21 octobre 2006

Chronique des marchés en automne

Le samedi à Dijon, c'est le jour du marché. Sammy aime beaucoup y aller, mais Sammy n'aime pas se lever. Vaste problème, cruel dilemme. Le vide béant de mon frigo m'a pourtant contraint cette semaine à faire un petit effort. Ceux qui lisent ces chroniques avec attention savent désormais dans quel quartier j'habite, et les plus avisés n'auront pas manqué de remarquer que je ne suis pas très loin du centre-ville.

Le plaisir d'aller à pied jusqu'aux halles fait donc partie du rituel du marché, et donne souvent l'occasion d'observer les petits changements qui, d'une fois sur l'autre, modifient les éléments d'un décor routinier. Peut-être écrirai-je quelque chose sur cette pensée profonde un de ces jours. Juste une photo pour vous donner un avant-goût de ce qui sera, n'en doutons pas, un récit grand et magnifique :

Et des commes ça, j'en ai quelques unes... La poésie urbaine est sans limites. C'est un matériau de choix pour les bloggueurs rêveurs en manque d'inspiration...

Mais il faut bien que paresse se passe, et me voilà bientôt en vue du marché. Ce sont de vrais halles dans le style fin XIXème siècle, et la rédaction de cette chronique maraîchère m'a permis d'apprendre qu'elles ont été construites par l'entreprise Eiffel en 1868, et sont inscrites à l'Inventaire des Monuments Historiques. Je m'en doutais un peu, mais me voilà satisfait d'avoir pu le vérifier. Cela n'a rien d'étonnant, car Gustave Eiffel est né à Dijon. Ce que l'on sait trop peu. Voilà encore une bonne chose que vous aurez apprise grâce à ce blog.
Les halles de Dijon - photo prise en mai 2005

Et se lever aux aurores un samedi (9h30) ça en vaut la peine. D'abord pour les milles trésors que l'on ramène du ventre de Dijon : chasselas en grappes jaunes et sucrées, grenadin moelleux et pommes brillantes ; pain croustillant d'une toute nouvelle boulangerie, carottes, navets. Qu'en Auvergne on appelle des raves. Juste pour pas faire comme tout le monde.

Il y a aussi le spectacle de la foule anonyme, bigarrée et bruissante, qui mêle son écho aux saveurs des étals. Je note au passage qu'octobre, saison traîtresse hésitant entre douceur et frimas, laisse mes congénères dans l'incertitude quant à la façon de se vêtir. C'est bien simple, l'habillement automnal ne comporte que deux grandes tendances : il y a ceux qui, T-shirt avachi et jogging défraichi, rêvent encore aux jours tièdes, et les autres, qui ne jurent déjà plus que par pull et écharpe.

Sur le chemin du retour, je croise cette affiche pour une pièce de théatre :


Je ne sais pas si vous pensez à la même chose que moi en lisant le titre ? Parce que "Comment le savoir vient aux jeunes filles", ça me fait immédiatement penser à La Fontaine et à Comment l'esprit vient aux filles. Sans doute est-ce fait exprès. Si vous ne le connaissez pas, prenez donc le temps d'aller lire ce conte... Ceux qui en sont resté à La cigale et la fourmi vont être surpris. C'est le genre de fables que l'on ne fait pas apprendre aux gosses ça...

***

Bibli-ogre :
  • Contes et nouvelles en vers / Jean de La Fontaine ; disponible en Folio (pas cher), dans la Pléiade (cher) et chez Diane de Selliers (hors de prix) Si le coeur vous en dit, vous pouvez même acheter une édition d'époque (emprunt sur 15 ans)

9 commentaires:

  1. encore une chronique dijonnaise !! lol non une chronique comme je l'aime qui mêle regard critique sur la populace et sur toi même (ben oui 9h30 quand même !!) et littérature... que du plaisir !

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  2. Merci ! Un ban bourguignon pour Dolly :o)

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  3. Vi... Et Gustave Eiffel a conçu aussi un pont de chemin de fer, pas loin de la petite ville de Wuppertal, en Allemagne. Une vision assez saisissante, dans un paysage magnifique. Une petite ligne de tram touristique y mène. C'est charmant!

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  4. Hello Sammy, ta chronique du samedi n'est pas mal non plus. On aime bien se promener avec toi dans ce Dijon matinal, entre le raisin, le pain croustillant (Dieu que j'ai faim!) et La Fontaine (j'ai bien ri avec l'emprunt sur 15 ans... Pour La Fontaine! Moun Dioun!) Et j'ignorais que les raves et les navets, c'était la même chose, preuve que je ne suis pas assez curieuse. J'ai trouvé un jour une recette de gâteau aux raves (donc aux navets?) dans un bouquin, recette d'origine israélienne...

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  5. Un pont dans le genre du viaduc de Garabit ? Dans le Cantal, ben oui ! Ahlalala, ce qu'ils sont chauvins ces auvergnats !

    Sinon, pour les dernières nouvelles de toutes ces belles victuailles : il n'y a plus de pain, presque plus de raisin, les différentes viandes sont ou avalées ou cuites pour les deux premiers jours de la semaine, de même que les carottes et les raves... Quel malheur...

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  6. Je ne savais pas que La Fontaine pouvait être aussi osé-grivois! J'en étais restée au corbeau et au renard .

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  7. Eh oui, et encore les Fables, il y en a un paquet qui ne sont pas connues du tout !

    Je suis content d'enfin susciter une réaction, je commencais à craindre que mes lecteurs ne soient blasés, style "bah, on en a vu de bien pires"... ben oui mais quand même !

    Et il en écrit plein des comme ça... qu'il a fini par renier dans un moment de euh... égarement, ça déconnait pas les curés à l'époque ^^

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  8. Je ne savais pas que Gustave Eiffel était dijonnais ! On m'a toujours dit beaucoup de bien du "vieux Dijon", il va falloir que j'aille voir ça de plus près :)

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  9. Et en plus maintenant, tu as un contact sur place ! ;-)

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