29 mars 2007

Dimanche en famille

Les brèves s'intercalent entre les chroniques, et les textes de Paroles Plurielles apportent leur petite touche littéraire à intervalle régulier. Voici déjà la consigne N°42, pour laquelle l'incipit imposé était : "Il faut que je vous dise... j'ai menti"

L'association de cet incipit et de cette photo a produit son lot de cadavres, noyades, crimes et aveux ou, chez les moins morbides des participants, trésors cachés et autres secrets engloutis. C'est étrange ? Peut-être pas tant que ça. Il est beaucoup facile d'inventer des choses tristes, que d'écrire légérement sans tomber dans la miévrerie, ceci expliquant sans doute cela.

Ce qui n'enlève rien au réel talent de certains des participants. Aussi est-ce avec une certaine fierté que je vous annonce que je fais désormais parti des administrateurs de ce blogatelier d'écriture, et que les prochaines consignes, c'est moi qui vais les mettre en ligne ! Je lève et les bras et je souris, hop !


Il faut que je vous dise... j'ai comment dire ? Menti. Ce n'est pas le petit coin de paradis que je vous avais décrit. Vous ne pourrez pas vous baigner. Mais au moins on est au calme ! Et puis cet endroit est magnifique! Regardez ces spécimens de Bryophyta Andreaeapsida ! De la comment dire, mousse chérie, de la mousse. Oh, et ces Lemna minor sont ravissantes ! C'est ce que l'on appelle des lentilles d'eau Stéphanie. Savais-tu que dans le Nord, on s'en servait parfois pour, comment dire, nourrir les cochons et que... Oui, tu t'en fous, d'accord. Je me demande ce qui t'intéresse d'ailleurs. Moi à ton âge...

Mais non il ne fait pas froid ! Quelle idée de se balader le nombril à l'air toi aussi ! C'est bien les jeunes ça. Et après tu tires sur ton, comment dire, T-shirt toute la journée pour le cacher. Oui chérie tu as raison, il faut la laisser faire ses, comment dire, choix. N'empêche que... oui, bon, on attaque ? Commencez donc à déballer les comment dire, provisions. Quoi encore ? De la vase ? Vous exagérez là. Mais c'est la nature ! D'accord, je vais chercher la, comment dire, couverture dans la voiture.

Qu'est ce qu'il y a encore ? Tu le trouves que l'étang est quoi ? Effrayant ? Tu ne crois pas que tu, comment dire, exagères ? Tu devrais peut-être arrêter tes comment dire, jeux vidéos, ça te pourrit le cerveau. Je ne vois pas ce qu'un étang a d'effrayant ! Mais tu ne vas pas la soutenir quand même ! Je suis, comment dire, abasourdi par votre attitude. On pourrait passer un dimanche agréable en famille et... pourquoi vous criez comme ça ? Un serpent ? Où ça ? Mais non, c'est une superbe Colubridae natrix, une comment dire, couleuvre à collier tout à fait inoffensive !

Mais... vous... partez ? Mais comment dire... non ! Revenez !

26 mars 2007

Petit plaisir du jour

Petite pause de la mi-journée... je jette un coup d'oeil sur les stats : 80 visites à 16h ! Je vérifie à nouveau tout de suite, avant de poster cette brève : je suis passé à 98 ! Cette fois c'est sûr, je vais atteindre les 100 visiteurs dans la journée ! Céline (dis donc, tu t'y remet quand toi ?) va encore se moquer de moi, mais j'ai rarement autant de monde ! (eh oui que voulez-vous, la vie est injuste)

En cherchant un peu pour trouver l'origine de cette anomalie, j'ai fini par arriver chez Un blog par jour ; le blog du jour, c'est Bibi !



Vous allez peut-être trouver ça bête, mais ça fait drôlement plaisir. Ca mérite bien de le rajouter dans ma blog-roll-mops, non ?

Le soleil est magnifique aujourd'hui !

Il parait que j'ai du retard dans les réponses aux commentaires ? Ah bon ? ...oups.

