30 décembre 2010

Chronique sur la vie, l'univers et le reste

J'ai mis à profit ma première semaine de vacances de cette fin d'année pour compléter ma culture en ajoutant H2G2 à mes connaissances. H2G2, ce n'est pas la nouvelle molécule miracle qui fait maigrir, ni la formule chimique du  gaz dans l'eau. Non, H2G2, c'est The Hitchhiker's Guide to the Galaxy, ou Le guide du routard galactique, en français compréhensible dans ce coin de l'univers. 

Étant sur le web, vous ne pouvez pas ne pas en avoir entendu parler : c'est ce livre où il est question d'un ordinateur qui, après avoir réfléchi pendant sept millions et demi d'années à la grande question sur la vie, l'univers, et le reste, répond par "quarante-deux". Ah. Vous voyez bien que ça vous dit quelque chose. Il y a bien un geek dans votre entourage pour avoir énoncé un jour, d'un air entendu, que la réponse est quarante-deux. Vous savez maintenant pourquoi.

Ce n'est pas un roman, mais une trilogie en cinq tomes (c'est comme ça), à lire impérativement à la suite et dans l'ordre, bien que vous découvrirez rapidement que le temps avance dans le sens qui lui plait. Surtout si vous êtes accroché à un sofa chesterfield dans une prairie de la préhistoire. Vous apprendrez pourquoi l'accessoire indispensable du routard est la serviette de bain, que les souris sont les créatures les plus intelligentes de la galaxie, pourquoi il ne faut pas se livrer aux voyages dans l'hyperespace lorsque l'on est originaire d'une zone pluriel. Et aussi le dernier message de Dieu à sa création. Je l'ai particulièrement aimé celui-ci. C'est à la fin du tome 4(1)

Il va sans dire que l'ensemble est loufoque, tordu, foutraque, loufdingue, complétement barré, en un mot une vachté de sommet de truc drôle. Bref, de l'humour anglais. Qui est le plus drôle du monde après l'humour souris.
D’après une théorie, le jour où quelqu’un découvrira exactement à quoi sert l’Univers et pourquoi il est là, ledit Univers disparaîtra sur-le-champ pour se voir remplacé par quelque chose de considérablement plus bizarre et inexplicable.

Selon une autre théorie, la chose se serait en fait déjà produite.
Au fil de leurs pérégrinations galactiques Arthur Dent (anglais excessivement moyen), Ford Prefect (routard natif de Bételgeuse), Zaphod Beeblebrox (Président de la Galaxie), Trillian (anglaise presque normale), Marvin (androïde dépressif) et le Guide, qui est presque un personnage à art entière, découvriront la réponse à la grande question sur le sens de la vie, de l'univers, et du reste, dineront dans le restaurant situé juste avant la fin du monde, rencontreront Elvis Presley dans un petit motel sur une planète perdue, mangeront de la viande de bête parfaitement normale, et sauveront l'univers deux fois. Dans le même après-midi. Contre des robots blancs joueurs de cricket. C'est à ce genre de détails que l'on voit que l'auteur est bien anglais.

***

H2G2, l'intégrale de la trilogie en 5 volumes / Douglas Adams. Un gros volume dans l'indispensable collection Lunes d'encre de Denoël. Disponible dans toutes les bonnes bibliothèques de la galaxie, ou alors changez de quartier.

(1) Pour mes lecteurs qui ne pourraient pas s'endormir sans cette capitale révélation, le dernier message de Dieu à sa création est : "Nous sommes désolés pour le désagrément".

18 décembre 2010

Les garçons aussi racontent des trucs à leur peluche

Ce blog, à l'instar de son auteur, commence à se faire vieux. Pas mal comme accroche. Genre, j'essaie de vous apitoyer mais pas trop, tout en étant suffisamment intriguant pour maintenir l'intérêt, ah bon, il est vieux, mais quel âge peut-il bien avoir ? C'est vrai que ce blog est là depuis un moment, il écrit plus trop mais il ne ferme toujours pas, j'aurais pas cru, ben dis donc quelle abnégation, il est toujours là, oh ben dis donc.

Mais trêve de billevesées. Il y a un certain temps, pour ne pas dire le 11 juin 2007, je vous entretenais de la chouette initiative de association Lab-Elle, qui venait de créer un label destiné à récompenser les albums allant à l'encontre des stéréotypes trop couramment admis : plus de héros que d'héroïnes, les garçons font du sport, les filles la cuisine, etc.


J'apprends aujourd'hui, via Olympe, que la labellisation est mise en pause ; essentiellement par manque de fonds, mais aussi faute de livres à labelliser (plus de détails sur leur blog). Ce qui donne un drôle d'éclairage sur notre société, et sur l'ancrage des stéréotypes.

14 décembre 2010

Sérendipité de Noël

Lu sur Dijonscope :
Les faits sont véridiques et ont fait les gros titres de la presse de l’époque. Ce 23 décembre 1951, 250 enfants du catéchisme, du patronat Lacordaire et des écoles sont réunis pour une grande “fête liturgique”. À la suite d’une déclaration du pape faisant de l’icône festive à barbe blanche un “commis voyageur des marchands du temple” quelques dignitaires religieux et notamment le vicaire de la cathédrale Saint Bénigne, Jacques Nourissat, décident de donner l’exemple. Ils organisent donc la “mort du Père Noël” pour, disent- ils : “que les enfants sachent que Noël n’est pas seulement la journée du commerce et des cadeaux mais le Noël des pauvres.
L'affaire avait par la suite fait grand bruit, certains titres de la presse expliquant doctement que Dijon était revenu aux guerres de religion ! Même Claude Lévi Strauss y avait été de son analyse, c'est dire. Ce n'est pas tous les jours, constatait-t-il, que l'ethnologue trouve ainsi l'occasion d'observer, dans sa propre société, la croissance subite d'un rite, et même d'un culte.



Car le fin mot de l'histoire est bien celui-ci : le père Noël est bel et bien l'objet d'un culte, et les ecclésiastiques qui voulurent le détruire n'ont fait que confirmer son importance... tout en contribuant à fixer l'image de l'icône, avec tous ses attributs : manteau rouge, barbe, hotte...

Encore une fois, internet m'a permis de me cultiver à peu de frais en partant d'une anecdote relevée dans un article de presse ! Il en va ainsi de ce long article, qui reprend l'anecdote, décortique le texte de Lévi-Strauss et se lance dans un véritable cours sur Noël à travers les âges, la figure du Père Noël...

04 novembre 2010

Chronique des beautés cachés, des facteurs et des fous

Ce qu'il y a de plus beau à la Réunion, c'est ce qui est caché. Tous les lieux auxquels on n'accède qu'à pied.  Ou en vélo pour les plus téméraires. Car la voiture -après les boucles, épingles à cheveux et sueurs évoqués dans une précédente chronique- ne vous mènera qu'au début du sentier, au pied de la montagne, à l'orée de la forêt. Pour découvrir le panorama, admirer la cascade, explorer la forêt, il vous faudra poursuivre à pied, tantôt foulant la roche volcanique sous ses différentes espèces, tantôt pataugeant dans la boue, qui est comme chacun le sait le véritable bonheur du randonneur bien né.

