17 décembre 2011

15 décembre 2011

Réunion tirée par les cheveux

C'est une réunion comme tant d'autres. Vous arrivez en retard, mais ce n'est pas grave, la réunion n'a pas commencée. Un collègue "qui s'y connait" est venu d'un bureau voisin pour donner un coup de main à la mise en route du dispositif de visioconférence. D'ailleurs il s'en va déjà, en prodiguant au passage quelques conseils d'utilisation qui ne seront pas écoutés, les trois minutes suivantes s'émaillant de "faites passer le micro", et autres "attendez, je tourne la caméra" auxquels répondent invariablement les "non, non, on vous entend très bien, c'est bon", l'ensemble apportant un souffle de distraction bienvenue dans une ambiance d'emblée morose.

Un responsable se lance dans une longue introduction lénifiante. D'un coup, il vous semble que vous êtes là depuis plusieurs heures. Un bref désespoir vous envahit à la pensée que cela ne fait que commencer. Vous lui trouvez de vagues airs de Rocard, mais un Rocard qui aurait appris l'élocution, ce qui n'enlève cependant rien au pouvoir soporifique de sa voix. Des mots surnagent au milieu de cette mélopée incantatoire : services, décret, périmètre, plan d'actions, principes directeurs...

Vous reportez votre attention défaillante sur l'auditoire, observant leurs attitudes en tentant d'en déduire leur niveau d'attention.  Il y a ceux qui grattent des kilomètres, pour ne pas perdre une miette du pontifiant discours - à moins que ce ne soit pour se donner une contenance. Il y a ceux qui fixent ardemment un point de mur ou de plafond comme si les mots de l'augure en cravate allaient s'y afficher par magie. Il y a enfin ceux qui, menton dans la main et sourcils froncés, prennent l'air concentré et pénétré de celui qui n'y comprend goutte mais ne veut pas que ça se sache. Vous voilà fixé : sur la vingtaine de personnes présentes, quatre ou cinq, tout au plus, participent vraiment à la discussion, les autres se contentant de meubler leur ennui.

Ainsi rassuré sur la marche normale des choses, vous vous mettez à divaguer sur la composition de l'assistance. Les personnes qui la composent, la façon dont elles sont habillées, leurs fautes de goût. Le type aux cheveux longs par exemple. C'est remarquable de s'entêter ainsi dans son erreur. Il a bien du se trouver, un jour, quelqu'un de charitable pour lui dire que ça ne lui allait pas du tout. Vous envisagez deux hypothèses pour justifier son look désastreux : soit il les garde tels parce que il trouve ça beau, soit il refuse de s'en départir au vu du temps qu'il a mis pour obtenir cette longueur. Vous décidez aussitôt de l’appeler Antoine.


Vous vous avisez aussitôt que ça ne va pas beaucoup mieux du côté des femmes. Vous n'aviez jamais vu un tel rassemblement de victimes de cette teinte auburn à la mode depuis quelques années, capable de donner un air vulgaire aux plus jolies filles : pas moins de six des femmes présentes à cette réunion arborent cette teinte, à différents degrés, du léger reflet setter irlandais, jusqu'au roux éclatant à la Bree Van de Kampf ; les 4 autres ont une teinture blonde, avec les racines noires bien visibles. C'est le règne du factice et de la duplicité : personne n'est ce qu'il semble être, tout le monde se camoufle, personne n'écoute.

Heureusement, la chose touche à sa fin. Tout le monde se lève fort satisfait, qui de sa prestation, qui de pouvoir enfin bouger. Le maître de cérémonie est déjà partie depuis un moment, ses responsabilités l'appelant ailleurs. Il vous semble vous souvenir en vous levant à votre tour qu'il était chauve, ce qui n'est pas le moindre des atouts pour couper les cheveux en quatre.

05 décembre 2011

Le goût du quignon

Le bouquinovore -dont le blog fait partie de mes belles découvertes de l'année 2011, je voulais faire un article là dessus mais n'en ai pas eu le temps- publiait ce matin un court billet où il s'interroge, à la manière de Marcel Pagnol dans ses souvenirs d'enfance, sur son goût pour les mots,ceux que l'on aime plus pour leur sonnorité que pour leur sens.

Le sien, c'est capuchon.

D'autres aiment flanelle, tarabiscoté ou emberlificoter.

Moi c'est quignon. Il a le goût de l’extrémité ronde d'une baguette, de la toile cirée sur la table en bois, des verres duralex et des couteaux pradel inox. Je l'associe, je crois que je l'associerai toujours, à mon arrière-grand-mère. Est-ce parce qu'elle était la seule à employer ce terme ? Est-ce une association créée par le temps qui passe ? Je n'en saurais sans doute jamais rien.

Mais toujours le mot quignon évoquera en moi ce léger souvenir de l'enfance et des mots à la sonorité douce et familière.

19 novembre 2011

Joyeux anniversaire Framasoft !

Framasoft a déjà 10 ans ! Je n'ai pas vu le temps passer...

Pour l'occasion, ils seront ce soir les invités de l'émission "Place de la toile" sur France culture.
« Place de la toile » reprend sa marche normale, avec FRAMASOFT qui vient "squatter" l'émission pour ses 10 ans. Framasoft c'est cette association qui oeuvre tous azimuts sur la Toile pour soutenir et diffuser le logiciel libre. Alexis Kauffmann, le fondateur de l'association, sera là pour nous raconter l'histoire de ce réseau, avec Christophe Masutti, coordinateur de la collection Framabook qui édite des livres sous licence Creative Commons (et autres licences libres).

CC Simon "Gee" Giraudot

Une bonne occasion de découvrir cette émission :)


18 novembre 2011

La leçon d'anatomie du professeur Uderscinny

Je croyais connaître toutes les allusions dans Astérix, mais je viens de me rendre compte que j'en avais loupé une ! Tout ça grâce à un film sur Rembrandt - que je vous conseille au passage, bonne interprétation, belles images, on a parfois l'impression de naviguer dans les tableaux du maître.