25 mars 2007

Chronique de la recette du bonheur

Le bonheur, nous l'avons vu, consiste à faire ce que l'on aime et dire merde au reste. C'est finalement très simple. Poursuivre des rêves, courir derrière comme l'on court après un van qui démarre uniquement en descente, et se jeter dedans d'un vigoureux coup de jarret. Le bonheur est épuisant. Mais cela peut aussi être se mettre d'accord sur l'essentiel, profiter des petites choses de la vie, savoir qu'un ami pense à vous ou bien éprouver le simple plaisir d'être ensemble, sans même exiger d'être heureux, avant de se rendre compte que ça aussi, c'est du bonheur.

C'est ce que font les personnages d'ensemble c'est tout. Le livre m'avait beaucoup plu, au point d'en faire un commentaire en deux parties, (iciiiii et làààà!) aussi est-ce avec une certaine appréhension que je suis allé voir le film. Je suis souvent déçu par les films adaptés de romans. Il manque toujours des choses, les personnages n'ont pas la tête qu'on leur a imaginé, l'ensemble est bien souvent lissé, édulcoré. Les bords sont arrondis et les intrigues étriquées. Du coup, Harry Potter[1] est trop bien coiffé, Adamsberg[2] pas assez rêveur, et Sauron[3], je le voyais pas du tout comme ça. Et je ne parle pas des libertés petites ou grandes prises avec l'oeuvre originale.


Mais Claude Berri a fait du bon boulot. On retrouve vraiment l'ambiance du livre, cette suite d'évènements qui font la vie, rien que la vie. Une histoire où des êtres commencent par crever de solitude avant de se trouver. On retrouve des dialogues entiers du livre, les situations sont vraiment les mêmes et c'est tout juste si je me suis rendu compte de la disparition de certains personnages secondaires. C'est 1h30 de bonheur sans guimauve, de bons sentiments sans miévrerie. Un bonheur que le livre distille au fil de ses 600 pages, mais que le film -contrainte du cinéma oblige- condense en se contentant de suggérer le rapprochement progressif de Franck et Camille. Le bonheur est transposable au cinéma et j'en suis bien content.

Mais la vraie recette du bonheur, ne serait-ce pas celle que j'ai trouvé dans ma boîte mail il y a quelques jours ?

Il s'agissait d'une de ces chaînes de mails qu'il faut impérativement faire suivre sous peine d'être victime des pires catastrophes. Il était question cette fois-ci des meilleurs moyens pour détecter un AVC. C'est tout simple : il suffit de demander à la personne suspectée d'en faire un (t'as une petite mine toi aujourd'hui, tu serais pas en train de nous faire un accident vasculaire cérébral ?) de sourire, lever les bras, et répéter une phrase simple du type "le soleil est magnifique aujourd'hui". Avec exemple dramatique à l'appui, démontrant que si Julie n'a pas survécu, c'est parce que personne ne lui a demandé de sourire, lever les bras et dire une phrase simple du type "le soleil est magnifique aujourd'hui". C'est triste. C'est regrettable. Et il faut bien sûr faire suivre le message au maximum de personnes possible dans le but, ô combien louable, de sauver des vies.

J'ai évidemment crié au canular et sermonné d'importance mes collègues qui le propageaient complaisamment. Il n'empêche que je trouve ces trois conseils infiniment poétiques. N'est ce point là le vrai moyen du bonheur ? Sourire, à tous, tout le temps ; lever les bras, sans doute pour entourer quelqu'un avec, et répéter inlassablement "le soleil est magnifique aujourd'hui", surtout si ce n'est pas vrai. Parce que le soleil, c'est comme le bleu que les gens du nord ont mis dans leurs yeux, quand il est absent du ciel, il n'en brille que mieux dans les coeurs.

Ce canular sans intérêt, pour qui voulait bien lui prêter suffisament d'attention, cachait le secret de la vraie recette du bonheur. Le bonheur finalement, c'est paisible et délicat comme l'art du Qi gong. Quelques gestes simples, un peu d'attention aux autres, un soupçon d'optimisme.

Le soleil est magnifique aujourd'hui.
Levez les bras.
Souriez.

