Il y a de cela quelques semaines, j'ai assisté à une petite cérémonie ennuyeuse et hypocrite consacrée à l'égalité des chances et à la diversité. Il s'agissait de réunir quelques sommités régionales et un ministre afin de signer très-officiellement des "chartes de la diversité" ; chartes par lesquelles les entreprises s'engagent à embaucher des gens de toutes les couleurs, de la plupart des deux sexes, et même des jeunes. Bref, un machin de plus. Liberté, égalité, fraternité, c'est pourtant écrit au fronton de nos mairies...
Qu'est ce que je faisais là ? Franchement, je n'en savais trop rien moi-même. Le directeur ne pouvant être présent, il s'était fait remplacer par un chef de service, qui a demandé à la personne en charge du dossier d'y aller à sa place. Laquelle m'a proposé de l'accompagner. "Tu prendras des photos." Je n'invente rien. Ca s'est vraiment passé comme ça.
Autour de l'auteur du gone du Chaâba, étaient rassemblés le préfet (bien mieux habillé que pour les journées du patrimoine), son directeur de cabinet, une grappe de journalistes, le représentant du Medef, les chefs d'entreprise de la région et des étudiants de l'ESC, partenaire de cette pantalonnade. Tous bien habillés, bien chics, bien blancs. Super diversifiés dans leur genre. Devant un si beau gratin il était prévisible que je me sente un peu nouille.
Le discours d'Azouz Begag était plutôt sympa -même si j'ai eu l'impression pendant un moment qu'il essayait de nous vendre son dernier livre- car joué et vécu comme son texte par un comédien. Avec des poses, des mimiques, des clins d'oeil au public. Il faudra que j'achète un de ses livres. Un jour. (j'ai assez de réserves pour passer l'hiver) Mais tout cela était malgré tout conventionnel. Convenu et artificiel. Seuls des applaudissements polis sont venus saluer la performance de l'artiste et nul ban bourguignon n'a clos les festivités. Mais il faut dire que le cadre ne s'y prêtait pas vraiment.
***
Car lorsque les bourguignons sont contents, ils font un ban bourguignon. Ca surprend au début mais on finit par s'y habituer. J'avais déjà évoqué cette tradition de fin de banquet il y a un peu plus d'un mois, en vous promettant des explications plus complètes. Il est maintenant temps pour moi de vous les fournir.
Les paroles et la chorégraphie se décomposent de la manière suivante :
- Première période : lala lala lalalalalère (en tournant les mains comme lorsque en maternelle on mime les marionettes)
- Seconde période : lalala lalala la la la (cette partie doit être chantée en frappant en cadence dans ses mains)
Les paroles et la chorégraphie se décomposent de la manière suivante :
- Première période : lala lala lalalalalère (en tournant les mains comme lorsque en maternelle on mime les marionettes)
- Seconde période : lalala lalala la la la (cette partie doit être chantée en frappant en cadence dans ses mains)
Je vous accorde que c'est technique. Heureusement. Dans le cas contraire, le premier venu pourrait se prétendre bourguignon. Les contrefaçons circuleraient sur internet, des personnes peu scrupuleuses vendraient pour du ban bourguignon de vulgaires gesticulations désordonnées. Ce serait la fin de la vraie culture bourguignonne. Mais je vois déjà des sourires ironiques chez certains de mes sceptiques lecteurs. Vous avez bien raison. Il ne faut jamais tenir pour vrai ce que l'on a pas éprouvé par soi-même. Alors, à défaut de pouvoir vous faire un ban bourguignon, voici une vidéo d'un rassemblement de bourguignons se livrant à cet exercice dans une synchronisation parfaite. Eloignez les enfants, les vieillards et les femmes enceintes de l'écran. Les images qui suivent sont susceptibles de provoquer de violentes crises d'hilarité.
La vidéo a été extraite par mes soins de ce site ravissant, champêtre et folklorique consacré aux arts et traditions populaires du Morvan. Tout un programme.
Le bourguignon, par nature pugnace et ambitieux, contrairement à l'auvergnat qui n'est que têtu et avare, propage sa culture bien au delà des limites de son territoire historique. L'impérialisme bourguignon est quelque chose d'assez impressionant, il faut bien le reconnaître. C'est ce qui explique que l'on retrouve, non sans émotion, des variantes ou des tentatives de ban bourguignon un peu partout dans le monde. Il en va ainsi de ces irakiens offrant un ban bourguignon à leurs libérateurs.
Mais c'est dès le berceau qu'il apprend les gestes précis et ancestraux de la tradition, que les mères transmettent à leurs fils depuis des générations. La technique nécessite en-effet de longues années d'apprentissage, et rares sont ceux qui peuvent prétendre à apprendre tout seuls cet art millénaire.