Que nul ne s'avance s'il n'est bien chaussé. Telle pourrait être la devise des sentiers de la Réunion. La petite ballade familiale qui commence par un sentier balisé recouvert de pouzzolane, vous demandera finalement une  bonne heure de marche et se terminera par le franchissement d'une rivière à gué. Sous la pluie. Qui tombe verticale, en grosses gouttes serrées, mais pas trop froide. Vos chaussures n'y survivront pas. Consolez-vous en pensant à votre fierté lorsque vous montrerez vos photos à vos amis.

Takamaka, le trou de fer, le cirque de Mafate font partie de ces lieux que seuls les marcheurs et les amateurs de cartes postales peuvent contempler en majesté. Les cartophilistes se privant toutefois des joies humides évoquées plus haut. Mafate, c'est sans doute le plus beau des cirques, car le plus inaccessible. Les habitants sont disséminés dans des îlets, ensemble de cases formant, dans le meilleur des cas, un embryon de village. Pour les plus pittoresques, les cases sont accrochées aux parois, posées sur des replats. On y accède à s'accrochant aux lianes. Ou aux basques du facteur, qui fait ce petit exercice tous les jours. Il a le mollet musclé, le jarret ferme, le visage tanné par le soleil. Et 40 kilos de courrier à distribuer.


Ce n'est certes pas lui qui s'amuserait à lancer ses chaussures sur un fil électrique. Non, ce n'est pas un dicton local, il s'agirait plutôt d'une sorte de coutume. Un jeu pratiqué par les jeunes -et peut-être par les moins jeunes- consistant à lancer une paire de chaussures attachées par leurs lacets, de façon à orner un banal fil électrique. Pour le rendre plus intéressant. Plus folklorique. Le passe-temps a au moins le mérite de susciter les interrogations des touristes, intrigués par toutes ces pompes suspendues aux entrées des villages.

Mais à la Réunion, il n'y a pas que des touristes et des lanceurs de chaussures. Il y a aussi des fous. De vrais fous de jeu d'échec, qui ne se déplacent qu'en diagonale. Une fois par an, ils traversent l'île d'un bout à l'autre. A pied. Du sud-est au nord-ouest. Du Cap Méchant à Saint Denis. Ce qui fait 163 km pour 9600 mètres de dénivelé. Autant dire qu'ils gardent leurs chaussures. Et les fous sont plus nombreux qu'on ne le croit : 2555 très précisément. Mais un sur deux n'arrivera pas au bout. Entre temps, les survivants auront consommé 390 kilos de pâtes, 4600 yaourts, 2050 tranches de jambon. Et 9 kilos de piment. Pour le coup de fouet du dernier kilomètre.

22 octobre 2010

Chronique du 20-10-2010 et des nouvelles édifiantes

Il y a quelques jours, nous étions le 20-10-2010. C'est un événement qui ne se reproduira plus jamais. Tout comme ne reviendront jamais plus le 19-10-2010 et le 21-10-2010. Ni les si regrettés 01-01-01, 02-02-02 et consorts. Je crois même pouvoir affirmer sans trop me tromper que chaque jour  est unique. Pourquoi en remarquer un particulièrement ? Le 17-12-1712 était une journée assez banale. Mais l'homme se plait à remarquer les coïncidences. Elles viennent légèrement troubler l'écume des jours. Elles lui permettent de se rendre compte du temps qui passe. 

Et le temps qui passe apporte avec lui son lot de nouvelles édifiantes.

En Chine, un homme percuté par une camionnette a fait un saut de 360°, pour retomber sur ses pieds. Ce qui démontre l'incroyable flexibilité du chinois. D'ailleurs tous les chinois sont gymnastes, ou spécialistes en arts martiaux. A la fin de leur vie, ils deviennent des bonzes obèses fumeurs d'opium. De même, les noirs sont paresseux. Le monsieur Jourdain du racisme ordinaire en est sûr, et dans son langage, un parfumeur c'est un nez, une odeur c'est une fragance, et un noir c'est un nègre.

En Italie, l'artiste Gianni Motti a fabriqué un savon à la graisse de politique. Récupérée après une berlusconienne liposuccion. L'israélien Noam Braslavsky se contentant pour sa part de statufier Ariel sur son lit d'hôpital. Sharon, pas la lessive. Car l'art contemporain est conceptuel, post-moderniste, avant-gardiste, hors de prix. C'est une discipline qui permet toutes les fantaisies. Il est indispensable au nègre comme au parfumeur.

A Paris, on censure et on pose nu. Aux Etats-Unis, une étudiante fait une thèse sur ses partenaires masculins. Avec des détails indispensables sur la taille, la couleur et la ductilité. Un vrai catalogue de bijoutier. Enthousiasmé par ce talent ainsi révélé, un grand éditeur lui propose de transformer la chose en livre. Il suffira juste de mettre un prix sur la quatrième de couverture. Hollywood est déjà sur les rangs. L'actualité fourmille  ainsi de faits propres à nourrir une comédie. Ou un drame. Un drame social français tragi-comique propre à réveiller la conscience ouvrière. Avec Isabelle Huppert dans le rôle du nègre.

A Prague, on se bat à l'épée dans la rue. Les canards de Rotterdam sont nécrophiles. Tchernobyl devient le nouveau lieu à visiter pour les touristes avides de sensations fortes. Des japonais ont inventé un distributeur de crabes vivants. En Angleterre, Helen Smith a élevé 3000 bébé araignées dans sa cuisine. La BBC a guillotiné 30 parisiens pour les besoins d'un reportage. Les souris dépressives sont soignées par thérapie génique. Le fondateur de Penthouse est mort, son décès suscite plus de commentaires que celui de Mandelbrot. Et Bastien est en finale de Secret story, c'est sûrement très important.

Au milieu de ces nouvelles qui émeuvent la planète, on a annoncé dans la discrétion, la fin de la Première Guerre Mondiale. Mais je conçois aisément que l'événement soit moins important que le complot maçonnique visant à enterrer vivant 33 mineurs chiliens, puis à les faire ressortir 33 jours plus tard, le 13-10-10, date "qui peut être calculée cabbalistiquement de cette manière: 10 + 13 + 10, ce qui équivaut à ...33". On sent bien que le monsieur n'est pas très sûr. Il a dû faire le calcul plusieurs fois, et demander à un ami de recompter.

Peut-être est-ce le même qui a établi le classement mondial de la liberté de la presse, où la France a perdu 33 places.

Il a été publié par RSF le 20-10-2010.

06 octobre 2010

Chronique de l'air du temps

Les allergiques au sport le supputaient, les accros toujours déçus du dernier régime à la mode avant la plage s'en doutaient un peu, la science vient de le prouver : pour maigrir, mieux vaut rester debout sans bouger que faire du sport. La démonstration est logique, imparable, irréfutable ; en un mot, scientifique : faire du sport donne faim. Et manger, ça fait grossir.

Moralité, pour perdre du poids, ne sautez pas à la corde, mais un repas par jour pendant une semaine. C'est la clinique mayo qui l'affirme. Une telle chose est trop belle pour être fausse. Le professeur Paul Gately va encore plus loin, en  proposant aux candidats à l'amaigrissement d'opter pour ce régime plutôt que de courir de Leeds jusqu'à Nottingham. Pourquoi de Leeds à Nottingham, et pas de Dijon à La Charité-sur-Loire ? Telles sont les mystérieuses beautés de la science. Il n'est pas douteux que le bougre ait fait des expériences. Avec des cobayes, des petites balances et un mètre à ruban. Et un GPS, car le cobaye (cavia porcellus de son petit nom) n'a aucun sens de l'orientation, c'est bien connu.

