28 septembre 2009

Chronique des cancres qui réussissent


Savez-vous quel est le point commun entre Balzac, Darwin, Einstein, Napoléon, Walt Disney ?

Ils sont tous morts ? Certes, mais ce n'est pas là que je voulais en venir. Ils aimaient tous dessiner des souris avec de grandes oreilles ? Pour l'un d'entre eux, c'est effectivement une certitude, pour les autres, je crois que vous vous avancez un peu. Ils étaient tous connus pour leur humour ? Einstein, c'est sûr, mais pour les autres, c'est pas dit.

Alors ? Quoi ? Ils sont tous dans le dictionnaire, c'est ça ? Non. C'est mieux que ça : ils sont tous dans l'encyclopédie. L'encyclopédie des cancres, des rebelles et autres génies, plus exactement. Car ils étaient tous des cancres. Des vrais nuls. Des habitués du fond de la classe et du bonnet d'âne.

A l'école, ils furent déclarés médiocres, inaptes, promis à l'échec : des cancres ! En famille, au travail, on a désespéré, on s'est exaspéré de leur caractère rebelle. Ils ont sommeillé près du radiateur ou multiplié les détours, avant de trouver leur voie ou d'ouvrir la bonne porte.

Tous, à un moment ou à un autre, se sont fait demander ce qu'on allait bien pouvoir faire d'eux. J'imagine sans peine les appréciations de leurs professeurs sur leurs bulletins : "Mon pauvre Honoré, vous croyez sans doute que votre frénésie de lecture et vos petites histoires vont vous menez quelque part ? Arrêtez votre comédie mon jeune ami".





Pour être tout à fait honnête, tous n'étaient pas mauvais partout ; certains, comme le jeune Balzac donc, ne s'intéressaient qu'à un domaine de prédilection et laissaient volontairement le reste de côté. Pour le petit Einstein, c'était les maths. Pour le petit Lennon, la musique.

D'autres ont eu une enfance difficile, voire malheureuse, comme Thomas Edison ou Charlie Chaplin, et ont dû, au final, s'inventer eux-même pour s'en sortir. Mais tous ont en commun d'avoir fait mentir leur entourage et les pronostics en devenant quelqu'un, en laissant une empreinte durable sur la science, la littérature, la musique, le cinéma, la peinture ; en modifiant le cours de l'histoire ou en se faisant couper la tête pour la bonne cause. (Oui, ça ne finit pas toujours bien)

Parce que rien n'est jamais écrit à l'avance. Parce que l'ex-cancre sera peut-être un jour étudié dans les écoles. Parce que dans la vie, l'essentiel est de suivre ses rêves.

On apprend au passage une foule de détails passionnants dans cette encyclopédie illustrée d'une façon gentiment ironique par Serge Bloch, grâce aux textes plein d'humour de Jean-Bernard Pouy.

Que Flaubert a passé son enfance dans un hôpital. Que les Beatles ont failli s'appeler les Moondogs. Que le petit Louis futur-XIV avait beaucoup d'humour et se moquait de ses précepteurs. Qui s'appelaient respectivement Hardouin de Péréfixe et La Mothe Le Vayer, logiquement transformés en Préfixe et Mothe de Beurre.

Que le vrai nom de Pablo Picasso est Pablo, Diégo, José, Francisco de Paule, Juan Nepomuceno, Maria de los Remedios, Crispianiano de la Santissima Trinidad Ruiz-Picasso.

Et plein d'autres choses encore.

Voilà donc un livre à mettre entre le maximum de mains, celles des enfants à qui il est primitivement censé s'adresser, mais aussi celles de leurs parents, qui ont peut-être besoin d'être rassurés...


***


L'encyclopédie des cancres, des rebelles et autres génies, textes de Jean-Bernard Pouy, illustrations de Serge Bloch ; sous la direction de Anne Blanchard. Gallimard jeunesse.

9 commentaires:

  1. Eh, oui !
    Dans un flot de portes closes, il suffit d'une qui s'entrouve même quand on pas réussi en classe : ce que je ne comprends pas, c'est qu'on ne jure quasi toujours que sur la réussite scolaire.

