25 juin 2007

Les 10 blogs qui citent mon blog

Pour continuer dans la série des billets qui meublent bien pour pas cher, je reprends une fois de plus une idée lancée par un blogami. Il s'agit aujourd'hui de Christelle, qui incitait à la suivre dans son entreprise farfelue de recensement des blogs qui parlent de soi. Elle a beau nous fournir des explications précises, des outils pertinents, des conseils avisés, cela ne m'empêche pas de trouver presque trop compliqué cet exercice où il n'est question que de Developper center, de référencement, de Yahoo pipes et autres termes technico-ésotériques.

De fait, je me suis attaché à confectionner une liste de 10 blogs me citant dans un article, ce qui n'est pas la même chose que ceux qui me lient. Que tous ceux qui ne sont pas dans la liste ne s'en offusquent pas outre mesure, les uns et les autres ont droit à ma plus vive gratitude. Ca tombe bien, ce sont presque toujours les mêmes...

Mais jugez donc, sur la foi de cette liste à l'ordre pas vraiment aléatoire :
Reprenne qui voudra !

La prochaine chronique est dans les tuyaux !

12 juin 2007

Chronique pluvieuse du Louvre, des photos et de la poussière des temps anciens

Des mauvais esprits (de telles personnes existent-elles vraiment ?) se laissent aller à dire qu'il pleut parfois sur Dijon. C'est complètement faux. La preuve : il n'a plu que deux heures la semaine dernière. Jeudi soir, de 18h à 20h environ. Le ciel était noir, l'averse était drue, le tonnerre faisait son vacarme habituel. Les voitures roulaient dans trente centimètres d'eau. Peut-être même quarante, selon des témoins dignes de foi. Mais est-ce une raison de médire ainsi ? Bien sûr que non. En trois jours à Paris la semaine passée, il a plu quasiment tout le temps. Loin de moi l'idée d'en tirer des conclusions hâtives, mais il faut regarder les choses en face : je me suis mouillé les pieds.

Le ciel commençait de s'obscurcir comme nous quittions l'esplanade du centre Beaubourg après ma prestation ; la pluie a bientôt débuté pour ne plus cesser les jours suivants. Autant dire que le temps était idéal pour passer entre les gouttes et d'un musée à l'autre. Idéal pour admirer, parapluie en main les merveilles de l'Histoire, de l'art et du génie créatif humain - car il y a des nuances.



Le fameux scribe accroupi par exemple, illustre ancêtre des fonctionnaires, comptant Amôn sait quoi depuis la nuit des temps, avec son crâne rasé, sa peau orange et son petit ventre rond. Est-ce de l'art ? Ou bien l'une des plus belles expressions du génie humain ? Ses yeux de verre confèrent à son regard une intensité prodigieuse. Il commence à vous fixer dès que vous entrez dans la salle, puis il vous suit des yeux sans ciller ; il ne bronchera pas davantage tandis que vous le prendrez en photo sous tous les angles.

D'ailleurs, à quoi bon ? J'aurais pu avoir une plus belle image sur Insecula, et en savoir plus sur le scribe accroupi, sa vie, son oeuvre, mais j'ai illustré sans le vouloir la chanson de Benabar Les épices du souk du Caire : Qu'elles soient en couleur ou bien en noir et blanc, on fait tous, quelle horreur ! les mêmes photos tout l'temps. Qu'est-ce qui nous pousse au fond à refaire à la chaîne, tous les mêmes photos qu'on a vu par centaines, des photos de monuments qui sont jamais très belles, mais c'est nous qui l'a fait c'est pas la carte postale...

Il est de toute façon illusoire d'espérer photographier quoi que ce soit dans les allées du Louvre. A cause du reflet sur les vitrines, à cause du parapluie déjà cité que l'on ne sait pas où mettre, à cause de la foule bruissante, bruyante et bousculante. D'ailleurs, celle-ci nous aurait-elle légérement déroutés ? A moins que ce ne soit la chaleur, la vastitude des lieux, que sais-je, l'émotion artistique, mais nous avons fait le parcours à l'envers.


