17 février 2007

Le cadavre que l'on porte en soi

Je viens de voir Amélie Nothomb dans Metropolis ; j'en retiens cette phrase extraordinaire sur l'écriture : "Ecrire c'est vivre, mais écrire c'est aussi laisser la parole au cadavre que l'on porte en soi"

Interview vraiment très intéressante, vraiment très loin du rôle qu'elle joue - qu'on lui fait jouer ? - habituellement dans les émissions de variétés se prétendant plus ou moins culturelles.

Et en plus elle avait un chapeau extraordinaire !


Cela me fait penser à Prévert, qui disait quelque chose d'assez semblable, dans Paroles, ou Spectacle, je ne sais plus :
Comme cela nous semblerait flou
inconsistant et inquiétant
une tête de vivant
s'il n'y avait pas une tête de mort dedans

Sur ce, direction le cinéma ! Au programme : Odette Toulemonde. Une histoire où l'écrit a sa place si j'ai bien compris. On en sortira pas !

22 commentaires:

  1. J'ai vu aussi l'émission de ce soir ;-)
    je n'ai jamais apprécié Melle Nothomb et ses oeuvres. Après la lecture, il n'en reste rien. Au mieux, un vague malaise, et au pire, l'envie de ne plus retourner chez son libraire.
    Bonnes qualités littéraires de la demoiselle mais cela devient un peu surfait au fil du temps.

    Et encore, je ne parle pas du côté marketing pour la sortie de chacun de ses bouquins mais ça, c'est la maison d'édition ;-)
    Faut bien que tout le monde vive !

    Bon ciné ;-)

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  2. Ah moi je l'aime bien Nothomb (et je hais ceux qui prononcent "noton"), même si je regrette qu'elle s'encroute un peu trop dans ce qu'elle fait.

    Mais là, cette histoire de cadavre, ça lui va bien, mais à moi ça ne me parle pas... Je n'en ai jamais trouvé en moi en tous cas, il doit être bien vivace pr fuir comme ça ^^

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  3. Je n'aime pas bien Nothomb, et sa phrase me laisse perplexe et dubitative. Ca doit être très lourd à porter un cadavre en soi! C'est peut-être pour ça que je n'aime pas ses écrits... et que ne supporte pas Stephen King... et les films d'horreur...

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  4. Suis entièrement d'accord avec l'avis de florence...après lecture, il ne reste rien de Nothomb...c'est inconsistant
    Et ça veut dire QUOI cette phrase sur l'écriture? non mais franchement!!!

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  5. Ah mais si vous vous liguez toutes, je me vois dans l'obligation de la défendre ! :-D

    C'est pas vrai qu'il n'en reste rien, un bouquin de Nothomb nous laisse dans un univers un peu sombre, un peu malsain et violent (mais pour petite fille qui veut se donner des frissons quoi ^^), mais surtout avec une maîtrise du verbe pompeux incroyable. Ce côté intello qui joue à se prendre au sérieux, mais avec un humour décappant, sarcastique à souhait, moi j'adooore ! :-D
    Ajoutez à ça une personnalité complètement décalée, comment résister ?

    (Sauf comme je l'ai dit, le fait qu'elle ne se renouvelle pas assez)

    Après la lecture, il en reste le plaisir fugace du mot, ça ne suffit pas ? Il m'en reste quelques expressions tubes aussi, comme "souuuuupe" (que je gueule en étant la seule à comprendre :-)) ou la presque-insulte de "kyste" ^^

    *Voilà Amélie, justice est faite*
    (*mais quand même, cette histoire de cadavre, t'aurais pu éviter*)^^

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  6. peut être qu'elle voulait simplement dire que ce qui pousse à ecrire, ce qui fait la consistance de ce qu'on écrit ce n'est pas seulement tous les bonheurs , la joie, la vie, les fleufleurs et les papillons, le positif quoi, mais c'est aussi et surtout notre négatif,nos ecorchures, nos souffrances internes, nos failles,notre mal vécu résolu ou pas........ Je ne connait pas Amélie Nothomb.....enfin si je la connais de réputation mais je ne l'ai jamais lue, je n'ai donc pas d'idée sur ce qu'elle écrit ou comment elle l'écrit , mais si je prends la phrase d'elle que tu as relevée , Sammy, c'est comme ça que je la comprends tout comme celle de Prévert d'ailleurs......

