Comment naît une chronique ? Je suis sûr que vous vous posez la question, depuis le temps. Le plus dur est de commencer, trouver non pas l'idée, mais la phrase à partir de laquelle on va ensuite dérouler toutes les autres. C'est simple, c'est comme une pelote de laine. Quand vous avez trouvé le bout, il ne vous reste qu'à tirer dessus. En évitant de faire des noeuds. Si vous ne comprenez pas bien le principe, donnez-en une à votre chat, il vous montrera. A ce propos, je signale que Titi (5 mois) et Jump (10 mois) ont disparu. C'est du moins ce que clament rue Claude Hoin deux affichettes distinctes, disposées à quelque dizaines de mètres l'une de l'autre. A même le grillage pour l'une et sur une cabine téléphonique pour l'autre. A croire qu'il ne fait pas bon être un chat dans ce quartier. Toujours est-il que les personnes qui les ont vraisemblablement transformés en carpettes sont priés de les ramener à leurs propriétaires respectifs.
Ce n'est donc pas si difficile que ça. Car on peut commencer en parlant de n'importe quoi, le principal étant bien sûr de savoir retomber sur ses pattes. Vous pouvez, par exemple, prendre un chat (c'est une image, reposez immédiatement cette pauvre bête) et dire à son propos tout ce qui vous passe par la tête. Vous en ferez facilement dix lignes, vingt si vous avez l'habitude. Peut-être même une page si on vous paye pour ça. Evidemment, l'idéal est d'avoir quelque chose à raconter. Un livre, un film, une pièce de théâtre ou un concert, la chronique culturelle marche toujours assez bien, merci pour elle. Encore faut-il avoir l'inspiration, cette petite touche personnelle qui fera que votre compte-rendu ne donnera pas l'impression d'avoir été recopié sur Teleramsès, le magazine de la culture momifiée. Et ce n'est pas toujours évident. Parfois on ne trouve pas la phrase qui permet de commencer et de dérouler toutes les autres à sa suite. Alors on passe le livre, le film, la pièce de théâtre ou le concert sous silence, n'en pensant pas moins, mais préférant se taire plutôt que de ne pas faire justice à une oeuvre qui n'est pour rien dans nos problèmes de pelotes de laine.
D'autres fois, mais cela est plus rare, d'un rien vous ferez un récit qui aura l'heur de plaire. Une machine colérique, un enfant sous tension, un chat en ruines et un bâtiment écrasé, vous donneront en un clin d'oeil la matière à un texte. Mais de telles occasions ne se produisent pas tous les jours. J'ai ainsi marché plus de deux heures dans les rues de Dijon hier soir et, aussi surprenant que cela paraisse, il ne m'est rien arrivé de particulier. Pas la moindre agression. Aucun accident spectaculaire. Juste l'odeur mouillée des feuilles mortes tapissant les trottoirs que la nuit obscurcit.
Je pourrais pourtant vous faire un texte sur les plaisirs de la marche, la nécessité de prendre l'air et les dangers des trottoirs mal éclairés ; seulement voilà, je n'en ai pas envie. Je pourrais vous reconstituer mon parcours, du quartier Montchapet à la place de la Libération, en passant par trois librairies différentes. Seulement voilà, je n'ai rien acheté. Je pourrais vous décrire, à vous en faire baver, les odeurs et les rêves devant la vitrine d'un chocolatier déjà cité dans ces pages, seulement voilà, je ne suis pas à ce point sadique. Mais je ne vous dirai pas quelle tête me fait un chapeau, car je n'en ai pas essayé. Il existe à Dijon deux chapeliers probablement fous, deux vieilles boutiques où s'entassent les couvres-chef de toute espèce. On en trouve de toutes les formes, toutes les tailles (tant mieux, j'ai une grosse tête) et tous les prix. Peut-être un jour vous raconterai-je comment j'ai enfin franchi le Rubicon et le seuil de l'une d'entre elles dans le but de m'offrir un vrai signe distinctif...
Cela fera un beau sujet de chronique.
