31 mars 2008

Des clowns dans le navigateur...

Spectacle éclair de deux clowns qui utilisent votre navigateur comme support de leur sketch. Pas mal du tout.
Vous cliquez sur le lien, là, en-dessous, et vous ne touchez plus rien jusqu'à la fin !

21 mars 2008

Chronique des plaisirs régressifs

Ca commence toujours comme ça : on ouvre la porte du réfrigérateur, d'un geste souple et décidé, ni trop brutal ni trop mou, afin de lui imprimer juste la force nécessaire pour ne pas faire s'entrechoquer les bouteilles de lait, jus de fruit ou vin, et autres récipients de verre bringuebalant à la moindre secousse. On peut alors se saisir de la plaquette de six petits pots, apprécier, d'une légère pression du bout des doigts, le contact de leurs parois rainurées alliant la dureté de l'emballage au moelleux du contenant puis, d'un geste vif et précis, en soustraire deux dans un claquement sec de plastique qui casse.

On ôte alors l'opercule (du premier coup bien sûr), puis on fait tomber le fromage dans une soucoupe - de préférence en duralex, celle avec le numéro de moule au fond- en pressant légèrement le pot, qu'il est possible de tenir par ses coins pointus. Puis vient le moment le plus délicat, le déroulage du papier collant. Car dans les petits suisses, tout le monde le sait, le nom du produit n'est pas indiqué sur l'emballage, mais sur un papier tout fin, enroulé autour du contenu lui-même, et que l'humidité a fragilisé. C'est ce qui fait la beauté de la chose, car il ne faut ni déchirer le papier, ni écraser prématurément la forme encore cylindrique qu'il recouvre.

Mais les vrais amateurs contournent cette difficulté en un tournemain, pour passer, après avoir plié le papier sur lui-même et l'avoir introduit dans le pot en compagnie de l'opercule (le tout sans s'en mettre plein les doigts, ce qui exige malgré tout une certaine pratique), à l'étape suivante, celle du sucrage. Encore tais-je l'ajout du deuxième pot, rendu moins aisé par la présence du premier dans la soucoupe. Mais il ne me parait pas indispensable de m'attarder sur cette péripétie, alors que je n'ai toujours pas décrit le petit monticule pyramidal que le sucre doit former en recouvrant les petits suisses. Tout au plus peut-on encore voir émerger l'endroit où le fond du pot a imprimé son quadrillage sur la pâte molle.

Le malaxage à la petite cuillère, accompagné du bruit du sucre qui crisse contre le bol, annonce la fin du cérémonial. En quelques bouchées tout sera avalé, l'écuelle nettoyée, au besoin léchée, et ne subsistera sur la langue qu'un arrière goût étrange, mélange doux-amer de sucre et d'enfance enfuie. On peut alors poser sur le monde, la vie et toute ces sortes de choses un regard repu, empreint de bienveillance et de sérénité. Car tel est le plaisir régressif du petit suisse.


08 mars 2008

Chronique des pierres et des ciseaux

Feuille ciseaux caillou, je me suis fait couper les cheveux. Ce n'est peut-être pas la nouvelle de l'année mais c'est sûrement parce qu'il s'agit d'une coiffeuse normale, pour ne pas dire banale, avec des tiroirs plein de ciseaux, des doigts plein de bagues, une tendinite à l'épaule et d'agressives brosses garnies de piquant blancs, surgissant de dessertes en plastique noir, tels des buissons d'aubépine mutants.

Caillou ciseaux feuille, le salon où je me rendais auparavant offrait à la vue les mêmes ciseaux exotiques, les mêmes brosses belliqueuses, les mêmes bombes de laque et les mêmes mémères à la teinture ratée, mises à réchauffer à feu doux sous d'improbables parasols halogènes, sèches-cheveux futuristes dont Gaston Lagaffe aurait dessiné les plans. Seulement, ciseaux feuille caillou, mon ancienne coiffeuse, elle avait un truc en plus : elle croyait au pouvoir des pierres. Elle aimait les cailloux. On pouvait à la limite entrer sans voir le bloc de lignite posé sur le comptoir, vaguement dissimulé entre le téléphone et le pot à crayons, mais dès que le regard allait plus avant dans la découverte du lieu, on ne pouvait plus les manquer, les cailloux, qui trônaient un peu partout, narguant les ciseaux et snobant les feuilles des magazines. Caillou ciseau feuille, à ce jeu là le caillou gagnait toujours.

