31 janvier 2011

Lectures et autres nourritures culturelles de janvier

C'est une petite idée comme ça, à voir si je la maintiendrai sur la durée : faire un petit récapitulatif mensuel de mes découvertes culturelles. Dans un premier temps, j'avais pensé ne traiter que de mes lectures, puis je me suis dit que c'était un peu réducteur.

Voici donc mes lectures de janvier, et quelques autres points d'intérêt d'hiver et variés. Le cas échéant, j'ai placé un lien vers un article où j'aborde ce thème.

Livres :
  • Fondation foudroyée, suivi de Terre et Fondation / Isaac Asimov : ma petite citation du début du mois ne fait pas réellement justice à cette œuvre. Il faudrait que je me presse le citron pour écrire une chronique à la hauteur du cycle de Fondation. Dur, dur...
  •  Conte de fées à l'usage des moyennes personnes / Boris Vian
  •  Trouble dans les andains / Boris Vian
Boris Vian, c'est la découverte de ce début d'année. Je ne l'avais jamais lu auparavant, alors autant l'attaquer dans l'ordre chronologique. C'est jazz, c'est swing, ça joue sur les mots, c'est Vian. 

  • XXI n°13 : mais pourquoi n'ai-je toujours pas écrit la chronique somptueuse que cette revue mérite ? 
  •  Lecture en cours : Vercoquin et le plancton ; c'est une sorte de suite de Trouble dans les andains, mais en plus contrôlé, et en plus long.

BD :
  • Blake et Mortimer : La malédiction des trente deniers  
  • Largo Winch : Mer noire / Francq et Van Hamme : comme dans tous les Largo Winch, Largo se trouve dans un pétrin ahurissant à la fin du tome. Rassurez-vous, il s'en sortira les doigts dans le nez du méchant au tome suivant. J'ai bien aimé la première page, avec la lettre de Winch à ses employés sur la crise financière. C'est ce que j'ai lu de plus clair sur le sujet depuis 2008...

Cinéma : 

DVD :
  • Peut-être / Cédric Klapisch : Romain Duris passe dans un trou du plafond, se retrouve au même endroit 70 ans plus tard, et rencontre son fils (Jean-Paul Belmondo) qui le supplie de le concevoir. Dans un Paris recouvert par le sable. J'ai un projet de chronique là dessus. Je l'écrirai un jour, peut-être...
  • Alegria (Cirque du Soleil) : féérique...

Spectacles :
  • Florence Foresti, au Zénith de Dijon : c'est drôle
  • Ad astra (danse) : c'est spécial. On en parle ici.

28 janvier 2011

Chronique des lecteurs sincères

Je ne pense pas l'avoir déjà dit ici, mais je lui ai déjà écrit en commentaire : j'aime beaucoup les comptes-rendus de lecture de paysanheureux. Parce qu'il dit avec des mots simples s'il a aimé ou pas, et pourquoi.  En un mot, il ne se prend pas la tête. C'est un peu comme une discussion avec un collègue, le matin, une tasse de café à la main,  lorsque l'on raconte le film que l'on a aimé ce week-end, le livre que l'on a lu pendant les vacances, et si tu veux je te le prête, ah mais attend faut que j'finisse la pavé dont on parlait la semaine dernière...

Dans son dernier billet, il exécute d'une image le pourtant primé "La vie est brève et le désir sans fin"
"La vie du personnage principal, un raté, se résume à la course au coït avec un zombie"
tout en s'interrogeant sur les motivations profondes des choix des jurys littéraires et partant, sur le rôle de prescripteurs que devraient jouer les libraires ; ou plutôt, sur celui qu'ils jouaient autrefois, quand vendre des livres n'était pas tout à fait une activité commerciale comme une autre.

Je ne peux que déplorer avec lui la disparition des "petites" librairies -et pas seulement en milieu rural : même en ville, il n'y a désormais que des Flaques, des Europe 2 Megastore, des Culte du rat, et autres enseignes du groupe Brima ... Parfois, on a la chance de tomber sur des individualités généreuses et passionnées, mais ce genre de personne est souvent sacrifiée sur l'autel du profit. Les autres vendant du livre comme un entrepreneur de pompes funèbres son petit matériel : avec une chaleur factice.