La leçon d'anatomie du professeur Tulp - Rembrandt
Astérix - Le devin
Parce ce qu'il y a eu une époque où Uderzo a eu un grand talent, ce rapide billet veut lui rendre un modeste hommage. Pour ne pas se quitter sur une mauvaise impression.

14 novembre 2011

En vrac - Livre et lecture

Et si je faisais moi aussi des petits articles "en vrac", plutôt que de faire des collections de liens en prévision d'articles que je n'écris jamais ? Ça m'évitera au moins d'avoir plusieurs dizaines de brouillons en souffrance, et ça me permettra peut-être de réutiliser le matériau accumulé pour en faire quelque chose d'autre.

J'inaugure cette rubrique par la littérature. Bref, du vrac noble.

- Mon dernier billet traitait du Goncourt ; je vais donc parler un peu du Renaudot, pour respecter le temps de paroles des différents prix (n'importe quoi...). Vous avez tous en tête le titre de l'ouvrage primé : Limonov, d'Emmanuel Carrère. A l'image de L'adversaire, ce n'est plus tout à fait du roman, ce n'est pas encore un documentaire. C'est un portrait, une vie littératurisée : celle d'Edouard Limonov, voyou, poète, mercenaire, homme politique... Mais ce que j'ai surtout retenu, c'est que je le connaissais grâce au portrait qu'en faisait le premier numéro de XXI.




- L'incipit du roman cite Anna Politkovskaïa, ce qui donne en quelque sorte le ton de la suite. Là encore, j'ai envie de lire un livre sur une impression positive. Et vous savez quoi ? Elle faisait le sujet suivant Limonov, dans ce même numéro fondateur de XXI.


- En littérature comme dans les autres domaines de la vie, ce sont les petites choses qui peuvent tout changer ; celle que j'ai choisi de retenir est le passage du taux réduit de la TVA de 5,5% à 7%. Livre inclus. Pour moi le livre est, à l'instar de l'alimentation et des médicaments, un produit de première nécessité. Qui aurait donc dû conserver son statut dérogatoire.

- Mais il parait que le livre c'est fini ; ce n'est pas moi qui le dit, c'est Ikea, qui a proposé il y a peu une nouvelle version de sa bibliothèque "Billy", qui pourra accueillir tout un tas de babioles, mais pas de livres. Une décision qui incite à réfléchir sur la manière de nommer ce meuble, qui logiquement ne devrait plus s'appeler une "bibliothèque".

- Voilà qui ne va pas rassurer le très pessimiste Beigbeder, convaincu que l’avènement des supports électroniques signe non seulement la fin du livre, mais à travers lui la fin du roman, car on ne lit pas de la même façon sur un support électronique. Question de support, mais aussi de concentration : "Quand on crée une même machine qui contient YouTube, TF1 et Dostoïevski, eh bien, ayons l'honnêteté de le dire : Dostoïevski est mal barré."

- Mais pour François Bon, que l'on ne peut certes pas soupçonner de vouloir enterrer la littérature, "le livre numérique n’est pas une fin ni un aboutissement, mais juste une transition". Assouline va jusque à qualifier son essai "Après le livre"  de "cri d'amour pour la littérature". Alors, la forme compte t-elle vraiment  ?

- Mais je rejoins tout de même Beigbeder sur cette conclusion : "Lire, c'est résister. C'est même le dernier acte de résistance à un monde entièrement huilé autour de la consommation. Le type qui décide d'aller lire dans un coin ne sert pas à grand chose et ne rapporte rien."

Et ce sera le mot de la fin.


Les citations de Beigbeder sont tirées du Point du 8 septembre 2011

11 novembre 2011

Au delà du 11/11/11 : La chanson de Craonne

"Car si vous voulez faire la guerre, payez la de votre peau".
Voilà. Ça a 95 ans et ça n'a pas pris une ride.
Je n'en avais plus parlé depuis 2006, mais c'est quelque chose qui me trotte dans la tête tous les 11 novembre.


N'attendez pas de catastrophes le 11/11/11 : elles ont déjà eu lieu sans se soucier de la date.

02 novembre 2011

L'art français de la lecture

C'est terrible d'avoir envie de lire un écrivain parce qu'on le trouve sympathique ! Surtout quand l'écrivain est Alexis Jenni, et que livre vient de se voir stigmatisé du prix Goncourt. 

En d'autres occasion, c'est une stratégie qui m'a assez peu souvent réussie ; je pense, et je ne dis pas ça pour cafter, à La petite chartreuse ou au Mobilier national, achats impulsifs fait après une présentation à la radio, et qui se sont avérés de décevantes lectures.

Mais le "professeur de biologie de 48 ans", comme le présentent tous les articles, m'a donné l'impression d'être quelqu'un de bien,qui garde encore les pieds sur terre - pour combien de temps ? - et trouve que s'isoler pour écrire un livre, c'est "un peu dingue comme activité", et n'envisage pas d'arrêter d'enseigner parce que "faire que ça [écrire] je sais pas si c'est très sain".

650 pages sur l'histoire coloniale de la France... je me demande si ça va me plaire ?

01 novembre 2011

Prout de mammouth

Au milieu de notre époque troublée, il est nécessaire de trouver des valeurs refuges.

Ne pensez pas que je vais vous entretenir de la folle envolée du cours de l'or, ce blog tient à rester respectable. Je me propose aujourd'hui de parler des prouts. Plus précisément des prouts de souris, d'escargot, de cigale, de hamsters et d'antilope. Des prouts de mammouth pour tout dire, qui donnent au livre son titre, car c'est bien d'un livre qu'il s'agit.


