10 avril 2009

Chronique des bouteilles à la mer

Dans les premiers temps de ce blog -qui a rigoureusement oublié de fêter son troisième anniversaire le mois dernier- j'allais régulièrement lire un blog sobrement intitulé "Dans le TGV", disparu depuis lors de la toile. Pour autant qu'il m'en souvienne, l'auteur racontait avec un talent certain, un humour féroce et le sens du détail qui fait mouche, un florilège de choses vues dans le TGV. D'où le titre.



Il était scrupuleusement observateur, absolument sans pitié, et extrêmement drôle. Rien n'échappait à sa plume incisive : les petits vieux un peu trop lents, la mère possessive, le ravi qui n'a jamais pris le TGV ; ceux qui partent en vacances, ceux qui travaillent, ceux qui dorment. J'ai déjà parlé de lui à l'occasion d'un voyage qui ne m'avait pas permis de profiter de tout le confort du TGV, et avait même eu la fierté de voir une de mes photos de princesse à vapeur être affichée chez lui.

Longtemps, à chaque fois que l'occasion m'était donnée de monter dans ce train que l'Amérique nous envie (1), j'ai pensé qu'il était peut-être à quelques sièges de moi, en train de chercher sa future victime. Aujourd'hui encore, alors précisément que j'écris cette chronique dans un TGV (2), il me revient en mémoire une minuscule anecdote, survenue il y a quelques mois, et dont il aurait peut-être pu faire son miel.

***

Montant enfin dans le train après avoir victorieusement résisté à la tentation de dévaliser une librairie de la gare de Lyon, je me saisis, une fois installé à mon siège, de cet opuscule que la SNCF fournit à ses usagers voyageant à grande vitesse (3), et commençai à le feuilleter distraitement.



Mon attention fut arrêtée par la publicité reproduite ci-après ; je trouvai originale cette façon d'intégrer le dessin dans la photographie, et sautai donc directement à la page 87 comme on me le demandait, m'attendant à trouver quelque chose comme un publi-reportage sur le développement durable, l'élégance des éoliennes ou les perspectives de développement de Gaz de France, elles aussi durables et élégantes.



L'examen de cette nouvelle page m'occupa de longues minutes, dans le but de déterminer si j'avais affaire à une vraie publicité ou pas. J'ai des excuses, c'était la fin de la journée, le wagon n'était pas très bien éclairé, les sangliers avaient mangés des cochonneries... Au risque de passer pour un brelot, j'ai attentivement scruté le trait si léger qu'il ne creuse pas la page, cherchant à déceler le sillon du stylo. Le personnage est si bien intégré que l'hypothèse d'une campagne en faveur du handicap ne me quitte pas tout à fait, malgré la mention du site Doctissimo et les fautes d'orthographe.


Je finis malgré tout par pencher en faveur de la solution la plus évidente : quelqu'un s'était amusé à raconter une histoire en utilisant habilement deux publicités. Cela dit, dois-je l'avouer ? Ce n'est qu'après avoir constaté l'absence de dessins dans un autre exemplaire lors de la descente du train que j'ai été pleinement convaincu.

Maintenant, il faut poser la vraie question : Clothylde existe t-elle vraiment ? Est-ce une mystification ? Si l'histoire est fausse, allez savoir quelle sorte de créature peut bien se cacher derrière ce pseudonyme ; si elle est vraie, ces dessins jetés sur le papier ressemblent fort à une bouteille lancée à la mer.

C'est moi qui l'ai trouvée. Aujourd'hui je la relance.

***
  • (1) Trains américains : vers le TGV, mais à petite vitesse / Rue89
  • (2) Il faut bien s'occuper quand on a rien emmené à lire
  • (3) C'est paradoxal d'ailleurs : plus on va vite, moins on a de temps pour lire

11 commentaires:

  1. Il y a plusieurs hypothèses qui s'offrent à moi, Docteur Watson.
    D'abord, les traces de cendres de cigarettes, des péruviennes, vendues uniquement dans un bar de Hong-Kong, à l'angle de la rue des Conques et de celle du Dragon opulent... Ensuite, la chevelure de cette femme sur le dessin qui montre qu'elle travaille en plein air. De plus, l'ongle de son auriculaire est tavelé par les embruns. Tout se recoupe ! (c'est à cet instant précis que le grand Sherlock Holmes explosa en particules pailletées et virevoltantes, et plus personne ne le vit sur cette terre)
    (quoi ? c'était pas ça la question ?)
    (bon, alors pour du vrai ? J'ai pas d'idée...)

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  2. La SNCF est spécialiste des pubs débiles : ici, le style "Petit Prince" au féminin, allié à une consultation doctisssime, semble destiné à Xavier Darcos.

