04 juillet 2006

Libération conditionnelle

Les dijonnais sont prompts à la badauderie et Sammy est d'une curiosité sans limites. Voilà pourquoi, comme annoncé dans mon dernier billet, je me suis retrouvé samedi soir au milieu de cette foule, pour l'inauguration de la place de la Libération "nouvelle formule"


Deux remarques à propos de cette image : c'est un panorama réalisé grâce à Stitch à partir de plusieurs photos. C'est pas transcendant, mais c'est gratuit, contrairement à un objectif grand angle (soupir...) ; en regardant bien, vous pourrez retrouver les raccords. Par ailleurs, l'effet de déformation (l'aile gauche des bâtiments parait beaucoup plus grande que l'aile droite) est dû au fait que je me trouvais à l'extrêmité ouest de la place, c'est à dire tout à fait au bout de l'aile gauche. Juché sur le mur d'enceinte du Palais des ducs, risquant de me casser la figure, pour la seule beauté de la chose. Vous voyez que je ne recule devant rien pour vous informer.

Trève de digression. Commençons par le commencement. Et dans ce genre de sauterie, tout débute par un discours du maire. Lequel, sur un ton faussement jovial, n'a pas manqué de se féliciter de ce retour de l'une des plus belles places de France aux dijonnais, a rassuré sur l'achèvement prochain des travaux dans les rues adjacentes, s'est répandu en remerciements d'usage et n'a pas manqué de distribuer les coups de griffe à la majorité municipale précédente, un premier à propos des finances de la ville, très bien gérées, "ce qui n'a pas toujours été le cas" et un autre sur la culture, à laquelle l'équipe en place accorde une réelle importance, même "si on en parle pas tous les matins, contrairement à d'autres". Applaudissements polis dans l'assistance. Espérons qu'il dormira mieux maintenant qu'il a dit ce qu'il avait sur le coeur cet homme.

François Rebsamen dans ses oeuvres
Palais des Etats de Bourgogne, Cour de Flore

Je reprends quand même des éléments intéressants de son speech. Notre maire lit sûrement mon blog, car il a répondu à mes questions. Point fort de ce réaménagement : les voitures ne passeront plus sur la place. M'en fous, je fais tout à pied... L'ensemble des travaux a coûté 3,6 millions d'euros (d'où la remarque sur les finances) ; les jets d'eau s'appellent des "fontaines sèches", parce qu'il n'y a pas de bassin. Leur position est censée rappeler le tracé des anciennes routes du castrum gallo-romain, avant leur disparition suite à la création de la place par Jules Hardouin-Mansart.

Ces fameuses fontaines sèches... Je n'ai pas le seul à avoir été intrigué. La foule se groupe autour et se questionne. Est-ce que c'est de la vrai eau ? Est ce qu'elle est froide ? Vais-je la faire rentrer dans le trou si j'appuie dessus ? Les plus petits ne sont certes pas les moins attirés, mais leurs aînés n'ont pas résisté bien longtemps à la tentation de jouer eux aussi avec l'eau.


Ce sera d'ailleurs une constante de cette fin d'après midi inaugurale et ensoleillée : les grands s'amusent comme des gamins... Attendez la suite, vous allez voir...

Partant de la place François Rude (la place du Bareuzai, vous vous souvenez ?) et de la place Darcy, des parades se sont acheminées vers la place de la Libération, drainant dans leur sillage la foule des curieux. La caractéristique commune des acteurs de cette troupe (La compagnie Malabar dixit la notice municipale) est que la plupart des acrobates sont sur des échasses téléscopiques, qui leur permettent de sauter comme des gros insectes bipèdes dépourvus d'ailes.

Le premier groupe, tout de blanc costumé, dans un style évoquant vaguement Philippe Decouflé n'était pas le plus remuant ; pantomime, mouvements aériens, impression d'échassiers fantasmatiques, seul un trublion grimaçant vient jouer le rôle du bouffon, piquant à celui-ci ses lunettes, à celui là sa casquette, faisant une bise sur le crâne dégarni d'un vidéaste amateur et bondissant dans tous les sens comme un petit diable blanc monté sur ressorts.


Le second au contraire, générait une animation certaine... C'est autour d'un char arborant une mante religieuse en figure de proue et déversant une musique trépidante, qu'un nouveau groupe d'échassiers démarrait le cortège, tantôt suivi et tantôt précédés d'un groupe de "lanceurs de rubans" au gré du rechargement de leurs machines à enrubanner...