D'un album pour enfants plus exactement, mais gageons que les grands qui le lisent y trouvent aussi leur compte. Pour ma part, ça m'a bien fait rire. Prout de mammouth et autres petits bruits d'animaux, ce n'est pas que du vent, c'est un habile moyen de canaliser la période caca-boudin des petits lecteurs.

A chaque double page, un animal et les conséquences de ses flatulences son présentées, à travers une maxime à la rime riche : "prout de souris, gruyère moisi !", "prout d'escargot, coquille en morceaux !", "prout d'antilope, lion en syncope !", "prout de dragon, trou dans le caleçon !" (c'est mon petit préféré celui-ci)


En renfort de ces axiomes à la portée philosophique indéniable, des illustrations rigolotes où se mêlent dessin, collage, inclusions d’objets... Il faut lire l'album deux fois pour bien voir tous les détails.

La chose est conseillé pour les chieurs à partir de 4 ans ; heureusement, aucune limite d'âge supérieure n'est indiquée.



P.S. : en fouinant sur le ouèb à la recherche d'illustration pour cet article, j'ai découvert qu'il y avait des suites, avec variantes :

     

 Direction la bibliothèque !

29 octobre 2011

Brassens - Florilège subjectif

Nous sommes le 29 octobre, c'est la Saint Brassens.
29 octobre 1981 - 29 octobre 2011. 30 ans que Tonton Georges a cassé sa bouffarde.
Je ne vais volontairement pas vous imposer l'auvergnat, le gorille ou les copains d'abord, que toutes vos chaînes de télévision se seront senties obligées de mettre en fond sonore des 3 minutes de reportage-souvenir consacré au poète, à l'inspirateur de la nouvelle génération de la chanson française, et autres poncifs éculés. 

Pourquoi j'aime Brassens ? Parce que j'ai la chance de l'avoir découvert grâce à mon papa. Parce que Brassens, c'est comme Molière, c'est intemporel, mais il faut le goûter dans son jus sinon ça perd son charme. Et puis Brassens, c'est toujours d'actualité, la preuve : 






Mais Brassens c'est aussi :













Brassens a également adapté des poèmes qu'il aimait :




Et ce ne sont que quelques unes de ses 197 chansons... Youtube étant plutôt avare en la matière (les reprises à la webcam par Cocodu56, ça ne compte pas, désolé), rabattez-vous sur d'autres sites, ou vers votre bibliothèque préférée pour en (re)découvrir davantage !

28 octobre 2011

ACTA, un danger qui nous menace tous

J'en ai déjà parlé il y a presque 2 ans, mais je viens de voir la vidéo ci-dessous chez Korben ; c'est court, c'est efficace... et ça fait peur.

J'ai repris le titre de Korben sans le modifier, car je trouve qu'il exprime bien la vérité telle qu'elle est : ACTA est dangereux, et le danger qu'il représente va bien au-delà que le web, contrairement à ce que je croyais en 2009.



A l'instar de Korben, je ne peux que vous renvoyer vers la quadrature du net pour suivre cette ténébreuse affaire.

25 octobre 2011

Chronique des téléphones mains dans les poches

Quand j'étais gosse, un individu qui parlait tout seul dans la rue ou dans le bus, était regardé discrètement du coin de l'œil, dans un mélange de moquerie et de commisération : en voilà un qui est un peu brelot, ce n'est pas sa faute, il a peut-être bu, on ne montre pas du doigt.

Aujourd'hui, ça n'étonne plus personne : un individu dans la même attitude est en train de téléphoner, tout simplement

J'ai toujours un bref moment de surprise, lorsque je vois quelqu'un arriver face à moi, mains dans les poches, en grande conversation avec son ami invisible. Je n'ai pas encore complétement intégré l'existence des kits mains libres et ne suis d'ailleurs pas pleinement convaincu de leur nécessité. Sans doute suis-je le seul à être choqué ? Je ne suis pourtant pas techno-attardé à ce point, et n'en suis plus, comme aux débuts des portables, à pester contre "ces gens qui racontent leur vie dans la rue". Il n'en demeure pas moins que l'absence de la médiation du téléphone provoque en moi un malaise que je ne saurais expliquer. Il m'apparait encore plus inconvenant de parler -presque- tout seul dans la rue quand on a pas la justification tangible en main, sous forme de téléphone. Absence d'autant plus troublante que ces technophiles se privent rarement du plaisir d'exhiber leur dernier jouet.

Je réalise que, me projetant à la place du quidam, je me sentirais gêné et obligé de justifier mon attitude : regardez, je suis au téléphone, je ne suis pas brelot, je ne suis pas pris de boisson, ne me montrez pas du doigt comme le dit la chanson. Mais non. Plus personne ne fait attention à un comportement qui il y a encore quelques années aurait provoqué un mélange de commisération et de moquerie. En fait, les tenants du main-libre et de l'ami invisible ne sont que les représentants de l'un des deux grands groupes composant la famille des téléphonistes de rue, les autres étant la tribu des têtes baissées, si justement décrits par Guy Birenbaum.

Les premiers regardent les seconds sans les voir, tandis qu'eux ne regardent personne, plongés qu'ils sont dans leurs écrans. Mais probablement les uns et les autres communient-ils au même autel de la bêtise, cette "bêtise au front de taureau" qui chagrinait si fort Baudelaire, et qui pousse certains à fleurir des boutiques d'informatique suite à la mort d'un entrepreneur.

Sans doute sont-ils tous un peu brelots, ce n'est pas de leur faute, ils sont intoxiqués. Ils gagnent toute ma commisération, où se mélange quand même un peu de moquerie.

17 octobre 2011

17 octobre 1961 - Un massacre oublié

Il y a 50 ans jour pour jour, à Paris, la police française écrasait dans le sang une manifestation pacifique.
30 morts selon la police, 300 pour l'Histoire.