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  7. Merci Orion et Coumarine, je me sens moins seule ! :-)

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  8. Je suis ra-vi ! :-)
    Je n'espérais pas susciter autant de réactions avec cette simple citation ; à vrai dire, il s'agissait d'une brève "bloc note" pour enregistrer rapidement une phrase qui m'avait frappé. Mais je sens que je vais être obligé d'expliquer pourquoi maintenant !

    Je serais bien incapable de dire ce qu'ELLE a voulu dire par là, mais il y a plusieurs explications possibles. Elle partait du poncif maintes fois rabâché que l'écriture, c'est la vie, la création, gnagnagna, avant de dire la phrase que je rapporte, au mot près.

    Comment la comprendre ? D'abord l'évidence : nous sommes tous des cadavres en sursis. D'où ma citation de Prévert. Peut-être la conscience aigüe de cette réalité influence t-elle sa façon d'écrire ? (Je précise que l'instant d'avant elle expliquait de quelle manière elle se prenait pour une divinité lorsqu'elle avait trois ans ; le passage du statut de divinité à celui de simple mortel voué à la putréfaction a du être un choc terrible)

    Ensuite, nous ne portons pas seulement notre propre cadavre, nous portons celui de tous les autres. Ceux qui sont morts, ceux qui mourront un jour, et ceux qui n'existent pas. Tous les avatars que l'on crée en écrivant. C'est une responsabilité énorme. Voilà pourquoi Pierre Michon refuse d'en créer de nouveaux, et ne s'autorise à écrire qu'au nom de ceux qui sont déjà morts. Il juge inutile de rajouter quelques fantômes supplémentaires au capharnaüm de nos mémoires.

    Enfin, l'écrivain a cette vaniteuse consolation de pouvoir penser que ses écrits lui survivront, au moins tant qu'il restera quelqu'un pour les lire. Souvenez-vous des vers de Baudelaire : Je te donne ces vers afin que si mon nom/Aborde heureusement aux époques lointaines... De fait, nous laissons la parole au cadavre que nous portons en nous, il continuera à fatiguer le lecteur quand bien même nous serons redevenus poussière...

    Est-ce que ça répond à ta question Coumarine ? ;-) Je vois qu'avec Florence et Orion, tu fais partie des "anti-Nothomb", et c'est vrai qu'elle a toujours suscitée des prises de position bien tranchées. Pour autant, je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il ne reste rien après la lecture d'un de ses livres, même si je n'en ai lu que deux. (Hygiène de l'assassin et Autobiographie de la faim)

    Je rejoindrais tout de même l'avis de Céline, l'ardente défenseuse : une maîtrise du verbe pomeux incroyable, le plaisir fugace du mot... C'est drôle, tu la défends pour les mêmes raison que Luchini et Arielle Dombasle, sauf que là, je suis d'accord avec toi ! =)

    Tilu, c'est vraiment très intéressant ce que tu dis. Je viens de demander à miss Edith (charmante collègue qui finira bien par passer par ici ;-) ) ce qu'elle pensait de cette phrase, et elle m'a dit à peu près la même chose que toi : le cadavre que nous portons en nous, ce sont toutes les choses cachées, honteuses, refoulées que nous "tuons" en les écrivant... Cette hypothèse me plait beaucoup.

