14 décembre 2009

Chronique musicale : Francis Cabrel

Il y a quelques nuits de cela, j'ai rêvé que je discutais avec Francis Cabrel. Je ne me souviens pas de tous les détails, mais je me souviens très bien que je lui posai une question qui me tient à cœur depuis longtemps : pourquoi la chanson Octobre s'appelle t-elle ainsi ? Il est question de vent, de brume, de feuilles qui tombent, de buée et de bouts de laine ; toutes choses qui m'évoquent plutôt novembre, à tout le moins l'hiver. En tout état de cause, je ne peux me résoudre à imaginer que l'automne soit aussi rigoureux, du côté d'Agen.

Il me répondit plus ou moins que c'était une licence poétique : il avait choisi le mot octobre parce que c'était mieux pour la rime. C'est ce que j'avais toujours pressenti. Il va sans dire que je tirai de cette confirmation un plaisir extrême.

Octobre

Je me réveillais avec la vague crainte d'apprendre la mort de Francis Cabrel à la radio. C'est une crainte fondée : la seule fois où j'ai rêvé de C Jérôme, il est mort trois jours plus tard. Mais je n'étais pas fan de C Jérôme, alors que j'aime beaucoup Cabrel au point, vous l'avez vu, de l'inviter à discuter de ses chansons autour d'une table, ne serait-ce qu'en rêve.


Il y a tout juste un an, Chérie de Sammy et moi-même l'avons vu au Zénith de Dijon. D'accord, ce n'est pas Bernard Lavilliers, ce n'est pas non plus Benabar, dont je vous entretiendrai sans doute une autre fois. Mais je retirai de cette soirée le mémorable sentiment d'avoir vu le bonhomme "en vrai", au moins une fois, qui sera probablement la seule, mais je n'en demande pas plus pour ne pas avoir ce regret dans ma vieillesse.

Oui, j'ai désormais décidé de vivre cent ans, entouré de nombreux petits enfants, auxquels j'infligerai mes souvenirs du temps où j'allais voir Francis Cabrel sur scène. Chacun ses rêves.


La robe et l'échelle

Les chansons de Francis Cabrel, et tant pis pour les grincheux, les moqueurs, Laurent Gerra et autres guignols, ce n'est pas la cabane (au fond du jardin), la moustache, les cailloux, la guitare, la moustache, les rimes en -ou et la moustache.

Aviez-vous seulement remarqué qu'il ne l'avait plus, sa moustache ? La transformation est si traumatisante pour certains qu'elle leur manque déjà.

Mais il y a quoi dans ses chansons alors ? (à part les cailloux, la moustache et le jardin déjà évoqués) A mon sens, la première chose chantée par Cabrel c'est l'amour, que ce soit celui pour la même femme, Mariette :


ou celui pour l'humanité en général, voire une certaine forme d'écologie.

Les hommes pareils





Au fil des années, ses chansons tendent à devenir des ballades, rêveuses, poétiques, un brin mélancoliques, pas encore désenchantées, mais toujours suspendues entre le tendre et l'amer ; toujours de l'amour, de belles mélodies, quelques hommages aux grands anciens ; toujours le goût de la phrase bien tournée, le texte qui fait sens, le sens du mot juste.

Même si il faut pour cela rendre octobre plus frileux qu'il ne l'est.

10 décembre 2009

Vaccin, le retour de la vengeance. Chronique pleine de 8

Les choses ne se passent jamais totalement telles qu'on les prévoit, ou telles qu'on les espère. Il n'est donc pas étonnant qu'il en soit ainsi pour la vaccination anti-pandémiedelagrippeA. Comme je l'expliquais il y a 8 jours, c'est d'un pas décidé à prolonger mon espérance de vie que je m'étais rendu dans mon centre de vaccination, dans l'espoir déçu d'un rendez-vous.

Le lendemain même de cette chronique, le dieu de la vaccination préventive a bien voulu que quelqu'un réponde au bout du fil - à moins que la dame préposée au téléphone ne lise mon blog, ce qui m'étonnerait quand même un peu- dès 8 heures du matin.

Rendez-vous fut donc pris pour le 8 décembre, soit ce mardi, c'est donc un tout nouveau vacciné qui écrit ces lignes. Premier constat : toujours aucun effet secondaire. Deuxième constat : j'ai écrit trois fois le chiffre 8 en quelques lignes, c'est peut-être ça, l'effet secondaire ?



Photo de Pterjan


Troisième constat : l'affaire est pliée en un quart d'heure. Accueil, discussion avec la dame de l'accueil, signage et remplissage de formulaires, attente du docteur qui papote, papotage à mon tour avec le docteur, réponse d'icelui à mes questions (car je suis très curieux), passage à l'étage piqûre, piqûre, redescente : un quart d'heure.