Les prix littéraires, n'en parlons même pas. A quelques brillantes exceptions près -Les bienveillantesLa bataille, les livres de Jean Echenoz- mes lectures en ce domaine ont été à l'image du commerce évoqué au paragraphe précédent : mortelles. En vrac, et sans ménagement, parce que ça défoule : La maîtresse de Brecht est un sommet d'ennui, La petite chartreuse une histoire bête pour faire pleurer Margot ; et La carte et le territoire, je vous dirai tout le mal qu'il faut en penser quand je me serai décidé à le lire.

Ce qui me plait dans les discussions avec les vrais amateurs de lecture, ce que j'aime dans ce type de note de blog, c'est la sincérité qui s'en dégage : on ne s'érige pas en censeur, en petit critiquounet de pacotille ou en arbitre des élégances littéraires ; non, on dit ce qu'on a aimé, on se reconnait mutuellement le droit de n'avoir pas apprécié, pas compris, de ne pas être "rentré" dans le livre, voire de l'avoir trouvé ennuyeux, de l'avoir abandonné avant la fin, et d'en avoir finalement fait un usage plus utile en calant sa table de nuit avec.

Tout le contraire de nombre d'émissions littéraro-nombrilesques, de pédants qui jugent de la qualité d'un livre à son nombre de pages, ou de certains blogs se prétendant littéraires. Mes vrais coups de cœur littéraires, mes vraies découvertes, je les dois aussi à tous ces lecteurs, tous ces passeurs du quotidien, tous ceux qui savent parler de livres le plus naturellement du monde, sur leur blog, ou le matin au bureau avec une tasse de café à la main, avec passion et sincérité.

19 janvier 2011

Blake et Mortimer : La malédiction des trente deniers

J'aime bien Blake et Mortimer. Leurs aventures presque pas croyables, mêlant action, fantastique, scientisme à la Jules Verne et mystères souterrains ; les costumes en tweed, les nœuds papillons, les uniformes ; le charme désuet d'une série qui nous transporte dans des années 50 qui n'en finissent jamais ; leur flegmatique habitude de ne pas mourir. A tel enseigne qu'ils ont même réussi à survivre à la disparition de leur créateur en 1987.

Blake et Mortimer, c'est une Angleterre fantasmée, issue des amours de Kipling et de Chapeau melon et bottes de cuir, née dans l'imagination d'un belge. Série culte, elle est devenue ce que Tintin aurait pu être sans le carcan judiciaire qui l'entoure. Et nous avons tous retenu quelque chose de Blake et Mortimer : "Par Horus demeure !", l'espadon, la marque jaune, Nasir, le colonel Olrik...


Ce nouvel épisode, où les héros vont devoir se confronter au mystère entourant les trente deniers reçus par Judas comme prix de sa trahison du Christ, reprend tous les éléments que le lecteur est en droit d'attendre  : une énigme, un super-méchant mégalo, Olrik en ennemi récurrent, des accidents de voitures, quelques naufrages, des explosions, et un soupçon de surnaturel.

L'idée de départ ? L'apôtre renégat Judas a raté son suicide (encore un coup de Dieu, toujours à se mêler de tout) et est enterré, bien des années plus tard, par une communauté chrétienne réfugiée sur une petite île grecque. Avec seulement 29 de ses deniers. Et les deniers, ce n'est pas la peine qu'il y en ait beaucoup pour qu'il y ait des problèmes. Le denier perdu est donc le point de départ  d'une foultitude d'aventures, à cause de la malédiction divine qui tombe sur la tronche de tous ceux qui tentent de s'en emparer, bien sûr.

Pour ma part, je préfère la vision de Judas imaginée par Borges dans la nouvelle "Trois versions de Judas", où il émet l'hypothèse que Dieu s'est fait homme jusqu'à l'infamie, et que le Christ n'est pas Jésus mais Judas... Mais revenons à nos deniers. Traité en film d'aventure, le sujet aurait pu donner un Indiana Jones 4 mieux inspiré, un peu dans le style "Les aventuriers du denier perdu", ou un OSS 117 de plus avec les nazis dans le rôle du méchant, comme d'habitude. De toute façon, pour Jacobs, de manière plus ou moins allusive, c'étaient toujours les nazis les méchants - jusqu'à Olrik, inspiré par le facho anglais Oswald Mosley. Mais même sans la photographie qui le prouve, la référence à la Seconde Guerre Mondiale dans le Secret de l'espadon est assez évidente.

