30 janvier 2012

La moustache, c'est l'expérience

J'ai vu cette affiche étrange sur différents panneaux dijonnais :


 Il va sans dire qu'au premier abord, je n'ai pas compris de quoi il était question. Tout ce que l'on a le temps d'apercevoir, en voiture, c'est une jeune fille qui tient devant son visage une feuille où sont dessinées des moustaches. Déjà, raté pour la promotion des portes ouvertes.

L'image en soi n'est pas choquante, elle est même plutôt rigolote et c'est une figure à la mode ; d'ailleurs ce genre de cliché est plutôt dans l'air du temps. Un bon point pour le côté "dans le coup". Les grincheux diront forcément que ce n'est pas très original...

Coffe mustache, via mustachemusic.tumblr
Mais quitte à être grincheux, autant l'être pour une raison valable : ce que ce message infère, selon moi, c'est que l'expérience, c'est la moustache... Ça me fait penser à Benoit Poelvoorde et son appel aux belges barbus... Jeunes filles, voulez-vous acquérir de l'expérience pour votre future vie professionnelle ? Ben devenez des hommes.

Des vrais, avec une moustache.

Pour nos amis (moustachus) de l'ENIL : FAIL

27 janvier 2012

Rififi dans le métro

Encore une ! Encore une affiche censurée par Métrobus, la régie publicitaire de la RATP. Il y a eu Tati, il y a eu Saez. Il y a eu Coco avant Chanel et Gainsbourg (mais pas le Che).

C'est maintenant au tour de Stéphane Guillon. Le bougre devrait se réjouir, c'est une forme de consécration...


Le motif : cette affiche contient un message à caractère politique. C'est interdit. Ah bon. Et celle-ci, pourquoi a t-elle été autorisée ? En vérité mes biens chers frères, les voies du métro, à l'instar de celles du Seigneur, sont impénétrables. Sitôt collées, sitôt enlevées ! Si il est permis de penser que la régie publicitaire de la RATP manque parfois d'un chouïa de discernement, on ne peut pas dire qu'elle ne soit pas efficace, à sa façon bien sûr.

Quant à Guillon, je ne m'inquiète pas trop pour lui : le buzz fait autour de cette affairette lui a bien plus rendu service que toutes les campagnes d'affichage. Mais cette forme particulière que prend la bêtise quand elle est munie de ciseaux me laisse toujours une drôle d'impression.

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Bonus : je propose bien humblement à nos amis de Métrobus un nouveau projet d'affiche, réalisé par le génial Tampographe Sardon et qui aura, je l'espère, l'heur de leur plaire.

25 janvier 2012

Mauvais classement, toujours

C'est frais, c'est neuf et ça vient de tomber -non ce n'est pas la neige. C'est le classement RSF de la liberté de la presse 2011/2012. La France, l'Espagne, l'Italie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et j'en passe sot toujours aussi mal classés. Ils ne sont pas dans les profondeurs abyssales du classement, du côté de la Syrie, de l'Iran et de la Corée du Nord, mais il n'y a vraiment pas de quoi être fier pour autant.
Nous n'avons pas encore atteint la situation abominable des "dictatures absolues", bien sûr, mais :
"Dans certains pays européens, on sent une dégradation des faits, comme des perquisitions dans des rédactions, des journalistes mis en examen, des lourdeurs judiciaires" (France Info)
Loin devant la France, pour ne citer que quelques exemples, il y a le Niger, le Costa-Rica, la Namibie... Sans commentaires.
Il est à noter l’entrée du Cap-Vert et de la Namibie dans les vingt pays les mieux classés, deux pays africains où aucune entrave au travail des journalistes n’a été recensée en 2011
La liberté de la presse, les libertés publiques en général, ne sont jamais complétement acquises.

20 janvier 2012

En vrac #2 - Pitié pour les mauvais garzon !