Voilà pourquoi nous avant vu cette sublime statuette pourtant chronologiquement plus proche de nous avant le scribe - celui-ci datant de l'Ancien Empire. La nuit des temps est datée, c'est fou. Mais assez de digressions : c'est une des plus jolies choses que nous ayons pu voir. Je crois que ça se passe de commentaires : la finesse de la silhouette, rehaussée par le drapé quasiment invisible dont les plis s'estompent pour finir par n'être que suggérés. C'est sans nul doute une des plus belle émanation de l'Art. A tel point que la boutique du musée en propose des reproductions à des prix déraisonnables. Ceci expliquant sans doute pourquoi l'une reste ouverte fort tard quand l'autre entame les manœuvres de fermeture (consistant à pousser les gens vers les portes) dès 17h30.

Cela ne nous aura pas empêché de voir madame paréo sans le haut - ce qui, par un temps pareil, était assez osé. Notez qu'elle illustre à merveille la chanson de Benabar citée plus haut :
Mignonne en paréo au retour de la plage, elle enlèvera pas le haut, c'est dommage. Le portrait qui fait rire du permis de conduire, celui qui fait peur, qu'est-ce que c'est qu'cette coiffure ? Qu'elles soient en couleur ou bien en noir et blanc, on fait tous, quelle horreur ! les mêmes photos tout l'temps

... Les grands derrière, les p'tits devant.
Le tout précédé, suivi ou accompagné de chats empaillés, de sarcophages, d'une momie complète avec tout son petit nécessaire, de statues d'ibis, de canards, de faucons ; de frises de griffons et d'archers, de files d'attente interminables devant les WC et de vitrines entières de petites choses anciennes et délicates en bronze, terre, argent et bribes de poussière des temps anciens.


***

La chronique pluvieuse et intriguée de l'art contemporain, pour ne pas dire moderne, se déploiera à vos yeux ébahis d'ici quelques jours. Je ne voudrais pas vous infliger de trop longues séances de lecture !

11 juin 2007

Les filles ausi chassent les dragons

Un jour je vous raconterai sans doute comment, avant de tomber dans le monde merveilleux de l'Administration, je voulais être bibliothécaire. Ceci s'explique par mon attrait pour la planète livre et tout ce qui gravite autour - et éclaire du même coup ma propension à vous parler de ces petites choses là de temps en temps en temps. Mais pas trop souvent quand même, d'autres le font bien mieux que moi. Et ce n'est de toute façon pas le propos de ce blog. Encore avant, je voulais être ingénieur des eaux et forêts, mais c'est parce que je ne savais pas trop ce que ça voulait dire. Bref, vous allez finir par croire que mon rêve d'enfant a toujours été de devenir fonctionnaire. Alors que je voulais être Zorro, comme tout le monde.

Mais je cause, je cause, et je perds presque de vue ce que je voulais dire. Ca a dans une certaine mesure trait aux livres, d'où le détour qui précède. J'ai récemment découvert l'existence d'un label décerné aux albums et aux livres pour la jeunesse (0-10 ans) ne tombant pas dans les stéréotypes du style papa au boulot, maman à la cuisine, petit garçon joue au foot et petite fille à la poupée... Et ils ne sont pas très nombreux.


L'association suisse Lab-Elle a donc décidé de faire en sorte de changer les choses en œuvrant pour une attention soutenue aux potentiels féminins dans le domaine de la littérature enfantine et [de] rendre visibles les albums allant dans ce sens. Leur communication balaie les clichés à coup de formules impertinentes telles que "Les garçons aussi ont peur des araignées". C'est pas vrai, ou alors seulement les plus grosses ou "Les filles aussi chassent les dragons !"

Enfin une bonne initiative qui vaut mieux que bien des gesticulations télévisuelles...

