02 février 2010

Huis clos sur le net, les naufragés volontaires de l'info en ligne

Vous en avez sûrement entendu parler pour peu que vous suiviez peu ou prou l'actualité trépidante de la planète twitter : 5 journalistes francophones se livrent actuellement à une "expérience" consistant à se couper du monde -ils sont dans le Périgord- et de l'information -ils n'ont pas accès aux circuits traditionnels de distribution de l'information pendant une semaine- avec pour seule fenêtre sur le monde les seuls réseaux dits sociaux, au moins Facebook et Twitter, si j'ai bien compris.


En regardant vite, on pourrait penser c'est plus ou moins le concept du loft, sauf qu'il manque les candidats décérébrés, l'animateur crétin et les caméras... Mais en regardant un peu moins vite -parce que ce n'est pas capital non plus- que constate t-on ? Qu'il s'agit de voir jusqu'à quel point on peut se tenir informé en utilisant seulement Twitter (oublions Facebook, voulez-vous ?), et comment les informations qui font l'actualité sont transformées par la moulinette Twitter.

L'un des intervenants ne dit pas autre chose :

Enfin, l’isolement dans un gîte a, inévitablement, provoqué les analogies avec Loft Story et la Ferme Célébrités (qui commence, manque de chance, quasiment en même temps !). De quoi décrédibiliser, d’avance, l’expérience… Or il ne s’agit pas d’une expérience sociologique (critiques sur la méthode) et cela n’a jamais été présenté comme tel. Il s’agit de la vision de journalistes qui sont des utilisateurs lambda de ces réseaux. Ni plus, ni moins. Avec une volonté de partir sans a priori.  Tout est question d’honnêteté dans la présentation des choses.
Qu'est ce qui est important, comment se hiérarchisent les nouvelles au niveau de l'utilisation globale du service ? A la fin de la semaine, quel sera le bilan ? Constaterons-nous un décalage entre l'information à la sauce "communautaire" Twitter  et l'information sélectionnée, hierarchisée, en un mot professionnelle des médias traditionnels ? Oui, sans doute; mais je pense qu'il ne sera pas aussi extrême que ça.



Pourquoi ? Pour plusieurs raisons.

Tout d'abord parce que nous avons affaire à des professionnels de l'info, habitués à faire le tri entre ce qui est important et ce qui l'est moins, et à rechercher l'information pertinente en remontant à la source et en éliminant le bruit (et ici le buzz...) parasite. Ensuite, même si l'information disponible dépend uniquement de la "qualité" des personnes suivies par nos Bombard du net, beaucoup de twitts sont des copiés-collés de journaux en ligne... Je veux dire par là que nous "créeons" très peu d'information sur Twitter ; la plupart des informations réellement pertinentes sont des reprises.

La lecture des premiers résultats est à ce titre édifiante. J'ai  appris des choses dont je n'avais pas entendu parler (le PDG de Pier Import) ; pour le reste, je trouve qu'il y a l'essentiel.


L'image qui précède est extraite du fil Twitter de Benjamin Muller, journaliste France Info, et membre du groupe. Les 4 autres sont : Nicolas Willems (RTBF), Anne-Paule Martin (RSR, Radio Suisse Romande), Nour-Eddine Zidane (France Inter) et Janic Tremblay (Première chaîne - radio Canada). Je ne voudrais pas qu'elle donne un aperçu trompeur de leur acuité : j'ai écouté Nour-Eddine Zidane ce matin sur France Inter, et il s'est livré à une sorte de revue de presse, séparant ce qui lui paraissait important dans l'actualité du jour, et livrant au passage quelques informations nouvelles par-rapport au "vrai" journal du jour, de ce qui constitue le bruit de fond de Twitter (buzz, nouvelles sectorielles, geekeries etc.).

J'ai créé une liste Twitter pour les suivre, et je suis un peu déçu de ce côté là : ils sont aussi peu bavards qu'ils sont à l'écoute ! On ne peut pas tout faire en même temps ! Par contre, ils tiennent un blog collectif, sur lequel ils sont beaucoup plus prolifiques. Les personnes intéressées par l'expérience seront bien avisées d'y jeter un oeil, voire deux. C'est plus pratique pour lire.



De par le recul dont je viens de parler (ce qui pose la question de leur choix : sont-ils des habitués des réseaux sociaux ? Ou bien a t-on, à dessein, choisi les quelques journalistes encore vierges de twitteraddiction et facebookophilie ?), les remarques sont plutôt pertinentes :
- Pourquoi suit-on (ou pas) quelqu'un ?
- Twitter et Facebook ne suffisent pas pour suivre et comprendre l'actualité (le graissage est de moi)
- Les réseaux sociaux sont utiles aux opposants dans les dictatures (Iran, Russie)

Un dernier commentaire pour finir, à propos de Facebook, que je ne considère pas comme étant le réseau social le mieux indiqué pour cet exercice. C'est plutôt une sensation diffuse, nous verrons bien le bilan à la fin de l'exercice, mais malgré ses efforts pour imiter Twitter, je pense que Facebook ne parviendra jamais au même résultat. Pas forcèment à cause de la profusion d'applications à base de Paf le chien (quoique...), ou basées sur des quizz idiots, ou dérivant du principe du poke, ou tout simplement inutiles, mais surtout à cause de l'opposition fondamentale entre ces deux réseaux : Twitter est un réseau ouvert (où l'on peut faire le choix de rendre son compte privé), alors que Facebook est un réseau à l'origine fermé, où il faut être autorisé par le titulaire du compte pour en voir le contenu.


Illustrations CC - respres, jez et Todd Barnard
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2 commentaires:

  1. N'étant ni sur l'un ni sur l'autre (Facebook et Twitter), j'ai entendu l'émission sur France Inter hiers soir à 19h.30.

    Twitter semble plus adapté pour diffuser de l'info en temps réel (atterrisage d'un avion sur l'Hudson, ou plutôt afleuvissage...), et tant mieux pour les nouvelles venant d'Iran ou d'ailleurs.

    Il faut que je relise le mode d'emploi de François Bon !

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  2. Je ne savais pas que François Bon avait fait des modes d'emploi ! Décidemment, voilà un homme qui s'intéresse à tout.

    J'ai donc fait une petite recherche, et voici, pour ceux qui comme moi ignoreraient encore leur existence, les deux recueils de conseils :
    - Mode d'emploi Facebook
    - Mode d'emploi Twitter

    Si je peux me permettre une petite critique, ce n'est pas très synthétique tout ça, ce qui m'a ôté le courage de tout lire...

    Pour ma part, j'essaierai de m'intéresser au bilan de l'opération. D'après les premiers échos, ça n'a pas l'air très révolutionnaire.

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