Mais, ajoute presque à regret le sémillant professeur, le mieux serait de faire Nottingham - Leeds en courant ET sans manger. Tous les jours. A la place du repas. Les survivants auraient droit à un verre d'eau fortement minéralisée. Offert par le maire de Nottingham, qui a bien besoin d'un peu de publicité positive. Il ne supporte plus d'être confondu avec le shérif, de sinistre mémoire. Ca le stresse. Il prétend même que ça le fait grossir.

Voilà un notable qui serait bien inspiré de se promener dans les allées du nouveau magasin Carrefour de Vénissieux, où tout a été fait pour que le consommateur, chariot et plan en main, se perde dans les 9 "pôles produit" tout en rondeurs, où il transpirera en abondance avant de trouver ses petits pois, et perdre les siennes, de rondeurs. Ce qui s'appelle, en langage marketing, "signer le grand retour de l'esprit de fête". Car consommer est une fête, nous avons un peu trop tendance à l'oublier, ingrats que nous sommes.

Heureusement que les Robins des bois de la grande distribution sont là pour nous le rappeler.

***

Quelques sources :

30 septembre 2010

Pour saluer Georges Charpak

Georges Charpak est mort. J'ai appris sa disparition ce matin à la radio. Je ne vais pas me lancer dans le panégyrique à la façon des communiqués ministériels, mais c'était quand même un sacré bonhomme, dans tous les domaines. Immigré polonais, résistant, déporté, scientifique, prix Nobel et vulgarisateur de talent, en priorité à destination des enfants au travers de l'association "la main à la pâte".








retrouver ce média sur www.ina.fr


Inventeur d'un "petit machin de 10 cm sur 10", il savait rester modeste, voire faire preuve d'un humour certain, face, notamment, aux aléas du financement de la recherche : "le scotch, ça joue un rôle capital dans la physique des hautes énergies"

Je me souviens de Georges Charpak chez Pivot, en train de pousser un coup de gueule contre un Luchini un peu trop complaisant avec Céline. Je me souviens avoir vraiment apprécié son livre co-écrit avec Henri Broch, "Devenez sorciers, devenez savants", où les deux compères se livrent à un jeu de massacre jubilatoire à l'encontre des  charlatans et autres pseudos-scientifiques.

Je n'avais par contre pas vu son passage chez Ardisson, qui vaut lui aussi son pesant de cacahuète :
- Ca marche mieux avec les filles quand on est prix Nobel ?
- Indiscutablement





retrouver ce média sur www.ina.fr


Mais si il ne fallait retenir qu'une phrase de Charpak, ce serait cet enseignement : "La science est le seul rempart efficace contre le fanatisme"

17 septembre 2010

Encore un mot sur le concert de rentrée 2010

Voici l'affiche du concert de rentrée 2010. 
Vous êtes vous demandés où la ville de Dijon avait trouvé la personne qui prête sa silhouette ?

Affiche du concert de rentrée, Dijon, 2 septembre 2010

Moi, si.

Dijon Mag, magazine de la ville de Dijon, septembre 2010
Probable image du concert de 2009

Un petit coup de zoom peut-être ?


Étonnant, non ?

09 septembre 2010

Concert de rentrée 2010

Jeudi dernier, nous sommes allés au concert de rentrée de Dijon. Sauf à vivre au fond d'un trou, avoir les pieds poilus et fumer l'herbe à pipe, un en mot être un hobbit et se désintéresser du commerce avec la société des grandes gens, il devient de plus en plus difficile d'échapper à ce qui est en passe de devenir, année après année, une nouvelle institution dijonnaise, au même titre que la moutarde et le ban bourguignon. Aussi avons-nous fait le déplacement. Pour pouvoir dire plus tard que nous étions dans le coup, quand on était jeunes.

Dès l'arrivée place de la Libération, un même constat nous a sauté aux yeux : il y a de plus en plus de monde.  Le public investit désormais la cour de la mairie, dans laquelle la municipalité a eu la bonne idée d'installer un écran géan ; la protection civile, avec ses uniformes oranges et sa tente blanche pour comas éthyliques, trouvant refuge dans la cour de Bar. En face des cabines téléphoniques garnies de poubelles déstructurées de l'exposition "Tout garder ? Tout jeter ? Et réinventer ?"

Les deux vedettes du millésime 2010 étaient Olivia Ruiz, comme le chocolat, et Laurent Garnier, comme l'opéra électronique. Je ne tenterai pas de cacher que j'étais surtout désireux de voir en vrai, même de très loin, Olivia Ruiz, dont j'apprécie les ritournelles sensuelles à l'air entêtant. Je ne tenterai pas non plus de prolonger artificiellement le suspens : nous sommes arrivés alors qu'elle finissait. Elle salue, s'en va, revient au bout de quelques minutes sur la scène décorée de roses rouges, pour interpréter l'incontournable femme chocolat. De loin, on dirait une de ces poupées de boîtes à musique, qui tournent toutes seules aussi longtemps que la mécanique déroule sa musique. Retournons plutôt vers l'écran.

Un public à tendance plutôt familiale l'entoure, si on ne tient pas compte du type visiblement éméché posé par terre, avec toute la grâce et la légèreté d'un sac de pommes de terres nouvelles. Des volontaires de la sécurité civile, bientôt rejoint par quelques policiers municipaux, veillent tendrement sur son sommeil. Ils essayent de le faire tenir sur ses jambes, mais il apparait très vite qu'il préfère rester couché. Quoi de plus naturel ? Un bon samaritain un peu geek (il avait un T-shirt Debian) propose son aide, et se fait poliment, mais fermement refouler par les représentants de l'autorité. Finalement, les tendres policiers et les oranges secouristes emportent l'impétrant Bacchus de la façon la plus logique vu son état, c'est à dire comme un gros sac de patates, chacun prenant un bras, ou une jambe. En supposant un sac de patates avec des bras et des jambes. Mais c'était une image, vous aviez bien sûr saisi. J'espère qu'ils l'ont mené jusqu'à la tente et ne l'ont pas jeté dans une des poubelles déstructurées. Comme cette dame en Angleterre, qui  avait jeté un chat dans une poubelle. L'affaire a fait scandale parait-il. Surtout sur internet. Car internet adore les chats, c'est bien connu.

***

Je ne sais pas si le groupe Elektrisk Gonner aime les chats. Je ne sais pas si ce sont des geeks affectionnant Debian. Rien dans leur biographie ne trahit un quelconque penchant pour la dive bouteille. Ce qui ne les empêche pas d'affectionner une mise en scène bien excentrique. Sweat shirt orange, mais c'est leur seul point commun avec la protection civile, bandeau de peinture noire barrant les yeux et mélopée sautillante. Du reste, l'ensemble se veut surprenant et réussi à l'être : hôtesses de l'air brandissant des panneaux dignes de spectacles de catch, et presque-imitation d'Elvis barbu pour ouvrir les festivités...