Une version fallacieuse et trompeuse, circulant de bouches malintentionnées en oreilles perfides, tend à faire croire que le rituel ne serait que le résultat d'un jeu de potaches avinés du XIXème siècle, qui exerçaient leurs méfaits à deux pas de chez moi. N'en croyez rien, tout ceci n'est que pure médisance. Je vous livre tout de même cette version afin que vous puissiez vous gaussez comme il se doit devant une hypothèse aussi peu envisageable :
Et ce n'est pas Jean-Louis Borloo qui me dira le contraire...
Avec le sanglier sur le mât, il est terrible...
Mais c'est dès le berceau qu'il apprend les gestes précis et ancestraux de la tradition, que les mères transmettent à leurs fils depuis des générations. La technique nécessite en-effet de longues années d'apprentissage, et rares sont ceux qui peuvent prétendre à apprendre tout seuls cet art millénaire.
Une version fallacieuse et trompeuse, circulant de bouches malintentionnées en oreilles perfides, tend à faire croire que le rituel ne serait que le résultat d'un jeu de potaches avinés du XIXème siècle, qui exerçaient leurs méfaits à deux pas de chez moi. N'en croyez rien, tout ceci n'est que pure médisance. Je vous livre tout de même cette version afin que vous puissiez vous gaussez comme il se doit devant une hypothèse aussi peu envisageable :
Le ban bourguignonTout ceci n'est pas bien sérieux.
Cette petite phrase musicale chantée et frappée en rythme et l’expression de la joie en Bourgogne.
Elle est née dans un café du quartier dijonnais « Le Bas de Montchapet ». Là se retrouvaient de joyeux lurons dont le frère du sculpteur dijonnais Paul Gasq ainsi que Monsieur Lapostolle, directeur du philarmonique de Dijon. Ils composèrent ensemble cette phrase musicale un soir fort bien arrosé, et sous l’effet de la gaieté, accompagnèrent la musique chantée de gestes, deux bouteilles ou deux verres dans les mains, les faisant tourner et les entrechoquant en rythme. Très vite ce ban se répand à Dijon puis en Bourgogne, exécuté cette fois-ci à main nue …
Les compagnons du Bareuzai
Et ce n'est pas Jean-Louis Borloo qui me dira le contraire...
***
- Les images viennent de je ne sais plus où, c'est monsieur Google qui me les a données.
- Je remercie Azouz Begag et Jean-Louis Borloo pour leur sympathique participation à cette petite farce (je ne manquerai pas de vous tenir au courant si ils répondent !)
- J'espère que les joyeux enfants du Morvan ne m'en voudront pas trop de mon ton moqueur ; je place leur étendard en bas de cette page pour me faire pardonner.
Avec le sanglier sur le mât, il est terrible...
La petite cérémonie aurait peut-être moins ennuyeuse si vous aviez invité Azouz Begag, le préfet et le représentant du Medef à effectuer une "danse du Limousin" (désolée, je n'ai pas trouvé de video) ;-)
RépondreSupprimerOu une bourrée auvergnate bien d'cheuz nous. Car Sammy est de Clermont-Ferrand, ce qui explique son accent brayaud, imperceptible à la lecture toutefois. Fouchtra.
RépondreSupprimerJ'ai été dijonaise pendant deux ans et adepte de chorales à choeur joie. J'avais oublié le ban bourguignon. Merci de ce rappel qui est un bon souvenir.
RépondreSupprimerPour Begag, il a été l'invité d'honneur à la bibliothèque où je travaille parce qu'il a habité dans le quartier.
Borlo, il deviendra peut-être mon patron ou du moins il va essayer.
Une bibliothécaire qui travaille à Lyon ! Deux bons points pour toi ;-) Cherches un peu, j'ai commis il y a quelques mois de celà un billet sur Lyon. Bon, je ne parle pas vraiment de Lyon en fait. Mais quand même !
RépondreSupprimerEt pour les bibliothèques, c'est tout simplement parce que c'est ma première formation ;-) Mais je ne comprend pas en quoi Borloo peut devenir ton patron ? Je vais aller faire un tour chez toi pour tâcher de résoudre cette énigme.
Deux informations capitales sur moi en deux commentaires, j'espère que vous prenez des notes ^^
Eh bien, c'est bien joli le Morvan. J'aime bien le Morvan, moi. Et j'aime bien la Bourgogne. Et les R roulés de la Saône et Loire. Et le 71. Et Autun. Et les ducs de Bourgogne. Et l'épinette (un instrument traditionnel pour les chants et danses digestives de la Wallonie profonde... :o)
RépondreSupprimerAprès tout, Belges et Bourguignons ont une lointaine histoire très très très commune !