Figurez-vous quatre ou cinq grands garnements portant un coquillage sur le dos et et un sèche cheveux géant et vrombissant à la main, lequel lance, à l'aide d'un mécanisme assez simple, léger un ruban de plastique argenté. Il flotte quelques instant, s'enroule partout, est ramassé par les gamins ravis. L'état de gamin n'étant ici point déterminé par l'âge, mais par la capacité à s'émerveiller de ces filaments scintillants dont les enrubanneurs fous ont abondamment recouvert le parcours ! Et à ce jeu, tout le monde redevient un enfant, les jeunes femmes, les vieux monsieurs respectables, les pharmaciens les plus réputés ; jusqu'aux représentants de l'ordre qui cèdent avec discrétion à ce plaisir subtil et anodin...

Vous trouverez mes photos préférées de cette manifestation sur Picasa Web Albums, ce qui complétera avantageusement ma description !

Non, ce n'est pas la gay pride de Dijon...


Pour le final, les affiches nous promettaient un spectacle pyrotechnique grandiose, mais ce que la foule compacte m'en a laissé voir ne m'a pas vraiment soulevé d'enthousiasme. Les rubans argentés étaient tellement plus joliiiiis... J'achève donc mon reportage en allant jusqu'à la place suivante, où un écran géant attend les footeux pour un match capital... Le temps de quelques secondes, j'imagine vaguement rester, puis je réalise que cette foule excitée et pré-alcoolisée me révulsera encore plus dans deux heures... Je regarde avec quelque mépris une armée de clones en maillot bleu, et avec tristesse des gamins d'à peine 15 ans, une bouteille de rosé aux trois quart vide à la main...
Petite anecdote pour finir : cette photo a bien failli être la dernière ! Ce que ces deux femmes effrayées regardent, c'est le bus qui arrive derrière moi, et que je n'ai absolument pas entendu...


Petit clin d'oeil à notre ami le bareuzai...

7 commentaires:

  1. Hum je vois pas le rapport entre la place de la libération et la place donnée à la culture !! quand on sait à quoi est réduit la bibliothèque municipale, et que la question se pose encore d'en créer une, je veux pas dire mais y'a du chemin hein ??!! j'espère que tu songes à voter pour un nouveau maire ? (ou mairesse) ;-)

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  2. Ah mais si, les fontaines sèches qui mouillent tout le monde, c'est super culturel... D'ailleurs c'est trop culturel pour moi, parce que le concept m'échappe...
    Et puis, un discours politique sans langue de bois ne serait pas un vrai discours... Je viens de trouver ce Générateur de langue de bois pour enfin parler comme un énarque !
    Hum... j'espère que tu lis mes réponses aux commentaires, sinon j'aurais travaillé pour rien !

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  3. elle est belle à la république qu'ils représentent !!! et dire que ce site s'inspire directement d'un cours de l'ENA !! brrr

    (voui je suis les réponses et j'vais même voir tes sources lol!)

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  4. Tintin Sammy reporter ! Bof une jambe cassée, c'est quelques semaines devant l'ordi à nous concocter des chroniques!

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  5. Ah ben merci ! Si je ne sors pas de chez moi, à part faire des commentaires de tous les livres que j'ai lu ces 10 dernières années (ce qui serait grand et magnifique quand on connait ma façon de commenter un livre ^^), je serais vite en manque de sujets !

    Ce texte est quand même mieux que celui sur les impressions nocturnes hein ;-)

    Si tu as 5 minutes, va voir les photos de cette inauguration, certaines illustrent bien ce que je raconte, mais je ne pouvais pas tout mettre !

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  6. Elle sont bien tes photos. Et les tortues ninjas lanceuses de rubans m'ont bien plu .Ben, oui, tortues ninjas, c'est comme ça que je les vois, il y a bien des marmottes qui emballent le chocolat dans le papier alu, pourquoi il n'y aurait pas des tortues qui le lancent, le papier alu!

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  7. Tout à fait ! Et elles le lancent tellement bien qu'il en est resté accroché des petits bouts au fil électriques bien longtemps après ! Je crois qu'ils ont fini de disparaître à l'occasion de la mise en place des illuminations de Nowel...

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