23 août 2006

Chronique des choses les plus diverses et des annonces étranges

Gravement bronzés et les chaussures pleines de sable, les aoûtiens se décident à contre coeur à retourner travailler. Certains ont du sel dans les cheveux, des algues pour les plus téméraires, une minerve autour du cou pour les plus imprudents ; la plupart ont les valises encore pleines et la bourse vide. On commence à parler prime de rentrée et recherche d'appartement, cahier de texte et dossiers empilés. En un mot, on achète des cartables. Les fonctionnaires, à l'instar des écoliers, reprennent le travail sur un rythme lent, en s'efforçant de ne pas replonger trop rapidement dans la monotonie paperassière. J'en ai même vu qui traînaient les pieds. Les rues et les administrations se remplissent, les plages se vident. Les mouettes ont enfin la paix, les piétons, les cyclistes et les bénéficiaires des délires ubuesques des caisses d'allocations familliales recommencent à trembler.

Bref, les choses reprennent leur cours normal. Pour ne pas être en reste, Sammy s'est arraché quelques heures à l'attraction qu'exercent sur lui internet, les mauvais téléfilms et sa planche à repasser, pour aller traquer l'insolite au coin de la rue. S'est-il accru pendant l'été ? La chose est peu probable, mais sait-on jamais. Effectivement, aucun bouleversement notable ne m'attendait dans mon périple. Le bareuzai n'a pas bougé, la porte Guillaume se dresse toujours prétentieusement devant le square Darcy. Les fontaines de la place de la Libération éclaboussent les badauds. La plupart des immeubles sont à leur place, aucun n'a été bombardé. Je m'en estime très satisfait.

Mais mon propos n'est pas de lancer ou de rentrer dans un quelconque débat. Les faits évoqués sont abondemment commentés par les milieux autorisés à penser. Ce petit apparté est avant tout destiné à faire connaître, si besoin était, l'action d'Amnesty International. Car certaines choses ne sont pas des détails.

Refermons la parenthèse, et retrouvons-les, ces chers détails que nous avons le luxe de pouvoir chercher. Ils peuvent jalonner un parcours, comme autant d'étapes propices à photos parfaitement inutiles mais légérement décalées. Une fois de plus, tout dépend du regard que l'on pose sur la banalité quotidienne. Et ça me permet de vous tenir en haleine en attendant d'avoir quelque chose de plus intéressant à vous raconter. Reconnaissez que ce n'est pas rien.


Beaucoup d'affiches, de panneaux, d'avertissements pour cette cuvée. Car l'Homme aime s'adresser à son semblable. Touche pas ceci, touche pas cela. Déviation obligatoire. Ca c'est à moi. Te gare pas là. Regarde ailleurs. Danger de mort. Attention travaux. Autant de signes auxquels nous ne prêtons plus grande attention. Alors, si une de ces pancartes a le bon goût d'être un peu différente des autres, il ne faut pas s'étonner qu'elle attire mon regard.

Ca a été le cas pour ce portail rouge doté d'une pancarte adorablement malhabile, et ce fut également le cas pour cette autre porte grillagée, dont je ne suis pas certain de bien saisir le message sybillin qu'elle adresse au passant. J'ignorais que les gens fussent aussi avides de travaux, qu'ils en étaient à les réclamer à grands cris chez de paisibles vieilles personnes. Sans doute parce qu'une telle folie ne me viendrait jamais à l'idée.


Sans doute la pancarte est-elle destinée à quelque voisin en manque d'exercice. Nous ne saurons jamais le fin mot de l'histoire. Mais c'est bien mieux ainsi. Renoncer à comprendre, et accepter l'idée qu'un monsieur, sans doute tout aussi respectable que vous et moi, ait pris du temps pour écrire et afficher ce morceau de carton mystérieux, n'est ce pas véritablement accepter la poésie du détour de la rue ? Bon... je l'avoue, je pense moi aussi qu'il faut être un peu con pour mettre ça sur son portail. D'autant plus que le fer à cheval ne plaide pas en faveur du bon goût.

Des panneaux qui interdisent ou qui obligent, d'autres qui avertissent, et d'autres encore qui ne servent à rien ; des vacanciers déprimés de reprendre le boulot et des vieux ronchons ; des cyclistes frisonnant aux croisements. Rien que de l'ordinaire. Somme toute, il n'y a que sur ce blog qu'il y a des nouveautés pour la rentrée ! Le mérite en revient à Blogger qui s'est décidé, pour son 7ème anniversaire, à faire un peu évoluer sa plate-forme. Cette nouvelle version est peut-être bien un peu trop simplifiée à mon goût, mais apporte quelques fonctionnalités bien sympathiques. Merci pour le commentaire Eldau ! Il parait même, à en croire Zorgloob, que j'appartiens à une petite minorité de privilégiés : "Seule une poignée d'utilisateurs y ont accès, donc prenez votre mal en patience" Vous voyez que vous êtes des lecteurs comblés !

Vous laissant sur cette vision irréelle du tas de petits cailloux blancs abandonné par un Petit Poucet précautionneux -notez les barrières- je m'en vais dormir afin de mieux réfléchir à un prochain article des plus instructifs. Il sera question de petits carreaux de faïence, d'art urbain et d'invasion extraterrestre. Bref, des choses grandes et magnifiques.

Car chaque détail a son importance.

6 commentaires:

  1. Je n'ai pas bien compris non plus le sens ( ou les sens ? ) de ce panneau. Mais il me semble avoir aperçu un fer à cheval ... Y aurait-il un quelconque rapport ?

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  2. Hum... encore un de ces nombreux mystères condamnés à rester sans réponse !

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  3. Mais où ils veulent nous emmener tous ces panneaux ? Dedans ? Dans le panneau je veux dire... ? Amusant... De l'art de s'adresser à ses semblables sans être en face. Pour les intimider, les prévenir, les autoriser, leur interdire. Le plus drôle c'est la manière dont on peut les détourner. Si j'osais... Mmmm. Comme je n'ai pas le cran (on reste poli) de le faire en vrai, je mets ça en réserve pour un photoshopage ultérieur. C'est que ça coûte cher une atteinte à la propriété de la D.D.E.

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  4. L'année du bac, ou alors celle d'avant, des tarés dans ma classe (des jumeaux dans le genre de Fred et Georges Weasley de Harry Potter...) avaient fauché un panneau de sens interdit et l'avaient sorti pendant un cours... Ah, on savait rigoler à l'époque...
    On leur a quand même expliqué qu'ils devraient le remettre là où ils l'avaient trouvé, il avait sûrement son utilité... On se doutait que ce serait sûrement mal vu... En bref, c'est une contravention de grande voirie (c'est ça, l'atteinte à la propriété de la DDE -on dit atteinte auxdépendances du domaine public, mais c'est l'idée) ; pour ce que ça coûte, je chercherai un autre jour !

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  5. Autrement dit, vu l'état du portail, le proprio voulait signifier, mon portail est moche et tout rouillé et c'est comme ça que j'l'aime-eu !! (respectons ses gouts)
    ALors foutez-moi la paix ! (il a été plus poli quand même !)

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  6. Et le portail est assuré par la M*tmut, qui assure le portail, et tout ce qu'il y a derrière !
    (de l'influence de la publicité sur le bloggueur moyen)

    Ta réponse est intéressante... mais à ce compte là, il y a fort à parier qu'il parlait non seulement du portail, mais aussi, à l'instar d'une certaine compagnie d'assurance, de tout ce qu'il y a derrière...

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