25 janvier 2010

En musique : J'ai encore rêvé d'elle (version des Frères Taloche)

Voici une vidéo qui mêle habilement la musique avec...autre chose ; une bonne tranche de rigolade en l'occurence. Idéal pour commencer la semaine (et presque l'année), non ?

Très sincèrement, je ne pense pas que j'aurais mis de moi-même cette chanson là sur le blog... mais son interprétation muette par les frères Taloche vaut son pesant d'or, de cacahouète, de caramel mou, mettez ce que vous préférez.

Je ne regarde pas, sinon je vais encore pleurer de rire.




Bonne semaine à tous !

22 janvier 2010

Un mot sur un hyper-président

Non, ce n'est pas ce que vous pensez. Je ne vais pas parler du nôtre, de président. Je veux juste relayer deux articles que j'ai lu récemment (un hier, et l'autre ce matin) à propos du président vénézuelien Hugo Chavez.

Parce qu'il veut tout règlementer Hugo Chavez et au moins, donner son avis sur tout. Et il est pas piqué des vers, son avis.

En-effet, après avoir décidé que les jeux vidéos étaient "un poison" pour la belle jeunesse de son pays, il vient d'affirmer que les Etats-Unis étaient responsables du séisme à Haïti. Oui, oui, vous avez bien compris : ce sont les Etats-Unis qui ont déclenché le séisme. Avec une super arme secrète, comme un méchant mégalo de James Bond.

Je ne sais pas si vous avez des idées de commentaires. Moi pas.

Venezuela Ecléctica (50 de 52 y 1/2)


- Cher petit garçon vénézuelien - C'est la gêne
- Le régime d'Hugo Chavez accuse les Etats-Unis d'avoir causé le séisme à Haïti - Conspiracy watch



Illustration : Venezuela ecléctica, par NeoGaboX - licence CC
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21 janvier 2010

Alma

Je ne suis pas très inspiré cette semaine (et je n'ai pas beaucoup de temps), aussi vais-je me contenter pour le moment de ce film d'animation, petit par la durée mais grand par la maîtrise. Je n'ai pas beaucoup de mérite à affirmer que c'est un chef d'oeuvre, vu toutes les récompenses qu'il a décroché.


Cela fait un petit moment que j'avais mis de côté cette petite merveille dénichée sur Ecrans, pour la visionner calmement un jour ou l'autre. C'est chose faite ce soir, et je m'empresse de la partager.

Beau, mais un peu flippant malgré tout... mais chut, je n'en dit pas plus...

18 janvier 2010

Rendons au Dakar l'hommage qu'il mérite (Renaud)

Un hommage bien mérité au Paris-Dakar qui s'est achevé la semaine dernière ; il ne part plus de Paris, il ne va plus à Dakar, mais il continue à promener ses nuisances sur des terres défavorisées du bout du monde.



Bonne semaine quand même, hein.

15 janvier 2010

Le chevalier blanc et le dragon rouge, encore un mot sur Google et la Chine

Il semblerait que tout ne soit pas si simple et que, dans cette histoire comme dans bien d'autres, généralisation et simplification soient les deux mamelles de l'erreur de jugement.

Tout d'abord, les positions relatives de Google et de Baidu sur le marché de la recherche chinoise se seraient rapprochées, selon StatCounter que relaie Ecrans : "Depuis le mois de juillet 2009, où il détenait 30% des parts de marché face aux 68% de Baidu, Google a connu une hausse impressionnante. Notre analyse suggère que, vu les performances récentes de Google, les parts de marché ne sont certainement pas la raison de leur menace de retrait en Chine."

Analyse qui me conduit, dans un deuxième temps, à remettre en cause une partie de mon raisonnement : Google  a peut-être un peu plus à perdre que ce que j'imagine (et même si il était encore à 30% de part de marché, ce ne serait pas négligeable non plus), même si je ne suis pas le seul à penser qu'il cherche avant tout à redorer son blason auprès des occidentaux, et à renouer avec son image de chevalier blanc du web. L'article de ZDnet, relayé par Tristan Nitot, ne dit pas autre chose : "La firme joue donc probablement un gros coup de bluff : qui imaginerait que le gouvernement chinois autoriserait Google à sortir de sa politique de censure du web ? Qui croirait un instant que Google tournerait définitivement le dos à un marché de plus de 300 millions d'internautes, le plus grand marché au monde ?"