Feuille caillou ciseau, une grande géode d'améthyste posée sur un haut meuble d'angle dominait le petit peuple des pierres. Sur une autre étagère, disposés sur un plateau tels des fromages rares, divers quartz attiraient le regard. En cercle et en alternance, cinq cristaux roses polis et autant de blancs bruts occupaient le bord, une autre sorte de pierre translucide taillée en obélisque miniature étant posée au centre. Ce dispositif se répétait en plusieurs lieux de la pièce, sans doute à des endroits bien déterminés, calculés par des procédés mystérieux, cabalistiques, ésotériques en diable, enseignés aux seuls initiés les nuits de pleine lune, après des années d'une pratique intense et secrète.

Ciseaux feuille caillou, je ne peux m'empêcher de penser que cette brave dame croit vraiment dans les vertus des pierres, qu'elle s'adonne à la lithothérapie en dilettante, qu'elle pense sérieusement répandre la joie, l'harmonie et les ondes positives dans sa boutique grâce à ses cailloux. Peut-être se livre t-elle, la nuit venue, ou chaque 29 février -les voies du mysticisme prennent parfois de bien étranges chemins- à des rites capillolithothérapeutiques, où les fidèles, une pierre posée sur la tête et un cristal dans chaque paume, psalmodient inlassablement le mantra sacré : Feuille ciseaux caillou, caillou ciseaux feuille, feuille caillou ciseau, ciseaux feuille caillou... Avec des petits cailloux dans la bouche, tels des Démosthène du XXIème siècle.

Ou alors c'est juste pour faire joli. Comme les piercings en diamant dans le menton de sa jeune apprentie.

05 mars 2008

Paris by night

J'ai vu cette photo tout à l'heure je ne sais plus trop où. On clique pour voir en grand. C'est beau.

Chronique du temps qui passe, mais pas tant que ça

Ce blog a aujourd'hui deux ans. Deux ans déjà ! C'est fou comme le temps passe vite. Je sais à quel point cette phrase fait cliché, mais c'est le moment ou jamais de la placer. "C'est fou comme le temps passe vite", c'est toujours mieux que "Ouhlala comme il a grandi", "Il vous ressemble de plus en plus" et autres "Ah ben ça nous rajeunit pas tout ça". "C'est fou comme le temps passe vite", ça mange pas de pain, c'est un truisme consensuel, tout le monde s'y retrouve et les plus malins pourront toujours réfuter en citant Léonard de Vinci : "C'est à tort que les hommes se plaignent de la fuite du temps, en l'accusant d'être trop rapide, sans voir qu'il s'écoule à la bonne vitesse." Oui, j'ai décidé que cette troisième année serait culturelle. Alors autant commencer tout de suite.

Chaque début d'année s'accompagnant de son cortège de bonnes résolutions, voici un petit florilège de mes meilleurs penchants affichés pour la saison de blog 2008-2009. Je dis florilège exprès, parce que c'est d'un niveau de langue plus soutenu que sélection, et toujours préférable au hideux "best of". Mais j'eusse pu j'aurais aussi bien pu dire anthologie. Ou pas. C'est moi qui décide.

Le 1er mars, sans doute dans l'optique d'avoir matière à écrire dans cet article d'anniversaire, je suis allé m'inscrire à la bibliothèque de Dijon. D'emblée, on voit le côté culturel de la chose. Les plus perspicaces noteront également qu'il m'aura fallu quatre années depuis mon arrivée dans cette ville pour en trouver la bibliothèque, à croire qu'elle était décidément bien mal indiquée. Mais la douce pression de Chérie de Sammy, associée à un manque de place de plus en plus flagrant m'ont aidés à en trouver le chemin. Plus exactement, il s'agit de l'annexe la plus proche de chez nous, dont le responsable m'a gentiment assuré la visite guidée des 40 m². J'aime beaucoup les bibliothèques. C'est juste le fait de devoir rendre le livre après l'avoir lu qui me chagrine. C'est paradoxal pour quelqu'un dont le métier de bibliothécaire aura été la première formation, (et dire que ça remonte à presque 10 ans ! C'est fou comme le temps passe vite !) mais je pense que tous ceux qui se sentent plus ou moins proches de la chose littéraire comprendront ce que je veux dire.

La bonne résolution suivante n'en est pas une, ce qui fait que ce florilège ne comptera qu'un élément. C'est comme ça. Il ne faut pas être trop ambitieux. Il s'agit d'une petite nouveauté sur le blog, la nouvelle version de la "blogroll", qui permet notamment d'afficher ses blogamis en fonction de la date de leur dernière publication. Les liens sont "en dur", je ne sais pas ce que ça veut dire, mais il parait que c'est bien. Je la teste depuis une bonne semaine, et je trouve que c'est plutôt pas mal. Ca prend juste un petit peu plus de place que l'ancienne version, mais ça met mieux en valeur vos productions respectives, que j'ai eu le loisir de découvrir ces deux dernières années. Déjà. C'est fou comme le temps passe vite.