    Je te conseille de lire au moins "Hygiène de l'assassin", c'est sûrement ce qu'elle a écrit de mieux. C'est son premier roman il me semble, et elle y fait preuve d'une invention féroce et... oui, morbide, c'est le mot le plus approprié - le commentaire de Céline est tout à fait juste et pertinent. La plupart de ses autres romans son plus ou moins des autobiographies romancées, avec toujours cet humour grinçant qui la caractérise. De qualité inégale, certes, mais pas franchement mauvais non plus. Je n'en ferai pas plus long ici, sinon ce commentaire va devenir plus long qu'une chronique de taille moyenne ^^

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  9. Mdr tu n'as lu que deux livres d'elle mais tu te permets de juger que "Hygiène de l'assasin" est son meilleur ? Tu manques pas de culot toi ! :-D

    Alors pour moi qui ai tout lu d'elle, je conseillerai plutôt stupeur et tremblement (le premier qu'elle ait écrit, le premier que j'ai lu, très abordable), "métaphysique des tubes" (son autobiographie de 0 à 3 ans, divin ^^), "mercure" (histoire la mieux construite selon moi), et "les catilinaires (d'où sortent les expressions "kyste" et "souuupe" ^^, plus étrange, amer, délicieux !)

    Et après on reparlera de son meilleur bouquin mdr ! :-D


    Pour le "cadavre", bien sûr il représente tous nos échecs, nos pertes... Mais au contraire, je trouve qu'il est là le poncif, on écrit pour expulser la douleur.
    Pour moi c'est pas ça du tout, seule la joie me fait écrire, la douleur débouche plutôt sur une page blanche...

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  10. Hygiène de l'assassin, c clair c le meilleur ; Stupeurs et tremblements est excellent aussi ! du nothomb comme on l'aime, comme la décrit si bien Krakooossas. Biographie de la faim est sans intérêt. Il y en a eu d'autres, mais elle en a sorti tellement que je m'en suis lassée. Et c peutêtre vrai qu'il n'en reste pas grandchose... au moins le souvenir d'un moment de détente!

    Pour cette histoire de cadavre, moi je pense qu'elle n'invente rien, elle a trouvé la formule choc !
    on écrit jamais si bien que lorsqu'on est un peu torturé, et forcément ce qui est en nous, ces histoires qu'on a vécues et qui "ont mouru"... mais c'est aussi la vie qui passe trop vite, et la trace qu'on veut laisser, car le cadavre qui est en nous est aussi celui qui nous attend. Là dessus je te rejoins sammy.
    Assez écrit ! ;)

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  11. Contrairement à Nothomb,(décidément je ne m'y fais pas à son cadavre intérieur), il me semble que Prévert est moins morbide. Ca me ferait plutôt penser à la montre molle de Dali, sa phrase! Un visage sans ossature, tout mou...

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  12. Il faut toujours plus d'écrit Sammy, et pas du texto. Et ce coup-ci tu aurais pu écrire un billet plutôt que des commentaires...

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  13. La vie gagnant en épaisseur par l'expectative de la mort.
    C'est un peu comme un buste ou une statue.
    La matière est inerte comme la mort, mais sa tridimensionnalité est nécessaire à composer une forme, l'aspect de surface étant inné (le grain, la couleur et les autres caractéristiques du matériau) et acquis (le travail du sculpteur = environnement sur la matière jamais parfaite).
    Quel rapport avec écrire me direz-vous ?
    Faudrait pouvoir réflêchir... ouf, c'est dur !

    H von KLEIST dixit :
    Nun
    O Unsterblichkeit
    Bist Du ganz mein

    Je fais le cuistre à l'occasion, officiellement malgré moi.

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  14. Merci pour ces précieux conseils Céli... krakoookas pardon ^^

    Pour le poncif de l'écriture, je pense qu'il fallait le comprendre dans le sens de ce que nous refoulons, de ce que nous voulons cacher, pas forcément la douleur, mais plutôt le côté obscur, jeune jedi ! (jedaïette si tu veux !)

