14 juillet 2006

Intermède... en attendant la suite


Jeudi soir, 22h. La semaine est terminée, je suis de facto en vacances.
Je suis à nouveau sur la Place de la Libération ; venu pour voir le spectacle du jour, Shadow blues. Une affiche sur la porte menant à la cour de Bar m'indique néanmoins qu'il me faudra attendre jusqu'à 22h30.

Bah, tant pis, flânons un peu.

Je refais un tour de Palais, l'accès à la cour de Flore étant bloqué pour les préparatifs de Tongs #01 ou L'art de ne rien faire. J'y reviendrais. La cour Grand Siècle, recouverte de pelouse, est méconnaissable, et des techniciens s'affairent : il y a des lumières à régler, des guirlandes de tongs à accrocher (si, si), milles détails urgents ; quelques spots commencent à tourner en tout sens, les tongs s'agitent au gré du vent et les bordel, fait chier putain et autres écoutes moi connard fusent dans l'air tranquille. On voit par là que le langage des techniciens est hermétique pour le profane.

Je m'accoude à une barrière métallique, contemple un instant tout ceci et, me souvenant des conseils d'Estelle (voir le billet précédent), j'adresse un large sourire à la semi-pochtronne avachie à ma droite.
- C'est sympa ce gazon, non ?
- C'est du gazon synthétique !
- Ah non, regardez : ce sont des rouleaux qui sont posés par terre, mais c'est du vrai gazon
- Grmblfb [borborygme incompréhensible] C'est du synthétiiiique !!!
Je décide prudemment de m'éloigner avant qu'elle ne me morde...

Nouveau tour de piste... Quelques photos supplémentaires de ces fontaines qui sont au centre de toutes les attentions -sauf pour les gamins qui ont très vite compris l'aspect ludique de la chose- et soudain je comprend que si l'horaire du spectacle a été décalé, c'est pour cause de défilé. D'abord un mouvement de foule imperceptible, puis une moto de la police municipale. Une vibration de tambours s'approche, arrivant par la place Saint Michel.
Eh bien, allons donc voir...
Cette photo n'est pas floue, c'est de l'art... nuance !

La troupe de souffleurs de clairon et de vieillards portant drapeau s'achemine jusqu'à la cour d'honneur, trajet durant lequel je m'amuse à regarder la facilité avec laquelle les badauds -tous antimilitaristes convaincus n'en doutons pas- adoptent un pas cadencé au son martial de la fanfare.

Ils s'installent, le maire et quelques officiels à dorures sont là ; le concert va pouvoir commencer. Ceux qui ont l'habitude de me lire doivent déjà savoir à quoi je pensais alors...

Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre,
Dont les soldats parfois inondent nos jardins,
Et qui, dans ces soirs d'or où l'on se sent revivre,
Versent quelque héroïsme au coeur des citadins.


Eh bien, nul héroïsme ne s'est déversé en mon coeur. Je partage l'ironie de Baudelaire en la matière ; ce genre de musique ne me touche pas beaucoup, et la disco du Magic Mirror la veille m'a fait plus d'effet, c'est tout dire...

C'est délibérement que j'ai saisi ces quelques instants en noir et blanc : j'ai essayé de mettre en avant le caractère non pas tant intemporel, mais répétitif de la chose...
C'est pourtant fort bête d'être joyeux, à date fixe, par décret du gouvernement. Le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient, et tantôt férocement révolté. On lui dit "Amuse toi" Il s'amuse.
Et ce n'est pas moi qui le dit, c'est Maupassant...

22h30, les tubas expirent leurs dernières notes, la porte s'ouvre sur la cour de Bar, le spectacle va commencer...
[à suivre]

***

Et zou, la séquence culturelle :

3 commentaires:

  1. t'as le don toi pour placer l'extrait qui fait mouche !!!

    RépondreSupprimer
  2. "Cette photo n'est pas floue, c'est de l'art... nuance !"
    Mouhahahaha!!! Et la marmotte elle met le chocolat dans le papier alu...

    RépondreSupprimer
  3. **Croise les bras et se met à bouder**

    RépondreSupprimer

Le formulaire qui apparaitra suite à votre commentaire est destiné à vérifier que vous êtes bien un être humain. Si vous avez quelque chose à dire, allez-y ! Si vous êtes un robot, bonne chance pour le test =)