Image via Culture Bully
Nous n'avons pas été fan de leur musique électro, un peu trop répétitive ; il parait cependant qu'ils sont promis à la gloire. C'est Libération qui le dit. Pas la place, le journal. Tant mieux pour la notoriété de Dijon. Du coup, nous sommes partis, sans nous presser. Tant pis pour Laurent Garnier, annoncé juste après les agités à capuche. Nous avons eu notre comptant de musique synthétique pour ce soir.

Passant par la place du Bareuzai, nous tombons sur un concert concurrent, improvisé par un groupe de saltimbanques, avec tout ce que je mets d'honorable, de grand et de sincère dans ce mot. Ils étaient 7 ou 8, un peu barjos, un peu bohèmes ; une touche de jazz, un doigt de pop, quelques accord rock. Une clarinette, une guitare sèche, une batterie et une contrebasse. Ils n'avaient pas de tenue excentrique. Ils n'avaient pas l'animateur de France Bleue pour les présenter. Ils n'avaient pas les barrières de sécurité pour les protéger. Ils n'avaient de grosse sonorisation, pas d'écran géant, pas de projecteurs, pas de fumée.

Ils n'avaient que leur talent, leur musique entrainante, et la simple joie d'être là qu'ils arrivaient à partager avec le petit groupe de spectateurs assemblé autour d'eux, et qui valait bien les concerts les mieux préparés.

Et quand nous avons fait un rappel, ils ont terminé leur spectacle par la musique de la cantina de Mos Eisley.


C'est sûr, la Force était avec eux.

27 août 2010

Chronique réunionnaise

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !


Je me permettrais de contredire respectueusement Baudelaire : le monde est plus grand qu'on ne le croit généralement, c'est en se rendant sur place qu'on prend le mieux la mesure de la chose. Inutile de se munir de son double-décamètre, ni du mètre-ruban chippé à une mamie couturière ; l'immensité du monde se constate par le temps que l'on met à le parcourir, et par les espaces infinis -dont le silence éternel effrayait tant Pascal, qui n'a jamais voyagé que de Clermont-Ferrand à Paris, comme bon nombre d'Auvergnats- que l'on découvre, les jambes en coton et le souffle coupé, une fois arrivé à destination.

Ainsi en va t-il de la Réunion. Sous les lampes, à la lumière crue des chiffres, la Réunion, ça ne parait pas bien grand : tout juste 2512 km². Pour donner un ordre d'idée au lecteur ignorant des merveilles de la géographie, c'est trois fois plus petit que le département de la Côte d'Or. Mais si l'intérêt des voyages résidait dans le seul plaisir de la comparaison, on se contenterait de feuilleter son atlas au coin du feu au lieu de passer une dizaine d'heures dans un avion. Ou alors on laisserait les géomètres en faire le récit. Ce qui serait prodigieusement ennuyeux. Les quelques lecteurs têtus fréquentant encore ce blog prendraient virtuellement leurs jambes à leur cou, sans doute quelques uns se feraient mal en se prenant les pieds dans ceux, fort peu virtuels, de leur bureau. Les plus âgés se casseraient le col du fémur. Les autres l'astragale. Voire les deux sésamoïdes. J'en concevrais une amertume désolée et un profond remord. Peut-être même aurais-je des crampes d'estomac.

Evitons cette catastrophe. Partons à la Réunion.

L'idée même de la Réunion est dans la montée. Dans cette île aux milles charmes, elles font l'agrément des routes. Elles sont en épingle à cheveux. On les passe en première, le moteur rugit, les oiseaux s'envolent en jacassant à travers les frondaisons épaisses, le conducteur transpire. Les autochtones, plus au fait de la chose, roulent posément à gauche à une allure n'excédant jamais les capacités du véhicule. Pas plus de 80 kilomètres par heure dans les descentes les plus dangereuses. La prudence est une des nombreuses vertus créoles.

Mais le plus extraordinaire réside dans la grande diversité des paysages, des climats, des reliefs. Sur ce territoire de taille réduite (il me semble l'avoir signalé plus haut, j'espère que tout le monde suit), on passe, presque sans s'en rendre compte, de la plage à la montagne ; de la chemisette au pull à manches longues. En polaire, pour mieux se protéger du vent, qui commence à se faire frais dès que l'on prend un peu de hauteur. Ceci est d'autant plus vrai que si les maisons du littoral se passent assez facilement de chauffage, les habitations des hauts ont ceci de commun qu'elles possèdent toutes une cheminée. Autour de laquelle on est content de se rassembler, une fois la nuit venue. Vers cinq heures du soir. Car la nuit tombe vite, à cette latitude.

Voilà pourquoi l'on peut, sans craindre de tomber dans un des clichés les plus éculés du tourisme de masse, qualifier la Réunion de terre de contrastes. Les quatre éléments semblent s'y être donné rendez-vous : le feu d'un volcan toujours actif, la terre qui porte une végétation stupéfiante, l'air plus ou moins vif selon l'altitude et la mer tout autour, qui fait son boulot de mer, avec houle, embruns et rouleaux venant se fracasser contre une barrière de corail symbolique. Ils se mélangent régulièrement : le volcan s'écoule dans la mer, les cascades dégringolent le long des pentes vertes, la végétation repousse dès que la lave a refroidi. Ce qui prend malgré tout plusieurs années. La dernière coulée a eu lieu en avril 2007. Lorsque l'on se promène sur place, la température s'élève encore de quelques degrés. Quand il pleut, l'eau s'évapore en fine fumerolles de vapeur. Les gens du coin font cuire des steaks sur cette pierre hier liquide. Peut-être des brochettes. Ou alors des chamallows piqués ou bout d'un bâton. Ce qui est sûr, c'est qu'une branche entrée dans un trou en ressort enflammée. On voit par là que le volcan partage activement sa chaleur.

C'est un trait qu'il a en commun avec les habitants de l'île. L'accueil créole est chaleureux et spontané, on se retrouve à parler à bâtons rompus (car on a coupé le bout qui avait pris feu sur le volcan) avec quelqu'un qui était un parfait inconnu quelques minutes plus tôt. Au coin du feu, si on est dans les hauts, sur la varangue si on est sur le littoral. Conversation qui se poursuivra autour d'une table bien garnie  en cari poulet, rougail tomate ou achards de légumes. Pour le touriste, la découverte commence par la dégustation des mots.

08 juillet 2010

Le travail, c'est la santé ?

Aussi court soit le trajet, j'aime bien écouter la radio en voiture. Musique ou informations, ça dépend des périodes, mais j'en retire toujours quelque chose, air entêtant qui ne me ressortira pas de la tête avant plusieurs heures, ou détail... qui connaîtra le même sort.

Ces jours-ci, je suis dans la période infos. France info pour être précis. Et hier mercredi, jour de questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale, il était question du "supplice chinois" que subissait celui-ci ; la faute aux questions embarrassantes relatives aux tourments actuellement endurés par son ministre du travail.

On ne saurait mieux dire, et voilà qui ne manque pas d'intérêt contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord. Saviez-vous en-effet que le travail, étymologiquement parlant, est assimilable à la torture ? 

Voilà qui mérite une explication. 

D'après mon beau, gros et bon dictionnaire Le Robert (grande est la langue française, Alain Rey est son prophète), le mot travail a deux sens principaux, duquel les autres découlent : 

1. Vx (Seul sens courant du XIIe au XVIe, vieilli au XVIIe) Etat d'une personne qui souffre, qui est tourmentée ; activité pénible.