Et la Chine dans tout ça ? Officiellement, Pékin s'en moque. Officieusement, Pékin ne peut pas laisser Google partir. "Ce serait une claque terrible pour le pouvoir : toute sa politique internationale est justement fondée sur l'idée qu'il peut imposer ses propres règles", explique-t-il. En termes symboliques, la fermeture de Google.cn serait désastreuse, "d'autant plus qu'aux yeux des Chinois, Google, c'est le seigneur d'Internet, "le" grand moteur de recherche, même s'il reste moins utilisé que Baidu à l'échelle du pays". (via Le Monde, cité par T. Nitot)

Et le mot (provisoire) de la fin ? Je le laisse à Pierre Haski, le "monsieur Chine" de Rue89 :

Aujourd'hui, on approche d'une heure de vérité qui verrait la Chine devenir un vaste intranet, débarrassé des influences étrangères, et dans lequel tous les contenus provenant de l'étranger pourraient être approuvés (une « liste blanche » pourrait être créée, avec les sites étrangers autorisés). Cela laisserait les internautes chinois face à eux mêmes et à leurs censeurs.
[...]
Alors dans la course de vitesse entre « Big Comrade » et sa muraile électronique, et la créativité libertaire des internautes, le vainqueur ne sera pas nécessairement celui qui a le gros bâton. Décrié ailleurs comme une force hégémonique dangereuse, Google apparait désormais en Chine comme un facteur-clé de pluralisme et de liberté.

Parce que l'internet chinois, pour le moment, ça ressemble plutôt à ça :




13 janvier 2010

Google, la Chine, et la communication de crise

Ce serait, à en croire la blogosphère geekesque, la nouvelle du jour : Google arrête de se censurer en Chine, et s'affirme prêt, courageux petit bonhomme, à cesser ses activités chinoises si il le faut.

Quel courage. Ou plutôt : quel talent.

Pourquoi ? Tout simplement parce que, en Chine du moins, Google n'a pas beaucoup à perdre : soit il négocie un accord plus ou moins léonin avec le gouvernement chinois (qui ne se privera pas de continuer à hacker ses serveurs), soit il est contraint de quitter la Chine, qui a toujours menée la vie dure à Google, et dont les objectifs dans ce pays n'ont tout simplement pas été atteints : en terme de part de marché, Google est très loin derrière le moteur de recherche autochtone, Baidu

Au final, Google ne perdrait pas grand chose. Il quitterait la Chine tête haute, avec la double image de la victime d'une agression informatique et du défenseur des droits de l'homme (avec quatre ans de retard à l'allumage tout de même), et redore son blason, qui commence à perdre de son éclat, auprès de l'opinion publique.

"Nous avons des preuves suggérant que l'objectif premier des assaillants était d'accéder aux comptes Gmail de militants chinois pour les droits de l'homme."

Que conclure de ce non-événement ? Que chez Google, on est quand même sacrément opportuniste et très doué en communication de crise. Ce qui me parait vraiment très fort, c'est que tout le monde -à commencer par Rue89- présente l'affaire comme un camouflet pour la Chine, qui risque de se voir "privée" de Google, alors que bien au contraire, c'est Gogle qui renonce, temporairement sans doute, au gâteau chinois...





Quelques liens :
- Sur la dégradation de l'image de Google dans l'opinion, je vous renvoie à l'article de Tristan Nitot : Google et Facebook dans le collimateur du public, publié sur le standblog. Autres preuves que le vent est en train de tourner pour le colosse (aux pieds d'argile) de Moutain View : le dossier de janvier du magazine L'informaticien : Google, l'arnaque planétaire ? ou cette inquiétude d'une ministre allemande : Google est devenu trop puissant.

12 janvier 2010

Henry David Thoreau : Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins

J'ai évoqué Thoreau il y a quelques jours, à l'occasion d'une courte chronique traitant d'un non moins court roman ; je voudrais aujourd'hui revenir un peu plus longuement sur ce personnage.

Henry David Thoreau ne doit pas seulement être connu pour avoir passé 5 semaines dans une cabane au fond des bois (je vous renvoie pour cet aspect des choses à la note de Chantal Serrière ; vous pouvez aussi lire Walden sur Wikisource), il est aussi celui qui a osé proclamer que la démocratie n'est pas le meilleur des régimes possibles.