Rue89, mais surtout OWNI reviennent sur ce tabou supplémentaire de l'Histoire française contemporaine :

Article pour mémoire.

14 octobre 2011

Le Comte de Bouderbala

Le Comte de Bouderbala, ce pourrait être un titre d'opérette inventé par Calixte de Nigremont ; mais étymologiquement parlant, c'est le comte désargenté. C'est sans doute le roi des fous, et on peut aussi retenir qu'il s'appelle Samy :)


Découverte de la semaine.




27 septembre 2011

Ils sont fous ces gaulois...

On savait déjà que les schtroumpfs étaient d'affreux staliniens antisémites, voilà que l'on nous apprend aujourd'hui qu'Astérix est un nazi. C'est Michel Serres, que l'on a connu plus inspiré, qui a pondu cette théorie fumeuse sur France Inter, le 18 septembre dernier. La preuve tient selon lui dans le cocktail explosif suivant : règlement des conflits par la force (il est pas frais mon poisson ? ...chic une bagarre !), éloge de la drogue (la potion magique...) et mépris de la culture (pauvre Assurancetourix)

Notre bon philosophe aurait-il perdu sa vis comica ? Peu importe, tout le monde a le droit de dire des bêtises de temps en temps. Même si elles sont grosses enveloppées, hein Obélix ?

Mais cela n'était pas le but de ce billet. Je voulais me faire l'écho d'une excellente nouvelle : Albert Uderzo passe la main. Non, je n'ai pas fait de faute de frappe, et ce n'est pas un raccourci simplificateur : au vu de la nullité abyssale des 5 derniers albums, on peut même dire qu'il a un peu trop attendu. Encore que ce ne soit pas Uderzo le dessinateur qui pose problème, mais bel et bien Uderzo le scénariste.Mais grâce lui soit rendu d'avoir eu le courage de passer la main, pour éviter à Astérix le sort tragique de Tintin, icone vitrifiée, juste bon à jouer les pompes à fric.

Le nom des remplaçants sont désormais connus : il s'agit de Jean-Yves Ferri au scénario, et des frères Bogdanov Frédéric et Thierry Mébarki au dessin.

Et c'est une excellente nouvelle, par Toutatis !

26 septembre 2011

Cesaria Evora tire sa révérence

Cesaria Evora a annoncé la semaine dernière qu'elle mettait fin à sa carrière, pour raisons de santé. 


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J'ai toujours beaucoup aimé Cesaria Evora : sa voix rauque, oscillant entre la légèreté et la mélancolie, restera pour moi l'incarnation de la saudade, cet état particulier où la beauté est la dernière élégance du désespoir.

Cet article veut lui rendre hommage, à travers une trop courte sélection glanée sur le web.


Saudade

Petit pays


Besame mucho

Miss Perfumado

Cabo Verde

Mar azul


Et le duo avec Bernard Lavilliers, déjà évoqué sur ce blog - Elle chante

23 septembre 2011

Défense et illustration de la langue française

Je croyais jusqu'alors, assez naïvement, que l'utilisation de l'anglais pour faire genre (mais quel genre au juste ? moderne ? jeune ? dynamique ?) était l'apanage de la grande distribution, des marques, du commerce au sens large. J'en ai encore eu ce que je croyais être la preuve il y a deux semaines, au centre commercial, en lorgnant d'un œil torve deux publicités se succédant sur un panneau (1)



Telle grande enseigne distribuerait donc de la fringue "with love since 1841", tandis que tel industriel de l'agroalimentaire nous vanterait sa "so good" alimentation. Et je ne parle même pas de l'accroche, oups pardon, la baseline, du premier, mettant l'accent sur une collection "Mix & Match".

Pitoyable. On est loin du temps où les tickets de métro étaient chic et choc...

Et je n'avais pas vu le pire. Rentrant à la maison, je jette un œil à la newsletter (hum...) d'OWNI, et commence la lecture d'un article titré "Les pureplayers [sic] doivent prendre plus de risques". Admettons que le terme soit entré dans le langage (presque) courant, encore que le dossier s'intitule "Les médias en ligne à l’âge de raison", ce qui est au moins aussi compréhensible, et plus... français.

Mais c'est l'article éponyme qui m'a achevé. Pascal Riché s'exprime, à propos de la nouvelle maquette de Rue89, en ces termes non dénués de grâce, de poésie, et d'anglicismes inutiles : 

On va rester très participatif, non pas top-down mais plutôt bottom-up, avec le format “face aux riverains” notamment, et en insistant sur le fact-checking.

Je ne sais pas vous, mais moi, après "participatif", je ressens comme un vague malaise. En quoi est-ce plus porteur de sens d'utiliser ces termes ? En quoi des expressions comme "de haut en bas", "de bas en haut", "montant" ou 'descendant" auraient-elles dévalorisées son propos ? Aurait-il eu l'air moins professionnel ou moins sérieux ?

Ou est-ce pour préparer le lancement d'un Street ninety-nine ? 


(1) : Comme mon téléphone ne sait que téléphoner, j'ai extrait ces deux images des sites des marques respectives, à savoir C&A et Sodebo.

12 septembre 2011

Triste anniversaire, 11 septembre !

11 septembre 2001 - 11 septembre 2011 : triste anniversaire, et belle occasion pour nombre de sites, journaux et magazines de tomber dans le marronnier de la commémoration, et d'aligner les poncifs sur le fait que tout le monde se souvient de ce qu'il faisait ce jour là, où il était, comment il a réagi. Évidemment. Bel enfonçage de portes ouvertes.

Ce que j'ai choisi de retenir du 11 septembre 2001, outre un sentiment d'horreur indicible qui me fait frémir dès que je repense à ces heures passées devant l'écran, dans l'angoisse d'un événement encore plus terrifiant (il s'est passé quelques heures pendant lesquelles on ne savait pas combien d'avions avait disparu exactement), c'est un angle relativement passé sous silence par les médias : celui des libertés que nous avons perdus depuis. Pas par la faute du terrorisme, celui-ci n'a servi que de prétexte.