C'est pour cela que je suis un peu gêné par l'entêtement montré par les auteurs des albums post-Jacobs à rattacher B&M à des références historiques (Sptounik dans La machination Voronov, improbable accord entre Hitler et l'empereur Basam-Damdu ici) : on gagne en ancrage dans la réalité ce qu'on perd en charme et en allusion, c'est dommage.


Quitte à faire des références, je préfère les discrets clins d'œil à Tintin du premier tome, que j'aurais aimé retrouver dans le deuxième, qui m'a un peu déçu. Jusqu'à la fin un peu trop grand guignol, où Dieu va encore intervenir, décidément c'est une habitude chez lui. N'est pas Spielberg qui veut et, à une fin à la Indiana Jones, j'eusse apprécié une conclusion à la Ric Hochet, avec explication rationnelle du mystère, démontage de la manipulation, et tea time après avoir bâillonné la Castafiore, mais je crois que je me mélange un peu les pinceaux dans le franco-belge.

Je pense que les auteurs ont voulu nous refaire une fin à la façon du Mystère de la Grande Pyramide, mais il manque le petit quelque chose qui fait qu'on accroche complètement. Il faut faire attention avec les recettes qui paraissent éprouvées : elles ne sont pas toujours à appliquer à la lettre. Mais ne me faites pas écrire ce que je n'ai pas dit, j'ai quand même passé un bon moment en lisant cet album, qui, bien que n'étant pas le meilleur de la série, a su trouver quelques astuces pour imposer sa marque, comme les petits signes montrant le vieillissement des héros, qui leurs donnent un côté plus humain :
Une constatation s'impose old chap : nous ne rajeunissons pas.
C'est peut-être un mystère mais c'est ainsi, les héros vieillissent tout en restant jeunes, et continuent à nous faire rêver tels les quatre mousquetaires dans Vingt ans après. Seule la mort pourra les arrêter. Mais ces deux là paraissent bien décidés à continuer à ne pas disparaître. Peut-être Dieu s'en est-il encore mêlé. On ne va pas s'en plaindre.

***

A la fin de ma lecture comme de cette chronique, bien des questions restent encore sans réponse, et je les soumets à votre sagacité, sages lecteurs : 
  • à quel moment Mortimer peut-il bien se raser la moustache à la page 20 du tome 2 ?
  • pourquoi les pipes que les personnages arborent tout le temps ne font-elles pas de fumée ?
  • pourquoi Olrik est-il aussi méchant qu'un Orangina rouge ?

11 janvier 2011

De mignons émotifs anonymes chroniques

Dans le dernier spectacle de Gad Elmaleh -Papa est en haut- il y a une interjection qui revient assez régulièrement, principe de comique de répétition oblige : "C'est mignon"


Lorsque Gad (oui, on s'appelle par nos prénoms, on est super proches) dit "c'est mignon", ce n'est pas moqueur, c'est réellement parce que c'est mignon. Il est en va de même pour qualifier le film Les émotifs anonymes. C'est réellement mignon. C'est à dire que c'est mignon, pas mièvre, ni dégoulinant de sensiblerie, et pas non plus fouillé dans un tripatouillage de sentiments à la Isabelle Huppert, non, c'est mignon tout court, et ça fait du bien. 


L'histoire est assez simple : Jean-René, patron d'une chocolaterie, hyper-émotif, embauche Angélique, super-émotive, comme vendeuse chargée de promouvoir ses chocolats auprès des boutiques de la région. Mais Angélique ne postulait pas pour le poste de vendeuse, elle est chocolatière... Seulement, ils sont l'un comme l'autre bien trop timides, que ce soit pour mener un véritable entretien d'embauche ou pour oser faire part de l'erreur.