Il le démontre en long, en large et en travers en 1849, dans un pamphlet au titre appellé à inspirer quelques agitateurs modernes : La désobéissance civile. Pour lui, la majorité n'a pas le pouvoir parce qu'elle a raison, mais parce qu'elle est physiquement plus forte. Imposer la loi de la majorité, c'est un autre moyen d'imposer la loi du plus fort.



Si Tocqueville faisait, dès 1835, une analyse assez semblable des effets pervers du système démocratique dans De la démocratie en Amérique, il ne le remettait toutefois pas en cause. Thoreau va plus loin que ce diplomate timoré et dénonce carrément le mode de gouvernement issu d'un régime où la majorité décide. Non pas qu'il veuille d'une société sans Etat, mais il n'est pas satisfait de celui qu'on lui propose. Il est dirigé par une majorité élue par ceux qui auront bien voulu voter pour elle ; les minoritées sont ignorées. Il pose le problème de la justice : il existe des lois injustes, comme celle qui réduit les hommes en esclavage, comme celle qui envoie des hommes-machines faire la guerre au Mexique.

"Je ne puis un seul instant reconnaitre cette organisation politique pour mon gouvernement puisqu'elle est aussi le gouvernement de l'esclave"

Il affirme que quand la loi est injuste, il faut l'enfreindre et distingue deux sortes d'individus : les bons citoyens qui respectent une loi qui les transforme en machines, leur ôtant tout libre arbitre, et les sages, qui servent l'Etat en s'opposant à lui, incités en cela par leur conscience.

"Le respect indu de la loi a fréquemment ce résultat naturel qu'on voit un régiment [...] marchant en bel ordre vers la guerre, contre leur volonté [...] et leur conscience"

La notion de conscience est très importante pour Throreau : "la seule obligation que j'ai le droit d'adopter c'est d'agir à tout moment selon ce qui me parait juste" alors que "la loi n'a jamais rendu les hommes plus justes d'un iota". Il arrive à ce paradoxe que tout homme plus juste que ses prochains forme une majorité d'une personne... C'est une vision utopique que celle de l'homme qui suit sa conscience pour faire le bien, et le paradoxe de Rousseau n'est pas loin ("S'il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes." Jean-Jacques Rousseau / 1712-1778 / Du contrat social - livre III/ 1762)



Pourtant, Thoreau n'est pas un utopiste, c'est un homme engagé qui va jusqu'au bout de ses idées et qui sait que l'action prédomine sur le simple vote, "tout vote est une sorte de jeu... même voter pour la justice, ce n'est rien faire pour elle. C'est se contenter d'exprimer un faible désir de la voir prévaloir". Ni provocation, ni utopie, sa vision de l'Etat est à vrai dire plutôt élitiste ; Thoreau ne s'adresse pas aux masses et pense d'ailleurs que ce n'est pas nécessairement l'action des masses qui peut faire bouger les choses, mais que l'action d'un homme seul peut être déterminante. "Une minorité est impuissante tant qu'elle se conforme à la majorité ; mais elle devient irrésistible quand elle la bloque de tout son poids".

Engagé, Thoreau l'a été dans sa vie de tous les jours, en mettant ses actes en accord avec ses idées. Professeur, il refuse de battre ses élèvres, démissionne, et ouvre une école privée chez lui. Citoyen libre-penseur, il refuse de payer ses impôts à un Etat qui admet l'esclavage et fait la guerre au Mexique, ce qui lui vaut de passer une nuit en prison. L'événement sera fondateur de sa réflexion sur la désobéissance civile. Homme, il aide fréquemment des esclaves à fuir vers le Canada. Toute sa vie, il aura été porté par un idéal de justice. Dix ans après la parution de La désobéissance civile, on le retrouve militant en faveur de l'insurgé abolitionniste John Brown.

Dans son discours Plaidoyer pour le capitaine John Brown, on retrouve toujours ce thème de l'action d'un homme seul, plus légitime que les décisions de la majorité : "Le seul gouvernement que je reconnaisse -peu importe le petit nombre de ceux qui sont à sa tête, ou la faiblesse de son armée- c'est le pouvoir qui établit la justice dans un pays, jamais celui qui instaure l'injustice. [...] J'entends beaucoup de gens condamner John Brown et ses hommes sous prétexte qu'ils étaient si peu nombreux."