Grâce soit rendue au Monde, qui a publié un article sur tout ce qui a changé dans notre vie quotidienne depuis les attentats, toutes ces libertés que nous avons perdues. C'est un sujet qui me tient à coeur : j'en parlais déjà au mois de mai, ne comprenant pas la joie frénétique de certains face un évènement aussi inutile que la mort de Ben Laden : justice d'exception, surveillance accrue, alibi pour les Etats totalitaires, pour reprendre la présentation faite par OWNI d'une application recensant les législations antiterroristes adoptées au lendemain de l'effondrement des tours.

http://stm-own.france24.com/0911/

L'état d'urgence devenu permanent, les législations d'exceptions qui se banalisent, la surveillance généralisée qui ne devrait pas inquiéter ceux qui n'ont rien à cacher... on en vient à se demander dans quelle mesure le terrorisme n'a pas bon dos.

Les terroristes meurent, les menaces changent, les libertés perdues ne reviennent pas.

11 août 2011

Gravity glue

Mike Grab est un artiste. Il a fait de la pierre son matériau de prédilection, de la beauté sa quête, et de l'éphémère son quotidien. L'homme est probablement philosophe, sans doute zen, et heureusement photographe, pour nous permettre de découvrir ses réalisations (à voir sur son site).


Mais de quoi s'agit-il au juste ? De pierres. De belles pierres rondes ramassées dans les rivières du Colorado, qu'il empile au fil de l'eau et de son imagination. Dis comme cela, ça peut sembler un peu ridicule ; mais avez-vous déjà essayé d'empiler deux pierres rondes et mouillées l'une sur l'autre, en équilibre sur le plus petit bout ? Et trois ? Et quatre ? Et huit ? 




Cet article aurait pu s'intituler "réalisé sans trucage", tellement il semble improbable de parvenir à faire tenir des pierres de cette façon ; mais cette vidéo nous démontre que ce n'est pas le cas. Sa seule colle est la gravité, d'où le nom de son site.

Le résultat est grand et magnifique. Avec un peu d'imagination, vous verrez dans ses empilements des stupas, des cairns, des animaux fantastiques... ou bien rien du tout, et trouverez tout simplement agréable cette invitation à la contemplation et à la méditation : j'empile, donc je suis.

Image via Dailycamera 
Il a commencé "un jour qu'il s’ennuyait" et ne "peut plus cesser de le faire". On le comprend. Rares sont les activités qui procurent un tel sentiment de plénitude : maîtrise de soi, communion avec la nature, poursuite d'un but esthétique. C'est sans doute son secret du bonheur.



01 août 2011

Le cimetière des bateaux sans nom

Le cimetière des bateaux sans nom, dans le roman éponyme de Perez-Reverte, c'est cet endroit un peu lugubre où échouent les bateaux en fin de vie, mangés par la rouille et le sel en attendant d'être complétement désossés par le feu des chalumeaux. Je ne sais pas si ce cimetière marin existe vraiment, mais il est au carrefour du récit. Les personnages tournent autour, passent à côté, en parlent ; certains y meurent. A croire qu'il y a une métaphore à chercher dans cet endroit et dans ce titre.

CC yeowatzup sur Fotopedia 

Une métaphore de quoi ? De la vie sans doute. Des désillusions qu'elle amène plus sûrement. Car comment qualifier autrement une histoire qui offre tous les ingrédients du roman d'aventures, avec des méchants et une chasse au trésor, mais en ajoutant une touche d'amertume au breuvage ? Les marins d'autrefois ont disparus, les aventures n'ont plus rien d'épique et sont justes dangereuses ; les chasses au trésor ne sont pas tout à fait aussi exaltantes que dans les livres. La fontaine de jouvence a un sale arrière goût.

L'aventure sent encore le vieux papier, le métal rouillé et les cartes marines, mais elle prend aussi l'apparence d'un gros revolver tenu par une femme très belle et très dangereuse, ou d'un requin chercheur de trésor, assez dangereux lui aussi, et souvent d'un nain mélancolique, encore plus dangereux.
"Et il n'avait jamais rêvé, sur aucun bateau, dans aucun livre, aucun port, aucune de ses vies antérieures et innocentes, un Achab aussi séduisant qui l'entrainait pour naviguer sur sa tombe."
Et ce n'est pas Coy, le marin échoué, qui dira le contraire. Ses illusions, il les a perdues depuis longtemps. Sans rancœur, sans tristesse, juste avec le temps qui passe. C'est le constat que la plupart des personnages du roman vont être amenés à faire à un moment donné. Constat lucide, désabusé ou dédaigneux, selon leur caractère ou selon le contexte, mais tous sont d'accord sur ce point, le seul qui les réunisse, après la quête d'une épave au trésor. Car il y a un trésor bien sûr, même s'il faut attendre d'être arrivé au milieu du livre pour savoir de quoi il retourne. Une ténébreuse affaire vieille de plus de deux siècles, avec un complot, un combat naval, des navires allant par le fond avec une précieuse cargaison.


L'ensemble forme certes un bon roman, mais j'ai peur que ce ne soit pas suffisant. J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire. Trop long, trop long à démarrer, trop de passages où l'on se demande où l'auteur nous emmène. On est loin des récits haletants et lus d'une traite des aventures du capitaine Alatriste. Cependant, j'ai apprécié la fin amorale, guère surprenante dans la mesure où le lecteur, comme Coy, était prévenu depuis le début...

Décidément les chasses au trésor ne sont plus ce qu'elles étaient.

30 juillet 2011

Un dinosaure du net pour sensibiliser à l'ingénierie sociale ?

