Lorsque je marche dans les rues de Dijon, le plus pénible n'est pas la pluie, qui n'est pas quelque chose de si désagréable, ou prendre des photos dans les mêmes conditions - on trouve toujours un moyen. Le plus pénible, c'est d'éviter sans cesse les baleines qui manquent de m'éborgner à chaque pas. Et je parle de l'élément constitutif du parapluie, bien sûr, pas de la personne qui le manipule. Eh oui, malgré cette pluie qui fait sortir les parapluies sur les trottoirs et les escargots un peu partout, Sammy est sorti de chez lui pour aller comme promis voir l'apothéose du Festival international de musique mécanique.
Orgues de barbarie, limonaires, automates, passerinettes et autre orchestrions étaient à l'honneur, sans compter les phonographes évoqués l'autre jour. Mais je vous devine perplexes. Comment diantre différencier entre elles ces étranges machines ? Ce n'est pas très compliqué. On peut les classer entre les boîtes à musique de petite taille, les boîtes à musique de taille moyenne, et les boîtes à musique de grande taille. Vous noterez au passage ma toute nouvelle rigueur scientifique, fruit de mes expériences nocturnes.
La pluie n'avait pas trop découragé les dijonnais, et la moindre densité en piétons rendait plus agréable la ballade en libérant un peu d'espace ; d'un autre côté, la place gagnée était occupée par l'envergure des parapluies. Je ne suis jamais content. Je précise afin d'éviter d'utérieures et narquoises questions que je n'ai jamais de parapluie. Sauf quand il pleut vraiment trop fort, parce que quand même... parce que bon.
Les mécaniques nasillardes avaient envahi tout le centre ville, égrenant leurs mélodies le long de la rue de la Liberté, et dans quelques ruelles adjacentes. De la Place Darcy à la Place de la Libération, les manivelles tournaient plus ou moins vite en fonction du carton à faire avancer. Certaines machines sont mêmes équipées d'un petit moteur. Ce qui prouve bien que malgré le sourire permanent des manipulateurs, la chose ne doit pas être de tout repos. Certains vont même jusqu'à chanter. D'autres font chanter le public.
La plupart sont très typiques, beaucoup ne parlent pas le français, certains ont l'air plus vieux que leur machine. Tous en sont très fiers et ils ont bien raison. On retrouve cette même satisfaction de voir une belle mécanique en bon ordre de marche que devant la princesse 241P17. Au delà même de l'aspect artisanal de l'instrument, il y a tout ce décor qui lui donne son charme. On peut trouver ça kitch, rococo, suranné ou folklorique, toujours est-il qu'on imagine difficilement un orgue de barbarie sans ses moulures, ses petits sujets naïfs et ses peintures aux couleurs vives.
Tous les orgues ne sont pas aussi proches de cette image traditionnelle. Il y a en a de ravissants, petits coffres anciens en marqueterie, et d'autres à la forme beaucoup moins habituelle, véritables curiosités dans cette famille disparate. C'est le cas par exemple pour cet appareil de la marque Hegophon, concurrent de l'Ariston placé à côté de lui. Le marketing ne s'appelait pas encore comme ça, mais la guerre des formats et de ce qu'il faut bien appeler les lecteurs était déjà vive à l'époque... ça incite à réflexion. Je vais y revenir d'ici la fin de cette chronique.
Jaloux de voir mon voisin Paysan Heureux filmer l'herbe qui pousse et les locomotives qui fument, j'ai décidé de m'essayer moi aussi à l'insertion d'une vidéo, afin que vous puissiez bien saisir la subtilité entre ces deux marques qui, aujourd'hui comme hier, suscitent la curiosité.
Vous l'aurez compris, dans un cas c'est le disque perforé qui tourne sous le bras, dans l'autre c'est le bras qui tourne sur le disque. Autant avouer que si l'un fait bien évidemment penser à nos déjà anciens tournes-disques, l'autre n'est pas sans évoquer une crêpe bretonne étalée avec la petite spatule en bois sur la plaque chaude.... Comment ça je ne pense qu'à manger ? C'est juste l'influence du docteur H, c'est tout !
En tout cas, ce n'est pas vraiment là qu'il faut chercher le véritable ancêtre du vynile et, par extension de toutes les galettes modernes, mais plutôt du côté de l'exposition qui se tenait au Grand Théatre, et que j'ai déjà évoqué il y a quelques jours ; normalement, vous devez être impatient de savoir enfin le fin mot de l'histoire. Non ? Tant pis, je la raconte quand même.
En tout cas, ce n'est pas vraiment là qu'il faut chercher le véritable ancêtre du vynile et, par extension de toutes les galettes modernes, mais plutôt du côté de l'exposition qui se tenait au Grand Théatre, et que j'ai déjà évoqué il y a quelques jours ; normalement, vous devez être impatient de savoir enfin le fin mot de l'histoire. Non ? Tant pis, je la raconte quand même.
En ces temps héroïques où la Star Academy n'existait pas encore, il y avait quand même des chanteurs. Oui, je sais c'est difficile à croire. C'est pourtant la réalité. Vous devez commencer à savoir que ce blog cultive la plus rigoureuse exactitude scientifique, alliée à un sérieux inébranlable. Mais je recommence à digresser. La musique de ces années là s'écoutait sur des cylindres de résine ou de celluloïd à l'aide d'appareils autour desquels se livraient de véritables guerres commerciales. Même le grand Edison s'y est cassé les dents. L'homme fort du marché, le Bill Gates du cylindre de 2 minutes, était un français du nom d'Henri Lioret. Une exposition assez intéressante lui était donc consacrée dans le cadre de ce festival de la musique mécanique.