    Lui seul peut comprendre que le service public (encore pour quelque temps) du transport ferroviaire se fait, de manière détournée, le complice des enseignants qui réclament plus de postes, de moyens et de considération !

    Ah, mais voici que la rame s'arrête en rase campagne : on repartira dans deux heures, ce n'est qu'un incident technique.

    Pépy gazouille.

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  3. Tu sais Sammy, moi aussi dans le temps je me régalais des textes de "DansleTGV", et j'ai été déçue quand il a disparu.Et puis un jour, au gré de mes errements bloguesques, j'ai retrouvé, oh surprise, "chezleveto.com". Et Mr TGV, dont le métier est vétérinaire, continue à peindre ses contemporains, mais cette fois dans sa salle d'attente de vétérinaire.

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  4. Merci Sammy pour les compliments sur le blog DANSLETGV.COM ! Et merci Orion pour votre commentaire ! Ravi d'avoir eu de vos nouvelles et au plaisir de vous lire !

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  5. Cela me rappelle un voyage à l'arriêre d'un TGV, là où trônent les vélos, assit à même le sol avec l'hôte de ce blog.

    A l'aller, confortablement assit, nous avions discuté de ce blog et de cet observateur des voyageur.

    Au retour, pour pouvoir continuer à discuter nous n'avions trouver que ce lieu pour être à portée l'un de l'autre.

    Pas des plus confortable et pourtant un très bon souvenir en mémoire.

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  6. D. Hasselmann a bien fait de vous mettre en lien dans sa blogroll. Je vous découvre.

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  7. Mon cher Holmes, je crois que vous avez une fois de plus raison. Ayant moi-même beaucoup fréquenté le bar à opium de la rue du dragon opulent dans ma jeunesse, je peux vous dire que... enfin bref, je vois bien que je vous ennuie avec mes souvenirs. Mais si, mais si. Mais puisque je vous dis que... Rhaaa, mais non. Mais non. Pas du tout Sherlock, d'ailleurs... Ah non, ne le dites pas à ma femme. De toute façon il est fermé depuis l'année dernières, suite à une épidemie de choléra qui...

    Bon, trèves de plaisanteries, Pages à pages est un très chouette blog où l'on parle de livres pour les grands, pour les petits, et pour les entre-les-deux. Autant dire directement qu'il s'adresse à tout le monde. Même à toi, qui lit ce commentaire d'un œil distrait. Oui, toi !
    Le nouveau blog de Madame Kiki de Posuto (car c'est elle, ah ah, z'avez vu comment j'ai fait durer le supenze ?) est un blog pour donner envie de lire à toute la famille.

    Allez juste lire ce texte là, vous me direz merci après.

    Bon, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos tégévés.

    Dominique, je ne suis pas complètement d'accord : une "petite princesse" unijambiste en quête de l'âme sœur, voilà un excellent filon, du tout bon pour faire pleurer dans les chaumières, entre deux pauses pour retrouver du temps de cerveau disponible.

    Coup double pour Orion ! Tu as attiré ici l'auteur que j'encense pendant la moitié de cette chronique, félicitations ! Et j'apprends du même coup sa profession (je ne m'étais pas du tout imaginé ça) et sa résurrection bloguesque. Bienvenue, Monsieur CHEZLEVETO !

    Merci à Argus-Sergent (...ça nous ramène loin en arrière ce pseudo) d'évoquer ce souvenir ! Je pense d'ailleurs être en mesure de rafraîchir la mémoire des lecteurs les plus récents ! ;-)

    Loïs de Murphy, merci, c'est réciproque. Je vous ai ajouté dans Netvibes. J'ai déjà parcouru presque toutes vos dernières productions, et peut-être ferai-je un commentaire quelque part un jour, quand j'aurai rattrapé mon retard en tout... En admettant que ce soit possible.

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  8. Cher Holmes, je sens comme une pointe de publicité sous-jacente dans vos propos (par ailleurs brillantissimes, comme d'hab')...
    Merci Sammy !!! :-)

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  9. je me souviens bien aussi de ces billets dans le tgv que j'avais connus grace à toi d'ailleurs..C'est sympa de le retrouver là maintenant ...

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  10. Mais de rien Dame Kiki, c'est tout naturel ...et mérité :-)

    Tilu, en te lisant je me dis que la vie des blogs est un vaste cycle...

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  11. un vaste cycle sans fin... oui moi qui ai déserté, venue lire d'un oeil attentif, et pas moins de 4 onglets ouverts pour de nouvelles découvertes !
    Enfin tout ça, juste pour dire que 'j'aime ce post ! :)

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