Quelques petites choses en passant, remarquées ces jours derniers sur le web :
  • On a beaucoup glosé, récemment, à propos de la loi pénalisant la contestation du génocide arménien ; pour ma part, je suis d'accord avec l'avis du CVUH : reconnaître officiellement le génocide était une décision courageuse, stériliser le débat en interdisant aux opinions discordantes de s'exprimer, une idiotie. 
  • Dans un registre similaire, si vous suivez l'actualité de nos voisins, vous n'aurez pas manqué de noter que le juge Garzon a des ennuis. En substance, un parti d'extrême-droite lui reproche -au nom d'une loi d'amnistie, d'où le rapport avec l'affaire précédente- de trop remuer le passé franquiste de l'Espagne. (Bon, il a aussi franchi les bornes de la légalité en faisant effectuer des écoutes illégales dans une affaire de corruption - intéressant ce type, une sorte de chevalier blanc pris à son propre piège)
  • Que ceux que cela fait sourire s'interrogent sur la réaction de la classe politique française dès qu'il est question de la guerre d'Algérie... 
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  • J'ai lu cette semaine trois articles (le second pompant le premier et le troisième les réfutant) sur Le nouveau détective. On a tous vu ce journal en kiosque, je ne l'ai jamais lu, j'ai sûrement raté quelque chose... Article11 met en avant le côté racoleur et extrêmement droitiste du journal alors que Jean-no, dont il s'inspire, a cette intéressante conclusion sur le dernier des blogs :
Je me sens presque vexé ou honteux de réaliser que je n’ai jamais eu la curiosité de jeter un œil sur ce type de presse, car au fond, c’est sans doute dans des « lieux » de ce genre que se forge une partie de la conscience politique du public et il serait sans doute imprudent de négliger leur existence. 
André Gunthert dénonce pour sa part une "stigmatisation expéditive" au nom de ses souvenirs d'enfance :
On peut rejeter, en bon kantien sûr de ses Lumières, cette mythologie dans l’enfer du populisme. Moi, je me souviens d’avoir tremblé d’effroi et de plaisir en écoutant Pierre Bellemare, il y a bien longtemps, avant que les humanités ne me lavent le cerveau. S’il y a autant de morale obtuse dans le jugement sans appel d’Article11 que dans les colonnes de Détective, seul le second témoigne d’une compréhension approfondie des ressorts de la culture populaire.
Bref, rien n'est simple.
  • Ces articles qui m'ont fait arriver à celui d'Internet Actu : Comment les métaphores gouvernent notre esprit
    Notre vision du monde – et par conséquent nos décisions – seraient en grande partie modelées par notre système de métaphores [...] En bref, lorsque la criminalité est considérée comme une “maladie”, on est plus disposé à chercher à “soigner” plutôt qu’à “combattre” et “punir”.
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CC Prinsessan_J.

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     C'est tout pour aujourd'hui !

      18 janvier 2012

      Note de service : des commentaires enfin efficaces sur Blogger ?

      Les commentaires sur Blogger, c'est une longue histoire compliquée, avec des rebondissements, des solutions incomplètes et aujourd'hui, enfin, une évolution qui permet à nos blogs hébergés chez Google de rattraper leur retard.

      Il est désormais possible aux lecteurs de répondre à un autre commentaire, et à l'auteur de répondre individuellement à chacun, sans être obligé d'indiquer dans un commentaire unique à qui il répond. C'est basique, on peut faire ça sur presque tous les autres blogs, mais je suis content que ce soit enfin possible ici.

      13 janvier 2012

      Chronique du Tolkien illustré

      Tolkien par David Levine
      Tolkien est né le 3 janvier 1892, j'ai positivement laissé passer la célébration de son 120ème anniversaire. Comme il n'est jamais trop tard (et qu'il n'est plus à un jour près), je vais me rattraper aujourd'hui ; plutôt que de disserter sur mon interprétation personnelle du Silmarillion (que je n'ai d’ailleurs pas lu) ou du Seigneur des Anneaux (que j'ai lu deux fois), j'ai envie de parler de ses principaux illustrateurs.

      [Dans cette chronique, il sera de bon goût de cliquer sur les vignettes avec la molette de la souris, pour voir les images en grand et dans un nouvel onglet]

      Le plus connu, et pour moi le plus doué, est bien sûr Alan Lee. Il est indissociable du gros et beau Seigneur des anneaux -mon préciiieux volume- édité par Christian Bourgeois. De belles illustrations à l'aquarelle, en pleine page, pas forcément en rapport avec le chapitre en cours -elles sont groupées par paquet de 5 ou 6- mais que l'on prend plaisir à regarder, comme autant de fenêtres ouvertes sur une certaine manière de voir l'histoire. Sous son pinceau, le merveilleux devient naturel ; il a aussi la grande qualité de ne pas pratiquer un style trop ostensiblement moyen-âgeux, contrairement à d'autres. D'ailleurs, une majorité de ses images s'attardent volontiers sur le spectacle de la nature, aspect de l'oeuvre de Tolkien  que les fans d'héroic fantasy occultent un peu trop souvent à mon sens.