***

[1] On ne le présente plus je crois...
[2] Le commissaire favori de Fred Vargas, récemment édulcoré dans le
Pars vite et reviens tard de Régis Wargnier
[3] Le grand méchant du
Seigneur des anneaux voyons... c'est d'ailleurs le seul chef d'oeuvre mal écrit que je connaisse

22 mars 2007

Il y a un gang dans mon quartier !

Hum... Il a une petite panne d'inspiration le Sammy ? Ben oui, ça arrive. Ca tombe bien, je n'ai pas beaucoup de temps cette semaine. En attendant le retour des chroniques (grandes et magnifiques), voici quelques photos prises ce mois-ci. Je les soumet à votre sagacité. A défaut de space invaders, Dijon a malgré tout ses monomaniaques de l'ornement mural...





Sachant d'une part que je prends le risque de laisser deux indices super évidents, et d'autre part que les photos sont présentées ici dans l'ordre chronologique des prises de vue, lequel d'entre vous sera le premier à venir frapper à ma sonnette ?

Euh... Christelle, réponse par mail hein ! Déconne pas !
(pour ceux qui pensent avoir loupé un épisode : voir ici !)

15 mars 2007

Chronique de l'angoisse du roi Salomon

Sa main gauche soutient légèrement sa main droite qui tient le livre. C'est un livre de poche de la Collection Folio, immédiatement reconnaissable à sa couverture blanche. Je tente d'identifier l'ouvrage, mais je ne distingue que le dernier mot du titre -Salomon- et réussis quand même à entrapercevoir un nom d'auteur entre parenthèses : Emile Ajar. Je ne suis pas beaucoup plus avancé, je ne connais de Gary que La vie devant soi, et encore est-ce parce qu'il m'a été allègrement recommandé... Je vous en dirai sûrement le plus grand bien dès que je l'aurai lu.

Elle porte un duffle-coat noir suranné avec une doublure en nylon multicolore où le rose domine, des ballerines noires toute plates et, par dessus son pantalon, une courte robe en lycra gris ornée de ronds jaunes. Depuis que j'ai renoncé à découvrir le titre du livre, je la regarde et j'enregistre tous ces détails qui lui font ce look si particulier. Elle ne porte pas de bijoux, même si une légère marque laisse deviner qu'elle a déjà porté des boucles d'oreilles. Aucun soupçon de maquillage. Pas de vernis à ongles, ni de fard à paupières. Pas la moindre trace de rouge à lèvre. Ce qui ne l'empêche pas d'être plutôt jolie, elle a un visage agréable et harmonieux, mais sans aucune des particularités qui font tourner le regard et parfois la tête.

Elle est jeune, mais je ne saurais lui donner un âge. Peut-être vingt ans. Peut-être trente. Des cascades châtain clair de cheveux non retenus tombent sur ses épaules. De temps en temps, elle s'interrompt et semble se perdre dans la contemplation de l'horizon. C'est dans ces instants là que je peux admirer tout à loisir ses yeux d'un vert pâle presque translucide, qui s'éclipsent derrière ses longs cils fins lorsqu'elle se penche légérement pour reprendre sa lecture. De fait, elle ne lit plus et reste ainsi, à contempler un lointain indéfini. Elle sait que je la regarde et ne semble pas s'en offusquer. J'ai même de fortes raisons de penser qu'elle en fait autant de son côté, soit qu'elle m'observe à la dérobée, soit qu'elle se serve du reflet dans la vitre.


La femme debout derrière le fauteuil est moins discrète. Elle me regarde bizarrement, fixement. A croire qu'elle n'a jamais vu un chapeau. Je lui adresse un sourire carnassier, elle tourne la tête. Le métro nous balance doucement, sur cette ligne 6 en grande partie aérienne. C'est une fin de journée splendide, le soleil descendant éclabousse de reflets moirés le sac de faux velours noir que ma charmante compagne assise en vis-à-vis tient sur ses genoux. Sa main droite tient un livre qu'elle ne lit plus et repose sur sa main gauche qui s'appuie sur ce sac. Son look légérement kitsch et décalé a atteint son but : d'abord intrigué, j'ai été attentif, et me voilà séduit. Mais ce sont sans conteste ses yeux qui lui donnent son charme.