06 juin 2007

Nouveau départ

Cela faisait quelques semaines que je n'avais pas eu le temps de participer aux consignes dispensées par Coumarine sur Paroles plurielles (on se demande pourquoi...) ; étant pour cette quinzaine chargé de mettre en ligne les textes des participants, je me suis un peu plus penché sur la question. Voici la consigne, présentée par Coumarine :

Je vous propose de vous laisser "prendre" par une photo que m'a transmise Arthur. Non pas pour écrire un texte "moral" sur la pauvreté, mais pour écrire VOTRE texte à vous que vous inspire cette photo. Et pour vous compliquer la tâche (oui, vous savez que j'adooooooooore ça!), voici une phrase d'incipit "chipée" à Philipe Claudel, (auteur à lire de toute urgence) dans son livre "J'abandonne" (dur dur) paru en collection folio : "Le samedi, c'est plus tranquille. Il y a moins de monde." (p56)


Le samedi c'est plus tranquille. Il y a moins de monde. C'est le jour ou jamais pour partir. Les gosses sont prêts ? Dépêchez-vous, vous allez nous faire repérer. Allez, fais pas cette tête, on a rien à se reprocher. Ce sont eux les voleurs. Ils nous ont volés notre vie, notre bonheur, notre liberté. Allez viens, on s'en va.

Jamais je ne me suis habitué à voir la femme que j'aime vivre dans ce taudis. Tu mérites mieux que ça ma beauté. Combien de temps avons nous pourri dans cette cage ? Je ne sais plus. Cinq ans ? Cinq ans déjà ? Ce n'est pas possible. Cinq années à mourir sa vie tous les jours, à quatre dans dix mètres carrés. Avec l'espoir d'une vie meilleure qui s'en va tous les soirs davantage. Allez viens, on s'en va.

Mais tout ça c'est fini. On s'en va. Oui je sais, je l'ai volé cette caravane. Oui je sais, ce ne sera pas le grand luxe, mais nous aurons au moins la route comme refuge,l'espoir comme bagage et le soleil pour témoin. Allez viens. Il est temps. On entend presque plus les voitures. Il sont déjà tous partis. Viens, allez, c'est aujourd'hui qu'on s'en va. Le soleil est magnifique, on roulera le plus longtemps possible. Et ce soir, je te prendrai en photo devant notre nouvelle maison.

03 juin 2007

Petit questionnaire littéraire

En attendant la suite, voici un questionnaire à caractère livresque si ce n'est littéraire. Il m'a été proposé par mon amie Delphine, qui feint de croire qu'elle ne connait pas mes goûts en la matière. Je pense plutôt qu'elle cherche de quoi me faire écrire plus régulièrement. Qu'elle en soit remerciée.

1) Le 1er livre qui vous a marqué ?

Si on part du principe que les aventures de Oui oui et Potiron ne rentrent pas vraiment en ligne de compte, je pense que le premier livre qui m'a marqué doit être Les voyages de Gulliver de Swift.

2) Celui que vous n'avez jamais pu terminer ?

Attention, je vais cafter méchamment. La maîtresse de Brecht de Jacques-Pierre Amette, prix Goncourt de je ne sais plus quelle année, me tombe des mains comme c'est pas permis. C'est une juxtaposition de phrases creuses et sèches, une qualité d'ennui rarement atteinte. Aussi passionnant qu'un procès-verbal de garde à vue.

3) Celui que vous reliriez avec plaisir ?

Il faudrait plutôt demander ceux que j'ai relus avec plaisir ! En commençant par certains livres que l'usage destine aux lectures enfantines, et que j'ai relus plus tard, tels que les Voyages de Gulliver déjà cités ou L'île au trésor ; Le seigneur des anneaux un peu plus tard. Viennent ensuite quelques livres ou auteurs dont l'oeuvre ou un titre en particulier se prêtent à des relectures complètes ou fragmentaires : Chroniques martiennes (Ray Bradbury), Fictions (Jorge Luis Borges), Les fleurs du mal, Les aventures du Petit Nicolas, Contes et nouvelles (de Maupassant. -je suis très éclectique- et les Chroniques de Vialatte, récemment évoquées dans ces pages.

4) Celui qui vous a fait le plus pleurer ?

La fin de La coupe de feu. Siiiii ! Il y en a sûrement eu d'autres, mais ils m'échappent pour l'instant.

5) Celui qui vous a le plus déçu ?

La petite chartreuse : de bons passages mais l'ensemble est inutilement larmoyant.
Le mobilier national : l'auteur (Laurence Cossé) en parlait bien à la radio, ce qui m'avait donné envie de le lire, mais c'était assez... fade.

6) Celui que vous ne lirez jamais ?

Euh... je vous le dirai quand j'aurai lu tous les autres ?

7) Celui que vous attendez avec impatience ?

