ce soit. Et pendant ce temps l'eau continuait à monter. A l'automne elle avait déjà inondé la salle des archives.

Mais lui, il parade. C'est son heure de gloire. C'est lui qui a réuni toutes ces têtes pensantes, ces sommités, ces détenteurs du savoir. Et aussi ces journalistes devant lesquels il enchaine les conférences de presse, les interviews, les reportages. Il explique comment il va sauver "ce joyau inestimable de notre patrimoine national", de quelle façon il dirige les travaux de cette "magnifique commission d'éminents experts". Car il aime s'écouter parler. Il discourt, use de périphrases ampoulées devant les caméras, et d'un jargon technocratique lors des réunions. Il n'est question que de communication impactante, d'éléments de langage et de référentiel de procédure. De décisions que l'on acte, de problèmes qui sont vrais et de considérations extrêmement actuelles aux jours d'aujourd'hui. Ce qui n'a pas empêché l'eau d'atteindre le rez-de-chaussée. Elle baignait les premières marches du grand escalier à la fin de l'été.

La dernière réunion s'est tenue hier. Dans les combles. Tous avaient la mine abattue, lui seul semblait ignorer le naufrage imminent. Dernière réunion, deux ans après le début de cet inutile remue ménage. Nous sommes sorti par un vasistas et avons regagné le rivage à bord d'une petite barque sous les huées de la foule. Ce matin, l'eau avait tout recouvert.

20 février 2007

Chronique des Pyrrhocoris apterus et des immeubles extraordinaires

Pour certains c'est le jardin moi, c'est l'immeuble que j'ai d'extraordinaire. Non seulement l'accès au parking nécessite plus de clés que la péripétie finale de Fort Boyard, mais les couloirs sont faits de telle sorte que même dedans on est dehors. C'est une prouesse de l'architecture moderne. C'est un concept novateur, entre le banal puit de lumière et le dispendieux atrium. C'est un trou. Pour vous figurez la chose, imaginez simplement un couloir duquel on aurait ôté tout un pan de mur, avant de combler ce vide relatif par quelques arbres faméliques agonisant dans du gravier. L'espace à ciel ouvert ainsi créé, si il n'apporte aucun éclairage supplémentaire (les rayons du soleil vont stupidement droit devant eux) permet malgré tout aux courants d'air de circuler et à la pluie de dégouliner sur le carrelage. C'est grandiose.

Ce rude rappel des forces de la nature permet au citadin de conserver cet esprit aventurier qui lui fait si souvent défaut. Louons le progrès qui rapproche l'homme tous les jours un peu plus de son idéal écologique. Et de l'hôpital, parce que le carrelage mouillé, ça glisse.


Mais c'est à l'autre extrêmité du couloir que le génie architectural de la fin du XXème siècle exprime son génie de la façon la plus éclatante. Le hall d'entrée abrite en-effet, dans un bac en béton trop grand pour une jardinière, un tas de gravier qui prend des airs de jardin zen miniature ou de bassin à poissons rouges. Tout dépend de la pluviométrie. Car ce truc bizarre est régulièrement plein d'eau. C'est en ces termes que je l'ai présenté l'autre jour sur msn à Céline. (renvoi d'ascenseur !) Cela fait donc quelques jours qu'elle attend le fin mot de l'énigme.

Après réflexion, il faut se rendre à l'évidence : il s'agit de la descente des eaux de pluie. Lors de la construction, il aura été jugé plus pratique ou plus chic de les faire passer à l'intérieur, plutôt que de les envoyer bêtement dans le caniveau, où elles auraient pu causer la noyade de quelques escargots. Sans parler des Pyrrhocoris apterus, qui est le nom scientifique de ce rigolo petit insecte rouge en forme de losange, communément appellé "gendarme". Il porte sur son dos des motifs géométriques qui ne sont pas sans évoquer certains masques africains. C'est un insecte passionant. Ethnique pour tout dire. J'en remplissais enfant des petites boites que je secouais vigoureusement avant de les ouvrir. Les bestioles libérées reprenaient aussitôt le cours de leurs activités, ce qui prouve leur plus grande faculté d'adaptation au changement que les fonctionnaires.


