13 novembre 2008

Devisons gaiement

Tu m'connais, j'suis tolérant. J'ai rien contre ces gens là. J'en connais même, ouais, j'ai des amis qui sont... comme ça. Enfin des amis, on se comprend hein, des relations... enfin, des relations, tu vois ce que je veux dire ! Des connaissances quoi !

Non... ça me gêne pas d'en parler mais... ouais pas ici quoi, je connais du monde. On pourrait s'imaginer des trucs, tu sais comment sont les gens. Tout le monde ne peut pas être comme moi, open... tolérant. Ben ouais mon pote, chuis tolérant moi, ça t'étonne à ce point ?

Allez, à la tienne !

Parce que tu vois, on dira ce qu'on veut, mais les mentalités, elles évoluent pas si vite que ça. Ah ben si, t'as qu'à regarder les infos : dès qu'il y a un problème, c'est eux qu'on accuse. Ouais d'accord c'est facile, mais n'empêche, doit bien y'avoir une raison, non ?

Et puis tu me diras pas que c'est pas vrai qu'ils contrôlent pas la télé ! On en voit tout le temps, aux infos, chez Ruquier, chez Drucker aussi, partout ! J'ai rien contre eux, mais tu comprends, au bout d'un moment... Tu demandes qui c'est qu'est normal !

Patron ! Tu nous remet ça ?

J'en étais où ? Ah oui, les... les autres, là. C'est pas des gens comme nous, faut bien l'dire. Comment t'dire ? On fréquente pas les mêmes milieux, c'est clair (rire gras). Et puis même la façon de s'habiller, la façon de parler, y sont pas pareils... Mais bon, j'te dis ça, ça me choque pas, tu m'connais, hein Dédé, chuis tolérant... mais j'comprend qu'y en aient qui comprennent pas... c'est normal.

Y'en même qui pensent qu'il faudrait tous les éliminer, tu vois l'genre ? Tous contre un mur, et pan, pan ! Et après on serait plus heureux sans eux... Ouais, y'en a qui pensent ça. Michel par exemple. Ben ouais. Moi j'trouve qu'il exagère. C'est vrai qu'ils nous gonflent des fois, mais moi, je préfère en rire, ils me font marrer, et j'me dis que c'est pas eux qui vont m'empêcher de penser c'que j'ai envie de penser tu vois ?

Allez, une dernière ! Ca c'est de la boisson d'homme !

Mais t'en penses quoi, tu dis rien depuis tout à l'heure. T'as pas d'opinion ? C'est pas possible ça, d'avoir pas d'opinion ! Tu peux tout m'dire, tu sais, t'as même le droit de penser qu'ils sont moches, puants, que c'est des parasites, des inférieurs, on est en démocratie, t'as le droit de tout dire !

Rien me choque moi, j'suis tolérant ! Eh ouais ! Et tu sais c'que j'me dis mon Dédé ? Ben des fois j'me dis que ça aurait pû nous arriver à nous aussi... nous aussi on aurait pû en être... t'marre pas ! Nous aussi on aurait pû en être... des hommes politiques.


Bon, j'te laisse Dédé, Maurice va encore m'engueuler parce que j'suis en retard. Fais la bise à Claude de ma part.

***

Comme l'a si bien dit Chateaubriand, il faut être économe de son mépris, tant est grand le nombre de nécessiteux. Disant cela, je pense à M. Christian Vanneste ; la bêtise aussi est une menace pour la survie de l'humanité, comme il dit.

Pour aller plus loin sur ce sujet :

11 commentaires:

  1. Tu sais quoi ?
    Ton texte me fait penser à ces gens qui viennent gueuler sur les plateaux-télé qu'il faut être tolérant et ouvert et qui ajoutent que, naturellement, ils ne le sont pas eux-mêmes...

    RépondreSupprimer
  2. ça me fait toujours sourire jaune (et non c'est pas parce que j'ai des dents entartrés), toutes ces personnes qui jugent les autres et le monde comme s'ils n'en faisaient pas parti...

    RépondreSupprimer
  3. Oui, d'accord avec Sandrine. Ouh, c'est la deuxième fois que je poste à la limite du politique, je ne sais pas ce qui m'arrive. A propos des hommes politiques en général (et pas à propos d'un en particulier, que je m'efforce de ne pas critiquer car ça m'énerve de faire comme tout le monde), je pense deux choses : l'une, que ce n'est pas facile (au niveau local) d'agir, en raison des conflits, tensions, magouilles, réseaux d'influence, etc, et je dis ça parce que j'en connais quelque chose, enfin un tout petit peu, d'un parent à moi qui a essayé et jeté l'éponge en comprenant qu'il devait soit faire partie d'un réseau pour avoir des soutiens, soit devenir politique, je veux dire sourire à tout le monde, faire des alliances, jouer au jeu de bascule entre les uns et les autres, etc, et comme il ne voulait pas, eh bien il a laissé tomber ; et l'autre chose : on a les hommes politiques qu'on mérite. On s'est mis à aimer le fric, l'argent, la réussite plus que l'humain, l'art, la culture? pas de problème : on a non seulement le gouvernement qu'il nous faut, mais les hommes politiques qu'il nous faut.

    RépondreSupprimer
  4. excellent texte, Sammy ! Bravo !
    RV

    RépondreSupprimer
  5. WAOUH, j'ai compris !!!
    Tu es à DEUX ENDROITS !!
    Ayé.
    Mieux vaut tard que jamais, hein?

    RépondreSupprimer
  6. La chute m'a surpris, je pensais à un autre sujet ... Beau texte comme d'hab.PH

    RépondreSupprimer
  7. Nous sommes tous impressionnés par la justesse de ton et la compréhension de Sammy!

    RépondreSupprimer
  8. Bonjour à tous !

    Je vois que tout le monde a compris où je voulais en venir avec mon petit texte !

    Bonne soirée à tous :-)

    RépondreSupprimer
  9. Ben oui, Sammy, tu as des lecteurs qui ne sont pas bêtes ;-) et je dis pas ça parce que j'en fais partie !

    RépondreSupprimer
  10. Mais j'y pense, c'est sans doute ton texte qui a semé la graine de mon dernier conte... Merci !!

    RépondreSupprimer
  11. J'ai lu ton conte cet après-midi, c'est très joli, même si je l'ai trouvé un peu long vers la fin.

    Ravi d'avoir été une éventuelle source d'inspiration =)

    RépondreSupprimer

Le formulaire qui apparaitra suite à votre commentaire est destiné à vérifier que vous êtes bien un être humain. Si vous avez quelque chose à dire, allez-y ! Si vous êtes un robot, bonne chance pour le test =)