Si j'avais le temps, je crois que je tomberais amoureux. Mais la rame arrive déjà à Bercy, c'est la fin du voyage. Je me lève, avec la ferme intention de lui dire à quel point je la trouve jolie. Pour rien, pour faire plaisir. Parce que je le pense vraiment. Je suis debout, je me demande encore si je dois lui dire qu'elle a des yeux magnifiques ou si elle préferera entendre qu'elle est tout simplement belle. Elle suppose de son côté que je m'efface pour lui céder le passage, se lève à son tour, visiblement étonnée et ravie d'une telle galanterie, et me gratifie d'un sourire radieux qui donne enfin toute leur mesure à ses traits. Elle est lumineuse.

Elle s'éloigne à pas rapide dans la foule du quai, je la suis du regard un moment. Je n'ai pas eu le temps d'ouvrir la bouche.

***

Chronique écrite dans le train Paris-Dijon, la preuve...
La photo vient de
Flickr
Petit clin d'oeil au passage à Christelle et Florence ! Désolé, mais je ne faisais vraiment que l'aller-retour !

09 mars 2007

Mauvais sang

Et hop ! Consigne 41 de Paroles Plurielles ! Comme le temps passe vite...

Un petit texte écrit très vite, je me suis bien amusé à le faire. Je me rend compte que si ce texte avait été publié hier, on aurait pû lui chercher un rapport avec la journée de la femme... Je m'aperçois également que j'ai une fois de plus légérement détourné la consigne...

Une jolie maison aux volets bleus, dans une rue tranquille, dans un quartier tranquille, quelque part où il fait bon vivre...
Pourtant dans cette maison se passe quelque chose de "secret", que personne ne sait...
Racontez...
Avec comme incipit: "Ça fait huit jours exactement que... "



Ca fait huit jours exactement. Oui j'en suis sûre, je sais compter quand même ! Huit jours je te dis. Pas dramatique, pas dramatique, t'es bien un mec toi ! Moi je dirais plutôt que ça commence à faire ! Je m'énerve si je veux ! Et me touche pas ! C'est trop tard pour être désolé ! Ben voyons, c'est pas ta faute ! Tous pareils hein ? T'as qu'à dire que c'est la mienne tant que tu y es ! Ouais ben tes sarcasmes tu te les gardes ! Evidemment qu'on était deux !

Je sais bien que ça a été vite. Mais non, je ne regrette pas ! Oui c'était super, tu sais bien que c'est pas de ça que je te parle. Commence pas à changer de sujet ! Depuis le temps que je me cherchais un mec, je vais pas dire que c'était pas cool ! Et tu m'as réservé des surprises hein ! Notre première soirée dans ce resto asiatique, le mois dernier, puis la nuit qui a suivi... et dire que je te croyais timide !

Putain, mais ouvre pas les volets ! T'as envie que tout le monde me voit à poil ? T'aurais mieux fait de les repeindre ce jour là... ras le bol de ce bleu... ras le bol de tout... non, je pleure pas ! Me regarde pas, je veux pas que tu me voies pleurer ! Et tu comprends rien, va t-en ! Mais... reste avec moi, merde ! Serre-moi, serre-moi fort... Qu'est ce qu'on va faire ? Mais qu'est ce qu'on va faire hein ? Ca fait huit jours, huit jours exactement... et je suis en retard.

08 mars 2007

Maurice, tu pousses le bouchon un peu trop loin

Un questionnaire ! Ca faisait longtemps... Maurice, qui n'a pas manqué de noter à quel point j'adorais ça, n'a pas hésité à me faire suivre celui-ci, aussi pimpant que culinaire. J'ai tenté d'y répondre à ma façon habituelle, c'est à dire avec rigueur et honneteté. Voyez-vous une autre manière de procéder ?