Angélique participe à un groupe d'émotifs anonymes, Jean-René voit un psy, ou un coach ; la première fait des efforts monumentaux pour surmonter ses bouffées d'angoisse, le second se voit confier des exercices par son coach : toucher quelqu'un, inviter une femme à diner...

Devinez un peu sur qui il va "s'exercer" lors de plusieurs situations burlesques et attendrissantes...

C'est mignooon !

Isabelle Carré est gentiment émouvante et Benoît Poelvoorde, à la limite du contre emploi, fait un extraordinaire numéro de timide pathologique. C'est mignon !  Et ça fait tellement plaisir de temps en temps !

08 janvier 2011

Harry Potter et les reliques de la mort - première partie

Ce n'est un secret pour personne, je suis fan d'Harry Potter. Le jour où je suis tombé dedans, j'ai  dévoré les quatre premiers tomes, avant de rejoindre la cohorte des lecteurs avides de connaître la suite. C'était un délicieux supplice, où l'attente participait autant au plaisir que la lecture du livre en elle-même. Mais la fin est arrivée. Et le manque avec. Les vrais fans me comprendront : jamais plus nous ne lirons une nouvelle aventure de Harry ; pire, jamais plus nous ne connaîtrons le sentiment de la découverte lié à la première lecture, avec ses surprises, ses émotions, l'attachement aux personnages.

Dans un premier temps, j'ai d'abord refusé de voir les films. Trop attaché aux impressions des livres, refusant que l'on m'impose des visages et des lieux à la place de ceux que je m'étais imaginé, gardant trop en mémoire les détails du texte pour profiter de l'histoire, je n'en aurais de toute façon pas profité.

Flûte, je m'a gouré de logo

J'en ai finalement vu un - le premier de la série. Ce devait être un peu avant mon arrivée à Dijon : dans une chambre d'hôtel solitaire, sur une télévision minuscule, avec un lecteur de DVD à bout de course. Autant dire que c'était un pêché véniel. Je n'ai ensuite vu que Le Prince de sang mêlé, passant au travers de la promotion tapageuse de 3 films successifs. 

Et puis... le temps a fait son œuvre. J'ai oublié les détails des livres, j'ai eu envie de ressentir de nouveau un peu d'effet Harry, ne serait-ce qu'à travers le prisme d'un film. Voilà pourquoi nous avons vu Les reliques de la mort cet après-midi. Je suis satisfait de ces 2h30 de potterrisme. L'essentiel est là, y compris ce que j'avais oublié. L'ambiance est presque aussi sombre que celle du livre, avec peut-être une pointe d'émotion supplémentaire -grand écran oblige. Et aussi parce que j'ai lu chacun des livres très vite, ne prenant pas forcément le temps de m'approfondir sur les passages émouvants. 
"Ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes." 
(Aucun rapport avec le schmilblick, mais j'aime beaucoup cette citation de Dumbledore)
Je ne cacherai pas avoir été très sceptique quand j'ai appris que le septième tome serait adapté en deux films.  Après visionnage, je dirais que ce premier film couvre un peu moins que les 3/4 du livre et je trouve que le réalisateur a su tirer parti des longs passages d'errance de Ron, Hermione et Harry à travers la campagne, sans pour autant tomber dans le piège d'assommantes longueurs. J'avais apprécié à sa juste valeur cette quête initiatique dans le livre, où les trois protagonistes se perdent, se retrouvent, affrontent des dangers trop grands pour eux. Je persiste d'ailleurs à trouver des points communs entre ce volume et La Communauté de l'anneau... voire entre la saga Harry Potter et Le seigneur des anneaux en général.  Mais ce n'est pas mon sujet aujourd'hui. J'en reparlerai peut-être... après la sortie de la deuxième partie. 

Que je suis impatient de voir pour le coup.

05 janvier 2011

Citation : Fondation foudroyée

Je viens de terminer Fondation foudroyée ; on peut notamment y lire la phrase suivante :
"Il me semble [...] que le progrès de la civilisation tend essentiellement à limiter la vie privée des gens."
Il me semble que cette affirmation tend à devenir de plus en plus vraie...

Fondation foudroyée / Isaac Asimov, 1982