2. v. 1210 ; du bas lat. trepalium, var. de tripalium "instrument de torture", du lat. class. tripalis "à trois pieux"

De là à dire que nos édiles sont soumis à la question par la faute du ministre de la torture, il y a un pas que je ne franchirai qu'en pensée, pour le plaisir de la rêverie...

Sans rentrer dans des considérations politiques -qui viendraient attrister la rêverie ci-avant évoquée- je ne pense pas que la perspective des vacances qui approchent soit d'une quelconque consolation pour les protagonistes de cette ténébreuse affaire ; toutefois, ils pourront s'ils le désirent se raccrocher à un espoir un peu vain, dispensé une fois encore par ce même dictionnaire : les vacances, c'est la période où l'on arrête les travaux, partant, la torture :

I Au plur. Vacances (de vacant "absent ; oisif") 1. Dr. Période où les tribunaux interrompent leurs travaux.

Vous les souhaitant à tous bonnes et ensoleillées, je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour de nouvelles aventures lexicales !

02 juillet 2010

Le vendredi c'est permis : Star Wars résumé en 3 GIF

Il fait chaud, je ne suis absolument pas en état d'écrire quoi que ce soit de remarquable (et de toute façon, je n'en ai ni le temps ni l'énergie depuis quelques semaines, ça ne vous aura pas échappé), ce qui fait autant d'excellentes raisons de vous encourager à la procrastination avec ces trois magniveilleux gifs animés, résumant la trilogie Star Wars (les épisodes IV, V et VI, what else ?).




via Korben, mais déjà vu ailleurs avant.

Et n'oubliez pas : Mangez Buvez (de l'eau !) Bougez Restez à l'ombre !

24 juin 2010

Quand Hugo Pratt illustrait l'île au trésor

Il y a quelques semaines, j'ai relu L'île au trésor, un peu comme on se replonge dans un morceau d'enfance. Inutile de dire que j'y pris un plaisir extrême. Long John Silver n'a pas trop vieilli, toujours en grande forme malgré sa patte folle.


Afin de prolonger un peu le plaisir, j'ai fait une petite recherche sur ces mots clés dans Google ; je suis tombé sur une page de ce site consacré à Hugo Pratt, et ai découvert qu'il avait illustré quelques éditions du livre.


 Un bon moyen de prolonger un peu le plaisir de la lecture ; je ne pouvais que vous le faire partager.

26 mai 2010

Accident de la consommation

Il a environ quatre ans, deux grands yeux innocents, une tête blonde n'arrivant pas plus haut que l'épaule de son papa accroupi à côté de lui, et beaucoup d'espoirs qui seront bientôt déçus par l'effort conjugué de la coupe du monde de football, d'une grande surface, et d'un zeste d'inattention paternelle.

Mais reprenons cette historiette a son commencement.

La coupe du monde qui s'annonce, hormis nous polluer l'été sous ses remugles footbalistiques, rend encore plus insupportable la corvée rituelle des courses, en se surimprimant au décor consumériste, à grand renfort de marketing et d'opérations promotionnelles diverses.

Ainsi les magasins Croisement(1), non content d'espérer la défaite des bleus, organisent-ils un jeu indexé sur la valeur ou la qualité des produits achetés ; selon un barême que j'ignore, on se voit attribuer après passage en caisse un certain nombre de figurines aimantées, présentées dans un emballage plastique très développement durable(2) contenant également un petit papier où figure un code barre, à flasher soi-même(3) devant une borne facilement repérable grâce aux nombreux chariots attirés par l'espoir insensé de gagner un T-shirt aux couleurs de l'équipe de France, un porte clé Estelle Denis qui fait pouet, les chaussures de Raymond Domenech, ou le sifflet officiel de l'arbitre ; ou peut-être même, pour les plus chanceux, un bon d'achat qui leur permettra de revenir jouer demain.



Ce jour là, comme j'étais passablement en retard et donc plus à ça près, je décidai d'éprouver ma chance et ma patience en m'insérant dans la file des chariots encalminés devant l'écueil. Je ne savais alors pas que je m'approchai du drame.

Le papa, que nous avons précédemment décrit comme accroupi, est en train de fouiller dans le carton servant de réceptacle aux tickets perdants. Je comprends la situation et reconstitue l'histoire au fur et à mesure que j'arrive à leur hauteur ; le règlement, aussi strict que mal expliqué, prévoit que le ticket gagnant doit être présenté à l'accueil. La machine délivrant un autre ticket (il y a une fente sous l'écran), papa a jeté le code barre salvateur.

Damnation : plus ce Sisyphe de supermarché fouille dans sa boîte, plus la vague de chariots l'encerclant vient rajouter de tickets invalidés. Il abandonne ses efforts pourtant méritoires peu après que j'ai passé mes propres tickets, bien sûrs perdant. Je m'éloigne en louvoyant entre les nouveaux candidats alors qu'il explique au bambin que le merveilleux cadeau qu'il pensait déjà tenir de ses petits doigts potelés, c'est rapé.

Je ne verrai pas le drame s'accomplir.

Épilogue :

L'autre jour, à la boulangerie, comme j'achetai, pour pallier à l'absence d'une baguette normale, un de ces pains copyrightés genre campanillette ou autre appellation fleurant bon la campagne telle que se l'imaginent les publicitaires, j'ai eu droit à une carte à gratter.

J'ai gagné un calepin. J'en tirai un plaisir extrême. C'est tout de même plus utile qu'un T-shirt aux couleurs de l'équipe de France, un porte clé Estelle Denis qui fait pouet, les chaussures de Raymond Domenech, ou le sifflet officiel de l'arbitre...

***

(1) le nom de cette grande surface positiviste a été habilement maquillé pour ne pas lui faire de publicité. Sauras-tu la reconnaître, habile lecteur ?
(2) mais la mode est actuellement au bleu, pas au vert
(3) avis aux clients : vous pouvez aussi rentrer le code barre sur internet, c'est écrit en tout petit sur le ticket...
(4) jetez un œil à la pub, elle vaut le détour. Je suis au moins rassuré de ne pas être le seul à avoir été intrigué ; mais je m'étais dit que j'avais l'esprit mal placé

24 mai 2010

Polémique musicale du lundi : Viva la vida / Coldplay

Un petit Coldplay pour bien commencer la semaine ?


J'aime beaucoup cette chanson, c'est le genre d'air qui reste longtemps dans la tête.

D'ailleurs, je ne croyais pas si bien dire en commençant à écrire cet article ; regardez ce que j'ai trouvé :


Loin de moi l'idée d'alimenter la polémique, je suis pleinement conscient qu'entre le remix, le plagiat, l'inspiration plus ou moins consciente et l'hommage, les frontières sont souvent très minces ; tout au plus une question d'appréciation. 

Est-ce forcément à un juge de trancher ? A vrai dire, le sujet est très sensible... Lisez donc cet excellent récapitulatif dressé par Lionel Maurel, sur son non moins excellent blog S.I.Lex : Un plaisir toujours coupable : le mashup 

20 mai 2010

Ménage de printemps

Peut-être l'avez-vous remarqué, ou peut-être ne l'avez-vous pas remarqué, mais ça sent le neuf sur ce bon vieux blog de Sammy, le changement d'habillage n'étant que la partie la plus visible de ces transformations, qui  m'ont demandées un peu de travail.