1) Si vous étiez coincé(e) sur une île pour le reste de votre vie, et que vous ayez à choisir une seule cuisine (française, italienne...), laquelle adopteriez-vous ? Pourquoi ?


Je suppose que la question ne s'applique que pour les îles désertes ? Parce que si il s'agit d'une île habitée, équipée, et pour tout dire civilisée, comme le sont le Japon, l'Australie et Noirmoutier, je ne vois pas trop l'intérêt. Et puis, entre Ik*a et Mob*lpa, c'est tout au plus une histoire de moyens financiers. Ou de coup de tête, et je ne dit pas ça pour les cuisines italiennes.

Mais si on part du principe que c'est une question du même acabit que le sempiternel "quel livre emmeneriez-vous sur une île déserte ?" (et il est vrai que lorsque l'équipage de forbands débarque son capitaine sur une île, royaume solitaire et oublié des atlas, où il régnera à l'aide de son couteau et d'un fusil armé d'une seule balle, il ne manque jamais de lui poser cette très pertinente question, soucieux de préserver et sa santé physique et l'embellisement de son âme lors des nombreuses soirées qu'il passera auprès d'un feu allumé à grand peine en frottant deux cailloux, mais je crois que je m'égare) bref, la réponse est bien simple : il n'y a pas de cuisine sur une île déserte. Parce qu'il n'y a pas l'eau, pas l'électricité, pas le gaz, rien. Nada. On tente de survivre en suçant des noix de coco et en buvant du rhum. On se fait des habits en peau de chèvre, un chapeau de la même matière, et on déambule ainsi, regardant vers le large si quelque voile ne surgit point à l'horizon. C'est grand et magnifique.

Sauf à Noirmoutier, où l'on cultive la bonotte, et le sel qui va avec.

2) Quel est l'aliment ou le plat le plus inhabituel que vous ayez goûté ?

Ces questions ne sont décidement pas très précises, laissant une grande marge d'appréciation au malheureux chargé d'y répondre. Je m'en trouve très perturbé. Je vais néanmoins tenter de faire de mon mieux, en levant le voile sur un des aspects les plus surprenant de ma personnalité : de ma vie, je n'ai jamais mangé un plat. Aucun. Pas le moindre arcopal, pas le plus petit morceau de tefal et autre duralex. J'ai bien dû avaler quelques parcelles de papier d'aluminium, voire un fragment de papier sulfurisé, mais pas de quoi en faire un plat. C'est bien ce que je disais.

Pour l'aliment le plus inhabituel, je vais répondre ce que tout le monde devrait répondre : des mouches, des araignées, probablement quelques moustiques. J'avais lu un jour le nombre théorique que nous étions censés en avaler au cours d'une vie, notamment en dormant, ce qui m'étonne d'ailleurs, car j'ai toujours très faim lorsque je me réveille. C'était assez surprenant.

3) Quel est l'aliment ou le plat le plus inhabituel que vous ayez goûté et aimé ?

Tiens, un questionnaire à échos.

4) Quels aliments évitez-vous de manger (que ce soit à cause d'allergies, d'un régime alimentaire précis ou juste parce que vous n'aimez pas) ?

D'une manière générale, j'évite de me ronger le foie, me manger les sang ou me bouffer la tête. C'est très mauvais.

5) Est-ce que vous cuisinez ?

Mon avocat m'a déconseillé de répondre à cette question. Jusqu'à preuve du contraire, je n'ai tué personne. Vous n'avez pas le droit de m'accuser ainsi.

6) Quel est le plat que vous préparez lorsque vous souhaitez faire plaisir ?

Encore cette histoire de plat ? Celui qui a conçu ce questionnaire devait avoir un problème avec ce genre d'objet. Vraisemblablement un traumatisme lié à l'enfance et non résolu. Je suppose que quand il était petit, il a cassé un plat, sa maman l'a fait monter dans sa chambre et privé de dessert et il en garde encore une rancoeur tenace mais refoulée. C'est pourquoi il ne songe qu'à offrir des plats à ses amis, c'est une manière pour lui de conjurer ce traumatisme.