Si je parlais à Céline de ce tas de graviers qui nous a entrainé aussi loin, c'est parce que je me suis retrouvé une nuit, entre minuit et une heure plus précisement, à l'observer avec perplexité, accoudé à la balustrade de mon étage. C'est une histoire haletante et légérement effrayante, les âmes sensibles peuvent donc cesser ici leur lecture.

Tout commence alors qu'il est un peu plus de 23h. Minuit peut-être. Tout est calme dans l'immeuble extraordinaire, lorsqu'un bruit sourd éparpille le silence. Boum. Il est aussitôt suivi d'un autre. Boum. Et encore un autre. Boum. Très rapprochés. Boumboumboumboum. Quelques mesures de silence, puis ça repart, boum, boum, boumboumboum. Je suis vaguement inquiet, me demande ce qu'il se passe et regarde machinalement autour de moi, comme si la source du bruit allait soudainement m'être signalée par une grosse flèche clignotante. Boum. On dirait bien que c'est tout proche. Juste à côté pour tout dire. Boum. Ah oui, c'est sûr ce coup ci. Mais qu'est ce qu'elle trafique la voisine ? Bouuuuum. Et mon coeur fait de même. Pas vraiment effrayé, mais pas franchement rassuré non plus. Je tends le cou et l'oreille du côté de la cuisine. Boum, le bruit vient effectivement de là. Me voilà maintenant dans l'entrée, j'écoute les bruits venant du palier -car cette fois c'est sûr, il y a quelqu'un derrière la porte- et m'interroge pendant quelques minutes sur la conduite à tenir. Faire le sourd ? Ca va être difficile. Et puis, il se passe peut-être quelque chose de grave ! Appeller la police alors ? Pour leur dire quoi ? Autant savoir ce qu'il se passe d'abord.

Boum, je ferme la porte donnant sur ma vaste pièce unique. Boum, je tourne une première fois la clé. Boum, second tour de clé. Il n'y a désormais plus qu'une porte sans défenses entre moi et l'inconnu. Boum, légère hésitation. Boum. J'entrebaille la porte. Le hall est éclairé, il y a donc quelqu'un. Boum. J'ouvre en grand, prêts toutefois à refermer violemment au premier signe de menace.


Que se passait-il donc sur ce palier, une nuit pourtant si tranquille jusqu'alors ? Se tenaient là ma voisine, son papa, sa maman et quelques outils dont un burin avec lequel madame était en train de taper sur la porte, ou plus exactement sur la serrure de celle-ci. Ah ben excusez nous, on est désolé pour le bruit mentit le papa. Que se passe t-il ? demandais-je avec curiosité. J'ai cassé la clef dans la serrure répondit la fille. Et là je pense "super, et vous allez faire ce bordel encore longtemps ?" ce que je traduisis habilement par "et il y a longtemps que vous êtes là dessus ?" J'apprends alors qu'ils ont bien pensé appeler un serrurier mais que vu l'heure ça allait faire drôlement cher. Ah vu comme ça, bien sûr. Tapez donc madame, tapez (qu'on en finisse).

Car seule madame tapait, relayée de temps en temps par sa fille, tandis que monsieur regardait... Je me suis bien proposé, sans trop insister toutefois, car je ne voulais pas prendre le risque de m'écraser un doigt me montrer inconvenant. Je ne suis pas du genre à m'imposer. Je suis néanmoins resté jusqu'au dénouement, ma curiosité l'imposait et leur raffut ne m'autorisait pas à dormir. Elle s'armait de temps en temps d'une perceuse sans fil à bout de souffle, essayant d'obtenir un illusoire résultat, mais elle ne parvint qu'à casser quelques mèches. Après le sacrifice inutile du matériel et de mon cycle de sommeil, j'ai pu enfin me montrer utile en leur fournissant un annuaire pour qu'ils appellent l'homme de cochon, de l'art pardon.

Il était petit, vêtu de rouge avec des motifs géométriques noirs dans le dos. Ethniques pour tout dire. Il s'est adapté très vite à la situation, bien qu'il ait sûrement dû se secouer avec vigueur pour trouver l'envie d'intervenir à cette heure tardive. Il a ouvert la porte récalcitrante en moins de trois minutes. A empoché ses 150 euros, puis est reparti rejoindre sa colonie. Non sans nous avoir adressé un amical battement d'antennes.