Ce n'est donc pas si difficile que ça. Car on peut commencer en parlant de n'importe quoi, le principal étant bien sûr de savoir retomber sur ses pattes. Vous pouvez, par exemple, prendre un chat (c'est une image, reposez immédiatement cette pauvre bête) et dire à son propos tout ce qui vous passe par la tête. Vous en ferez facilement dix lignes, vingt si vous avez l'habitude. Peut-être même une page si on vous paye pour ça. Evidemment, l'idéal est d'avoir quelque chose à raconter. Un livre, un film, une pièce de théâtre ou un concert, la chronique culturelle marche toujours assez bien, merci pour elle. Encore faut-il avoir l'inspiration, cette petite touche personnelle qui fera que votre compte-rendu ne donnera pas l'impression d'avoir été recopié sur Teleramsès, le magazine de la culture momifiée. Et ce n'est pas toujours évident. Parfois on ne trouve pas la phrase qui permet de commencer et de dérouler toutes les autres à sa suite. Alors on passe le livre, le film, la pièce de théâtre ou le concert sous silence, n'en pensant pas moins, mais préférant se taire plutôt que de ne pas faire justice à une oeuvre qui n'est pour rien dans nos problèmes de pelotes de laine.
D'autres fois, mais cela est plus rare, d'un rien vous ferez un récit qui aura l'heur de plaire. Une machine colérique, un enfant sous tension, un chat en ruines et un bâtiment écrasé, vous donneront en un clin d'oeil la matière à un texte. Mais de telles occasions ne se produisent pas tous les jours. J'ai ainsi marché plus de deux heures dans les rues de Dijon hier soir et, aussi surprenant que cela paraisse, il ne m'est rien arrivé de particulier. Pas la moindre agression. Aucun accident spectaculaire. Juste l'odeur mouillée des feuilles mortes tapissant les trottoirs que la nuit obscurcit.
Je pourrais pourtant vous faire un texte sur les plaisirs de la marche, la nécessité de prendre l'air et les dangers des trottoirs mal éclairés ; seulement voilà, je n'en ai pas envie. Je pourrais vous reconstituer mon parcours, du quartier Montchapet à la place de la Libération, en passant par trois librairies différentes. Seulement voilà, je n'ai rien acheté. Je pourrais vous décrire, à vous en faire baver, les odeurs et les rêves devant la vitrine d'un chocolatier déjà cité dans ces pages, seulement voilà, je ne suis pas à ce point sadique. Mais je ne vous dirai pas quelle tête me fait un chapeau, car je n'en ai pas essayé. Il existe à Dijon deux chapeliers probablement fous, deux vieilles boutiques où s'entassent les couvres-chef de toute espèce. On en trouve de toutes les formes, toutes les tailles (tant mieux, j'ai une grosse tête) et tous les prix. Peut-être un jour vous raconterai-je comment j'ai enfin franchi le Rubicon et le seuil de l'une d'entre elles dans le but de m'offrir un vrai signe distinctif...
Cela fera un beau sujet de chronique.
***
- Merci à Céline qui m'a poussé à dire ce qui me passait par la tête (voir commentaires de la chronique précédente)
- Merci à Delphine à qui j'ai (encore) piqué une expression
- Merci à Titi et Jump, bout de la pelote de laine de ce texte
Merci pour la promenade dans ta tête et dans les rues de Dijon (c'est comment Dijon? Ville moderne,grande,ancienne? Faut que je me renseigne tiens!).
RépondreSupprimerOn est passé de l'une aux autres avec plaisir.
Et... en parlant de chat, une question: sachant qu'un chat retombe toujours sur ses pattes quand il tombe, et qu'une tartine beurrée tombe toujours du côté du beurre, comment se comporte un chat que l'on lance en l'air avec une tartine beurrée attachée sur le dos, le beurre vers le haut? Il reste en apesanteur?
Je me suis délecté à la lecture de ton billet...Affiches des chats...pour finir par le chapelier...(est ce celui de la rue perpendiculaire de la grande rue commerçante qui part de la place Darcy ?) bel exercice de style!
RépondreSupprimerIl faut avoir la phrase pour débuter une chronique, c'est vrai, mais il faut aussi avoir le style pour écrire. Je ne suis pas sûre que mes chroniques seraient aussi agrébles à lire que les tiennes.
RépondreSupprimerTu crois que je pourrais en faire une sur l'HPLC? ... lol
Je suppose, à regarder l'heure de vos commentaires respectifs, qu'Orion a fait le sien au milieu de son repassage matinal, PH juste avant d'aller manger et Lilou un petit peu après s'être levée ! Rhooo, pardon ma chère, je suis un ami perfide et injuste qui a tendance à prendre ses tares pour des généralités !