Je préfère pour ma part m'en tenir aux classiques chocolat et/ou vin, mais si vous voulez que je vous offre des ustentiles de cuisine, dites le moi, il y a longtemps que je n'ai pas été trainer chez Ik*a.

7) Lorsque vous allez au restaurant, quel plat préférez vous choisir ?

Et ça continue ! Désolé, je ne suis pas kleptomane. Mais il parait que certains restaurants populaires offrent un plat par jour à leurs clients. D'où le nom de plat du jour. C'est pas cher, c'est pas bon, mais on a le droit de partir avec l'assiette, ou le plat, selon que l'on a commandé une assiette de charcuterie ou un boeuf en daube. Il faudra que je me renseigne.

8) Au restaurant, avez-vous déjà demandé à ce que l'on vous change un plat ou un vin ?

Bon, ça commence à bien faire ces suspicions. Non seulement je n'ai jamais volé de plat dans un restaurant, mais il ne me viendrait pas à l'idée de revenir le lendemain pour me plaindre de sa couleur, ou de son émaillage déficient qui part au lave-vaisselle. Ce serait incongru, et pour tout dire déplacé. Et puis, comment voulez-vous voler un plat sans vous faire remarquer ? Sauf à avoir des complicités parmi le personnel, je ne vois pas. Il faut tenir compte des dimensions de l'objet, de son poids, des salissures éventuelles, voire des restes d'aliments qu'il pourrait contenir. Non, c'est vraiment se donner trop de peine pour pas grand chose. Par contre, voler des couverts, une petite assiette à apéritif, voire un verre, oui, c'est tout à fait possible et je parle en connaissance de cause mais ne le faites pas, voler c'est pas beau.

9) Organisez-vous de grands repas pour le plaisir de cuisiner ?

Non. Vous m'invitez quand ?

10) Quel est l'aliment dont vous ne pourriez pas vous passer ?

Sherlock Holmes. Parce que c'est alimentaire, mon cher Watson.

Pardon...
J'le ferai pû.

***

La vignette du gamin qui dit "Mauriiice, tu pousses le bouchon..." vient de Google. Elle doit être copyright Nestlé, petit c dans un rond ou quelque chose comme ça, je veux pas aller en prison, ça aussi je le ferai pû, pardon monsieur Nestlé.

05 mars 2007

Ceci n'est pas une chronique

Pssssst !


Vous savez quoi ?


Ce blog a un an !!!


Et j'ai failli l'oublier !


Au fait, où a été prise la photo de cette belle horloge ?

Chronique du simple bonheur

J'aime beaucoup le café. J'en bois le matin, j'en bois à midi, si je m'écoutais je me reléverais la nuit pour en boire. Je signale au passage à M. Nespresso que ma carte bleue a bien été débitée mais que je n'ai toujours pas reçu mon café. Et si d'autres font leurs délices du thé ou du produit de la vigne, certain(e)s succombent aux tentations voluptueuses de la tisane. Chacun trouve son bonheur où il peut. C'est le thème du film d'Eric-Emmanuel Schmidt, Odette Toulemonde. C'est un film sur le bonheur des autres. Ceux qui sont heureux de pas grand chose, ceux qui collectionnent les poupées costumées, ceux qui lisent du Balthazar Balsan et planent au-dessus des toits de Bruxelles parce qu'ils ont appréciés son dernier livre, ceux là aussi ont droit au bonheur, qui n'est pas réservé à une certaine forme d'élite. Elite intellectuelle qui méprise les bonheurs simples et populaires, ou qui se plait à séparer le monde en deux catégories : les gagnants et les perdants.


Odette Toulemonde, petite employée de grand magasin au destin terne et banal, vit avec son fils coiffeur et sa fille grincheuse, habite un modeste appartement dans une banlieue ouvrière plus modeste encore, avec les gosses qui courent dans le couloir, les poubelles à descendre et la mer du nord comme dernier terrain vague. Mais elle lit. Pas les chefs d'oeuvre de la littérature, ni des centaines de livres par an, ni des auteurs recommandés par les critiques les plus en vue ; non, elle lit les livres de Balthazar Balsan, et c'est une des choses qui suffisent à son bonheur. Mais la vrai raison de sa joie de vivre, elle la porte en elle, toujours souriante, chantante, virevoltante, entrainant tout son petit monde avec elle au son de Joséphine Baker.