Comme l'autre grand défenseur de John Brown, Victor Hugo, l'avait pressenti, son exécution allait entrainer l'Union dans la guerre civile ("Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire.")

Thoreau en connaitra les débuts, mais meurt avant d'en voir le terme, à seulement 44 ans. Sa postérité sera très importante, sa pensée ayant notamment influencé Gandhi ou Martin Luther King.



Je me suis attaché dans cette chronique à l'aspect politique, voire libertaire de Thoreau, parce qu'il faut bien se limiter à quelque chose, et que je n'ai pas (pas encore) lu ses autres livres, le fameux Walden ou la vie dans les bois étant le plus connu, ses autres textes et récits touchant à la botanique, la philosophie et une certaine forme d'écologie avant l'heure.

***


Allons plus loin :
- Walden ou la vie dans les bois (1854)
- La désobéissance civile (1849)
- Lettre de Victor Hugo aux Etats-Unis d'Amérique in Actes et paroles II, Pendant l'exil (1859)

L'image de la tombe d'Henry David Thoreau, au cimetière de Sleepy Hollow est extraite de Wikipédia. Il s'agit d'un fichier sous licence Creative Commons.




Vous pouvez retrouver une version un peu retouchée de cette chronique sur Livres-Coeurs, le club des lecteurs !

11 janvier 2010

Une presse libre et indépendante

Ce soir, je voudrais tenter une expérience amusante : rapprocher deux faits anodins, sans rapport l'un avec l'autre. Comme ça, pour voir ce que ça va donner. Juste pour la beauté de la chose. Juste pour faire un petit happening poétique.

Commençons :

Soit un pays doté d'une presse libre et indépendante.

Soit deux journalistes enlevés en faisant leur travail. Soit un président pas content, qui pique une "grosse colère" à l'idée de l'argent que cela va coûter au contribuable pour retrouver ces deux inconscients, qui ont bien cherché ce qui leur arrive : ils n'ont pas respecté les consignes, et ont cherché des informations précisément là où on leur avait interdit d'aller. Quel culot !
« Ces journalistes étaient inconscients. Ils ont agi en contradiction avec les consignes de sécurité. C'est insupportable de voir qu'on fait courir des risques à des militaires pour aller les chercher dans une zone dangereuse où ils avaient l'interdiction de se rendre. »
Soit une idée simple, mais géniale : informer le bon peuple, qu'il sache ce que tout ces plumitifs poussifs lui coûtent, avec leurs lubies de reportages.
"Il faut que les Français sachent le coût de cette histoire."
Fait un : 1 million d'euros pour le sauvetage des bouches inutiles.

Soit un président (le même) en déplacement à New-York, pour l'assemblée générale annuelle des Nations unies.

Soit une réception organisée pour les braves citoyens exilés loin de la douce patrie.

Fait deux : 2 millions d'euros pour les amuses-bouches.

Voilà, c'est fini. Je ne sais pas ce que ça produit comme effet, c'est peut-être trop expérimental. Trop novateur. Trop indépendant en somme.


Je vous propose de terminer cette petite expérience de rapprochement intempestif par l'adjonction d'une vidéo à caractère drôlatique, pour garder le sourire en cet hiver morose.

10 janvier 2010

L'amoureux court toujours... et nos libertés ?

Un dangereux maniaque a semé la panique dans un aéroport américain.
Son crime : avoir embrassé sa fiancé dans une zone de sécurité.

Je n'invente rien, c'est dans le journal. Aux dernières nouvelles, l'amoureux court toujours...



Cette navrante anecdote (j'espère qu'on va laisser tranquille ce malheureux garçon) me donne l'occasion de pointer ici quelques articles qui tentent (cela s'appelle faire pipi dans un Stradivarius) de ramener un peu de raison dans toute cette folie :
- Folie sécuritaire dans les aéroports - Coulisses de Bruxelles

Qu'ils pointent le gaspillage de l'argent public, les risques inhérents à nos libertés individuelles ou la fondamentale inutilité de ce type de démarche, se traduisant par une escalade dans les interdits et les contrôles, tous s'accordent sur ce même point : c'est une course à l'échalote absurde, inutile, et peut-être bien plus dangereux que le terrorisme lui-même : 
En dépit de toute la rhétorique anxiogène, le terrorisme n’est pas une menace transcendante. Une attaque terroriste ne peut pas détruire le mode de vie d’un pays ; notre réaction à cette attaque, par contre, peut entraîner ce type de dommage.
Bruce Schneier
, sur CNN

08 janvier 2010

Faut de tout pour faire un monde

Un philosophe a dit "Personne dans le monde ne marche du même pas et même si la Terre est ronde, on ne se rencontre pas. Les apparences et les préférences ont trop d'importance, acceptons les différences !"