"Je suis fier, oui, oui, oui
Je suis fier, non, non, non
Je suis fier...
D'être bourguignoooon-hon-hon !"
ps. Je suis pas raciste, j'aime beaucoup Dijon, le 25, Beaune et les vignes de Bourgogne!
RépondreSupprimerQue ne donnerais-je pour un bon Meursaut... (Avec des petits gris ;o)
rien à voir avec la note, sorry, mais je regardais ton profil, et je vois que tu te passionnes pour des jeux en ligne ou vidéo...
RépondreSupprimerMon fils a aussi Oblivion, sur l'ordi (terrible musique quand je clique!) à quoi joue-t-il encore? Bit Defender (si c'est bien un jeu - moi, je n'y connais rien!) Call of duty... NBA Live, et encore d'autres trucs aux noms imprononçables.
Amusant ! (Il a installé Mozilla firefox d'ailleurs, comme programme Internet, ce qui fait que j'ai complètement perdu l'habitude d'internet explorer...) Mais à quoi sert thunderbird mozilla ? Et FileFilla ou quelque chose dans le genre ?
Bonsoir Sammy,
RépondreSupprimerMerci de ta visite ce soir.
A mon tour de te découvrir.
Je ne suis pas déçue : ce billet m'a bien fait rire, et en plus ici on s'instruit en rigolant !
Je ne connaissais pas le Ban bourguignon, pauvre inculte que je suis. Ouf sauvée par Sammy !
J'ai lu le Gone de Chaaba j'ai bien aimé, et j'ai même vu le film (ou téléfilm ?) qui en a été tiré.
Je pense qu'Azouz Begag aurait dû rester écrivain, et militant associatif. Mais l'attrait du pouvoir lui a été fatal. Le pouvoir tue, il ne le savait pas...
A bientôt Sammy
Je viens à peine de répondre à ton précédent commentaire qu'en voilà déjà trois autres !!!
RépondreSupprimerOui, il parait que c'est joli le Morvan. Il faut juste éviter d'y habiter. L'hiver surtout :-p
Pourras-tu m'expliquer l'histoire des origines communes aux belges et aux bourguignons ? Est-ce en rapport avec les ducs de Bourgogne ? Ou alors plus vieux ?
Pour le vin, l'Auxey-duresses c'est pas mal non plus =)
Et enfin, les jeux vidéos !
Oblivion, oui, elle est pas mal la musique d'intro, hein. Pour les autres jeux, je ne connais pas trop. Comme je l'ai expliqué précédemment, mon jeu fétiche ce serait plutôt Splinter Cell...
Je vais maintenant essayer de répondre à tes questions, dis moi si je ne suis pas clair, je t'enverrai un mail pour préciser certaines choses.
Je vais être direct : perdre l'habitude d'Internet Explorer est une TRES bonne chose. Tu féliciteras ton fils de ma part ! Je ne me sers quasiment plus d'IE depuis que j'ai découvert firefox il y a à peu près trois ans. Je pourrais t'en parler longtemps (et c'est rien de le dire) mais c'est beaucoup plus sûr ; en plus c'est beaucoup plus beau, plu pratique (la gestion des favoris notamment) et "personnalisable". Demandes lui de te parler des thèmes et des extensions...
Ensuite, Thunderbird. C'est l'équivalent d'Outlook, mais en mieux ;-) Oui, je suis de parti-pris, j'avoue. Je suis mal placé pour dire du mal d'Outlook, étant donné que je ne m'en suis jamais servi ^^ Tu l'auras compris, Thunderbird est un client de messagerie. Libre et performant. Là encore, je suis très court. Je te conseille d'aller faire un tour sur le site Framasoft, entièrement consacré aux logiciels libres, dont FF et Thunderbird sont les plus fameux représentants.
FileZilla est un client FTP. um, attends, je reformule. C'est un outil qui permet d'envoyer des fichiers sur un serveur ftp. Le FTP est un protocole de tranfert de fichiers (en anglais dans le texte : file transfert protocol), tout comme le http est un protocole qui permet à ton navigateur (firefox donc) de dialoguer avec le serveur sur lequel est stocké le site que tu veux lire.
Fin de la leçon d'informatique =)
Euh... au fait... BitDefender, ce n'est pas un jeu, c'est un antivirus ;-)
@ Fauvette : décidemment, j'ai du mal à suivre ! C'est une avalanche de commentaires ce soir ! (et j'en suis ravi)
RépondreSupprimerJe suis bien content que ce billet sur le ban bourguignon t'ai fait rire, parce que c'était le but ! Ca fait quelque temps que l'idée me trottait dans la tête, et comme j'avais envie d'écrire quelque chose sans savoir exactement quoi (c'est grave, docteur Coumarine ?) j'ai fouillé dans mes tiroirs virtuels à la recherche de mes brouillons.