      Il a travaillé sur les films de Peter Jackson. Ça se voit, il suffit de comparer :


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      John Howe est également assez connu et, ah tiens, il a lui aussi travaillé sur la trilogie jacksonienne. Ses images ont largement contribué aux décors des films, à tel point que certaines scènes ou personnages lui doivent leur "postérité visuelle", il n'est que de voir les montures des nazguls, ou l'apparence générale de Gandalf.


      A ce propos, il est intéressant de voir de quelles différentes façons cette scène du combat d'Eowyn et du roi sorcier a été traitée par les différents artistes :
      Frank Frazetta, déjà évoqué sur ce blog
      Alan Lee encore
      Ted Nasmith, très fidèle au récit tolkienien
      ***
      Ted Nasmith est le troisième compagnon de cette communauté du pot à eau, mais il n'est pas mon préféré. Je trouve que sa fidélité au récit se mue parfois en une transcription trop littérale,  avec des outrances dans les effets.


      Mais ne boudons pas notre plaisir, il excelle lui aussi à rendre de beaux paysages, et des scènes du roman bien souvent délaissées par ses pairs. Seulement, je n'accroche pas toujours avec son style. Ca doit venir de la couleur sans doute trop vive. 







      ***
      De Barbara Remington, je n'ai trouvé que ce triptyque de couvertures très "60's" et psychédélique, qu'elle dessina pour la première édition américaine de l’œuvre en livre de poche. La légende dit qu'elle n'avait pas lu le livre lorsqu'elle s'attaqua à son projet de couverture, ce qui explique sans doute bien des choses.


      ***
      Viennent ensuite Anke Katrin Eissmann :


      Pauline Baynes qui, si elle reste associée à l'illustration des Chroniques de Narnia, a aussi collaboré avec Tolkien, qui appréciait la pertinence de son travail. C'est une grande dame de l'illustration, même si son style parait un peu désuet aujourd'hui.



      et Philippe Munch, le français que je cite pour l'anecdote. (C'est pas pour dire, mais il s'est borné aux couvertures des Folio junior. Pas sûr que cela lui assure une renommée éternelle dans le monde des fans de Tolkien !)



      ***
      J'ai gardé Cor Blok pour la fin car il ne ressemble à aucun des autres ; il a son style propre, identifiable au premier coup d'œil. Même si son talent ne s'exerce pas dans les lettres, mais à travers la peinture, il débute sa carrière par une démarche similaire à celle de Tolkien : inventer l'histoire de l'art et l'architecture d'un pays imaginaire, la Barbarusie. Entre 1958 et 1962, il réalise 140 illustrations pour le Seigneur des anneaux, qu'il vient de découvrir. Je fais court : Tolkien adore et lui achète même certains de ses tableaux.

      Il tire en partie son inspiration de la fameuse Tapisserie de Bayeux, d'où le titre de l'ouvrage regroupant ces œuvres qui vient de paraître : Une tapisserie pour Tolkien. Quand je l'ai vu pour la première fois dans une librairie, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un livre pour enfants...


      Il est vrai que son style minimaliste n'a rien de commun avec les illustrateurs férus de détails évoqués précédemment. Mais c'est à lui que les hollandais pensent lorsqu'ils évoquent leur Seigneur des Anneaux - un peu comme Alan Lee pour moi.





      Malgré tout ce que je viens de dire sur les différents illustrateurs de l'oeuvre de Tolkien, il n'en demeure pas moins qu'à mon sens, rien ne vaut les images suscitées par la lecture, à tel point que je regrette souvent la version imposée par le cinéma, qui ne correspond bien évidemment jamais à celle que les lecteurs ont en tête. Et cela n'est pas valable que pour Le Seigneur des Anneaux.

      Mais c'est aussi la grande force d'une œuvre que d'avoir su inspirer d'autres artistes.