C'est vrai, faut de tout tu sais
Faut de tout c'est vrai
Faut de tout pour faire un monde


Cette phrase est grande et magnifique, et n'est d'ailleurs pas sans rappeler la phrase fétiche du jeune Albert Scully. Seulement je ne me souviens plus si elle est de Willy, ou bien d'Arnold. Ce n'est pas bien grave, il reste le message... Vous allez voir, c'est important pour la suite.




Dans le monde merveilleux de la vraie vie, si différent de celui de la fiction (sans aller jusqu'à la dépression post-Pandora, il suffit de lire le destin tragique des acteurs d'Arnold et Willy), ce genre de parole n'est pas du goût de tout le monde. Rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans un long article sur le racisme ordinaire, je vais juste rapporter ici un fait d'hiver (car nous sommes en janvier) : un site de rencontre dénommé Beautifulpeople a viré près de 5000 membres qui ne correspondaient pas au principal critère du site, à savoir être "beautiful".

Pour être tout à fait concret, quitte à patauger dans l'abject, autant le faire jusqu'au bout, ils ont été viré suite à la dénonciation des autres membres, les bons, ceux qui s'estiment "beautiful", et ils ont été virés parce qu'ils étaient trop gros...

Le plus beau énorme affreux restant la justification du responsable du site : "Nous déplorons la perte de chacun de nos membres, mais le fait est que notre communauté exige que le standard de beauté soit maintenu à un haut niveau. Laisser traîner des gros sur le site est une menace directe pour notre business model et pour le concept sur lequel le site BeautifulPeople a été fondé." (via Ecrans)

Alors, sans tomber dans les poncifs sur la beauté intérieure et l'importance des sentiments, la première question qui m'est venue à l'esprit c'est : à partir de quand cesse t-on d'être moche pour devenir beau ? Quels sont les critères de beauté (ou de mocheté) pour être accepté (ou rejeté) sur ce site ?


Allez, reprenons tous en choeur :

C'est vrai, faut de tout tu sais
Faut de tout c'est vrai
Faut de tout pour faire un monde

***

Illustration : Kevin stops by to admire the MacBook, photo de Lars Plougmann diffusée sous licence CC

06 janvier 2010

Un nouvel avatar pour le politiquement correct, chronique d'une fumisterie

Avez-vous remarqué à quel  point l'opposition entre athées et croyants est parfois étonamment proche de celle entre fumeurs et non-fumeurs ? Bien sûr, la clope n'est pas une religion, mais la cristallisation, la crispation même, des attitudes et des arguments dans chaque camp est tout à fait comparable.

Je viens de réaliser ceci en lisant cet article de Rue89 : "Avatar et Sigourney Weaver reçoivent un poumon noir."

De quoi s'agit-il ? Le site anti-tabac américain SceneSmoking.org décerne une sorte de label, un "poumon" rose, gris, ou noir aux films, en fonction du nombre "d'incidents tabagiques" de la production étudiée. Ainsi, dans Avatar, Sigourney Weaver fume. Un mauvais point. Elle fume même trop. Deux mauvais points. Pis, elle fume dans des lieux publics. Allez hop, poumon noir et bonnet d'âne pour James Cameron, qui commence à trembler pour la rentabilité de son film.



Soyons sérieux : qui pense sincèrement que voir l'ex lieutenant Ripley la clope au bec va déclencher une vague de tabagie parmi les millions de spectateurs ? C'est aussi stupide que d'imaginer que les junkies de Trainspotting ont entrainé dans leur sillage de nouveaux accros à l'héroïne ; aussi idiot que de penser que l'addiction médicamenteuse de Gregory House pourrait donner des idées aux fans de la série ; aussi simpliste et caricatural que le genre d'argument consistant à jeter l'opprobre sur tout film ou jeu vidéo présentant une similarité, aussi ténue soit-elle, avec un fait divers sanglant impliquant des armes à feu, par exemple. (Un peu comme si les ados visionnant Bowling for Columbine étaient pris de l'envie subite d'en faire autant)

C'est là où cette attitude légèrement autistique rejoint celle des athées combattants : qui cherche t-on à convaincre avec ce genre d'initiative ? Les fumeurs ? Certainement pas. Les non-fumeurs ? C'est un peu exagérer notre potentiel d'influençabilité. Côtoyer des fumeurs m'a toujours plus ou moins dérangé, même si je considère avoir fait de gros efforts en la matière - et eux aussi, il faut bien le reconnaître.

