23 septembre 2009

La petite musique de l'écriture

Martin Winckler (je regrette de n'avoir pas encore lu ses romans, mais ils figurent sur ma liste mentale de lecture) a un blog (en plus de son site, mais ce n'est pas mon propos aujourd'hui) fort joliment intitulé "Chevaliers des touches - un blog pour écrivants". C'est une sorte d'atelier d'écriture, à la manière du regretté Paroles Plurielles, mais où l'auteur intervient à intervalles irréguliers pour publier un billet inspiré par les contributions des participants, l'actualité, ou son humeur du moment.

J'avais déjà apprécié le billet "A qui un écrivain offre t-il ses livres ?", sur la pudeur de l'écrivain à "faire la pub" de ses livres, et sur la portée du geste consistant à offrir un livre, qui n'est pas aussi anodin que ça.

Aujourd'hui, c'est son texte intitulé "Qui a le droit d'écrire ?" qui m'a plu.

Sans ôter le plaisir de la découverte, je dirais juste que c'est un petit coup de gueule pour que l'on arrête de sacraliser l'écrivain, pour dire qu'il n'y a pas de statut d'écrivain, et que ceux qui écrivent pour leur plaisir, pour leur tiroir ou sur un blog que personne ne lit sont autant des écrivains que celui qui est publié.

Longtemps, je me suis demandé si j'avais le "droit" de penser que j'étais écrivain.

Au fil de sa démonstration, il compare l'écriture à la musique : pour dire qu'il y a des écrivains amateurs tout comme il existe des musiciens amateurs, et que cela ne doit pas être péjoratif, ce sont juste des gens qui ont un métier à côté ; avant de pousser la métaphore entre les deux activités -c'est plus vers la fin du texte- en exprimant le côté musicien de tout écrivain :

[...] mais parce qu'écrire [...] était ma musique et le clavier, mon instrument. J'écoutais du jazz au casque, et j'avais le sentiment que le phrasé irrégulier de mon clavier faisait écho à celui de Bill Evans ou d'Oscar Peterson.

[...]

Sur ce blog, qui n'est qu'une estrade au fond d'un bar enfumé, j'ai posé mon piano à écran et je joue pour qui veut écouter. Et toutes celles, tous ceux qui le désirent peuvent monter avec leur instrument, et participer à la jam-session.
Ca ne vous donne pas envie d'aller voir ce qui se passe du côté de ce bar enfumé ?

7 commentaires:

  1. Oh,ben c'est mon combat quotidien, ça désacraliser la littérature : quand je pense à l'imaginaire de ma grand-mère si elle avait su écrire ou même oser avoir l'idée d'écrire, bigre elle aurait fait envoler des millions de personnes vers les sphères de l'imaginaire !

    Quand j'écris ou que je crée, je me laisse porter par la musique aussi... Avec une grosse préférence pour le jazz manouche et surtout Astor Piazzola, mais Waiting for eve marche pas trop mal non plus...

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  2. Tu as raison, c'est un combat quotidien, dans la mesure où tout est fait pour donner l'impression, comme l'explique MW, que la littérature est quelque chose d'exceptionnel, et l'écrivain un être sacré ; je passe un peu du coq à l'âne mais ça me fait penser aux émissions littéraires à la télévision : quand il y en a (en avait...), on leur reprochait de transformer les écrivains en "people", et de pousser à acheter une "gueule" (voire une grande gueule pour certains...) plutôt qu'une œuvre. Dans tous les cas, ça n'arrangeait pas le problème évoqué par MW. Et maintenant qu'il n'y en a plus vraiment, ou aucune qui n'ait l'aura du désormais regretté Pivot, ça n'arrange en rien le problème de la littérature, en voie d'être considérée par la télévision comme une activité marginale, pas vendeuse, ou carrément honteuse...

    J'aime bien ta remarque sur le fait "d'oser écrire", ce qui revient à "s'autoriser à écrire". C'est bien le côté extrêmement positif d'internet et des blogs, qui fait que désormais, tout le monde peut s'autoriser à écrire.

    Merci pour les références musicales, il faudra que je cherche ça.

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  3. J'ai dévoré son billet : j'avais faim de ce genre de remarques, va falloir que je lise sa prose pour savoir si j'aime ou j'aime pas.
    Le livre est aussi devenu un produit de consommation courante, y'a des jours ou je me demande s'il y a une différence entre une boite de petits pois et un bouquin, par bonheur il existe des auteurs qui commencent à prendre leur indépendance et qui ne vont pas dans le tout commercial, note bien qu'il leur faut du courage... Je suis ça d'un oeil attentif.
    Pour le Jazz manouche, en ce moment, j'écoute vent du Nord, un petit groupe généreux sur scène qui reprend à l'ocasion Django, pour Piazzola, cet homme est un génie qui cultive les émotions à fleurs de musique, enfin je trouve. Je vois les rues argentines et dès que je suis en panne de couleurs, je l'écoute. Pour Wainting for eve, ma foie, la voix de la chanteuse me laisse sans voix (et ça tombe bien, je chante comme une casserole;-)c'est un groupe partiellement composé de Blaireaux (un groupe de chanson française du Nord que j'aimais bien, sont rigolos, enfin je trouve).
    Tiens c'est curieux, je ne parle jamais musique dans ma feuille de choux, pourtant j'en consomme tous les jours ! Là, je me fais une cure d'Allain Leprest... Note bien que tout ça, ce ne sont que des choses que j'aime ;-)

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  4. Eh, bien, je reviens de 'a qui un auteur offre ses livres" : j'aime bien ce qu'il dit ce monsieur !

    Merci ! A chaque fois que je viens chez toi, je repars plus riche, c'est drôlement chouette d'avoir à porté de blog, un "aventurier du net" qui trouve des petits trésors et les partage avec les autres !

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  5. paysanheureux24/09/2009 07:43

    j'aime beaucoup la comparaison entre la musique du casque et l'écriture... Très belle comparaison !

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  6. Sujet que j'apprécie également. J'aime bien le mot écrivant, je trouve ce mot chaleureux et rêveur.

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  7. Sandrine, merci pour tes références musicales, c'est noté !

    Je suis content de t'enrichir ;) C'est pas mal "aventurier du net" ! Ca ferait un chouette pseudo !

    Oui PH, il est doué Winckler !

    Bonjour Béné, bienvenue ! :)
    Je suis d'accord avec toi, le sens est d'ailleurs différent de "écrivain" : nous sommes tous, dès le mot où nous commençons à écrire quelqe chose, des "écrivants" - écrivain, c'est une minorité, et en plus c'est un mot qui fait un peu peur, comme l'explique MW.

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