Non content d'avoir une bonne longueur d'avance dans le domaine technique, il avait tout compris avant tout le monde à propos de ce que nous nommerions aujourd'hui les standards. Plutôt que de chercher à toute force à imposer sa machine, ses cylindres, ses choix technologiques, il a adapté ses phonographes pour qu'ils puissent lire les produits de la concurrence. Alors que l'on tente de nous imposer de nouveaux supports incompatibles entre eux, je trouve que cette histoire est assez édifiante.
L'homme ne vit-il que pour le commerce ? Les joueurs d'orgues de barbarie ne s'encombrent pas de détails aussi mesquins.
Non content d'avoir une bonne longueur d'avance dans le domaine technique, il avait tout compris avant tout le monde à propos de ce que nous nommerions aujourd'hui les standards. Plutôt que de chercher à toute force à imposer sa machine, ses cylindres, ses choix technologiques, il a adapté ses phonographes pour qu'ils puissent lire les produits de la concurrence. Alors que l'on tente de nous imposer de nouveaux supports incompatibles entre eux, je trouve que cette histoire est assez édifiante.
L'homme ne vit-il que pour le commerce ? Les joueurs d'orgues de barbarie ne s'encombrent pas de détails aussi mesquins.
Non seulement ce blog est bien présenté, agréable à regarder, illustré de photos et maintenant de films de qualité, mais en plus son auteur, avec un sens certain de l'écriture, nous apprend, mine de rien, plein de choses et nous fait profiter de ses découvertes.
RépondreSupprimerJe suis accro.
Merci Sammy.
PS - Je croyais que la passerinette était un petit oiseau de jardin ...
Oh, tu vas me faire rougir ! Venant de quelqu'un qui écrit comme toi, (je veux dire : avec talent) c'est un compliment qui me fais très plaisir.
RépondreSupprimerJ'accepte volontiers tous ces compliments (ne soyez pas gênés, dites moi que adorez ce que je fais ^^) avec une petite restriction en ce qui concerne la vidéo : elle est vraiment nulle ! X) J'essaierai de m'appliquer davantage la prochaine fois !
J'ai à peu près trouvé mon rythme de croisière et ce que je veux faire avec ce blog, même si je ne m'interdit pas d'évoluer encore. C'est un exercice très intéressant. Pour ce qui est du sens de l'écriture, tu n'as pas encore tout vu... j'ai plus d'un style à mon arc ;-)
Mea culpa pour la passerinette, on dirait bien que tu as raison. Il doit s'agir d'une métaphore mal comprise par votre serviteur, comme quoi je peux moi aussi prendre quelque chose au pied de la lettre. J'essaierai de trouver la réponse à cette épineuse question, mais ça m'embêterai de changer ma phrase...
Je suis 100% d'accord avec Mme Proprette. Je ne sais pas comment tu trouves le temps de faire tout ça car je c'est combien cela peut être lourd à faire. Nos ancêtres ne manquaient pas d'imagination. On est à des années lumière des lecteurs MP3, et pourtant...
RépondreSupprimerMerci Maurice !
RépondreSupprimerBen le temps c'est souvent la nuit... mais la plupart du temps j'ai une idée assez précise de ce que je veux écrire, donc ça va. Le problème, c'est quand les idées se présentent en vrac, c'est parfois difficile de faire le tri :-p
Oui, tous ces appareils désuets étaient à la pointe du progrès à l'époque ; je rêve parfois à ce que nos arrières petits enfants diront en contemplant nos lecteurs mp3, CD, DVD, nos ordinateurs... plus rien de tout cela ne fonctionnera dans un siècle, alors qu'il restera toujours une poignée de passionnés pour tourner les manivelles des boîtes à musique...
connais tu l'orgue de barbarie de la maison des vins à Mâcon. Si tu y va, demande au patron de le mettre en marche, c'est sympa même si cela coupe les conversations, en plus , on y mange bien!
RépondreSupprimerMerci du renseignement ! J'essaierai de m'en souvenir si j'ai la chance d'aller par là bas !
RépondreSupprimerSympa ta chronique ! non je ne dis pas ça pour me rattraper à propos de ma remarque sur les chroniques dijonnaises. Mais c'est vrai que j'ai un faible pour toutes ces choses traditionnelles...
RépondreSupprimerDonc je note qu'à une heure de Lyon, il y a resto sur fond d'orgue de barbarie... Tu ne serais pas contre une virée "oenologique" en prime ?! ;-)
Hé, hé... je suis toujours partant pour les virées oenologiques ^^ ou pas ! Mais tant qu'à faire, hein ! Tu montes avec un Côte du Rhônes (un Crozes-Hermitage, restons simples), sur place on débouche un Rully... et on ne repart pas ! Ou alors à pied !
RépondreSupprimerPas de soucis pour les chroniques dijonnaises ! J'essaie d'ailleurs de diversifier : textes de Paroles Plurielles, Michon et bientôt une chronique parisienne et vidéo ludique -si j'ai le courage :-p