Autrefois, la simple présence d'un fumeur dans la même pièce que moi suffisait à me le faire maudire, terrorisé que j'étais à la pensée de succomber aux atteintes du tabagisme passif. J'ai su depuis me montrer un peu plus souple, et les habitudes, comme les lois, ont évoluées dans le sens d'une plus grande séparation des fumeurs et des non-fumeurs.

Alors, quand je lis des bêtises du genre de celle proférée par Stanton A. Glantz, spécialiste de la recherche sur le tabac à l'Université de San Francisco, cité dans l'article, qui ose dire que toutes les scènes faisant apparaître du tabac dans Avatar, "C'est comme si l'on déversait du plutonium dans un réservoir d'eau potable", autant dire que je suis partagé entre la consternation et l'hilarité.



D'autant plus que, comme pour la religion, chacun voit midi à sa porte et la morale est souvent à géométrie variable : "Si on peut montrer des gens qui mentent, trichent, volent et tuent dans un film grand public, pourquoi imposer une moralité sans cohérence lorsqu'il s'agit de fumer ?"

Il serait vraiment regrettable de faire des films "idéalisées", sans tabac, sans alcool, sans armes, et pourquoi pas sans sexe ou sans religion... à l'heure où l'on gomme la clope à Gainsbarre, où l'on retire les volutes de fumée qui entourent Malraux, et où l'on prive Tati de sa pipe, les censeurs du politiquement correct ne peuvent-ils pas nous laisser le cinéma ?

***

Illustration : Thank You For Smoking, par Mr Guep ; photo publiée sur Flickr sous une licence Creative Commons

Nom de Dieu ! (qui n'existe toujours pas)

Je viens de tomber sur cet article publié sur le site de Reporters sans frontières, m'apprenant que le gouvernement irlandais, sans doute soucieux de faire entrer son pays dans la modernité, a fait voter une loi assez moyenâgeuse, punissant d'une amende de 25 000 € les propos blasphématoires.

25 000 €, c'est certes symbolique (à peine le prix d'une rolex neuve), mais le problème n'est pas là.

RSF le dit d'ailleurs bien mieux que moi : "La notion même de blasphème ne concerne que les croyants et ne peut s’appliquer à ceux qui se revendiquent athées ou sans religion. Le blasphème ne peut en aucun cas constituer une limite à la liberté d’expression"

De fil en anguille, filant dans la mer des sagaces qu'est le web, et prêt comme toujours à toutes les sérendipirégrinations, je suis arrivé sur cet article de Rue89 reprenant la nouvelle, et qui s'attarde davantage sur l'iniative des athées irlandais qui ont décidé de mettre la justice de leur pays au pied de la croix, en publiant une liste de 25 affirmations blasphématoires, piochées notamment dans la Bible, mais pas seulement, puisque ce bout-en-train de Jésus cotoie Mohamed, Bjork ou Richard Dawkins, scientifique sur lequel je reviendrai dans quelques lignes. 


Markbarky/Flickr ; photo diffusée sous licence CC


En bas de page, une liste de liens pointant vers des articles sur le même thème attire mon attention avec ce titre : "Une campagne de pub pour l'athéisme met l'Espagne en émoi". Voilà comment on passe du blasphème à l'athéisme, sur internet. 


L'article n'est pas aussi anecdotique qu'il pourrait le paraitre, en ce qu'il laisse transpirer d'une certaine forme d'intolérance combattante, en oeuvre dans les deux camps, celui des croyants, et celui des non-croyants, les deux se méprisant mutuellement et, c'est cela qui m'inquiète, de moins en moins cordialement.


