01 août 2011

Le cimetière des bateaux sans nom

Le cimetière des bateaux sans nom, dans le roman éponyme de Perez-Reverte, c'est cet endroit un peu lugubre où échouent les bateaux en fin de vie, mangés par la rouille et le sel en attendant d'être complétement désossés par le feu des chalumeaux. Je ne sais pas si ce cimetière marin existe vraiment, mais il est au carrefour du récit. Les personnages tournent autour, passent à côté, en parlent ; certains y meurent. A croire qu'il y a une métaphore à chercher dans cet endroit et dans ce titre.

CC yeowatzup sur Fotopedia 

Une métaphore de quoi ? De la vie sans doute. Des désillusions qu'elle amène plus sûrement. Car comment qualifier autrement une histoire qui offre tous les ingrédients du roman d'aventures, avec des méchants et une chasse au trésor, mais en ajoutant une touche d'amertume au breuvage ? Les marins d'autrefois ont disparus, les aventures n'ont plus rien d'épique et sont justes dangereuses ; les chasses au trésor ne sont pas tout à fait aussi exaltantes que dans les livres. La fontaine de jouvence a un sale arrière goût.

L'aventure sent encore le vieux papier, le métal rouillé et les cartes marines, mais elle prend aussi l'apparence d'un gros revolver tenu par une femme très belle et très dangereuse, ou d'un requin chercheur de trésor, assez dangereux lui aussi, et souvent d'un nain mélancolique, encore plus dangereux.
"Et il n'avait jamais rêvé, sur aucun bateau, dans aucun livre, aucun port, aucune de ses vies antérieures et innocentes, un Achab aussi séduisant qui l'entrainait pour naviguer sur sa tombe."
Et ce n'est pas Coy, le marin échoué, qui dira le contraire. Ses illusions, il les a perdues depuis longtemps. Sans rancœur, sans tristesse, juste avec le temps qui passe. C'est le constat que la plupart des personnages du roman vont être amenés à faire à un moment donné. Constat lucide, désabusé ou dédaigneux, selon leur caractère ou selon le contexte, mais tous sont d'accord sur ce point, le seul qui les réunisse, après la quête d'une épave au trésor. Car il y a un trésor bien sûr, même s'il faut attendre d'être arrivé au milieu du livre pour savoir de quoi il retourne. Une ténébreuse affaire vieille de plus de deux siècles, avec un complot, un combat naval, des navires allant par le fond avec une précieuse cargaison.


L'ensemble forme certes un bon roman, mais j'ai peur que ce ne soit pas suffisant. J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire. Trop long, trop long à démarrer, trop de passages où l'on se demande où l'auteur nous emmène. On est loin des récits haletants et lus d'une traite des aventures du capitaine Alatriste. Cependant, j'ai apprécié la fin amorale, guère surprenante dans la mesure où le lecteur, comme Coy, était prévenu depuis le début...

Décidément les chasses au trésor ne sont plus ce qu'elles étaient.

2 commentaires:

  1. Curieux les livres d'aventures qui s'engluent dans la réalité et les désillusions, c'est pile poil l'endroit où j'aurais cherché tout le contraire.

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  2. Je suis d'accord avec toi, c'est d'ailleurs ce qui m'a un peu déçu à la lecture : j'ai trouvé que la quatrième de couverture ne tenait pas ses promesses, où il était question d'histoire rendant hommage à Stevenson, Melville et Conrad. Ceux ci ne sont que cités, notamment au travers des lectures de Coy, mais l'histoire n'est pas vraiment une histoire "à la façon de..."

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