Jugez par vous-même : j'ai ralingué les boutargues, drissé les étancoules, afouraillé les fibroches et rencroné les cormolants qui commencaient à valtoguer, avant de chiboucler les rapiots, agrandir le petit cormac et raccourcir le grand rabouliot ; et encore, ce n'était rien à côté de la micardière, dont le tripolant a été complétement débrogué et les fibroines déclatopées, mais vous l'aurez sans doute constaté par vous-même, je pense que c'est assez visible.


Par contre, et malgré plusieurs avis contraires, j'ai gardé mon vieux crasatin, un mécanisme génial, que beaucoup aujourd'hui échangent contre de tristes pigontiers, alors que ceux-ci ont des affélures en bicarde et des foupanières en tanite, tandis que l'ancien système, comme le sait tout un chacun, est entièrement monté en arpochon, avec un incroyable contre-balancier en zigraste. Mais j'ai bien conscience que c'est essentiellement une question de goût.


Assez parlé de technique, je sais bien que ça n'intéresse pas tout le monde. Pour le confort des visiteurs, je me suis déciddé à installer un raponiot et, même si j'étais d'abord réfractaire à cette idée, je dois convenir que ça rend plutôt bien, ne serait-ce que parce que ça augmente la pérodacèle du mitolan, ce qui est plutôt flatteur pour l'oeil.


Il y a encore, de-ci de-là, quelques autres changements mineurs, mais je vous laisse les découvrir par vous-même !


Bon blog à tous ! 


(Et n'oubliez pas votre pidacrèle en sortant, j'en récupère au moins cinq chaque semaine)

11 mai 2010

La fantasy chronique de Frank Frazetta

J'ai appris tout à l'heure, via Maëster, la mort, et donc l'existence rétrospective, de Frank Frazetta (1928-2010). Comme il a eu le bon goût de fournir des liens avec son dessin, j'ai pu commencer à réparer cette lacune dans ma culture générale.


Comme le laisse entendre Le comptoir de la BD, Frank Frazetta faisait partie de ces artistes dont l'œuvre, intégrée par la culture populaire, copiée, imitée, reproduite, est largement connue et diffusée sans que son créateur ne soit connu d'un large public. Un coup d'œil rapide sur sa production pourrait d'ailleurs le réduire à l'illustrateur attitré de Conan (avant d'être un film, c'était un livre), mais il n'en est rien.


Même si les gros musclés accompagnés d'amazones court vêtues sont sa marque de fabrique, il n'en demeure pas moins l'un des grand illustrateur de la fantasy et de la science-fiction au sens le plus large. 

Illustration pour Edgar Rice Burroughs 

Il a ainsi donné sa propre vision de Edgar Rice Burroughs, de Tolkien, de Vampirella, du space opera à la StarWars... Outre le barbare, un des thèmes récurrent de son œuvre est  la femme accompagnée de fauves, séductrice et dangereuse. Il serait dommage de le réduire tantôt à Conan le barbare, tantôt à The Death Dealer, qui semble toutefois être son personnage fétiche.

Illustration pour Tolkien

 The Death Dealer

Il a produit également quelques dessins plus légers, dont certains ne manquent pas d'humour, des nus très académiques, et quantité d'autres dessins et peintures couvrant de nombreux thèmes, mais avec une préférence marquée pour les mondes de l'imaginaire.


C'est désagréable de découvrir un artiste uniquement parce qu'il est mort. Mais c'est moins pire que de ne pas le découvrir du tout. J'espère que je n'aurais pas été le seul à apprendre quelque chose aujourd'hui.

 Autoportrait - 1962


Pour aller plus loin :

- Le comptoir de la BD, toute l'actu de la bande-dessinée
- http://frankfrazetta.org/, un beau site perso rassemblant des illustrations de Frazetta rangées par thème, la plupart de celles de cet article viennent d'ici et du site suivant
- La page Frank Frazetta sur The Art History Archive
- Le blog de l'illustrateur David Vicente

Un quart d'heure de gloire tous les matins

Feedly, cette extension Firefox qui permet d'afficher ses flux en page d'accueil dans un format magazine, est décidément une bien belle chose, en ce qu'elle permet de cultiver ma sérendipité. Sans rentrer dans les détails de cette merveille qui m'a fait abandonner mon cher Netvibes, disons simplement que ses possibilités de suggestions en fonction du thème de ce que vous êtes en train de lire sont assez sympas.

C'est ainsi que je suis tombé sur ce tweet de @DecouvrirParis,

qui m'a conduit au site en question, qu'il n'est dès lors plus besoin de présenter davantage : un parisien, qui se prend en photo, tous les matins. A 09h09. Pourquoi 09h09 ? Sans doute parce que c'est l'heure à laquelle il a publié son premier message.


Dès le deuxième, le monsieur s'interroge : tiendra t-il longtemps cette contrainte ? 2810 clichés plus tard, on peut  considérer que la réponse est positive.


En voyant ces photos, outre la légitime interrogation sur l'utilité de la chose (mais un blog étant par nature futile, il n'y a là qu'un côté paroxystique dans l'inutilité), et passé le sentiment d'admiration devant une telle ténacité, je me demande dans quelle mesure ces photos sont sincères, et dans quelles mesures elles résultent d'une mise en scène. 


Cependant, en parcourant le site au hasard, on comprend très vite qu'il habite vraiment Paris, qu'il a un goût certain pour les chemises improbables et qu'il est certainement ambidextre. Ces quelques éléménts mis à part, on ne saura pas grand chose sur les motivations profondes de cet acte gratuit.

Ca se passe ici : 09h09.blogspot.com C'est peut-être complétement stupide, c'est certainement inutile, c'est peut-être poétique. C'est ça qui est beau.

06 mai 2010

Quelques chiffres

On entend souvent qu'on peut faire dire ce qu'on veut aux chiffres. C'est vrai. Bien accomodés, présentés avec tout l'apparat de la vraisemblance, ils peuvent parfois faire passer l'illusion pour la vérité, et servir à convaincre un auditoire peu exigeant sur la qualité de la soupe qu'on lui sert.

Il n'empêche. Certains chiffres, même approximatifs, restent des faits, et peuvent servir de base à d'amères songeries pour peu qu'on s'y attarde un peu. 


C'est ce que je me suis dit l'autre jour, en me livrant à quelques rapprochements dérangeants. Je vous les livre sans commentaires, à vous d'en tirer les conclusions que vous voudrez.

Premier cas : si votre vieille maman meurt à l'hôpital, après avoir passé 7 ans dans le coma suite à une erreur médicale, il est possible que l'on vous envoie la facture : 100 000 €. (voir ici et ici)

Pour rappel, un président de la République touche, depuis 2007, 228 000 € (bruts) par an. (voir ici et ici) De quoi largement financer 2 comas pendant 15 ans.


Second cas : il y aurait, selon les sources, entre 400 et 2000 femmes "intégralement" voilées. Au secours, la République est en danger, décrétons la mobilisation générale et votons des lois pour empêcher cette abomination (à tant faire, allez donc voir ici, puis , et encore ici, de l'intelligence made in Eolas)

Pour rappel, il y aurait 47 500 femmes battues en France. 1 sur 10. Une femme meurt sous les coups tous les trois jours. La République n'est pas menacée, ceci relève du domaine privé, voilons-nous intégralement la face, tout va bien.