Quel est l'objet de la querelle ? Ce message, placardé sur des bus municipaux à Barcelone : "Dieu n'existe probablement pas. Arrête de t'inquiéter et profite de la vie". Notez le probablement, qui me fait plutôt sourire : ils ne sont pas si sûrs que ça de la non-existence de Dieu ? Ils se gardent un peu de marge de manoeuvre, au cas où ? 



Image tirée du site du bus ateo



Ceux qui lisent ce blog régulièrement savent ce que je pense de tout ça, notamment mon point de vue sur la religion que je considère comme le moyen le plus simple de se compliquer la vie, mais cependant, je n'ai jamais tenté de convaincre qui que ce soit de penser comme moi. Tant que les croyants de tous bords ne viennent pas essayer de me rallier à leur cause, je considère que l'on peut parfaitement vivre en bonne harmonie. Après tout, la certitude de la non-existence de Dieu est aussi une croyance...


Il semblerait pourtant que ce ne soit pas si simple, comme tend à le démontrer le biologiste britannique Richard Dawkins, auteur d'un essai à succès intitulé, dans sa version française, "Pour en finir avec Dieu". Dawkins soutient qu'un créateur surnaturel n'existe probablement pas et qualifie cette croyance de délire, en argumentant de façon scientifique, ce qui laisse supposer que si on croit en un dieu, on est forcément non-scientifique... 

Pas évident tout ça. Est-ce un blasphème d'être athée ? Est-ce une preuve de stupidité de croire ?

04 janvier 2010

Notre petite vie cernée de rêves

Albert Scully est un adolescent mal dans sa peau, ce qui est assez banal à première vue. Mais Albert Scully est un adolescent mal dans sa peau, qui imagine son âme comme un rhinocéros en cage qui donne de grands coups de tête sur celle-ci pour essayer de sortir. C'est déjà plus intéressant.

Il ne va pas bien Albert. Ou plutôt, c'est son âme-rhinocéros qui ne va pas bien. Sans aller jusqu'à reprendre le vers de Baudelaire (d'ailleurs son truc à lui c'est plutôt Shakespeare), il expose dès les premières pages du roman que son âme n'est pas en très grande forme. Pourquoi ? Parce qu'il est persuadé d'être un nul. Un looser. Un raté

Je savais que j'étais un raté depuis l'âge de quatre ans environ, à la maternelle, quand je n'arrivais pas à tenir mes crayons de couleur.

Fatalement, il se sent mal parti dans la vie, et hésite entre se suicider et devenir marin... sur un de ces remorqueurs qui tirent les bennes à ordure hors de Manhattan. Sinon, il aime bien la Nouvelle-Zélande. Et Shakespeare, mais je crois l'avoir déjà dit, c'est juste pour voir si vous suivez.

C'est nanti de telles visions enthousiasmantes sur son avenir qu'il fait la connaissance de Madame Woodfin, la vieille excentrique de la maison délabrée d'à côté. Elle lui fera découvrir la littérature, le thé, et l'acceptation de soi. Elle se dit ancienne comédienne, mais laissera à Albert une dernière leçon qu'il découvrira à sa mort : la vérité qu'on s'invente est souvent plus acceptable que la vie elle-même.

Roman initiatique, roman d'apprentissage... Tous les commentaires que j'ai lu sur internet à propos de ce livre emploient plus ou moins les mêmes termes, que ce soit pour l'encenser ou le mépriser. Car ce qui n'est peut-être qu'un "roman pour ado" m'a plu pour son ambition résolument optimiste, sur fond d'apprentissage de la confiance en soi et d'acception des différences, le tout sur le ton, certes un peu convenu, de "tu n'es pas nul, tu es juste différent".


Tombe de Thoreau - Photo de jurek d. publiée sous licence CC


J'ai aussi aimé ce livre pour cette citation de Henry David Thoreau, qui pourrait faire office de quatrième de couverture et de frontispice pour établissement scolaire : "Si un homme marche à un autre pas que ses camarades, c'est peut-être qu'il entend le son d'un autre tambour. Laissez-le suivre la musique qu'il entend qu'elle qu'en soit la cadence."

C'est amusant, cette citation me renvoie à cet autre poème de Baudelaire.

Encore un coup de la sérendipité.

***


Notre petite vie cernée de rêves / Barbara Wersba - Editions Thierry Magnier




Barbara Wersba est née en 1932. Notre petite vie cernée de rêves (The Dream watcher), écrit en 1968, est son roman le plus connu.