17 février 2007

Le cadavre que l'on porte en soi

Je viens de voir Amélie Nothomb dans Metropolis ; j'en retiens cette phrase extraordinaire sur l'écriture : "Ecrire c'est vivre, mais écrire c'est aussi laisser la parole au cadavre que l'on porte en soi"

Interview vraiment très intéressante, vraiment très loin du rôle qu'elle joue - qu'on lui fait jouer ? - habituellement dans les émissions de variétés se prétendant plus ou moins culturelles.

Et en plus elle avait un chapeau extraordinaire !


Cela me fait penser à Prévert, qui disait quelque chose d'assez semblable, dans Paroles, ou Spectacle, je ne sais plus :
Comme cela nous semblerait flou
inconsistant et inquiétant
une tête de vivant
s'il n'y avait pas une tête de mort dedans

Sur ce, direction le cinéma ! Au programme : Odette Toulemonde. Une histoire où l'écrit a sa place si j'ai bien compris. On en sortira pas !

14 février 2007

Chronique de l'humain assis

J'ai assisté à une réunion hier matin. Une de plus. La réunionnite est la maladie chronique de Sammy du fonctionnaire. Il y aurait d'ailleurs beaucoup de choses à dire sur les réunions d'une façon générale. Leur utilité, les raisons profondes de leur existence, comment dormir sans se faire remarquer. Car réunir, c'est dormir un peu, telle est ma devise.

Celle-ci fut tout de même assez instructive. Pas utile, ce serait trop beau. Seulement instructive mais c'est déjà beaucoup ; ce n'est pas tous les jours que l'on peut écouter un président de Tribunal administratif. Il y eu malgré tout quelques longueurs que je mis à profit pour observer l'assistance et noter au passage quelques observations sur les spécimens humains les plus remarquables, dans l'idée de les partager avec vous. Si je savais dessiner, je vous les aurais croqués.

Juste en face de moi se tient une femme d'allure posée, calme. La cinquantaine respectable. Elle écoute attentivement, sourit d'un air affable. Son visage inspire un sentiment de douceur et de sérénité. Tout se gâte dès qu'elle se met à prendre des notes. Elle écrit avec une frénésie assez effrayante, agitée de tressautements irréguliers, tant la pression qu'elle imprime à son bic est forte. Tout en maintenant sa feuille à l'aide de sa main gauche posée bien à plat sur le papier, les doigts fermement appuyés et écartés les uns des autres, elle penche la tête jusqu'à venir toucher son épaule avec son oreille. C'est remarquable. Mais quelle violence dans cet exercice ! Elle fronce les sourcils avec vigueur et un rictus lui tire le coin droit de la bouche à la manière d'une tare congénitale. Je suis fasciné. Dès qu'elle cesse d'écrire, elle retrouve une apparence normale. A l'instant où elle trace un début de lettre sur sa feuille, sa fureur la reprend.

Un peu plus loin est assis un officier de gendarmerie débonnaire. Poussah indéchiffrable, il semble fait de pâte molle. Un mouvement imperceptible de ses lèvres ondulantes comme un arc mongol à la double courbure caractéristique le fait passer de ce qui semble être une moue ironique à l'indifférence la plus parfaite. A moins que ce ne soit l'inverse. Il en est de même pour ses yeux, semblables à deux billes qui rouleraient dans les fentes horizontales que délimitent de lourdes paupières.