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  2. Heureusement qu'échec scolaire ne rime pas toujours avec échec professionnel, social. Mais soyons honnête, les cancres qui se révèlent des prodiges ne sont pas légion. Ils sont l'exception.
    Einstein et quelques autres, ou l'histoire d'enfants précoces, atypiques, hors moule, inadaptés au système scolaire pour enfants formatés, d'où leurs résultats très médiocres, leurs problèmes à l'école. Parce qu'être hors norme n'est pas une sinécure...

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  3. J'ai cru laisser un commentaire sur ce post, mais il a mystérieusement disparu dans la quatrième dimension...Déjà que je ne pouvais pas commenter depuis un bout de temps! Bon, ben,je recommence...

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  4. "Tu sais à quel point Einstein avait de mauvaises notes à l'ecole? Et bien, mes notes sont encore pires!"

    -- Calvin, de "Calvin et Hobbes", s'adressant à sa 'copine' Susie qui reproche à Calvin son manque de sérieux et d'application en classe

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  5. C'est à ce billet là, et à deux-trois autres encore en souffrance, que je songeais dans ma réponse précédente en parlant de crus que je laisse vieillir... Allez, aujourd'hui c'est fête, on se débouche une bouteille de "comm' septembre 2009". Il parait qu'ils ont un petit goût de banane.

    @Sandrine : pour le coup, je te conseille de lire Comme un roman et surtout Chagrin d'école, étant donné ton commentaire, ton assentiment aux thèses de Pennac est acquis d'avance.

    @Ink : oui, en général, l'état de cancre est suivi par celui d'échec professionnel... pour un Albert Einstein, combien de destins moroses, faute d'avoir pu s'épanouir dans une autre voie que celle proposée par l'école ?

    @Orion : en fait, je crois que je réponds en retard à ce commentaire juste pour le plaisir de faire un doublé ! (ou une statistique : tu laisses un commentaire en moyenne tous les 5 mois) ;)

    @Thomas : Einstein qui a d'ailleurs dit : "C'est le rôle essentiel du professeur d'éveiller la joie de travailler et de connaître." Bien en accord avec notr sujet, et belle manière de conclure mes réponses !

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  6. Albert Einstein n'était pas un cancre !
    Il fut un brillant élève mal considéré par ses professeurs qui lui reprochait ses origines juives et son indépendance d'esprit !
    Il n'hésita pas plus tard à les comparer à des "feldmarchaux" !

    Quand à Chaplin c'est surtout la pauvreté de sa famille qui l'empêcha de faire des études ! Sinon tous ceux qui l'ont connu, rencontré et ou apprécié ses oeuvres s'accordèrent pour dire qu'il était un génie !

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  7. Bonjour anonyme !

    Comme je n'ai pas connu Albert aussi bien que toi, je me suis contenté de naïvement citer ce qui était dit dans le livre à propos duquel j'ai commis ce petit article.

    Pour Chaplin, comme pour d'autres personages historiques évoqués dans ce livre, le qualificatif de cancre est effectivement un peu excessif ; je pense que les auteurs ont surtout voulu montrer que même avec de mauvais résultats à l'école et/ou un milieu social difficile, une enfance malheureuse et, dans tous les cas, des débuts dans la vie pas forcément placés sous les meilleurs auspices, ils sont quand même devenus des acteurs importants de la science, du cinéma, de la politique...

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  8. Bonjour Sammy !
    Tu as voulu te justifier, peut-être à cause des points d'exclamation que j'ai employés dans mon message et qui lui donne un certain ton imprécateur...je m'en excuse si c'est le cas !

    J'éprouve surtout de la colère envers les détracteurs jaloux de personnalités comme Einstein et Chaplin, des détracteurs qui étaient souvent des contemporains ou parfois des membres de leur entourage !

    Il est regrettable que des personnes soient intoxiquées par certaines calomnies ou propos malveillantes et véhiculent ces fausses informations !
    Mais c'est souvent le cas hélas !

    Sinon rédiger des posts sur cet intéressant ouvrage relatant l'ascension de "cancres", est plutôt une bonne idée !

    Ceux qui ont râté leur bac cette année devront le lire avec plaisir !

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