RépondreSupprimerOrion, je vois que toi aussi tu aimes les chats ^^ Ta proposition demande à être expérimentée. J'ai tendance à penser qu'un chat soumis à ce test se mettrait à tourner sur lui-même. Mais je ne suis pas un scientifique, et je n'ai pas d'HPLC pour analyser les résidus du chat après l'expérience, donc cela risque d'être fort imprécis.
Lilou, tu nous fera bien ça, hummm ? Et l'expérience, et la chronique du HPLC. Son usage, son mode d'emploi, son coût exorbitant. Avec des illustrations commentées par l'auteur. Ce sera grand et magnifique. Et depuis plus d'un an qu'on en parle...
Pour d'éventuelles chroniques suivantes, tu as déjà pas mal de titres en stock : Chronique des chiens sales, Chronique des voisins louches, Chronique des plafonds en pente... ;-)
Pour répondre à ta question Orion, je crois que l'on peut dire que dans l'ensemble, Dijon semble une ville plutôt moderne, mais qui a su garder son caractère ancien. A moins que ce ne soit une ville ancienne qui a su se moderniser ? Je ne sais pas. Toujours est-il qu'elle est agréable à vivre, et c'est bien ça le plus important. Pas trop grande, la plupart des choses peuvent se faire à pied. Enfin, moi je fais tout à pied. Sauf les courses à Carrefour, mais c'est une autre histoire.
PH, c'est bien celle-ci. La rue commerçante traversant tout le centre ville est la rue de la liberté, et la rue perpendiculaire dont nous parlons est la rue du Bourg. S'y trouvent la FNAC, le chocolatier Gilotte, et un chapelier probablement fou ;-)
Tu me fais penser à autre chose. A une histoire à laquelle je fais référence dans mon texte, mais tu viens de me faire réaliser que le chapelier fou n'est pas tout seul, j'ai intégré sans le vouloir une image lointaine du chat dont il ne reste que le sourire...
Le hasard fait bien les choses.
C'est un plaisir cette chronique ! Entre boules de laine et feuilles mortes. (J'espère que tu as fait attention à ne pas glisser !)
RépondreSupprimerBonne journée.
Lol. Oui c'est vrai, chroniques des chiens sales ou des voisins louches ça pourrait être drôle. Quant à l'HPLC, j'ai des photos de la machine, héhé, mais ça s'appellerait plutôt chroniques à lire avant de dormir. Les lecteurs risqueraient de trouver le sommeil avant de finir de la lire.
RépondreSupprimerEt je tiens à préciser que quand j'ai écrit mon commentaire, cela faisait des heeeeeeeeeures que j'étais levée. Non mais! ;-)
Pourquoi tu m'en pique jamais à moi, des expressions?
RépondreSupprimerKeskecé l'HPLC???
RépondreSupprimerA armestat, je réponds : "because I'm the best!" and the friend of the best too ;-!
RépondreSupprimermerci Orion ! j'osais pô poser la question ! lol
RépondreSupprimerOk à la demande générale, j'explique l'HPLC. Tout d'abord, explication des initiales: High Performance Liquid Chromatography, autrement dit Chromatographie Liquide Haute Performance. C'est une technique de chimie qui permet d'identifier des composés et de les doser. Pour ceux qui veulent vraiment en savoir plus, je vous laisse un lien http://www.iut-lannion.fr/LEMEN/MPDOC/CHIMIE/Chimie1/CHROMLIQ.HTM, qui explique plus en détail. Pour vous endormir peut être ... lol
RépondreSupprimerMême sans sujet précis, il suffit de te lancer pour être excellent (et peut-être même pour retomber comme le chat de l'histoire, pas celui de la carpette ou du col en fourrure, mais celui de la tartine). On en lirait encore et encore. D'autant que je ne vais même plus oser me plonger dans mon téléramsès, de peur de me retrouver momifiée avant l'âge. Allez, bonne soirée Sammy.
RépondreSupprimerJe viens de me relire. Ce com est stictement incompréhensible. Sûr qu'à mon âge et à cette heure, je devrais déjà dormir depuis longtemps ...