Troisième cas : s'essuyer les fesses avec un drapeau, ça revient beaucoup plus cher que rouler bourré...

Pour rappel, 4262 personnes ont trouvé la mort sur la route en 2009. Mais la protection du drapeau est sans doute plus urgente que celle des citoyens qu'il symbolise.

04 mai 2010

Actualité de Victor Hugo

Je viens de lire L'archipel de la Manche, longue digression semi-poétique qui sert de prologue aux Travailleurs de la mer ;  je trouve ce passage (Chapitre XVIII : Compatibilité des extrêmes) particulièrement intemporel et adapté à toutes les époques :

Arrivez, vivez, existez. Allez où vous voudrez, faites ce que vous voudrez, soyez qui vous voudrez. Nul n’a droit de savoir votre nom. Avez-vous un Dieu à vous ? prêchez-le. Avez-vous un drapeau à vous ? arborez-le. Où ? dans la rue. Il est blanc. Soit. II est bleu. Très bien. Il est rouge. Le rouge est une couleur. Vous plaît-il de dénoncer le gouvernement ? Montez sur la borne, et parlez. Voulez-vous vous associer publiquement ? Associez-vous. Combien ? Tant que vous voudrez. Quelle limite ? Nulle limite. Avez-vous envie d’assembler le peuple ? Faites. En quel lieu ? Dans la place publique. J’attaquerai la royauté ? Cela ne nous regarde pas. Je veux afficher ? Voilà les murailles. Pensez, parlez, écrivez, imprimez, haranguez, c’est votre affaire. Tout entendre et tout lire, d’un côté, cela implique, de l’autre, tout dire et tout écrire. Donc franchise absolue de parole et de presse. Est imprimeur qui veut, est apôtre qui veut, est pontife qui peut. Il ne tient qu’à vous d’être pape. Vous n’avez pour cela qu’à inventer une religion. Imaginez une nouvelle forme de Dieu dont vous vous ferez le prophète. Personne n’a rien à y voir. Au besoin les policemen vous aident. D’entrave point. Toute liberté ; spectacle grandiose. On discute la chose jugée. De même qu’on sermonne le prêtre, on juge le juge. Les journaux impriment : « Hier la cour a rendu un arrêt inique. » L’erreur judiciaire possible n’a droit, chose étonnante, à aucun respect. La justice humaine est livrée aux contestations comme la révélation céleste. L’indépendance individuelle irait difficilement plus loin. Chacun est son propre souverain, non de par la loi, mais de par les mœurs. Souveraineté si entière et si mêlée à la vie qu’on ne la sent, pour ainsi dire, plus. Le droit est devenu respirable ; il est incolore, inaperçu et nécessaire comme l’air. En même temps, on est « loyal ». Ce sont des citoyens qui ont la vanité d’être sujets.

28 avril 2010

Siné hebdo c'est fini... les pervers narcissiques, ça continue

“Les jeux sont faits, les dés sont jetés, rien ne va plus… On ferme !” Siné 

En ce jour de fin de Siné hebdo, je publie cette vidéo d'un extrait de conversation entre Boris Cyrulnik et Guy Bedos. Je pense que ça va parler à tout le monde.

Juste une citation : "On ne peut pas arriver à un poste de responsabilité si on a trop d'empathie*"




Et n'oubliez pas : "Si c’est la fin de Siné Hebdo, ce n’est pas la fin des haricots !"


*Pour en savoir plus sur le concept d'empathie : De chair et d'âme du même Cyrulnik.

23 avril 2010

Attention au phishing Twitter !

Voilà ce que je viens de trouver en jetant un petit coup d'œil préventif dans mes spams Gmail :


Vous remarquerez que la chose imite très bien le look Twitter. Prudence donc. 

Et pour ceux qui douteraient de l'arnaque, et bien que l'url réelle du lien ne laisse pas de place pour le doute, voici ce que ça donne si on s'obstine, et choisit malgré tout de cliquer sur le lien :



Petit plus spécial noobs
- Définition du phishing
- Téléchargez Firefox 3 pour être protégé !

21 avril 2010

Le mauvais goût est-il passible d'amende ?

Une photographie représentant un homme, mimant l'acte de s'essuyer les fesses avec un drapeau français, doit-elle signifier pour son auteur une condamnation à une forte amende ? Et quel devrait-être le montant de cette amende ? La question mérite d'être posée.

Mais jugez plutôt. Je viens de découvrir cette histoire par hasard (ou plutôt par sérendipité) : la Fnac de Nice organisait un concours photo sur le thème du politiquement incorrect et cette photographie, qui semblait remplir tous les critères pour l'emporter, n'a obtenu que le coup de cœur du jury.


Alors que le cliché gagnant, représentant une femme enceinte en train de fumer, n'a pas suscité de polémique démesurée(1) (il serait apparemment plus grave de fumer dans un film), celle en train de grossir autour de celui-ci prend des proportions inquiétantes, mais accouchera probablement d'une souris, comme d'habitude. 

Sitôt reprise par l'édition locale du quotidien gratuit Metro, l'image a provoqué l'ire de blogs "patriotiques"(2) puis de divers responsables politiques, dont certains se sont carrément "lâchés" - je n'en dirais pas plus, voyez les citations sur le blog de Jean-Jacques Bourdin. Mais désormais, l'affaire est remontée jusqu'à MAM, qui a décidé de porter plainte contre les auteurs de cet "acte inadmissible".

Et c'est là que je suis chiffonné.

On peut avoir les opinions qu'on veut, et attacher de l'importance à un symbole ; personnellement, je trouve cette photo de mauvais goût, mais répondant parfaitement aux critères du concours. Les réactions qu'elle provoque le montrent assez bien.

Histoire de recadrer un peu les choses, prenons des éléments de comparaison. Si , au volant de votre bolide, il vous venait l'idée de dépasser de 50km/h la vitesse autorisée (ce qui est énorme), vous encourrez une amende de 1500 € ; si, toujours au volant, vous vous faites prendre sous l'empire d'un état alcoolique, pour reprendre la poétique expression du Code de la route, il vous en coûtera 4500 € (que les pénalistes ne s'offusquent point, je simplifie volontairement).

Mais pour outrage à la Marseillaise et au drapeau français, vous risquez six mois d'emprisonnement et 7500 € d'amende. C'est ce que prévoit l'article 45 bis de la loi sur la sécurité intérieure du 18 mars 2003(3). L'avocat interrogé par 20minutes affirme sans rire, que "C’est le seul fondement sur lequel on peut agir".

En-effet. Je pense moi aussi que les autres sont un peu trop vieux pour le panpan culcul...

***

1/ A telle enseigne que je n'ai pas pu trouver trace du cliché gagnant sur le web...
2/ On va dire comme ça
3/ Article non applicable en l'espèce, la décision du Conseil Constitutionnel du 13 mars 2003 excluant de son champs d'application les oeuvres de l'esprit (lien : considérant 104) Voilà pourquoi, une fois de plus, la montagne démagogique accouchera d'une souris...

