22 mai 2006

Eloge de la beaufitude et des autres plaisirs simples

Il n'est rien de plus beau qu'un envol de caravanes aux premières lueurs de l'aube. Sanglés dans leurs automobiles, les aoûtiens partent de Melun, de Dijon et que sais-je ? peut-être certains viennent-ils de Clermont-Ferrand. Ils morigènent les enfants, débranchent les poissons et se passent les nerfs sur leur femme, démarrent enfin après un check-up digne d'une navette spatiale, et se retrouvent quelques heures après, les tongs en batterie et le sourire aux lèvres, au camping des flots bleus. Comme tous les ans à la même date.

A mi-chemin entre les Bronzés et les Bidochon en vacances, Camping offre 1h30 de caricature pas si grossière que ça à la gloire des épopées caravanesques et des problèmes existentiels des estivants franchouillards. Quoi de pire en-effet que de faire 9h10 de route pour s'apercevoir que la place 17, celle que l'on réserve depuis 30 ans, a été attribuée à des hollandais ? Autrement dit des étrangers. Des gens pas d'ici. En un mot des allemands.
La liberté c'est de pouvoir manger ses carottes rapées dans l'emballage
Devant un tel drame, même le pastis n'a pas le même goût, et l'on en vient à se demander si il ne vaudrait mieux pas rentrer tout de suite à Melun, plutôt que de voir "ces gens là" occuper sans le moindre égard un coin de terre battue que l'on a convoité onze mois durant.

C'est au milieu de cette petite bande d'habitués que va atterrir un chirurgien esthétique, loin, très loin de cet univers, et de ces vacances là. Le film se construit à partir de cette opposition entre la bande des campeurs et le séducteur parisien élégant et blasé.

Lui qui se dirigeait en Aston Martin vers un hôtel de luxe à Marbella, va être contraint par un problème mécanique à subir sangria d'accueil, course de canards à la Interville et élection de Miss camping. Rien ne lui sera épargné.
C'est un piège à guêpe, comme ça la guêpe, elle meurt d'asphyxie ou de diabète... à cause du sucre
De petit déjeuner au Benco en R19 "customisée", de tongs multicolores en klaxon jouant la cucaracha, tout les poncifs de la ringardise comme on l'aime chez nous défilent sous son regard quelque peu méprisant. Dois-je avouer que je me suis identifié à lui (Gérard Lanvin quand même !) une bonne partie du film ? C'est mon côté snob, voyez-vous...

Ce n'est que vers la fin du film que l'on réalise qu'au delà de cette beaufitude qui prête à sourire, que malgré une overdose de mauvais goût et de petits détails exaltant l'âme de la ringardise, le plus balourd de tous n'est pas celui qu'on croit, et l'image du play-boy sûr de lui en prend un coup. Car les campeurs (Franck Dubosc, Claude Brasseur, Mathilde Seigner notamment) sont certes pitoyables et accrochés à leurs petites habitudes, mais ils s'efforcent d'être heureux, cultivant le goût des plaisirs simples, de l'apéro entre copains et de la sincérité chaleureuse, ouvrant leurs tentes et leurs tupperwares à ce parfait inconnu.

Au final, on passe un bon moment, ce n'est pas du grand cinéma, ce n'est pas le film le plus drôle de l'année, mais on rit (parfois) de bon coeur au spectacle de ces tranches de la vie estivale.

2 commentaires:

  1. tout à fait d'accord avec ta conclusion. Ces campeurs un peu "beauf" essaient d'être tout simplement heureux, en appréciant des choses simples. Assez attachants finalement, Serait-on capable de tout partager avec un parfait inconnu, rencontré par hasard ? moi, pas sûr…

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  2. Vi c'est aussi un contrepied à l'individualisme !! car sur que Gerard Lanvin n'aurait pas rendu la pareille !!

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