Paroles plurielles, consigne 40. Comment ça, on passe de la consigne 38 à la consigne 40 ? Ben... je n'ai pas eu le temps de faire la 39. C'est balot. Mais je vois avec plaisir que vous suivez et qu'on ne vous égare pas aussi facilement !
En s'appuyant sur cette photo, il fallait écrire un texte dont l'incipit serait : "Il choisit toujours la solution la plus compliquée" (c'est pour moi que vous dites ça ? Ah bon. Parce que ça aurait pû...)
Ainsi que je l'ai expliqué à Coumarine, l'idée de ce texte m'est venue hier lors d'une réunion interminablement inutile ; j'en ai jeté les principales idées à la hâte sur mon cahier (j'ai renoncé à arracher les pages, les brouillons de textes se mêlent désormais aux notes de réunions, c'est un mélange assez sympathique) Cela dit, évitez d'en tirer des conclusions définitives ! Il m'est arrivé de participer à des réunions courtes et productives !
En s'appuyant sur cette photo, il fallait écrire un texte dont l'incipit serait : "Il choisit toujours la solution la plus compliquée" (c'est pour moi que vous dites ça ? Ah bon. Parce que ça aurait pû...)
Ainsi que je l'ai expliqué à Coumarine, l'idée de ce texte m'est venue hier lors d'une réunion interminablement inutile ; j'en ai jeté les principales idées à la hâte sur mon cahier (j'ai renoncé à arracher les pages, les brouillons de textes se mêlent désormais aux notes de réunions, c'est un mélange assez sympathique) Cela dit, évitez d'en tirer des conclusions définitives ! Il m'est arrivé de participer à des réunions courtes et productives !
Il choisit toujours la solution la plus compliquée. Au début le problème était relativement simple, du moins ses manifestations n'étaient-elles pas trop dramatiques. Quelques infiltrations d'eau au sous-sol, rien d'insurmontable. Il suffisait de passer un marché avec une entreprise, engager des travaux d'étanchéité, peut-être installer un drain autour du bâtiment, et l'incident aurait vite rejoint la longue liste des mésaventures de cette vieille maison, bien insignifiant derrière le grand incendie de 1757, ou les soulèvements populaires de 1863, encore présents dans toutes les mémoires.
En quelques mois, tout aurait été réglé. Mais il a préféré sortir le grand jeu. Brainstorming, séances de réflexion, groupes de travail et réunions interminables dans les grandes salles au plafond trop haut où les voix des uns et des autres se perdent en d'infinis échos. Chacun n'écoute que soi-même et personne n'entend les autres. D'une fois sur l'autre seul changeait le nombre de participants, toujours plus nombreux, toujours plus qualifiés, toujours plus brillants, mais incapables de se mettre d'accord sur quoi que ce soit. Et pendant ce temps l'eau continuait à monter. A l'automne elle avait déjà inondé la salle des archives.
Mais lui, il parade. C'est son heure de gloire. C'est lui qui a réuni toutes ces têtes pensantes, ces sommités, ces détenteurs du savoir. Et aussi ces journalistes devant lesquels il enchaine les conférences de presse, les interviews, les reportages. Il explique comment il va sauver "ce joyau inestimable de notre patrimoine national", de quelle façon il dirige les travaux de cette "magnifique commission d'éminents experts". Car il aime s'écouter parler. Il discourt, use de périphrases ampoulées devant les caméras, et d'un jargon technocratique lors des réunions. Il n'est question que de communication impactante, d'éléments de langage et de référentiel de procédure. De décisions que l'on acte, de problèmes qui sont vrais et de considérations extrêmement actuelles aux jours d'aujourd'hui. Ce qui n'a pas empêché l'eau d'atteindre le rez-de-chaussée. Elle baignait les premières marches du grand escalier à la fin de l'été.
La dernière réunion s'est tenue hier. Dans les combles. Tous avaient la mine abattue, lui seul semblait ignorer le naufrage imminent. Dernière réunion, deux ans après le début de cet inutile remue ménage. Nous sommes sorti par un vasistas et avons regagné le rivage à bord d'une petite barque sous les huées de la foule. Ce matin, l'eau avait tout recouvert.
Venant de voguer quelques trop brèves minutes sur l'océan de vos écrits, je sens monter en moi une marée de jalousie et une certaine crainte de la noyade littéraire lors de la rédaction hasardeuse de ce commentaire. Qu'à cela ne tienne, c'est nantie de ma bouée-canard que je dépose à vos pieds espadrillés mes plus profonds respects. Fluctuat nec mergitur... l'illustration est superbe !
RépondreSupprimerPersonne n'est mort ? Tant pis (ah, je suis de fort méchante humeur).
RépondreSupprimerAssociation d'idées, connaissez vous l'album (soit disant pour enfant) de Claude Ponty "La Tempête" ? Rien à voir avec votre billet, si ce n'est l'eau qui monte. Chez Ponty, la tempête dévaste tout (c'est une habitude chez elle), permet de ne garder que l'essentiel et de voguer vers l'ailleurs, vivre en allant devant, ouvert à tout. (C'est mon interprétation métaphorique du livre en question) Mon interprétation basique de votre billet (si bien torché, c'est votre habitude chez vous) est que certains s'écoutent parler avec amour et que c'est là tout ce dont ils sont capables.
A vous lire, finalement, je ne suis plus d'aussi méchante humeur que ça. (y aurait-il un lien ?)
t'ai laissé un com sur PP , mais je peux redire ici que ce texte est génial encore une fois......et si.......comment dire......ça rappelle des choses.....comment dire......tellement vraies.......cette envie de faire avancer une machine, dont le pilote s'ingénie à faire briller les vitres, mettre des housses aux fauteuils, decorer la carosserie, alors qu'il faudrait mettre tout simplement de l'essence dans le moteur........ vraiment ça me parle trés fort tout ça......
RépondreSupprimerUn petit mot pour posuto, c'est vrai, maintenant que tu le dis, "la tempête" je l'ai ressentie aussi comme toi.....excellent Ponty.....j'aime vraiment tout ce qu'il (tu dis elle? c'est pas un garçon?) fait... c'est vraiment à lire et à voir même si n est plus des enfants,...histoire de le rester un peu.........
Je me suis laissé dire que dans des temps très très anciens, au temps des dinosaures, qui comme chacun le sait n'étaient pas des bêtes brutes mais bien des êtres doués d'intelligence, la société était organisée bien différemment de la notre.
RépondreSupprimerCes dinosaures-là, loin d'agir sans réfléchir, prenaient soin, avant de prendre la moindre décision, d'organiser des réunions de travail, pour être bien certains de ne pas se tromper.
Mais ces réunions leur demandaient tant de temps et d'efforts intellectuels qu'ils ont fini par ne plus se nourrir, ne plus s'occuper du quotidien, et nous savons maintenant qu'elles sont la cause de leur disparition.
Ce n'est pas à la race humaine que ça arriverait....nooooon....on est plus futés que ça quand même!
Décidemment Christine, tu as bien fait de te lancer dans le commentaire sammyen ! Ca te réussit ! Ne t'inquiètes pas : habilement protégée par ton sens de l'humour et ta bouée canard, ce n'est pas ici que tu finiras noyée !
RépondreSupprimerPosuto, Tilu, vous méritez le plus grand respect pour avoir cité Claude Ponti. (oui, oui, Tilu c'est un monsieur, le "elle" fait référence à la tempête :-) ) C'est une de mes références dans le petit monde des livres pour enfants, enfants de tous les âges bien entendu. Je n'ai aucun scrupules à dire que je lis ses albums avec un plaisir extrême !
Et puis, Tilu et Posuto, tout simplement merci...
Merci à Orion également, mais es-tu sûr qu'ils ont tous disparus les dinosaures... ?
Comme Christine, je n'ose me hasarder à commenter ce texte si fort ! J'ai adoré ! je le note dans un coin de mémoire tant il exprime de façon imagée la complexité virtuelle de notre monde qui débouche si souvent à l'inaction. Super Sammy !
RépondreSupprimer( Et je redis que je n'irai plus en réunion à Dijon ...Tu es trop redoutable !)
Le portrait tout craché d'un vrai manager ! Le jour où il faut prendre une décision...
RépondreSupprimerEncore un gestionnaire de chez "Rossserys et Mitchell" !
RépondreSupprimer(cherche un [tout petit] peu, Sammy, et lis le roman, si on le trouve encore... )
Voyons paysanheureux, je ne suis pas si méchant que ça, tu peux venir réunionner à Dijon sans craintes ;-) ...de toute façon, je ne sais même pas la tête que tu as !
RépondreSupprimerJe ne suis pas étonné que ce petit texte te plaise, il est dans le même veine que la chronique de l'humain assis... Je me suis bien défoulé à l'écrire, et c'est avec le recul que je me rends compte que le côté symbolique est peut-être plus fort que ce que j'avais imaginé au premier abord. Mais là, il faut dire merci à Coumarine et ses consignes !
Eh oui Maurice... Ne faut-il que délibérer ? La Cour en conseillers foisonne. Est-il besoin d'exécuter ? L'on ne rencontre plus personne...
Je vais raconter l'histoire de l'effondrement et de la destruction de la filiale française de la compagnie multinationale Rosserys & Mitchell, dont l'immeuble de verre et d'acier se dressait naguère à Paris, au coin de l'avenue de la République et de la rue Oberkampf, non loin du cimetière de l'Est. C'est ça ? J'ai bon ? "L'imprécateur", de René-Victor Pilhes. Merci du conseil, mais je le lirai quaaaaand ?
Le dernier paragraphe était pour Christelle, bien sûr :-)
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