Un peu plus à droite encore se tiennent côte à côte deux femmes qu'en apparence tout oppose. Deux allégories. La beauté méprisante et la frustration revêche. La première, belle fille à l'allure hautaine, affiche ostentiblement les signes d'un ennui profond. Bras croisés, jambes de même, elle se tient très droite et fait mine d'être parfaitement indifférente à ce qui est dit, ainsi qu'aux regards des hommes glissant sur elle. Jeans et col roulé, elle ne s'astreint pas au code vestimentaire en cours, qui fait croire à certains que l'étiquette est un gage de sérieux. La seconde au contraire, applique un peu trop rigoureusement les règles implicites du standing et se tasse sur sa chaise et dans son strict tailleur muraille. Honnêtement, c'est l'archétype de la vieille fille. Moue pincée, collants noirs (mon arrière grand-mère en avait de semblables), coiffure moins affriolante que bien des perruques, et poses affectées. Elle n'a eu de cesse de se toucher le cou, les joues, se masser sous les yeux. Et remettre en place une idée de mèche blonde derrière son oreille, main tournée vers l'extérieur et regard féroce.

Et tout ceci a été noté par un jeune prétentieux mal rasé, tantôt accoudé avec nonchalance, tantôt griffonnant quelques mots sur un grand cahier qu'il récupéra un jour dans une corbeille à papier du service. [c'est authentique, il était parfaitement neuf] Il a posé son chapeau sur son duffle-coat plié avec soin -l'animal semble maniaque- révélant du même coup une coiffure négligée et des lunettes graisseuses. Parfois, il ferme les yeux et glisse lentement sur sa chaise. Il parait alors dormir. Mais ne vous fiez pas aux apparences. Non seulement il a tout écouté, mais il vous a observé avec la plus grande attention...

07 février 2007

Combien de temps encore ?

Après les dessins, le procès. Bienvenue au Moyen-Age.

Je ne suis toujours pas guéri de mon allergie à la bêtise. J'aimerais écrire de grands articles enflammés pour exprimer mon dégoût, mais je n'ai pas le talent de Cavanna. Ou tout simplement pas le courage. Je n'en suis pas très fier, à une époque où il faudrait justement se battre contre la marée montante des conneries obscurantistes. Mais j'en viens à me demander si il est vraiment possible de faire quelque chose...

Nous vivons dans un pays où nous avons le droit de penser librement et de rire de même (mais pas avec tout le monde Desproges avait bien raison)

Mais pour combien de temps encore ?

8 février 2006


7 février 2007

05 février 2007

La langue de Molière, chronique de l'inspiration

Le précédent étant mort au champ d'honneur, tombé glorieusement la pointe en avant, je projetais depuis un moment de faire l'acquisition d'un stylo plume. J'ai bien tenté de m'accoutumer aux divers erstaz que les papetiers mettent à notre disposition, mais rien à faire, ça ne va pas. Celui-ci écrit trop gros, celui là trop bleu -c'est rédhibitoire- un tel trop lentement et tel autre a su surtout faire preuve de sa capacité à fuir. J'ai donc fait cette importante acquisition un soir à C*rrefour. Pour tout dire, j'en ai acheté deux, ne pouvant me résigner à choisir entre ces exemplaires au semblable mérite. Quelle folie. Le premier fait six euros, c'est l'exemplaire de luxe, il reste à la maison. Le second n'en coûte que cinq et se satisfait très bien de voir du pays en voyageant dans mes poches.

Celui qui voyage est en plastique bleu et transparent. Moderne, dynamique, original. Son tracé fin est appelé aux choses les plus grandes. Les mémoires, les comptes-rendus. Voire les feuilles de congés. Il transcrit la parole du chef. C'est dire qu'il a su se rendre indispensable. Je prends des notes rapides et aériennes, soulignant d'un trait vif les points à retenir et entourant d'un large cercle les choses à faire tout de suite. Pour les affaires les plus pressantes, le cercle se multiplie en autant d'épaisseurs qu'il y a de retard accumulé. C'est magnifique.

La plume maison, au corps métallique et froid, sert au griffonnage, brouillonage et autres listes de choses à faire. Dois-je l'avouer ? Il a comme un air de souvenir d'enfance. Mon tout premier ressemblait fort à celui-ci, peut-être même était-il plus beau. Il dû lui aussi tristement finir, au terme d'une servitude scolaire de plusieurs années. Car mes histoires avec les stylos plumes sont des amours contrariées. Pourtant, je ne suis pas comme l'impétueux Jean-Baptiste Poquelin en proie à une crise d'inspiration, jetant rageusement sa plume sur le bureau. Il faut dire que c'était une plume d'oie et que le côté archaïque de l'outil faisait aussi sa solidité.