20 avril 2010

Un auteur du tonnerre Dedieu

Thierry Dedieu est un auteur et illustrateur pour la jeunesse que j'ai découvert de façon assez paradoxale : à cause de ses ennuis.
Les jours de ma vie d’auteur sont comptés, je suis en sursis. Je me sens dans la peau d’un diplodocus juste après la collision avec l’astéroïde, De Gaule après Mai 68, Mesrine coincé dans les embouteillage,porte de Clignancourt.« On » me fait comprendre que je fais des bouquins comme il y a dix ans, quand on pouvait se permettre de faire des livres sans princesse, sans lutin et sans dauphin. Fini. Terminé. Retour vers le futur.

Voilà donc un auteur qui fait des livres de grande qualité, et auquel on propose l'alternative suivante : arrêter tout de suite ou faire du "commercial". Rendez-vous compte : cet insensé refuse d'inclure des fées, des vampires, des licornes ou des poneys dans ses histoires ! Rien qui puisse servir de passe à de lucratifs produits dérivés, de la gomme imprimée à la trousse scintillante, en passant par le cahier, le cartable à colorier et l'album à scratch, à moins que ce ne soit l'inverse.

Mais il parait que ça va mieux. Il vient de recevoir le prix Sorcières, décerné par l'ALSJ (association des librairies spécialisées pour la jeunesse) pour l'ensemble de son travail de 2009. Espérons que cela lui permettra de sortir de ce cycle infernal de la qualité qui ne fait pas vendre...


En parcourant son blog, j'ai trouvé un lien vers Dedieu à l'école, où il expose le résultat de ses travaux avec des enfants, lors de ses interventions dans les écoles ; je trouve que cela fait un bon prolongement à mon billet sur le musée des enfants, ce qui tend à prouver que décidément, les enfants ont du talent.



Les images présentées dans cet article sont l'œuvre des enfants (sauf la première !) ; elles sont extraites des articles des blogs de Thierry Dedieu déjà cités.

09 avril 2010

Un air de famille

Il y a environ un an, j'ai évoqué le travail du photographe Bobby Neel Adams, qui associait des visages par moitiés : le père et le fils, le mari et la femme, ou bien encore la même personne à deux âges de sa vie.

Je suis tombé récemment sur le blog de Cali Rezo, graphiste, qui s'est essayée à cet exercice avec des générations d'acteurs et d'actrices. 


Le résultat du montage est souvent bluffant.


J'avoue que je ne connaissais pas toutes ces filiations... Pour les Delon, Douglas, Birkin/Gainsbourg, je pense que tout le monde sait, mais j'ai découvert des familles au passage... Quand ils disent "le cinéma est une grande famille", ce n'est pas qu'une métaphore !

Pour savoir qui est qui (si, comme moi, vous ne les auriez pas tous reconnus), voir les images en grand et découvrir un chouette blog, c'est par ici : De l'autre côté des cailloux

31 mars 2010

L'appel du meuporg

Comme vous en avez tous entendu parler, je ne reviens pas sur les faits. Ah ? Il y a en au fond qui n'ont pas suivi ? Vous dormiez ? Bon, leçon de rattrapage : un journaliste de Télématin, émission jeune, techno et geek si il en est, s'est lancé, l'inconscient, dans un long développement sur l'addiction vidéoludique, se terminant en apothéose lorsqu'il désigne le coupable de tous les maux dont souffre notre belle jeunesse : le meuporg.

Le quoi ? Mais le meuporg voyons :


Ah oui, quand même, hein ? Il a beau être matinal, il a mal.

Je sais, c'est facile de se moquer, mais j'avais prévenu dès le titre.

Depuis, dans un éclat de rire général, le barbarisme (ou le néologisme ?) a fait l'objet de multiples reprises, parodies, détournements, caricatures, dont cet excellent remix, trouvé hier soir sur Ecrans :


Depuis, c'est la gloire. Nathanaël de Rincquesen est en passe de devenir la nouvelle idole des jeunes, le meuporg a un site a son nom, ainsi que l'inévitable page Facebook qui va avec et... France 2 a acheté le mot clé chez Google.

La gloire vous dis-je.

26 mars 2010

La honte est sur nous et pas sur eux

Si je devais citer Me Eolas à chaque fois qu'il dit quelque chose que j'approuve, c'est bien simple, je passerais mon temps à ça. Heureusement pour l'intérêt tout relatif de mon blog, je m'abstiens la plupart du temps, me contentant de relayer sa bonne parole sur Twitter, Del.icio.us, parfois Tumblr, et sur ma liste de partage Google.

Rassurez-vous, je ne suis pas idolâtre pour autant, il m'arrive de n'être pas d'accord avec les opinions de l'avocat blogueur le plus célèbre de France - je me souviens notamment de son débat Twitter au sujet de la religion avec Jean Quatremer, qui m'avait particulièrement agacé. Mais on connait ma position sur la religion...

Mais sur la nouvelle polémique qui passionne les médias qui n'ont rien de mieux à raconter, la désormais fameuse "affaire Zimmer", je ne peux que partager son avis. Ca se passe ici.
 
Et tout ce que retiennent Eric Zemmour et Philippe Bilger, c’est l’origine ethnique des délinquants, comme si elle était pertinente. C’est s’arrêter à la surface. Et pointer du doigt toute une population qui partage ce trait physique majoritaire chez les délinquants. Comme si elle avait besoin de ça.


Regardez donc les grands criminels, ceux qui peuplent les assises, ceux qui violent ou tuent. Marc Dutroux est-il arabe ? Michel Fourniret et Monique Pelletier sont-ils noirs ? Francis Heaulme ? Didier Gentil ? Marcel Petiot ? Patrick henry ? Yvan Colonna ? Les tueurs de l’ETA ? Ou sans aller chercher les grands criminels, Céline Lesage, Véronique Courjault, Marc Cécillon puisqu’il faut bien que je parle encore un peu de rugby ? On me rétorquera Youssouf Fofana et Omar Radad ; mais je n’affirme nullement que les noirs et les arabes sont à l’abri du crime. Mais ôtez le moteur de la pauvreté et du désespoir social (et le crime de Fofana, avant d’être raciste, est avant tout crapuleux), et miracle, la part de la population pauvre diminue instantanément. Il n’y a pas de gène de la criminalité. En est-on à devoir rappeler de telles évidences ?

Les box des tribunaux correctionnels ne sont pas remplis de noirs ou d’arabes. Ils sont remplis de pauvres désespérés. C’était déjà le cas il y a un siècle, quand le blanc était la couleur dominante.

La France n’a pas échoué à intégrer les populations qu’elle a fait venir d’Afrique ces cinquante dernières années. Elle n’a même pas essayé. C’est cela que la couleur des prévenus nous rappelle à chaque audience. C’est que pas un seul d’entre eux, bien que né en France, n’a pensé une seule seconde qu’il avait une chance de devenir lui aussi médecin, avocat, juge, journaliste au Figaro ou avocat général.

La honte est sur nous et pas sur eux.

Encore un mot, malgré tout : n'accablons ni Zemmour, ni Bilger. A l'instar d'Aliocha, je pense que chacun doit pouvoir exprimer son opinion sans encourir les risques d'un lynchage, qui, fut-il virtuel, n'en reste pas moins violent.

Après tout, ce n'est pas parce que Voltaire n'a jamais dit la phrase suivante qu'elle ne mérite pas qu'on lui accorde de l'attention : 
"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire."