Pour les princes, il existe plusieurs façons de laisser une marque dans l'Histoire. Il peuvent être des conquérants, et construire un empire à la force de l'épée ; ils peuvent légiférer, et dicter les lois qui régiront la société pour les siècles à venir ; ils peuvent aussi faire édifier des édifices monumentaux, voire, pour les plus mégalomanes, des tombeaux plus beaux que les demeures des vivants. Tous sont généralement des despotes cruels, ce qui serait à vrai dire plutôt recommandé, un despote modéré étant assez peu crédible.
Le jeune Zheng Ying a commencé sa carrière de despote modestement, comme roi de la province de Qin, et a plus ou moins tout fait en même temps, sans doute pour faire bonne mesure. Le destin lui ayant offert la Chine comme terrain de jeu, autant dire il n'a pas opéré à petite échelle. Après avoir uni la mosaïque de royaumes qui composaient la Chine d'alors, il s'octroya le titre d'empereur, sous le nom de Shihuangdi. Ce qui veut dire à peu près, et sans fausse modestie, "premier auguste souverain". Et comme personne n'avait eu l'idée avant lui, il est resté dans l'histoire comme le premier empereur de Chine.
Il a uniformisé la langue, l'écriture, la monnaie, les poids et les mesures. La Grande muraille, c'est lui. Le grand canal du sud vers le nord, c'est lui aussi. Il a fait agrandir les routes, imposé des règles dans tous les domaines, se mêlant de codifier jusqu'à la taille des essieux des chars. Toutes choses qui lui survivront largement, puisque elles contribueront à créer l'assise des empires à venir. Cette fièvre normative s'explique par la doctrine qui lui tient lieu de philosophie : le légisme.
Il ne connait que deux principes : l'ordre et la discipline. Il ne croit ni à la bonté, ni à l'art, et pas plus à l'héroïsme ou à la droiture. Dans son armée, on gagne du grade au nombre de têtes coupées. Il considère les livres et les philosophes comme dangereux, et fait donc brûler les premiers et enterrer les seconds. Vivants, pour qu'ils en profitent mieux. Sur le chantier de la Grande muraille, les rebelles sont cuits au chaudron. Avec des carottes et des navets. Et un oignon piqué de clous de girofle, pour le goût.
A suivre...
Même pas une pointe d'ail ? Ah, comme tout cela est peu civilisé.
RépondreSupprimerJ'attends la suite !!!!
Kiki :-)
(PS : suis bien contente d'être reviendue :-) )
MMMMmmmmmh...... Charmant cet homme!... On en mangerait....
RépondreSupprimerNon Dame Kiki, pas même une pointe d'ail. Ces gens là étaient vraiment d'affreux barbares.
RépondreSupprimerJe suis bien content que tu sois reviendue aussi !
Tilu, je ne suis pas certain qu'un empereur chinois mort depuis 2300 ans soit particulièrement comestible. A la rigueur, si il a été embaumé dans les règles de l'art, il doit à présent être tout sec et tout fripé. Comme un vieux bâton de réglisse. Ou un académicien français, mais c'est la même chose.
Alors, j'étais comme ça chez Tilu voir si elle y avait rétabli l'eau courante et pis j'ai vu cet œil qui m'observait. Oh, c'est pas la première fois que je le vois me regarder cet œil, mais là, j'ai cliqué pour voir moi aussi : ben oui, y'a pas de raison ! Et ben, je m'attendais vraiment pas à trouver une recette pour accommoder les artistes et les philosophes, moi dis donc !;-)
RépondreSupprimerLe problème c'est que le peuple est friand des despotes surtout quand ils sont très peu èclairés !
RépondreSupprimerEh non Sandrine, Tilu n'a toujours pas rouvert le robinet à textes... Gageons que les vacances lui donneront une nouvelle inspiration ! J'espère que mon oeil, à l'instar de celui du poème de Hugo, ne t'as pas causé trop de soucis ? Bien content en tout cas de voir qu'il a pu t'inciter à venir jusqu'ici :-)
RépondreSupprimerKalima, je ne suis pas loin de partager ton avis. La liberté n'est peut-être pas un programme intéressant, on préfère bien souvent changer un joug pour un autre...