...voilà pourquoi, comme annoncé il y a quelques jours, je me suis rendu ce dimanche à la foire "Euroforest", à Saint-Bonnet-de-Joux, au plus profond de la forêt de Saône-et-Loire. Euroforest, comme une étude étymologique rapide le laisse deviner, c'est la foire européenne de la forêt. Et ça a lieu tous les 3 ans, en Bourgogne. Non, vous n'auriez pas pu trouver en étudiant attentivement le nom, ça c'est moi qui vous l'apprend.
Si l'événement est essentiellement destiné aux professionnels de la filière bois, le dimanche est le jour des familles, du grand public et des badauds. Excellente occasion de faire à nouveau quelques centaines de kilomètres en plein soleil, dépenser quelques euros en autoroute et en essence, et en profiter pour se perdre allégrement dans des coins de Bourgogne où ma Saxo n'aurait jamais mis les pneus autrement. (Dijon/Saint-Bonnet-de-Joux via Le Creusot, les connaisseurs apprécieront...)
Si l'événement est essentiellement destiné aux professionnels de la filière bois, le dimanche est le jour des familles, du grand public et des badauds. Excellente occasion de faire à nouveau quelques centaines de kilomètres en plein soleil, dépenser quelques euros en autoroute et en essence, et en profiter pour se perdre allégrement dans des coins de Bourgogne où ma Saxo n'aurait jamais mis les pneus autrement. (Dijon/Saint-Bonnet-de-Joux via Le Creusot, les connaisseurs apprécieront...)
J'ai donc déambulé avec ma nonchalance (élégante !) habituelle au milieu des semi-remorques, broyeurs, fendeuses et autres abatteuses. J'ai moi aussi benoîtement admiré, contourné, photographié des monstres plus ou moins effrayants, avec des pinces, des griffes, des carapaces et des dents. Des chaînes, des câbles, des tuyaux. Bref, une ménagerie improbable et imposante d'outils destinés à couper, broyer, trancher, écraser, scier... Lier, fagoter, réduire en plaquettes et consumer dans une chaudière apocalyptique. Ceux qui souhaitaient se réincarner en arbre sont désormais prévenus.
C'est à dessein que je parlais de nonchalance élégante. D'abord je tenais à montrer que maintenant je sais l'écrire (message personnel du jour !) et parce que j'ai une fois encore admiré le mauvais goût et le laisser aller vestimentaire des gens, ventripotents et hydropiques de tout âge et de tout gabarit, t-shirt sur l'épaule et casquette sur la tête, n'hésitant pas à faire étalage de leur masse graisseuse poilue et superflue.
Prenant très à coeur de voir le maximum de choses afin de pouvoir écrire à mon retour un compte-rendu aussi détaillé que possible, je m'arrêtais à chaque stand, regardais chaque nouvel objet de mon oeil de grand gamin amusé, et écoutais avec un plaisir extrême le discours des camelots autour desquels se masse un public dubitatif et émerveillé devant les progrès de la science. Qu'il vende la machine à rendre polies les surfaces rustres, la poudre de perlinpinpin, le nettoyant universel ou l'affuteur itou, c'est toujours le même discours, la même méthode. On commence par les situations les plus courantes, les objets les plus ordinaires -le couteau de cuisine ébréché, le canapé tâché ou l'argenterie ternie- pour bien montrer que le produit vanté s'adresse à tout le monde, même aux plus humbles demeures. Mais à la fin de la démonstration, ce ne sont que lames de tondeuses, plaques de cuisson carbonisées (mais comment font-ils ?) et saletés incrustées. Que sais-je ? Pare-brise de fusée et autres moteurs à réaction. A ce stade, on ne serait pas étonné d'apprendre que l'affuteur universel équipe les cosmonautes, que le détachant miracle récure les toilettes du Ritz depuis que Napoléon en imposa l'usage, et que Léonard de Vinci lui même ne se séparait jamais de son coupe-cuticule favori.
On approche alors du moment que je préfère. La foule béate hésite, malgré le prix extrêmement compétitif, sacrifié pour tout dire, et attend que quelqu'un lui montre la voie, qu'un intrépide client fasse le premier achat pour décider tous les autres. Et bien il y a toujours un pionnier pour tendre son billet de 20 euros (quand je vous disais que c'était une misère) et s'extasier avec enthousiasme sur les merveilles de son acquisition. Mais ce n'est pas obligatoire. L'important est de donner l'exemple aux autres, qui vont, moutons rassurés, se jeter avec avidité sur le stock presque épuisé, dépêchez-vous, il n'y en aura pas pour tout le monde...