RépondreSupprimerOuhlala... J'adooore trouver une telle cascade de commentaires ! Alors, dans l'ordre d'entrée en scène :
RépondreSupprimer@Fauvette : Merci ! Je retiens ta suggestion, c'est un gag qu'il faut rajouter au répertoire de Monsieur Hulot ^^
@Lilou : Merci pour ces explications. Il a fallu qu'on te pousse quand même ! Mais ça te fait du bien, ça te fait des révisions ! N'hésites pas à envoyer des photos, j'en ferai bon usage !
@Delph : rendons à Delph ce qui est à Delph, hein... et teleramsès à qui tu sais ! Mais alors je suis un "best" si j'ai bien compris ? Wiiiiiz
@Arm : et toc ! (et de toute façon "bordel de couille gauche" c'est pas évident à placer dans une chronique... Aurais-tu quelque chose d'autre à me proposer ?)
@Delph et Orion : grâce à vous, j'ai enfin une trace écrite de la description de cette machine !
@Marie-Aude : Merci ! Tes commentaires me font toujours très plaisir, sûrement est-ce parce que tu es trop élogieuse ;-)
En fait, j'ai essayé d'adopter ici le ton libre passant d'un sujet à l'autre que je peux avoir dans certains mails, avec toutefois ce petit "kekchose" en plus qui en fait une chronique sammyenne...
Ne jettes pas ton Teleramsès, va. Je connais des gens très bien qui lisent Teleramsès ! (il est très bien ton comm, j'ai bien ri !)
Tu nous prépares un remake des "fantômes du chapelier" ?
RépondreSupprimerEn attendant, donne-nous des nouvelles des deux minets égarés :)
Merci Florence ! J'ai adoré ce film, le brouillard, les ruelles sombres, et le chapelier... mystère. Je poserai un autre regard sur les ruelles obscures et embrumées du vieux Dijon... (pur effet de style : il n'y avait pas de brume, et surtout pas en centre-ville à 18h ; c'est une licence que je m'accorde pour faire plus joli)
RépondreSupprimerPour ce qui est des minets égarés, je ne crois pas la chose possible. Bref, je donne ma langue au chat ^^
@Sammy: Bordel à cul, c'est plus rafiné?
RépondreSupprimerSympa cette petite ballade sans but. Le plaisir d'un flanerie devant mon thé avant d'aller bosser.
RépondreSupprimerEt c'est vrai que parler de soi, ou simplement de son environnement n'est pas simple. On se dit que cela n'intéressera personne. Et pourtant tu démontre ici le contraire. Comme Céline sur son blog. Bis !
@ Armestat : j'avoue que j'hésite encore un peu !
RépondreSupprimer@ Marsiho : Merci ! Je crois que je vais inaugurer un nouveau style avec cette chronique : la description de l'air du temps...
C'est bête chat, moi je venais pour les marrons ... Depuis le début du texte, je me demandais s'ils avaient la même odeur de Toussaint que ceux de mon enfance... PS: j'ai bien aimé cette manière d'écrire avec humour et derision!
RépondreSupprimerLe chat au marrons c'est vachement bon !
RépondreSupprimer@fc : ah, les marrons... c'est à la fin du texte que je me suis rendu compte que je ne savais plus où les caser... Et quand un texte est terminé, cela veut dire que l'on ne peut rien ajouter ni enlever... je pense que tu comprendra ce que je veux dire.
RépondreSupprimerComme marrons, il avait celui que j'ai retrouvé dans ma poche, séché depuis des années, et devenu dur comme s'il était en bois ; il y eu aussi les marrons chauds de la place François Rude, dont l'auteur t'aurait sûrement rappelé quelque chose...
@maurice : ouais ben je viendrais pas manger chez toi à Noël :-D
un délice a lire , on retrouve le vrai sammy quisait nous captiver par un texte qui ne dit pas forcement quelque chose d'important ni ne fait vraiment avancer le mon de mais nous amuse et nous distrait, peut etre es là l'essentiel :)
RépondreSupprimerBen Sammy...c'est génial à lire, je bois du petit lait (non! j'ai pas piqué celui de ton chat...!)
RépondreSupprimer@Ti magicien : merci ! A vrai dire, je ne trouve pas grand chose à ajouter, mais je suis très content que tu sois passé ! Le petit a bien grandi depuis ta dernière visite hein ? ;-)
RépondreSupprimer@Coumarine : Merci aussi ! Je suis en train d'écrire la suite logique de ce récit, hé hé...
absolument, et tu m'en voit ravi, on dirait que t'as fait ça toute ta vie ;)
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