Il va sans dire que je suis très déçu. Non, je ne suis pas déçu que le barbarisme "signage" ne provoque pas chez vous une onde de colère qui serait ressentie jusqu'en Papouasie-Nouvelle-Guinée  (mais peut-être ne suis-je lu par aucun instit ?). Je suis déçu de ne pouvoir exercer un légitime courroux (Guyane) à l'encontre d'une organisation administrative à laquelle je n'ai rien à reprocher.

Moi qui m'étais préparé physiquement (gants, écharpe, chapeau), mentalement (stock d'intéressantes lectures) et moralement (Fear is the path to the dark side. Fear leads to anger. Anger leads to hate. Hate... leads to suffering), je n'ai même pas eu le temps de m'impatienter. A telle enseigne que j'ai commencé par croire le centre de vaccination fermé.

Puis j'ai vu la lumière à l'intérieur.

Mais quoi, un quart d'heure ! Bon, je veux bien aller jusqu'à 20 minutes, mais c'est bien parce que c'est vous. Mais je reste persuadé que je ne suis resté que 16 minutes. Deux fois 8 minutes. C'est mieux. Moi qui avais prévu de râler, d'écrire une chronique magnifique, avec des tas de mots compliqués, où j'aurais dénoncé l'incurie, la gabegie, le ratage, la désorganisation complète... Eh ben c'est raté.

02 décembre 2009

Un vaccin vaut-il mieux que deux tu l'auras ?

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le sujet à la mode, en ce moment, c'est la grippe mexicaine du cochon A. D'ailleurs, j'aimerais bien qu'on m'explique une chose : pourquoi "A" ? C'est pour ne pas vexer les mexicains ? Et la grippe espagnole, de sinistre mémoire ? On ne s'est pas beaucoup soucié des espagnols quand on l'a baptisée, que je sache. Pour le cochon, je peux comprendre. Sans doute a t-on voulu éviter des effets comiques involontaires. Vous imaginez un peu, la conversation, le lundi matin au bureau ?

- Tu connais la nouvelle ? Machin a la grippe du cochon !
- Machin ? La grippe cochonne tu veux dire !
- [rires gras] 
- etc.

Vu sous cet angle, on a bien fait de changer le nom. La situation est déjà assez pénible comme ça.

Même si cette pandémie procure à nos existences jusqu'alors bien peu palpitantes un sens nouveau, elle amène également une foule de questions passionnantes, allant de "vaccin or not vaccin" à "à qui je donne ma collection de petites cuillères si jamais ça tourne mal".

Comme tout bon connecté qui se respecte, j'ai commencé par aller à la pêche aux informations sur internet (Voir ici et pour le produit de ma pêche) ; grâce à Jérôme Choain, j'ai fini par trouver l'article (presque) ultime sur le sujet : clair, impartial, rigoureux et honnête : celui que j'attendais. Trop honnête peut-être : il ne donne aucune préconisation pour ce qui est du vaccin, c'est à chacun de se forger sa propre opinion après avoir lu. 



Pour ma part, j'en avais d'abord tiré l'irréfragable conclusion qu'il était inutile de me faire vacciner. 10 jours après, j'ai changé d'avis. Parce que notre médecin préféré, traitant et de quartier nous a dit qu'il fallait,  parce que j'ai lu ici ou là que le grand méchant virus est en train de muter, et sans doute également parce que je suis aussi moutonnier que le reste du troupeau français, qui prend d'assaut les centres de vaccination.

N'ayant pas reçu le précieux sésame de Mâme Bachelot, cela fait plusieurs jours que Chérie de Sammy et moi-même téléphonons au 0821-444-421 -quoi ? vous ne le connaissez pas par cœur ? le numéro à 0,12€ la minute ?- et que, après un guidage par une voix synthétique des moins mélodieuses, nous retrouvons le bec dans l'eau, gros jean comme devant, pris au dépourvu, quand le clic final fut venu. Car la machine te raccroche au nez, après un sec et définitif message d'échec.




Voilà pourquoi, aujourd'hui, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes et sur mon temps de repas pour me rendre directement dans ce fameux centre, prendre ce fameux rendez-vous, pour qu'on nous fasse ce fameux vaccin, et qu'on en finisse !

Mauvaise idée. C'est ce que je me suis dit quand j'ai vu le parking désert. Après midi, tu peux aller te faire inoculer ailleurs. Je tente quand même ma chance, m'approche des portes vitrées. Une dame me voit à l'intérieur, s'approche à grands pas, grands moulinets des bras et grande vitesse  de jambes de la porte sur laquelle elle se plaque, de peur que je ne tente d'entrer coûte que coûte sans doute, et s'enquiert, en criant à travers ce mur de verre qui nous séparera toujours, de mes desiderata.

Je vous la fais courte : non, pas de rendez-vous sur place. Par contre, il y a un numéro de téléphone. qui.. oui, bon, je sais...

A suivre ?