31 décembre 2013

Astérix chez les pictes

J'ai lu le nouvel Astérix. Dans l'ensemble, c'est plutôt un soulagement, même si je reste sur ma faim. Soulagement, car après les catastrophiques albums précédents (de La rose et le glaive à Le ciel lui tombe sur la tête), on retrouve un personnage et une aventure conforme à ce que l'on est en droit d'attendre de l'univers. Mais pas plus. Du service minimum en fait.

D'accord, il y a quelques bonnes planches, des jeux de mots de bon aloi (la page sur le "fondu enchaîné" par exemple), mais aussi des gags creux et pas mal de redites, comme Assurancetourix qui a "encore raté une marche". Il ne sert à rien de faire des clins d’œil aux connaisseurs, on attend plutôt du neuf, du drôle, du bon.

L'histoire en elle-même est un peu légère, c'est presque un copié-collé du scénario du Grand fossé, jusqu'au chef des méchants qui n'est pas sans évoquer Acidenitrix, dans un style de personnage vaguement pas humain. Il ne se passe pas grand chose, il n'y a pas de rebondissements, aucun suspens et j'ai déjà un peu de mal à me rappeler de ce qu'il s'est passé entre la découverte du calédonien sur la plage du village et le banquet final.

Un détail qui en dit long : la place accordée à Ferri et Conrad sur la couverture. Si, si, ils y sont, cherchez bien. On sent que papy Uderzo est derrière leurs épaules ; il y a pas mal d'attitudes figées, un peu comme les mimiques forcées d'un vieux comique fatigué, ou l'humoriste duquel on attend "la" phrase qui a fait son succès. J'ai eu l'impression diffuse qu'il y avait comme objectif de caser le maximum de figures imposées dans cet album : la rencontre avec les pirates, les disputes d'Astérix et Obélix, il est frais mon poisson, qui c'est qu'est gros ? etc.

Le dessin est fidèle à l'original... trop fidèle ? Il faut parfois savoir trahir intelligemment. Prenez par exemple l'excellent travail de Juillard qui a repris Blake et Mortimer (La machination Voronov) : on voit bien que ce n'est pas le dessin de Jacobs, mais ça passe super bien, parce que le style a été conservé, sans que ce soit du décalquage. J'ai l'impression désagréable qu'Astérix et Obélix sont en train de se cartooniser : un catalogue d'expressions figées, des histoires où il ne se passe rien, des dialogues et des gags mous.

Mais je râle, je râle...  Que voulez-vous, c'est mon côté gaulois grincheux. Je regrette, comme beaucoup, le côté trop enfantin et premier degré de cette BD. J'ai été nourri à l'Astérix dès mon enfance, j'ai lu et relu tous les albums, m'émerveillant à chaque fois, parce que j'avais compris un nouveau jeu de mot, saisi une allusion... Un album comme celui-ci, ça ne fera pas rire le petit garçon devenu adulte qui le relira dans 20 ans. Alors que Le domaine des dieux ou Le bouclier arverne, ça me fait toujours marrer.

Faut-il garder l'espoir ? Je ne peux que souhaiter aux deux nouveaux titulaires de la franchise de réussir à s'affranchir du souvenir de leurs glorieux ainés et de la pesante tutelle d'Uderzo. 

Alea jacta est.


06 décembre 2013

In memoriam Nelson Mandela (1918-2013)

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.


Invictus, William Ernest Henley, 1875