Le film commence alors qu'elle prend son après-midi de congés pour se rendre à Bruxelles, pour enfin rencontrer en dédicaces et en vrai cet auteur auquel elle voue une admiration sans bornes. Seulement voilà, une fois devant son grand homme, elle est tellement émue qu'elle n'arrive même pas à dire son nom. Elle décide alors de lui écrire, choisit son plus beau papier à lettres (le rose, avec un petit ange au milieu) et lui dit l'importance qu'il a dans sa vie, avec ses mots naïfs mais débordant de sincérité. A l'occasion d'une autre séance de dédicaces, elle lui remet sa lettre. Balsan n'accorde qu'une importance relative à cette inconnue parmi d'autres, la lettre finit dans la poche intérieure de se veste, il la retrouvera par hasard en s'enfuyant de l'hôpital où sa tentative de suicide le mènera. Parce que si il a toutes les apparences du bonheur, il n'est pas heureux. Parce qu'il vient d'être descendu en flammes par le critique le plus important du moment, parce que son fils se fait taper dessus suite à cette émission, parce que sa femme le trompe avec le critique en question. Tombant par hasard sur la lettre d'Odette, il se met à sa recherche, et échoue un soir dans son petit appartement... La suite est assez évidente, aussi ne vous la raconterai-je point.



Dans Little Miss Sunshine aussi, tout le monde poursuit à sa façon son petit bonhomme de bonheur. Et le bonheur, c'est pas évident, surtout lorsque l'on divise le monde en deux catégories : les gagnants et les perdants. C'est la marotte du père d'Olive Hoover, qui applique à longueur de journée à sa famille sa méthode en neuf points pour devenir un gagnant, un vrai, un de ceux qui marchent sur la tête des autres.

Ce qui n'empêche pas les uns et les autres d'avoir des rêves grands et magnifiques. Le père, veut vendre sa méthode -et se heurtera à de cruelles désillusions- le fils a fait voeu de silence jusqu'au jour où il entrera à l'Ecole de l'air -il fait des pompes et lit Nietzche- l'oncle suicidaire rêve d'une Amérique qui comprendrait Proust et le grand-père, épicurien shooté et obsédé, ne demande pas grand chose à la vie. Ou alors juste un magazine porno et un rail de coke de temps en temps. Olive Hoover, 6 ans, ne rêve que de devenir Little miss sunshine, sorte de mini-reine de beauté. Se trouvant sélectionnée pour ce prestigieux concours, toute la famille s'embarque à bord de l'antique combi wolkswagen et se met en route pour la Californie.

J'aime beaucoup les road-movies. C'est toujours l'occasion de toutes les mises au point, les réglements de comptes, et le retour à l'essentiel, en général au bout de la route. Celle que l'on fait sur l'asphalte du Nouveau-Mexique, mais aussi en soi. Et c'est sans compter tous les événements tragiques ou cocasses que les héros ne manquent pas de rencontrer. Comme faire démarrer un van sans embrayage, ou mettre le cadavre de papy dans le coffre sans se faire remarquer. Au bout du compte, au bout de la route, quelques illusions se seront envolées, mais ils se seront mis d'accord sur l'essentiel. Qu'il faut faire ce que l'on aime, les vrais gagnants sont ceux qui ont le courage d'essayer. Qu'un rêve est fait pour être vécu jusqu'au bout, qu'il faut profiter de tous les plaisirs de la vie tant qu'on le peut, parce qu'on a tôt fait de se retrouver résumé au contenu d'une petite boîte. Et que les concours de beauté pour petites filles, c'est encore plus pitoyable qu'un défilé de caniches pomponnés.
Il faut faire ce que l'on aime, et merde au reste
(Dwayne Hoover, nietzchéen repenti)
Les rêves sont faits pour être vécus, le bonheur est fait de petites choses simples. Et merde au reste.