C'est plus ou moins avec cette scène que le film du même nom débute vraiment. Non, il ne s'intitule pas Jean-Baptiste Poquelin, mais Molière, tout simplement. Pourquoi Molière au juste ? Parce que "la langue de Poquelin" ça sonnait mal.



Ce n'est pas "la vie de Molière", ce serait plutôt "un mois dans la vie de Molière" Ou comment, après avoir été jeté en prison pour dettes, il disparait pendant plus d'un mois, au terme duquel il entrainera sa troupe en tournée pendant 13 années à travers le royaume. C'est authentique. Aujourd'hui encore ses biographes ignorent ce qu'il a bien pu bricoler pendant l'intervalle entre la sortie de prison et le départ en tournée. C'est cela que le film imagine, ce qu'il s'est passé, et c'est tout simplement génial. L'histoire, que je ne vous raconterai pas, c'est du Molière, avec des intrigues comme chez Molière : le bourgeois enrichi qui se voudrait gentilhomme, la comtesse méprisante, les servantes et les amours contrariées. Pas avec des stylos et des plumes cette fois. Non, c'est du Molière vous dis-je ! Mais entre de beaux jeunes gens confrontés à l'autorité paternelle.

Ce serait de ces instants décisifs que Molière aurait tiré la matière de toute son oeuvre future. Elle ne serait qu'une forme de transposition de cette aventure. Ou comment l'auteur utilise son vécu pour créer son oeuvre... L'ensemble comporte donc de vrais morceaux de Molière ! On retrouve quelques uns de ses futurs personnages, et quelques phrases lancées dans le feu de l'action deviendront ses répliques les plus célèbres, Le petit chat est mort, Belle marquise mourir vos beaux yeux d'amour me font, Cachez ce sein... et autres Qu'allait-il faire dans cette galère. C'est vraiment très drôle, très fin, on rit tant des clins d'oeil que de l'histoire elle-même, portée par un Romain Duris brillant. Ce type est formidable ; je ne sais pas si vous aviez vu "De battre mon coeur s'est arrêté", où il était déjà très bon, mais je me suis rendu compte que je ne le reconnaissais pas. Autant Luchini fait du Luchini (pardon Céline), mais du bon Luchini quand même ! autant lui devient véritablement Molière. D'ailleurs, il mérite un César rien que pour la scène où il fait le cheval. Je ne vous en dit pas davantage, je vous laisse découvrir...

Pour en savoir plus, vous devez maintenant aller le voir... Et plus vite que ça encore ! Hors d'ici tout à l'heure, et qu'on ne réplique point...

02 février 2007

Yabadabadooo

Le machin est ressuscité ! Ouf, j'aurais pas pu passer le week-end sans ! Il y a encore du boulot, mais le plus gros est là !

Ah ben c'est balot...

Quand ce ne sont pas les commentaires qui se mettent en grève, c'est l'ordi qui me lache. Le lâche.

Je l'allume ce matin -j'ai voulu chasser une poussière, mon doigt a dérapé par inadvertance sur le bouton, ce sont des choses qui arrivent, je connais quelqu'un qui va se marrer en lisant ça- et môssieur fait son gros caprice après seulement 5 minutes de fonctionnement. Redémarrage de la bête, ah mais voilà, la bête bébête fait son show et ne veut plus redémarrer. Au fallacieux prétexte qu'il lui manque un fichier. Tatillon l'engin quand même. Pire que moi pour tout dire. Comme si un fichier système était important à ce point... Quoi ? Si ?! Ah bon. C'est balot.

En attendant le formatage rédempteur qui viendra à bout du probable vilain virus pas beau qui va mettre ma dépendance cybernétique a rude épreuve, je ne peux accéder aux blogs en général et au mien en particulier que depuis le boulot... et je ne voudrais pas abuser...

Alors, laissez moi des dizaines de commentaires (élogieux, bien sûr), ce sera ma consolation du lundi matin !

01 février 2007

Chronique des miniatures et autres japillages

J'ai interrompu mon récit de mes promenades lyonnaises acque beline Delphine à la Demeure du Chaos, promettant de vous narrer la suite au plus vite. Après toute une série d'intermèdes aussi littéraires que radiophoniques, il était temps que je m'y mette, sinon vous auriez fini par m'ablager sans vergogne.