Je partage ton avis sur Azouz Begag, ce qui ne fait que renforcer l'idée selon laquelle je devrais au moins lire le gone du Chaâba. Pour le reste, chuuut, je n'ai pas d'opinions politiques en public :o)
A bientôt !
Ma foi on a l'air de savoir ce que s'amuser veut dire ne Bourgogne !
RépondreSupprimerIl y a sensiblement la même chose dans les Landes, mais au lieu de
RépondreSupprimertaper dans les mains et de faire les marionnettes, on fait tournoyer la serviette, ce qui implique d'avoir des grandes serviettes de toutes les couleurs, et d'éviter d'éborgner le voisins, bien sûr!
Maurice et Orion : merci de votre passage !
RépondreSupprimerJe pense que partout où il y a à boire, on retrouve peu ou prou le même genre de traditions, qui naissent à la fin d'un banquet, avant de se propager un peu partout, jusqu'au jour où on en oublie l'origine...
On en a fait en Italie pour la representation des charolais....devant une télé, je te promets que ça plait plus que tout !!!!
RépondreSupprimerLa rigueur........
Félicitations ! Tu exportes les fières valeurs de la Bourgogne jusque dans les contrées les plus lointaines !
RépondreSupprimerEt un ban bourguignon pour PH, un !
Lala lala lalala la lèèèère euh !
Waouh mais la Bourgognoe est une contrée beaucoup plus exotique et sympathique que je ne pensais ! :-D
RépondreSupprimer2 atouts déjà : Sammy, et le ban bourguignon ! :-D
C'est les wacances, j'en profite donc pour récupérer un peu de mon retard ici, ça fait du bien ! :-)
Tu fais tes devoirs de wacances alors ? :-p
RépondreSupprimerLe ban bourguignon n'est que l'attrait N°2 de la Bourgogne, Sammy étant tout de même le plus important des deux ^^
Devoirs de vacances bien agréables ma foi, mieux que les autres...
RépondreSupprimerQuand au ban... Je ne sais pas, la concurrence est rude, pour juger faudrait pouvoir voir Sammy executer un ban bourguignon ! ^^
A propos de Begag, je suis content de ne pas être le seul à ressentir cette impression de commercial en tournée !
RépondreSupprimerJe viens de faire un compte-rendu sur mon blog de son passage dans l'Allier...
Blog très sympa et varié ! Je reviendrais lire le reste plus tard.
Pour moi qui ai vécu à Châtillon/Seine et Auxerre, ces chroniques bourguignonnes me rapellent des souvenirs...
Salut Marsiho !
RépondreSupprimerMerci de ton passage, j'espère que ce n'est que le premier ;-)
Je viens de lire ton compte-rendu, c'est beaucoup plus critique que moi, mais il est vrai que je n'ai pas vraiment étudié le sujet, Begag ne me servant qu'à introduire le ban bourguignon... et aussi que je ne m'autorise pas ce genre de considération, va savoir à quel ministère il sera nommé, hein... En tout cas, c'est vraiment bien, il faudra que je vienne laisser un petit commentaire chez toi ; ce que tu écris est agréable à lire.
Merci !
RépondreSupprimerJe reviendrais...
Bel hommage rendu à la jovialité bourguignonne !
RépondreSupprimerBravo et vive la Bourgogne Libre !
Bonjour camarade Vercingétorix, courage pour la poursuite de ton combat pour que revive la Bourgogne libre ! Hasta la vitoria !
RépondreSupprimerJe suis tombé sur votre page en cherchant des articles sur le ban bourguignon, et comme je suis curieux, je l'ai parcouru de bout en bout, le ban m'a fait sourire, mais c'est plutôt le décalage avec la situation "sérieuse" et le ton ironique, les clins d'oeil au penchant de certains hommes politiques pour la bouteille qui m'a fait rire.
RépondreSupprimerQuoi qu'il en soit, les politiques ne sont pas prêts à se lâcher à chanter un ban bourguignon, de peur d'entâcher leur crédibilité
Allez on y va : lala lala lalalalalèreuh :D
Bonne journée
Ah mais j'espère sincèrement que cet article, par son sérieux et son ton volontairement encyclopédique, deviendra rapidement la référence obligée sur le ban bourguignon ! :-)
RépondreSupprimerMerci pour votre passage !
Bonne journée aussi !(avec un peu de retard, hum)