    Sinon je suis d'accord avec toi pour ce qui est de la page blanche... dur d'écrire si on a pas le moral, sauf à vouloir écrire des choses pas rigolotes, mais c'est pas le genre de la maison hein ^^

    Plus sérieusement, et je vois que Delphine est de cet avis, le poids du vécu, de ce qui est "mort" en nous, l'expérience pour faire court, peut aussi nourrir (2 r pour grossir plus vite - private joke) notre écriture. J'aime beaucoup cette phrase : mais c'est aussi la vie qui passe trop vite, et la trace qu'on veut laisser, car le cadavre qui est en nous est aussi celui qui nous attend. Dis donc mon amie, la neige te met en forme ! ;-)

    Retournons un peu à Prévert avec Orion ! Moi aussi, je "vois" un visage tout mou, mais je pense que c'est le cas pour tout le monde, c'est exactement l'image qu'il voulait susciter. Cependant, Prévert n'est ni plus ni moins morbide qu'Amélie... Lis donc sa Chanson dans le sang et dis moi ce que tu en penses ;-)

    Maurice ! Oui ! Tu as complétement raison ! Mais bon, je n'ai pas beaucoup de temps, et en plus j'écris lentement...

    Laid cri vain, je n'ai rien compris =) Enfin non, le début ça va, jusqu'à "tridimensionnalité" ; c'est après que je ne capte plus...

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  15. Bonsoir Sammy. Ce cadavre, ne pourrait-il être identifié à la masse de la réflexion de la conscience ? Je ne connais pas réellement l'auteur pour en parler..! Respectueusement. xuan-lay

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  16. Han et mon anonymat bordel ^^

    (Bon c juste depuis que j'ai un compte blogger, ça m'évite d'avoir à m'identifier, mais ça m'appelle plus celinextenso... :-())

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  17. Mais c'est quand on n'a pas le moral qu'il est plus facile d'écrire je trouve ... de là à penser que tout écrivain est un dépressif en puissance ! lol

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  18. vivi je révise, demain le concours ! j'optimise sur Colp play, Beautiful World ! elle est pas belle la vie ? ;-)

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  19. Bonjour Xuan-Lay, c'est gentil de passer ! :-) Tu as raison, le cadavre, on peut le voir comme toutes les pensées qu'on accumule...

    Oups Céline ! Mais là je demande : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué hein ? ^^ Déjà Firefox peut retenir les champs des formulaires (login, mots de passes) ; ensuite, pourquoi tu ne l'as pas appellé "Célineé ton compte Blogger ? :-D Mystère du raisonnement féminin...

    Tu fais bien de préciser que tu révises Delph, sinon je t'aurais rappellé à l'ordre ;-) Merci de me choisir comme entracte ^^

    J'ai du mal à adhérer à ton point de vue... quand je suis bien déprimé (mais bien hein), je n'ai plus envie d'écrire, plus envie de manger, plus envie de rien... Après, on peut peut-être concevoir l'écriture comme un "traitement" pour aligner ses idées noires sur le papier, afin de passer à autre chose. Je l'ai fait aussi... Mais je trouve que l'on s'éloigne un peu du propos d'Amélie NothomB, qui parlait de l'écriture comme activité de création. Et là j'en revient à mon propos de départ : quand tu broies du noir, t'as pas trop envie de créer...

    Sinon, j'aime bien l'idée sur le problème qu'auraient les artistes d'une manière générale. Pas forcément tous des dépressifs, mais un peu atteints, un peu frappés, limite border line, ouais, ça me plait bien ça ^^

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  20. Mais dis donc toi ? t pas censé bosser à c'te heure ci ?

    H-14 ... Gggggg

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  21. Mais dis donc toi ? t pas censé bosser à c'te heure ci ? c'est moi qui aurait dû te rappeler à l'ordre !! non mais. l'heure c'est l'heure !

    H-14 ... Gggggg

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  22. Et toi ? Pas encore au lit à cette heure ? :-p

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