Je viens d'écouter cette intéressante chronique de Jérôme Colombain sur France Info, intitulée "Moi Anthony, ex-prince des hackers", consacrée à Anthony Zboralski, qui connut son heure de gloire de hacker en 1995. Bref, un dinosaure du net.

Elle m'a parue intéressante à plusieurs titres : 
  • pour une fois le terme de "hacker" n'est pas utilisé de manière péjorative, mais plutôt dans son sens de "bidouilleur",
  • il n'y a pas d’assimilation hacker = pirate, ni hacking = les exploits d'Anonymous,
  • la fin de la chronique met en avant l'ingénierie sociale, "l'art d'extorquer des informations sans rien casser"
Même si cette partie est la plus courte, c'est celle que j'ai trouvée la plus pertinente ; je pense qu'il est important, voire qu'il va devenir vital de sensibiliser les nouveaux utilisateurs du web et des réseaux dits sociaux, mais aussi certains autres qui se pensent plus chevronnés, à ce genre de technique, pour s'en prémunir. Comme le dit Anthony Zboralski, "les gens sont très naïfs en fait", et il est très facile d'obtenir des informations de la part de quelqu'un dont on a gagné la confiance.



26 juillet 2011

Le voyage imaginaire d'Hugo Pratt

Si vous avez la possibilité d'aller à Paris d'ici le 21 août, je ne saurais trop vous conseiller de vous rendre à la Pinacothèque, dont vous savez déjà qu'elle organise de bien belles expositions, pour aller profiter des derniers jours de celle consacrée à Hugo Pratt.


Elle vous permettra de (re)découvrir celui que l'on présente un peu rapidement -car c'est réducteur- comme un maître de la bande dessinée, du noir et blanc, et le père de Corto Maltese. Tout ceci est vrai, mais on découvre dès les premières salles la passion presque secrète de Pratt, son pêché mignon qui semble presque contradictoire avec ses bandes aux tons si tranchés : l'aquarelle. Pendant presque toute sa vie, il a peint des aquarelles ; la plupart du temps pour lui, de temps en temps pour des projets d'illustration, ou en complément de son travail de dessinateur.


L'exposition est divisée en grandes parties : les mers et les îles, les déserts, les villes, les indiens, les soldats, les femmes, qui sont autant de thèmes chers à Hugo Pratt. L'emblématique Corto Maltese n'est bien évidemment pas oublié, il est présent dans à peu près tous les thèmes (à l'exception de celui consacré aux indiens). Une salle, aux quatre murs couverts de planches, est même spécifiquement consacrée à la Ballade de la mer salée, mythe fondateur de la légende d'Hugo Pratt, de la BD moderne et de la naissance de Corto, surgi des eaux du Pacifique comme une divinité marine contemporaine.

Photo : pixelcreation.fr
Une exposition magnifique, indispensable pour les amateurs de voyage immobile, de femmes fatales, de soldats oubliés et de rêves d'un ailleurs disparu.






23 juillet 2011

You know she was no good... et pourtant

Fichtre. J'apprends à l'instant que Amy Winehouse a rejoint le très select Club des 27. Vu son mode de vie, ce n'est pas complétement une surpise, mais quand même, ça fait drôle...





P.S. : j'ai appris la nouvelle via Google+ ; ça marche bien ce truc.
Si vous voulez des invit' dites le moi en commentaire. Ca me ferait plaisir de retrouver des lecteurs de ce blog sur ce nouveau réseau :-)

21 juillet 2011

On aurait presque pu manger dedans

Ça a commencé par une certitude, ou plutôt un pari sur l'optimisme ; un rayon de soleil filtrait entre les feuilles, quelques abeilles bourdonnaient dans les lavandes, un nuage sympathiquement rondouillard décorait un ciel bleu électrique. C'était à la fin du printemps, une fin de printemps qui sentait déjà l'été, ou qui jouait à faire semblant.

Alors on a sorti la table en plastique du garage, lavé les chaises, frotté la nappe, questionné le parasol. Non, pas le parasol, c'est encore prématuré. On s'est installés à mi-ombre, entre le vieux cerisier et le gravier crissant de la cour. Quelqu'un a amené les assiettes, ou une pile de verres à moutarde emboîtés ; un autre les serviettes, la corbeille à pain avec la baguette croustillante posée en travers par-dessus ; un troisième s'est chargé des couverts, du pot à eau et de la bouteille de vin. 

En quelques allers-retours le melon, la salade de tomates, les asperges ou les radis ont fait leur apparition. Le café est en route, les fruits posés sur un coin de nappe, les convives autour de la table : à cette saison, le beau temps risque de ne pas durer, il n'y a pas une minute à perdre. Mais il y a toujours quelqu’un qui a oublié de se laver les mains, ou alors c'est le téléphone qui sonne au dernier moment. Souvent, c'est à cet instant qu'une première goutte tombe. Mais on fait mine de ne pas l'avoir sentie, on conjure le mauvais sort en regardant le ciel encore bleu, le nuage de tout à l'heure est bien un peu plus gris, mais bon, ça va encore.

Pourtant, l'envie n'est déjà plus tout à fait là, on sent que quelque chose ne va pas, mais un accord tacite uni tout le monde dans la négation du vent qui se lève, le démenti de la petite pluie fine et l'ignorance de la température pourtant de moins en moins estivale. 

Bientôt, quelqu'un aura le courage de rompre le charme et ira chercher un gilet. Quelqu'un d'autre se plaindra des nuages, des gouttes de pluie intermittentes -il faisait pourtant si beau tout à l'heure- et blâmera la témérité qui nous a poussé a dresser la table dehors, aussi tôt dans la saison.

Franchement, on aurait presque pu manger dedans.


***

Ce petit texte est bien évidemment un clin d’œil au délicieux "On pourrait presque manger dehors" de Philippe Delerm ; tout est parti de l'idée de dire exactement l'inverse...

