23 septembre 2011

Défense et illustration de la langue française

Je croyais jusqu'alors, assez naïvement, que l'utilisation de l'anglais pour faire genre (mais quel genre au juste ? moderne ? jeune ? dynamique ?) était l'apanage de la grande distribution, des marques, du commerce au sens large. J'en ai encore eu ce que je croyais être la preuve il y a deux semaines, au centre commercial, en lorgnant d'un œil torve deux publicités se succédant sur un panneau (1)



Telle grande enseigne distribuerait donc de la fringue "with love since 1841", tandis que tel industriel de l'agroalimentaire nous vanterait sa "so good" alimentation. Et je ne parle même pas de l'accroche, oups pardon, la baseline, du premier, mettant l'accent sur une collection "Mix & Match".

Pitoyable. On est loin du temps où les tickets de métro étaient chic et choc...

Et je n'avais pas vu le pire. Rentrant à la maison, je jette un œil à la newsletter (hum...) d'OWNI, et commence la lecture d'un article titré "Les pureplayers [sic] doivent prendre plus de risques". Admettons que le terme soit entré dans le langage (presque) courant, encore que le dossier s'intitule "Les médias en ligne à l’âge de raison", ce qui est au moins aussi compréhensible, et plus... français.

Mais c'est l'article éponyme qui m'a achevé. Pascal Riché s'exprime, à propos de la nouvelle maquette de Rue89, en ces termes non dénués de grâce, de poésie, et d'anglicismes inutiles : 

On va rester très participatif, non pas top-down mais plutôt bottom-up, avec le format “face aux riverains” notamment, et en insistant sur le fact-checking.

Je ne sais pas vous, mais moi, après "participatif", je ressens comme un vague malaise. En quoi est-ce plus porteur de sens d'utiliser ces termes ? En quoi des expressions comme "de haut en bas", "de bas en haut", "montant" ou 'descendant" auraient-elles dévalorisées son propos ? Aurait-il eu l'air moins professionnel ou moins sérieux ?

Ou est-ce pour préparer le lancement d'un Street ninety-nine ? 


(1) : Comme mon téléphone ne sait que téléphoner, j'ai extrait ces deux images des sites des marques respectives, à savoir C&A et Sodebo.

6 commentaires:

  1. Le pur français indique trop facile quand c'est du fucking-blabla (bavardage de merde pour attirer la badaude ou son badaud).

    Toutefois ~pure player~ me semble une bonne expression, bien riche. (Stump)

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  2. Je sais pas, je fouillais tout à l'heure dans le robert historique de la langue... La langue est organique, elle vit, après c'est affaire de goût mais la société laisse son empreinte sur la langue, anglaise ou autre...

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  3. Si parla francese ? (like a spanish cow) :)

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  4. si les pureplayers se mettent à prendre des risques, où va-t-on ?
    :-)

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  5. je ne sais qu'en penser, d'emblée je suis plutôt agacée comme Sammy et Professeur Stump par ce fucking-blabla mais ce que dit Sandrine est juste, la langue est vivante, elle évolue, s'appauvrit et s'enrichit à la fois, parfois elle meurt, mais quelquefois aussi elle est goûteuse et savoureuse... alors vive la langue!

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  6. Je suis absolument d'accord sur cette idée de langue "vivante" (heureusement d'ailleurs que la langue est vivante !) ; nombre d'expression "qui font anglais" sont bien souvent des adaptations de l'anglais ou de l'américain : les anglais ne partent pas en week-end, ne mettent pas de baskets... je ne suis pas certain qu'ils lisent des pure-players. Ce ne sont pas ces expressions qui me gênent le plus, mais bien le fait de remplacer un mot français par un terme anglais strictement équivalent, plus forte raison lorsque ça n'apporte rien. Ainis, "by" à la place de "par" et "so good" pour si bon" me hérissent le poil. Et je ne parle pas du charabia anglo-abscon des entreprises...

    Par-contre, et je raccroche ce commentaire à l'actualité récente, les dérisoires tentatives de la Commission générale de terminologie et de néologie pour tenter de traduire des expressions toutes faites comme celles que j'évoquais plus haut, comme cosplay, lipdub ou geek, c'est d'un excès proportionnellement inverse dans la bêtise...

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