Mauvaise question! Ce sont les livres à lire qui m'attendent avec impatience sur mes étagères, pas l'inverse !

8) Un auteur dont vous avez lu tous les livres?

Fred Vargas (du moins tous les rompols)

9) Un auteur dont vous prévoyez de lire tous les livres?

De Maupassant, j'ai lu toutes les nouvelles (en Pléiade, bé oui, j'ai des gouts de luxe) - il me reste encore à lire ses romans. Il faudra que je m'attaque à ce qu'il me reste de Vialatte un jour.

10) Un livre qui n'a rien d'un chef d'oeuvre mais que vous avez tout de même beaucoup aimé ?

Qu'est ce qu'un chef d'oeuvre d'abord ? Il conviendrait de répondre à cette question avant de se lancer dans des jugements à l'emporte-pièce... Cela dit, j'ai une vague idée de la question, et je citerais donc Bouquiner (Annie François nous raconte sa vie au milieu des livres, tous les lecteurs se reconnaitront au moins une page sur deux), la série des Harry Potter, Les fourmis de Bernard Werber, la série des aventures de Monsieur Malaussène de Daniel Pennac...


11) Un livre qui a laissé une marque profonde en vous ?

Dur, dur... Vies minuscules de Pierre Michon ? Si c'est un homme ?

12) Un livre qui vous a été recommandé de lire à l'école et que vous avez (contre toutes attentes) vraiment beaucoup aimé ?

J'ai suivi deux années durant les cours du DEUST "Métiers du livre" -il faudra que je vous raconte ça un jour- au milieu desquels surgissaient les prestations d'une sorte de fou littéraire, un critique qui ne comprenait pas que nous ne possédions pas le centième de ses connaissances ; je dois malgré tout à sa non-pédagogie la découverte de Alexandre Vialatte (eh oui...), Jean-Philippe Toussaint, Jean Echenoz, Pierre Michon, Arto Paasilinna...

13) Un classique français qui vous tombe des mains ?

La condition humaine. Pour paraphraser Desproges, c'est comme l'annuaire : on tourne trois pages et on décroche...

14) Un classique français qui vous a énormément plu ?

Madame Bovary. C'est féroce, cynique, violemment bien écrit. Indispensable.

15) Le dernier livre que vous avez acheté ?

Microfictions de Régis Jauffret

16) Le dernier livre que vous avez terminé ?

Allez, je personnalise la question en listant les quatre derniers livres lu :
  • Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler / Luis Sepulveda
  • La vie devant soi / Romain Gary-Emile Ajar
  • Les jeux de l'amour et de la mort / Fred Vargas
  • La fille de la nuit / Serge Brussolo
17) Le(s) livre(s) que vous lisez en ce moment ?

L'élégance du hérisson / Muriel Barbery
Microfictions / Régis Jauffret

D'une façon générale, je vous renvoie au "Sammy express" qui s'affiche dans la colonne de droite pour savoir en permanence le titre du livre en cours !

18) Le prochain livre que vous lirez ?

Plateforme / Michel Houellebecq

19) Votre liste de livres à lire ? (question rajoutée par Sammy)
  • Plateforme / Michel Houellebecq
  • Le monde selon Garp / John Irving
  • L'aveuglement / José Saramago
  • Notre Dame de Paris / Victor Hugo
  • Aragon, Zweig, Camus, Gogol, Simenon, Saint-Exupéry...
20) Quels sont les livres ou les écrivains que vous conseillerez absolument ? (encore une question que je rajoute !)

Hormis les habituels Vialatte et Maupassant, je vous suggère amicalement de lire (pourquoi pas cet été) le fabuleux Manuscrit trouvé à Saragosse de Jean Potocki. Vous aurez le bon goût de préférer l'édition José Corti.


Et, dans le plus grand désordre, vous serez bien avisés de lire ou relire : Phèdre, La légende des siècles, Pars vite et reviens tard, La confusion des sentiments, Les bienveillantes, Kressman Taylor, Eloge de la folie, Paroles, Terre des hommes, Desproges, Le petit monde de Don Camillo, Coeur de chien, Les Mille et Une nuits, Dino Buzzati, Anna Gavalda, Le parfum, Le lion, Albert Londres et La Fontaine, qui font partie, avec quelques uns de ceux que j'ai cité dans ce questionnaire, de mes meilleurs souvenirs de lecture de ces dix dernières années.