17 juillet 2011

Harry Potter et les reliques de la mort - Deuxième partie

Nous venons d'aller voir Harry Potter et les reliques de la mort - Deuxième partie, et je dois dire que je suis un peu déçu. Non pas que l'histoire ne soit pas fidèle au livre, mais je m'attendais à plus d'émotions, et à moins d’effets spéciaux. 

Platform 9 3/4, King's Cross - London

Ce qui faisait tout l'intérêt du livre, et que l'on retrouvait en partie dans le film précédent, c'était la longue errance de Harry, Hermione et Ron, leurs doutes, leurs peurs, leurs engueulades. Puis, au fur et à mesure que l'on approchait du dénouement, les révélations sur la part d'ombre de Dumbledore, ses relations avec sa sœur, son frère et Grindelwald ; sa quête des reliques de la mort, ses erreurs telles qu'il les explique à Harry à la fin ; Voldemort vu à travers le prisme de sa profonde incapacité à s'intéresser à des choses telles que "des elfes de maison, des contes pour enfants, de l'amour, de la loyauté, de l'innocence et il n'y comprend rien".

Cela dit, ne crachons pas dans la pensine : le film est bien construit, sans longueurs, et on ne voit pas passer les deux heures. Ce ne sont pas des gallions dépensés en vain, on passe un bon moment de cinéma, avec ce qu'il faut d'émotions, de spectacle et de musique prenante. Mais comme tous les films, celui-ci pêche par ses raccourcis et ses simplifications. L'attaque de Gringotts était presque trop simple, Rogue n'est pas assez malheureux et Neville Londubat pas assez époustouflant. Quand Harry annonce à Ron et Hermione qu'il va se faire tuer par Voldemort (c'est pas dans le liiiiivre ! Sacrilège !), c'est à peine s'ils le retiennent. Ça fait partie du plan, c'est juste un mauvais moment à passer, je me fais tuer et je reviens, faites pas de conneries pendant mon absence.


Pire, on n'a pas vu Graup, le demi-frère géant de Hagrid, on n'a pas vu les centaures et les elfes de maison prendre part à la bataille finale ! Et le combat final entre Harry et Voldemort, celui que tout le monde attendait depuis 10 ans, était surjoué. J'admets, le côté visuel était là. Trop peut-être : ce n'était pas la fin du Seigneur des ténèbres, c'était Règlement de comptes à OK Poudlard, avec roulés-boulés dans la poussière, coups bas et projections dans des décors qui s’écroulent. Et sorts-rayons lasers qui se repoussent en rouge et vert, juste avant la désintégration finale du méchant, pour le côté flashy et Star Wars like.

Mais tout cela n'est pas très grave. On a passé un (dernier) bon moment avec Harry, on a bénéficié des derniers conseils de Maitre Dumbledore au padawan Potter (alors que dans le livre... oui, bon, on sait) et on a tous eu un petit pincement au cœur à la toute fin, quand le Poudlard Express part une nouvelle fois du quai 93/4, 19 ans plus tard, emportant les enfants de la petite bande vers de nouvelles aventures.

Car comme dans toutes les belles histoires, ils furent heureux et eurent plein de petits sorciers.

15 juillet 2011

Lectures d'avril-mai-juin

Quelques lectures printanières !

XXI n°14 : Nos meilleurs vieux
Vous n'êtes pas encore abonnés ? Mais il faut que je vous le dise comment ? Ce qui m'a marqué dans ce numéro : un très long texte de Jonathan Littell sur le Sud Soudan, la cavale des bonnes sœurs, le plus américains des maoïstes...




Le scorpion, tome 8 : L'ombre de l'ange
Très bonne série, avec des combats à l'épée, une histoire bien compliquée et pleine de rebondissements, avec de jolies femmes, des méchants très méchants et un héros intrépide. J'espère juste qu'ils ne vont pas nous faire un plan à la XIII, avec une histoire qui n'en finit pas...







Tortillas pour les Daltons
Un grand classique des aventures de Lucky-Luke, le vrai, celui dessiné par Morris et scénarisé par Goscinny, celui qui tirait des coups de revolver et qui avait une clope au bec, pas un brin de paille... Ça n'a pas pris une ride, et c'est vraiment drôle, contrairement au sagouinage de Laurent G., dont le métier n'est pas d'imiter les géants de la bande-dessinée, je le rappelle car il semble l'avoir perdu de vue.







Metronome / Lorànt Deutsch
Que dire qui n'ait pas été dit sur ce best-seller ? Ça se lit bien, on apprend plein de petites choses sympa sur Paris, à travers un parti pris original : chaque chapitre présente un siècle d'histoire de la capitale, en partant du nom d'une station de métro représentative.







Esprit chien / Luc Lang
Restons à Paris avec ce roman méchamment drôle : un type hérite de la maison de ses parents à Neuilly-sur-Seine ; dans le même temps s'installe une voisine trop charmante dans la maison d'à côté, avec son couple de lévriers afghans. Plus ou moins contre son gré (et parce qu'il a envie de coucher avec elle), il va se retrouver embarqué dans une aventure de psychothérapie canine. Tout le gratin de Neuilly sera de la partie Jean Nero (l'acteur), le député-maire-ministre et son épouse Cécilia... Tout cela finira assez mal pour notre héros, car à trop se frotter à un monde qui n'est pas le sien, on y laisse des plumes. Enfin, des poils. C'est loufoque, avec des passages très drôles, et une morale qui va au-delà de la simple farce. Ouaf.



L'énigme des blancs manteaux / Jean-François Parot
Un bon roman policier se déroulant au XVIIIème siècle, qui nous permet de rester à Paris ! J'ai déjà dit tout le bien que j'en pensais dans cette chronique.









