11 juillet 2006

Festival #01 - 3600 secondes

Le spectacle 3600'' ouvre le festival #01 (Dièse 1) , qui va animer les nuits dijonnaises toute cette semaine. Votre blogueur-reporter sera sur place, prenant sur ses heures de sommeil pour vous rapporter l'information ! (mais quelle mauvaise foi...) Mon planning est donc très chargé : j'ai décidé de tout voir, mais aussi de tout rapporter...

Cette représentation-performance a donné le ton de ce festival je pense. On en reparlera samedi. La nuit était chaude et claire, le public nombreux et attentif. Assis à même les pavés neufs de la place de la Libération (il faut bien qu'ils soient rentabilisés...), nous sommes partis en voyage ; en voyage dans le temps...
Et si la vie ne durait qu'un heure ? Et si une heure durait toute la vie ?
Et si vous pouviez recommencer une heure ratée autrefois, pour la remplir de tout ce que vous aimez ? Vous feriez quoi ? Laquelle parmi toutes serait choisie ?
Et si vous aviez une heure ?
Peut-être la dernière.
Que feriez-vous ?
De part et d'autre de l'axe médian de la place, deux écrans aussi géants que circulaires ; le spectacle n'a pas encore commencé, ils font défiler en boucle L'horloge de Baudelaire et un poème de Shakespeare portant lui aussi sur le temps qui passe. Nous sommes sagement disposés en deux demi-cercle de chaque côté des écrans. Une voix nous invite à nous rapprocher de l'espace central, et tout le monde se précipite jusque aux pieds même des structures. Au bout de quelques minutes, deux lumières oranges et aveuglantes partant de chacune d'elles séparent la foule en deux, et des techniciens relient les deux écrans en installant des passerelles. Si c'est pas du fait exprès ça...

Une minute est passée.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

Le spectacle joue sur la représentation que l'on peut se faire du temps. Temps qui s'étire parfois à l'infini, où les secondes semblent des heures, ou au contraire qui file si vite que tout semble nous échapper. Les comédiens évoquent différentes situations où le passage du temps nous est particulièrement sensible ; les embouteillages, les caisses de supermarché, tout ces temps de l'attente que l'on refuse d'accepter.

Une minute est passée.

Comment peut-on se comporter face à cette fuite inéluctable ? Quelle attitude adopter ? Qui, de celui qui a opté pour la sérénité, ou de celui qui s'agite en tout sens, a fait le bon choix ? Les comédiens vont et viennent sur le pont entre les deux écrans, entre passé et futur, entre deux visions du temps, alternant les phases rapides et les période d'immobilité.


Les écrans affichent tantôt un compte à rebours, tantôt un décompte ; celui-ci peut s'accéler, se ralentir, ou s'arrêter. D'autres images s'affichent : parfois ce qui semble être un tunnel routier sans fin, et à un autre moment le visage de deux comédiens, chacun à une extrêmité du pont, de ce trait d'union, pour un dialogue dans le temps, entre un père et son fils ; deux époques, deux lieux, deux langues.

Une minute est passée.

Magnifique performance des corps tendus, crispés dans l'immobilité ou lancés dans une course sans fin, exprimant au rythme de la musique et des interventions sonores autant de sentiments que les tirades, dialogues et déclamations.


Le temps est ce que nous en faisons... libre à nous de le remplir jusqu'à l'excès ou de le laisser filer. Qu'importe ? Souviens-toi que le Temps est un joueur avide/Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi. Baudelaire l'avait bien compris : c'est le seul ennemi. Contre lui, point de salut, hormis l'ivresse.

Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
Qu'avez-vous fait, mortels folâtres, du temps qui vous a été imparti ?

La minute baudelairienne :
Les photos les moins ratées de ce spectacle se trouvent sur Picasa web album ; pas facile de prendre des photos assis par terre dans le noir...

6 commentaires:

  1. J'aime bien ta manière de raconter ...

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  2. Merci madame propette ! J'essaie d'apporter mon point de vue particulier sur des choses sommes toute assez banales...

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  3. oui mais de la banalité on apprend bien des choses ! aaah oui ! le temps qui est passé, qui passe et qui passera
    (toute ressemblance est fortuite et il n'y aucun plagiat ! ;)

    on n'est jamais à l'abri de cette angoisse toute baudelairienne !

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  4. Hum... quel prénom commençant par un D comme devine, évoquant un gracile mammifère marin de la famille des cétacés et au style que je connais à la virgule près pourrait bien se cacher derrière ce compliment exclamatif ?
    Hum... je me demande si je vais trouver...

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  5. " Et si vous aviez une heure ?
    Peut-être la dernière.
    Que feriez-vous ? "
    Et toi? Que ferais-tu?

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  6. Je pense que je la mettrais à profit pour dire aux gens que j'aime que je les aime, justement... on part trop souvent du principe qu'ils le savent, et quand ils sont partis, on se dit, mince, j'aurais dû lui dire un peu plus souvent...

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