Il existe au coeur du vieux Lyon un endroit tout entier empli de petites choses chenuses comme tout. Fabriquées avec amour, exposées avec le plus grand soin et admirées avec plus d'enthousiasme encore par les grands que par les gones. Qui se pressent néanmoins en une bourdifaille canante et cancanante, quelques tarabates couvrant même les pias pias des autres. Pour tout dire, ils trafiquent comme des galapiats.


Il s'agit du musée international de la miniature, et c'est une visite que je conseille à tous ceux qui auraient l'occasion de passer par Lyon, et qui se demanderaient comment occuper une après-midi où l'abat interdit de se bembaner autant que l'on voudrait par les rues de cette bonne ville. Surtout si l'on a un parapluie pour deux. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de constater à quel point le bugne qui orne mon gadin était résistant à la pluie. Me voilà rassuré sur ce point, car je me posais justement la question peu de temps auparavant.

C'est sans cesser de bajafler que nous avons investi ce lieu chargé d'histoires. La grande et les petites. Celle que suggère le cadre de la Maison des avocats et du quartier Saint-Jean, et celles que raconte Françoise Coüasnon à travers les saynètes de l'exposition temporaire "Le petit musée de madame Hum". Ce petit brin de femme en pâte à sel vit ses aventures complétement ordinaires dans des petites boîtes. On l'espionne à travers une vitre. On la voit dans son bain, au restaurant, dans un magasin de chaussures. Ou dans son salon en train de regarder les feux de l'amour. Tout ceci est fort indiscret. Mais c'est tellement drôle. On ne peut faire autrement que sourire devant ces histoires racontées par le seul décor faussement naïf.

Les feux de l’amour © copyright Françoise Coüasnon

Toujours dans le domaine de la mise en scène, le musée abrite dans ses caves les décors du film Le parfum, adapté du roman éponyme de Patrick Süskind. Mais si, vous savez bien, cette histoire à l'humour grinçant qui commence par ces mots : Au dix-huitième siècle vécu en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables... J'espère que vous vous êtes épargné le film et que vous allez bien vite (re)lire cet odorant roman !

Car le musée de la miniature est aussi celui des décors de cinéma. D'ailleurs les plus beaux décors sont bien souvent des maquettes... Celles de Ronan-Jim Sevellec me semblent à ce titre exemplaires. Au point que je vous ai ramené ce splendide documentaire pour illustrer mes dires :


Maquette
envoyé par SammyFisherJr

Le musée renferme bien d'autres trésors...Des petits personnages de coquillage, des fourmis joueuses de jazz, une arche de Noé en timbres-poste, des origamis... Les plus beaux sont au dernier étage. On jurerait voir exposés de ces meubles et divers objets du quotidien fabriqués tout exprès pour Gulliver par les artisans de la reine de Brobdingnag. A moins qu'il ne s'agisse de ceux ramenés de son voyage à Lilliput. J'ai vaguement espéré qu'un natif de cette lointaine contrée aurait pu être enfermé dans une armoire à sa taille, et m'attendait à l'en voir sortir. Mais je n'ai vu d'êtres minuscules dans aucune des vitrines. Gageons qu'ils se cachent à nos regards et attendent la nuit pour se dégourdir les arpions. A moins que tout ceci ne soit qu'un conte ? On m'aurait pris pour un benoni ? Je trouve que c'est pousser le Bouchon un peu loin...


***

Un site :
- Site du Musée international de la miniature et des décors de cinéma

Des livres :
- Les voyages de Gulliver : vous pouvez les relire sur internet ! Ici et !
- Le parfum / Patrick Süskind
- Comme un roman / Daniel Pennac (m'a donné envie de lire le précédent)

Des mots :
- Dictionnaire lyonnais
- Le parlé lyonnais (le site de l'association @lyon est bien sympa, profitez en pour flâner un peu)
- Une source delphinienne ;-)

Et comme je suis gentil (si, si), voici le lexique lyonnais de cette chronique !