En général, c'est à ce moment là que je m'en vais, mort de rire. Le jeu du bateleur et son complice -car c'est un comparse, n'en doutez pas- est terminé jusqu'au dispersement des badauds et reconstitution d'un nouveau groupe de pigeons...
Ayant ainsi observé toute une après-midi les différentes méthodes pour transformer un chêne centenaire en pâte à papier (attention aux idées reçues...) et celles, très amusantes également, pour tondre les moutons, j'ai enfin atteint le bout du circuit (150 hectares !) et n'ai plus qu'à retourner vers ma voiture, observant au passage les escarpins à talons de ces dames et les mules béantes de ces messieurs... Suis-je le seul à avoir mis des chaussures de marche ? Décidement les gens m'épateront toujours...
Presque arrivé vers la sortie, je tombe en pleine démonstration de "Timbersport", activité hautement bûcheronnesque et physique où des Hercules découpent des troncs en trois coups de hache, montrent leur maestria à la tronçonneuse et à la scie en long, bref, font usage d'une force impressionnante et d'une précision assez bluffante dans le coup de hache. Les photos parlent d'elles mêmes : un coup de travers, c'est un pied en moins...
Prenant très à coeur de voir le maximum de choses afin de pouvoir écrire à mon retour un compte-rendu aussi détaillé que possible, je m'arrêtais à chaque stand, regardais chaque nouvel objet de mon oeil de grand gamin amusé, et écoutais avec un plaisir extrême le discours des camelots autour desquels se masse un public dubitatif et émerveillé devant les progrès de la science. Qu'il vende la machine à rendre polies les surfaces rustres, la poudre de perlinpinpin, le nettoyant universel ou l'affuteur itou, c'est toujours le même discours, la même méthode. On commence par les situations les plus courantes, les objets les plus ordinaires -le couteau de cuisine ébréché, le canapé tâché ou l'argenterie ternie- pour bien montrer que le produit vanté s'adresse à tout le monde, même aux plus humbles demeures. Mais à la fin de la démonstration, ce ne sont que lames de tondeuses, plaques de cuisson carbonisées (mais comment font-ils ?) et saletés incrustées. Que sais-je ? Pare-brise de fusée et autres moteurs à réaction. A ce stade, on ne serait pas étonné d'apprendre que l'affuteur universel équipe les cosmonautes, que le détachant miracle récure les toilettes du Ritz depuis que Napoléon en imposa l'usage, et que Léonard de Vinci lui même ne se séparait jamais de son coupe-cuticule favori.
On approche alors du moment que je préfère. La foule béate hésite, malgré le prix extrêmement compétitif, sacrifié pour tout dire, et attend que quelqu'un lui montre la voie, qu'un intrépide client fasse le premier achat pour décider tous les autres. Et bien il y a toujours un pionnier pour tendre son billet de 20 euros (quand je vous disais que c'était une misère) et s'extasier avec enthousiasme sur les merveilles de son acquisition. Mais ce n'est pas obligatoire. L'important est de donner l'exemple aux autres, qui vont, moutons rassurés, se jeter avec avidité sur le stock presque épuisé, dépêchez-vous, il n'y en aura pas pour tout le monde...
En général, c'est à ce moment là que je m'en vais, mort de rire. Le jeu du bateleur et son complice -car c'est un comparse, n'en doutez pas- est terminé jusqu'au dispersement des badauds et reconstitution d'un nouveau groupe de pigeons...
Ayant ainsi observé toute une après-midi les différentes méthodes pour transformer un chêne centenaire en pâte à papier (attention aux idées reçues...) et celles, très amusantes également, pour tondre les moutons, j'ai enfin atteint le bout du circuit (150 hectares !) et n'ai plus qu'à retourner vers ma voiture, observant au passage les escarpins à talons de ces dames et les mules béantes de ces messieurs... Suis-je le seul à avoir mis des chaussures de marche ? Décidement les gens m'épateront toujours...
Presque arrivé vers la sortie, je tombe en pleine démonstration de "Timbersport", activité hautement bûcheronnesque et physique où des Hercules découpent des troncs en trois coups de hache, montrent leur maestria à la tronçonneuse et à la scie en long, bref, font usage d'une force impressionnante et d'une précision assez bluffante dans le coup de hache. Les photos parlent d'elles mêmes : un coup de travers, c'est un pied en moins...
Jamais 1 sans 2 mais je préfère sans ! green smiley
RépondreSupprimerTu as un oeil acéré et plein d'humour pour voir tes semblables à nu ! A se demander comment tu fais pour tomber devant les filles.
Probablement, tu n'appliques pas ce que tu sais de la race humaine à tes relations personnelles.