Et comme je suis d'un naturel généreux, j'invite Miss Alfie, Céline, Posuto, Florence et Melle Bille à nous parler à leur tour de leurs lectures !

Quand à Delphine, elle peut maintenant me faire part de ses réponses...

Les ilustration sont gracieusement fournies par monsieur Amazon.

01 juin 2007

Chronique du Sammy saltimbanque

Descendant l'esplanade en pente douce qui mène au centre Pompidou, Chérie de Sammy et moi-même avons été attirés par un attroupement de personnes assises, assistant vraisemblablement à un spectacle. Nous approchant, nous nous rendons compte qu'il s'agit d'un artiste de rue. Pantalon noir, chemise blanche et bretelles qui s'avéreront très utiles pour tous les effets de comique visuel qu'elles permettent, il prend à partie le public, imitant les touristes asiatiques, singeant voire poursuivant les malheureux qui passent dans son périmètre et regroupant autour de lui un public nombreux auquel nous nous joignîmes.

Alors que nous avions finalement décidés de nous assoir, il s'avise de notre arrivée et s'approche en vociférant, désignant un emplacement au sol : asseyez-vous LA ! Noooon ! Làààà ! déclenchant de nouveaux rires de la foule. Amis des arrivés discrètes, passez votre chemin ! Le spectacle continue, ou plutôt commence, car il se met bientôt à expliquer qu'il va sélectionner parmi le public des collaborateurs (vieille ficelle pour s'assurer l'attention de l'auditoire) pour participer à la réalisation d'un épisode de Dallas à la chinoise... Il choisira donc successivement un italien barbu qu'il ornera d'un nunchaku et un tibétain qui prendra la fuite dès qu'il aura le dos tourné, qu'il remplacera aussi sec par un américain chauve (sans doute pour contrebalancer la barbe). Le malheureux se verra affublé d'un béret, d'un revolver découpé dans du carton et d'une française qui jouera l'héroïne de ce street-soap opera.

Il adjoint à ce petit monde un clapman -c'est celui qui est chargé de gueuler (c'est le terme le plus approprié) le numéro de la scène entre chacune des prises virtuelles- auquel il projette de faire exécuter sur les pavés des bonds de cabri et autres fantaisies gracieuses et aériennes. La première victime sur laquelle il avait primitivement jeté son dévolu s'excuse, remonte une jambe de son pantalon et dévoile une attelle qui l'empêchera de faire toutes les choses grandes et magnifiques que l'on attend de lui. Qu'à cela ne tienne, notre metteur en scène hystérique va choisir quelqu'un d'autre dans le public... Inutile de faire durer plus longtemps un artificiel et vain suspens, c'est bien évidemment vers moi que son index tendu va se pointer !

Votre serviteur, agrémenté pour la circonstance d'un chapeau trop petit (le maître de cérémonie aura sans doute mal évalué la taille de ma caboche) a par conséquent fait l'andouille pendant vingt bonnes minutes devant un parterre hilare et bigarré, sautant, courant, traversant la "scène" à pas chassés en tournant le dos au public, ou regardant mon temporaire et hilarant chef avec une frayeur feinte. J'avoue que j'ai pris un plaisir certain à en rajouter au passage ce qui me valût force mimiques et autres moqueries de l'artiste, mimant tantôt l'homme ivre, tantôt le fou, tantôt le fumeur d'herbes exotiques... Dans mes moments d'inactivité (je n'avais finalement qu'un rôle fort modeste) j'ai observé la fascinante facilité qu'ont les gens -moi compris- mûs par le charisme du clown et la pression du groupe, à obéir aux ordres les plus incongrus que l'on peut leur donner.

Après ce quart d'heure de gloire improvisée, nous nous dirigeons enfin vers le musée convoité, devant lequel nous serons restés assis à peine plus longtemps que prévu. La prochaine chronique ne pourra dès lors qu'être parisienne et artistique. Et un petit peu pluvieuse. Mais les grands artistes ne se soucient pas de considérations aussi mesquines que l'eau tombant du ciel...