Journal d'un défaitiste / Joe Sacco
Tiens, encore une chronique à aller lire ! Décidément, ce billet tourne à l'auto-promotion ! Mais je redis ici tout le profit que vous aurez à lire Joe Sacco.









Dark knight / Frank Miller 
Une excellente aventure d'un Batman vieillissant, qui arrive à sortir des habitudes stéréotypées des "aventures de super-héros" ; je pourrais vous dire d'aller lire ma chronique pour en savoir plus, mais je ne vais pas faire ça quand même ?


Ah ben si.





Les soirées du hameau (2ème partie) / Nicolas Gogol
La suite de ma lecture de février, que je n'avais pas vraiment pris le temps de présenter ; il s'agit des premiers contes écrit par le jeune Gogol, s'inspirant largement du folklore ukrainien. C'est drôle et teinté de fantastique, malgré quelques longueurs, il faut bien le reconnaître.

Vous pouvez découvrir une petite présentation et les œuvres en ligne, sur cette page.





Le cimetière des bateaux sans nom / Arturo Perez-Reverte
Un vrai roman de chasse au trésor, avec un bateau coulé, une femme très belle et très dangereuse, un nain mélancolique dangereux aussi, et un marin sans bateau qui se laisse mener par le bout du nez par la femme ci-avant évoquée. Je suis en train d'écrire un petit quelque chose là dessus.








Et hop, c'est l'été ! (oui, je suis en retard, et alors ?)

29 juin 2011

Chronique des héros pas supers

J'ai envie de vous parler de deux BD que je viens de lire, même si à proprement parler, il ne s'agit pas de "BD", mais plus de "comics", encore que ce terme soit parfois péjorativement connoté.

Même si je ferai un jour un billet pour expliquer pourquoi l'architecte qui a conçu la bibliothèque Champollion de Dijon doit être sévèrement châtié, celle-ci bénéficie, comme la très grande partie des bibliothèques de ce pays, du formidable travail de ses bibliothécaires, magasiniers, et assistants de bibliothèque -car le personnel des bibliothèques est très diversifié, pour ne pas dire super hiérarchisé- jonglant avec les contraintes d'un bâtiment qui pourrait à l'extrême rigueur abriter une galerie d'art contemporain spécialisée dans l'absurde.

Leur dernière bonne idée a été de consacrer un présentoir spécifique aux auteurs de comics, dans lequel j'ai pioché un Joe Sacco et un Frank Miller.

J'ai découvert Joe Sacco dans le numéro 13 de XXI où il signait un reportage sur les dalits, "fermiers aux pieds nus" du Kushinagar, dernière sous-castes des intouchables : ce sont eux que l'on trouve quand on creuse encore un moment, quand on croit avoir atteint le fond de la misère. 


Joe Sacco est un journaliste et dessinateur, surtout connu -j'ai l'air comme ça, mais j'ai tout lu dans XXI- pour ses albums sur la Palestine, Gaza et la Bosnie. C'est un atypique : un aventurier, un globe-trotteur, un dessinateur, un observateur, et parfaitement pourri de talent de surcroît.


Journal d'un défaitiste n'est pas vraiment comparable au reste de son travail : c'est plus personnel, plus disparate et plus ancien. C'est un ensemble de récits mêlant des souvenirs personnels, comme sa tournée avec un groupe de rock en Allemagne ou sa vision de la guerre de Golfe (la première, celle de Bush père), la mise en dessin de l'enfance de sa mère à Malte pendant la Seconde Guerre Mondiale et des récits satiriques, souvent avec des personnages grotesques. L'ensemble présente un dessin à tendance psychédélique, genèse d'un auteur en devenir. On trouve quand même quelques planches plus proches de son style de "dessinateur reporter".

***

Ma deuxième trouvaille est donc le Batman : Dark Knight de Frank Miller. Je connaissais Frank Miller en tant qu'auteur de Sin City et 300, que je n'ai pour l'instant fait que feuilleter en librairie, espérons que ce nouveau secteur de la bibliothèque me permettra dans un avenir proche de les lire en entier.

Illustration extraite de Sin City
Illustration extraite de 300

Dark Knight est donc un autre de ses gros succès, plus fondé à mon sens sur la qualité du scénario que sur le côté percutant des dessins. Jugez plutôt : Batman est une légende. Il a disparu depuis 10 ans, raccrochant la cape et les batarangs. Et Gotham, privé de son justicier (mais que fait la police ?) s'enfonce dans le crime. A la faveur des exactions particulièrement sanglantes et déjantés d'une bande de criminels, l'homme chauve-souris va faire son retour...

Une des premières pages de Dark knight

Mais ce n'est pas aussi simple. D'abord parce que ce retour est aussi une victoire de Batman sur Bruce Wayne ; si l'homme chauve-souris revient, ce n'est pas tant pour faire régner la justice, que pour finir sa guerre personnelle contre le crime, quelles qu'en soient les conséquences. Et puis le monde a changé. Les super héros n'ont plus la cote, et sont surtout perçus comme une menace. L'insertion de petits écrans de télévision où des personnages débattent sur le "pour" et le "contre" de Batman résument très efficacement le problème.

Cet album montre un Batman qui sort des sentiers battus et largement rebattus du genre : il ne cache pas le côté obscur du personnage, qui feint d'ignorer les implications politiques de ses actes pour mieux s'abandonner à ses démons. Les siens sont Harvey Dent et le Joker, qui font un dernier tour de piste, mais sont-ils les seuls ?

L'exact opposé de Batman, Superman, ne sort pas non plus grandi de l'histoire. Au choix offert aux super-héros de disparaitre ou de rallier le gouvernement, il choisit le ralliement. Servir son pays, d'après Clark. La compromission lui répond Wayne.

De fait, c'est bien un Superman aux ordres d'un président  Reagan caricatural qui est mis en scène, jusqu'à l'affrontement final avec Batman, qui se soldera par...

Et si vous le lisiez, hummm ?